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AN. 405.

Ep. 55. al. 54. ep. 169 al. 53.ep.186.

al. 123.

A&t. xvI. 25.

velles, même pendant le chemin. Il promet de fa part de lui donner tout le fecours poffible, & par lui-même, & par les autres, écrivant fans ceffe, jufques à C. P. s'il est néceffaire. Puis il ajoute : Quant aux reliques des faints martyrs, n'en foyez point en peine: car je viens d'envoyer le prêtre Terence au très-pieux Otrée évêque d'Arabisse, qui en a quantité de très-fures; & dans peu de jours, je vous les enverrai en Phénicie. Hâtez-vous d'achever avant l'hyver les églifes qui ne font pas encore couvertes. Ces derniéres paroles font croire que les reliques devoient fervir à la confécration des autels de ces nouvelles églises. Il écrit de même au prêtre Geronce, l'excitant à s'y rendre promptement, & l'affurant qu'il ne manquera de rien, foit pour les bâtimens, foit pour les befoins des freres, & qu'il en a chargé le prêtre Conftantius. Il prie le prêtre Nicolas de preffer le départ de Geronce, & d'envoyer avec lui le prêtre Jean, afin de fortifier par tant de bons ouvriers cette églife ébranlée. Le prêtre Jean fit en effet le voyage; & S. Chryfoftome écrivit à Siméon & à Maris, prêtres & moines d'Apamée, les exhortant à lui donner encore quelques bons ouvriers, pour l'accompagner en Phénicie.

Il écrivit auffi aux prêtres & aux moines qui travailloient à l'instruction de ces païens de Phénicie. De peur que la perfécution ne leur fit perdre courage & abandonner le pays, il leur promet qu'ils ne manqueront de rien, ni pour la nourriture, ni pour le vêtement. Que perfonne donc, ajoutet-il, ne vous épouvante: car nous avons fujet de mieux efpérer, comme vous verrez par les copies des lettres du vénérable prêtre Conftantius. Il leur repréfente le courage des apôtres, & particuliérement de S. Paul, qui prêchoit en prifon & dans les fers & convertiffoit fon geolier; & il les exhorte à demeurer fermes & inébranlables, difant qu'il leur envoie le prêtre Jean , pour les confoler, & les exhorter à lui écrire, & lui demander tous leurs befoins. Il continuoit fes foins pour les églifes de Gothie; & il en écrivit ainfi au Ep. 113. al. 206. diacre Théodule: Quelque grande que foit la tempête, & l'application de ceux qui veulent ruiner les églifes de Gothie, ne laiffez pas, vous autres, de faire ce qui dépend de vous. Quand vous ne gagneriez autre chofe, ce que je ne crois pas, la récompenfe de votre bonne volonté vous est toujours préparée de la part de Dieu. Ne vous

rebutez donc pas, mon cher frere, dans vos foins & vos travaux. Mais fur-tout priez, & ne ceffez point de demander à Dieu ardemment qu'il rende la paix à fon églife. Cependant faites tous vos efforts, comme j'ai déja mandé, pour gagner du tems en cette affaire. Il entend fans doute l'ordination de l'évêque, dont il avoit écrit à fainte Olympiade. Ii en écrivit auffi aux moines Goths, qui étoient dans le monaftére de Promotus à C. P.

S. Jean Chryfoftome apprit que deux prêtres qu'il avoit laiffés à C. P. Sallufte & Théophile, ne témoignoient pas affez de zèle pour foutenir le peuple qui lui demeuroit fidèle; qu'ils ne fe trouvoient pas fouvent aux affemblées eccléfiaftiques; que Sallufte n'avoit prêché que cinq fois jufques au mois d'Octobre, & Théophile point du tout. Il en fut fort affligé, & leur en écrivit très-fortement à l'un & à l'autre, & à Théodore ami de Sallufte, officier du préfet, apparemment le même qui l'avoit conduit à Cucufe. Si c'eft une calomnie, leur dit-il, justifiez-vous; fi c'est une vérité, corrigez-vous. Songez quel jugement de Dieu vous vous attirez par une telle négligence. Če tems de tempête eft le tems d'amaffer des richeffes fpirituelles. Et ne craignez point, dit-il à Théophile, de me mander vos bonnes œuvres, puifque vous ne ferez qu'exécuter mes ordres.

