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AN. 407.

P. 99.

mais l'autre étoit fi brutal, qu'il s'offenfoit des careffes qu'on
lui faifoit
pour l'obliger à épargner le faint évêque. Il le fai-
foit fortir par la plus forte pluie, enforte qu'il fut percé juf-

ques à la peau. Il fe moquoit de la plus grande ardeur du

foleil, fçachant que le faint avec fa tête chauve en étoit incommodé. Il ne lui permettoit pas d'arrêter un moment dans les villes ou dans les bourgades qui avoient des bains, de peur qu'il ne prît ce foulagement.

Quand ils approchérent de Comane, ils pafférent outre fans s'y arrêter, & demeurérent dehors dans une église qui étoit à cinq ou fix milles, dédiée à faint Bafilifque évêque de Comane, qui avoit fouffert le martyre à Nicomédie fous Sup. l. xx. n. 38. Maximin Daïa, avec faint Lucien d'Antioche. Comme ils étoient logés dans les bâtimens dépendans de cette églife, S. Bafilifque apparut la nuit à S. Chryfoftome, & lui dit: Courage, mon frere Jean, demain nous ferons ensemble. On difoit même qu'il l'avoit prédit au prêtre qui y demeuroit, en difant: Préparez la place à mon frere Jean, car il p. 100. vient. S. Chryfoftome s'affûrant fur cette révélation, pria le lendemain fes gardes de demeurer là jusques à la cinquième heure, c'est-à-dire onze heures du matin; mais il ne put l'obtenir. Ils partirent, & marchérent environ trente ftades c'est-à-dire une lieue & demie; après quoi il fallut revenir à cette églife dont ils étoient partis, tant S. Chryfoftome se trouvoit mal. Etant arrivé il changea d'habits, & se vêtit entiérement de blanc jufques à la chauffure, étant encore à jeun. Il distribua aux affiftans le peu qui lui reftoit, & ayant reçu la communion des facrés fymboles de N. S. c'est-à-dire l'euchariftie, il fit fa derniére priére devant tout le monde, & ajouta ces mots qu'il difoit ordinairement: Dieu foit loué de tout; puis dit le dernier Amen, étendit fes pieds, & rendit l'efprit. Il y eut à fes funérailles un fi grand concours de vierges & de moines de Syrie, de Cilicie, de Pont & d'Armenie que l'on croyoit qu'ils s'étoient donné rendez-vous. Ce fut une fête comme d'un martyr, & fon corps fut enterré auprès de celui de S. Bafilifque, dans la même églife.

P.

p. 101. Soz. viii, c. ult.

Socr. VI. c. 21. V. Vales.

Le jour de fa mort & de fa fépulture fut le quatorziéme de Septembre, autrement le dix-huitiéme des calendes d'Octobre, fous le feptiéme confulat d'Honorius, & le fecond de Théodofe; c'est-à-dire, l'an 407. Il avoit vécu environ

AN. 407.

Pail p. 215.

foixante ans, & gouverné l'église de C. P. fix ans jufques à fon exil, & en tout neuf ans & huit mois. Sa mort ne Sup. l. xx. n. 19. termina pas la divifion des églifes d'Orient & d'Occident; Liv. X 1x. n. 41. & tant que les Orientaux refuférent de rétablir fa mémoire, l'églife Romaine, fuivie de tout l'Occident, tint ferme dans la réfolution qu'elle avoit prife de ne point communiquer avec les évêques Orientaux; principalement avec Théophile d'Alexandrie, jufques à ce qu'il fe tînt un concile écuménique, pour remédier aux maux de l'église.

XIV.

Concile de Car

thage.

c. 101.

C'eft apparemment le fujet d'un canon du concile général d'Afrique, tenu à Carthage la même année 407, le feiziéme de Juin, où l'on réfolut d'écrire au pape S. Innocent, pour rétablir la paix entre l'églife Romaine & l'église d'Alexandrie. Aurelius préfidoit à ce concile, où d'abord on abrogea le décret du concile d'Hippone, apparemment celui de l'an 393, portant que tous les ans on affembleroit le concile général d'Afrique. On ordonna en celui-ci, que pour ne point fatiguer inutilement les évêques, on le tiendroit feulement quand l'intérêt commun de toute l'Afrique le demanderoit, & dans le lieu qui feroit jugé plus convenable; que les autres affaires fe jugeroient chacune dans leur province. Pour les appellations, il fut ordonné que l'appellant choifiroit, du confentement de fa partie, des juges dont il ne pourroit plus appeller. Que quiconque demanderoit à l'empereur des juges laïques, feroit privé de fa dignité; mais on permet de demander à l'empereur d'être jugé par des évêques. On députa Vincent & Fortunatien vers l'empereur, & on les chargea de demander, c.97. au nom de toutes les provinces d'Afrique, des défenseurs du nombre des fcholaftiques, c'est-à-dire, des avocats qui étoient en exercice ; & qu'il leur fût permis d'entrer dans les cabinets des juges, toutes les fois qu'il feroit néceffaire pour les affaires de l'églife. On réfolut auffi de demander une loi pour em- c. 102. pêcher les mariages après le divorce. Il fut ordonné que celui qui vouloit aller à la cour, le fit exprimer dans la lettre formée qu'il recevoit pour l'église Romaine, afin qu'il y prît une autre lettre pour la cour. Que fi, étant à Rome, il lui furvenoit une néceffité d'aller à la cour devoit la repréfenter au pape, & prendre fes lettres. C'est qu'alors les empereurs d'Occident réfidoient ordinairement à Ravenne ou ailleurs, & rarement à Rome.

il

c. 104.

c. 106.

On ordonna que les érections de nouveaux évêches 98.

AN. 407.

XV.

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ne fe feroient que par le concile de la province, & du confentement de l'évêque diocéfain. Il eft dit que les églifes entiéres des Donatiftes qui fe font converties, peuvent garder leurs évêques, fans confulter le concile: fi ce n'est qu'après la mort de leur évêque, elles aiment mieux fe réunir à un autre diocèfe. Mais on n'accorde aux Donatiftes la faculté de garder leurs fiéges, qu'en cas qu'ils fe foient convertis avant l'édit d'union, c'eft-à-dire, la loi du douziéme Fé2. 103. vrier 405.On ne doit dire à l'autel ni préfaces ni autres prières, que celles qui auront été recueillies par les plus habiles gens, & qui feront approuvées dans le concile.

Loix d'Honorius pour l'églife.

erif.

har.

c. 106.

L'empereur Honorius accorda aux députés des églifes d'Afrique ce qu'ils demandoient touchant les défenfeurs L. 38. C. Th de comme il paroît par la loi adreffée à Porphyre proconful d'Afrique, & donnée à Rome le dix-feptiéme des calendes de Décembre, fous fon feptiéme confulat, & le second de Théodose, c'est-à-dire, le quinziéme Novembre 407. Elle porte confirmation des priviléges accordés par les loix précédentes aux églifes & aux clercs, & ordonne que les graces accordées aux églifes par l'empereur, foient notifiées aux juges, L. 41. C. Th. de & mifes à exécution par le miniftére des avocats. Les députés du concile d'Afrique avoient encore charge de folliciter contre les Donatiftes. Auffi la même loi, ou une autre de la même date & de la même adreffe, ordonne que tous les hérétiques, nommément les Donatiftes & les Manichéens qui fe convertiront de bonne foi, feront à couvert de toutes les peines des loix publiées contre eux, qu'ils pourroient avoir encourues. Les Donatiftes & les Manichéens font nommés, comme les deux fectes qui régnoient le plus en Afrique. Le huitiéme des calendes de Mars de l'année 407, c'est-à-dire, le vingt-deuxième de Février Honorius avoit

L. 45. C. Th. de her.

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fait une autre loi, adreffée à Senateur préfet du prétoire portant des peines rigoureufes contre les Manichéens & les Prifcillaniftes; confifcation de tous les biens, incapacité de donation active & paffive, recherche après la mort: punition contre les receleurs de leurs affemblées. La même année 407, & le quinziéme de Novembre, date des loix précédentes, fut donnée une loi adreffée à Curtius, préfet du prétoire d'Italie qui confirme les précédentes contre les païens, ordonnant d'ôter les revenus des temples, d'abattre les idoles & les autels, de convertir les temples à d'autres

ufages :

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AN. 408.

L. 19. C. The de

pag.v. Sirm. ap. c.

ufages, défendant les folemnités profanes. Cette loi fut publiée à Carthage l'année fuivante 408 le cinquième de Juin. Toutefois quatre ans auparavant, Honorius, fous fon fixiéme confulat, c'eft-à-dire l'an 404, avoit permis aux Claud.de fexto Conpaïens de célébrer encore les jeux féculaires, & fouffroit ful Prud. in Symm. même à Rome les fpectacles des gladiateurs.

Lib.

2.

Oref. v11.c.37.

406.

La loi du quinziéme Novembre 407, fut une fuite de la défaite de Radagaife. C'étoit un païen Scythe de nation, Marcel!. Chr. an. qui l'année précédente 406 étoit entré en Italie, avec une armée de vingt mille Goths, & menaçoit Rome. Alors les païens s'affembloient, & difoient hautement que cet ennemi avoit pour lui les dieux, & que la ville alloit périr parce qu'elle les avoit abandonnés. Ils faifoient de grandes plaintes, & demandoient le rétabliffement des facrifices. Toute la ville frémiffoit de blafphêmes contre le nom de J. C. comme étant la malédiction du tems préfent. Cependant il vint des troupes de Huns & de Goths au fecours de Romains; l'armée de Radagaife fe diffipa, & périt miférablement dans les montagnes de l'Appennin. Radagaife lui-même fut pris & tué; & les chrétiens regardérent cette victoire comme un effet de la protection divine.

Ils regardérent de même la mort du comte Stilicon, qui avoit toute l'autorité en Occident, fous le foible empereur Honorius. Stilicon fut accufé d'avoir attiré les barbares, qui commençoient à ravager l'empire; & de vouloir chaffer du trône l'empereur Honorius fon gendre, pour y mettre fon propre fils Eucher qui étoit païen, & qui, pour s'attirer les païens, promettoit de relever les temples & d'abattre les églifes. Cette conspiration étant découverte, Stilicon fut tué le dixiéme des calendes de Septembre, fous le confulat de Baffus & de Philippe, c'est-à-dire le vingt-trois Août 408, & fon fils Eucher enfuite.

En effet dès l'année 406, les Vandales & les Alains pafférent le Rhin, & entrérent dans les Gaules. Les Quades, les Sarmates, les Gepides, les Herules, les Saxons & les Allemands leur aidérent à ravager tout ce qu'enferme le Rhin, l'Océan, les Alpes & les Pyrénées. Mayence fut prife & ruinée, & plufieurs milliers de perfonnes maffacrés dans l'églife. Vormes fut ruinée après un long fiége: Reims, Amiens, Arras, Terouanne, Tournai, Spire, Argentine ou Strasbourg, devinrent des villes Germaniques. L'Aquitaine, la Novempopu Tome. IV.

D

Aug v. civ. c. 21.

Serm. 10. al,

29. de ver. Dom.

.10.

Orof. v11. c. 38. Zofim. lib. 5. pi 811. &c.

Marc. Ch, an, 408.

XVI. Barbares dans

les Gaules. Ruinar, hift. perfec. Hier. ad Ageruch.

Vandal.

AN. 408.

Ad Heliod.

De gu bein.l.6.

Martyr. R. 14 Dec.

lanie, la province Lyonnoife & la Narbonnoife, tout fut ruiné à la réferve de peu de villes. C'est ainfi qu'en parle S. Jerôme qui regrette particuliérement Toulouse. Il fe plaint encore que les femmes nobles & les filles confacrées à Dieu ont été le jouet des barbares, les évêques pris, les prêtres & les clercs tués, les églifes renverfées, les chevaux attachés aux autels, les reliques déterrées. J'ai vu, dit le prêtre Salvien, dans les villes, les corps morts de l'un & de l'autre fexe nuds, déchirés par les chiens, & les oiseaux infecter les vivans qui restoient.

Comme ces barbares étoient encore païens, ils firent grand nombre de martyrs. L'églife honore le quatorziéme de Décembre S. Nicaife archevêque de Reims, avec la vierge Eutropie fa fœur, Florentius diacre, & Jucundus lecteurs tués à la porte de l'églife par de l'églife par les Vandales. On croit que S. Diogène d'Arras fouffrit le martyre dans le même tems. Trèves fut pillée jufques à quatre fois, & fon évêque Valentin tué. A Befançon l'évêque Antidius eft honoré le dix-feptiéme de Juin comme martyrifé par les Vandales. A Semont en Bourgogne, faint Florentin & faint Hilaire martyrs, honorés le Martyr.R. 27.Sept. vingt - feptiéme de Septembre. A Auxerre, S. Fraterne évêque martyrifé le jour même de fon facre. A Langres faint Didier évêque, avec faint Valére fon archidiacre & faint Prudence ; & plufieurs autres martyrs en divers lieux des

Martyr.R.23. Mai

Ep. 27. al. 119.

R. 2.

Gaules.

Après la mort de Stilicon, la principale autorité vint à Olympius chrétien très-zèlé, qui fut fait maître des offices. S. Auguftin étoit de fes amis & lui écrivit peu de tems après pour les intérêts de l'églife. Car les païens & les hérétiques d'Afrique ayant appris la mort de Stilicon, prétendirent qu'il étoit l'auteur des loix qui venoient d'être publiées contre eux, & que l'empereur n'y avoit eu aucune part. Par ces difcours ils excitoient les peuples contre les catholiques, enforte que plufieurs évêques pafférent en Italie fugitifs pour implorer la protection de la cour. Saint Auguftin prie donc Olympius de travailler avec ces évêques à réprimer les défordres qui font arrivés en Afrique ; & cependant de faire connoître au plutôt à la province l'affection de l'empereur pour l'églife. On croit que ces évêques dont parle S. Ap. Dionyf.exig. Auguftin, étoient Reftitut & Florentius, qui furent députés par un concile tenu à Carthage le treiziéme d'O&tobre de

n. 206.

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