pour

L'hyver, toujours rude en Armenie, le fut plus qu'à l'ordinaire en 404. Et S. Chryfoftome né à Antioche, où il avoit paffé la plus grande partie de fa vie, & infirme depuis long-tems, en fut extrêmement incommodé. Voici comme il en écrivit à fainte Olympiade au commencement de l'an 405: Je vous écris au fortir des portes de la mort. C'est quoi je fuis ravi que vos gens ne foient pas arrivés plutôt : car s'ils m'avoient trouvé dans le fort de mon mal, il ne m'auroit pas été facile de vous tromper en vous mandant de bonnes nouvelles. L'hyver, plus rude qu'à l'ordinaire, a redoublé mon mal d'eftomach; & j'ai paffé ces deux derniers mois dans un état pire que la mort, puifque je n'avois de vie qu'autant qu'il en falloit pour fentir mes maux. Tout étoit nuit pour moi; le jour, le matin, le plein midi. Je pasfois les journées dans le lit, & j'employois en vain mille inventions pour me garantir du froid. J'avois beau allumer du feu, fouffrir beaucoup de fumée, m'enfermer dans une chambre, fans ofer en fortir, me charger de cent couvertures,

AN. 405.

Sup. l. xxx n. 45. Ep. 163. al. 207. 210. Theop.

Epift. 113. al.

Ep. 119. 121. al. 119. 212. Theop. Ép. 198. al. 203. Salluft.

11.

Souffrances de S. Chryfoftome.

Ep. 5. al. 6.

AN. 405.

Ad Olymp. ep.

14. al. 15.

je ne laiffois pas de fouffrir des maux extrêmes, des vomiffemens continuels, des douleurs de tête, fans appétit, fans pouvoir dormir pendant ces nuits immenfes. Mais pour ne pas vous tenir plus long-tems en peine, j'en fuis à préfent dehors. Car fitôt que le printems eft venu & que l'air a un peu changé, tous mes maux fe font évanouis d'eux-mêmes. J'ai pourtant encore befoin d'un régime exact, & de me peu charger l'eftomach, afin qu'il puiffe digérer facile

ment.

Et dans une autre lettre : Puifque vous voulez fçavoir de mes nouvelles, fçachez que je fuis délivré de ma grande maladie; mais j'en fens encore des reftes. J'ai de bons médecins ; mais nous manquons ici de remèdes, & des autres chofes propres à rétablir un corps épuifé. Nous prévoyons même déja la famine & la pefte ; & pour comble de maux, les courses continuelles des voleurs rendent tous les chemins inacceffibles. C'est pourquoi je vous prie de ne m'envoyer plus perfonne ici : car je crains que ce ne fût une occafion de faire égorger quelqu'un, & vous voyez combien j'en ferois affligé. Il en parle de même à un diacre nommé Théodote: Ce ne m'étoit pas une petite confolation dans cette folitude, de pouvoir vous écrire continuellement ; mais l'incurfion des Ifaures m'en a encore privé car ils ont recommencé à paroître avec le printems; ils font répandus par-tout, & rendent tous les chemins inacceflibles. Déja des femmes nobles ont été prises, & des hommes égorgés. Et enfuite: Après avoir beaucoup fouffert l'hyver paffé, je fuis un peu mieux, quoiqu'incommodé de l'inégalité du tems; car nous fommes encore ici dans le fort de l'hyver: mais j'efpére que le beau tems de l'été emportera les reftes de ma maladie. Car rien ne nuit plus à ma fanté que le froid, & rien ne me fait tant de bien que la chaleur. Dans une autre lettre au même Ep. 104. al. 68. Théodote il dit: Je n'ofe plus vous attirer ici

Ep. 107. al. 140.

Ep. 68. al. 51.

, tant les

maux de l'Armenie font grands. Quelque part que l'on aille,
on voit des ruiffeaux de fang, quantité de corps morts, des
maisons abattues, des villes ruinées. Nous penfions être en su-
reté dans cette fortereffe, où nous fommes enfermés comme
dans une affreuse prifon; mais nous ne pouvons y être tran-
quilles : car, dit-il dans une autre lettre
dit-il dans une autre lettre, les Ifaures atta-

quent auffi ces places.

Cette fortereffe étoit celle d'Arabiffe, comme il paroît par

AN. 405.

la même lettre, & par une autre où il dit: Ayant eu quelque relâche nous nous fommes refugiés à Arabiffe, dont Ep. 70. al. 69. nous avons trouvé la fortereffe plus fure que les autres; car nous ne nous tenons pas dans la ville. Mais nous avons tous les jours la mort à notre porte, parce que les Ifaures ravagent tout par le fer & par le feu : nous craignons la famine, à caufe de la multitude des gens renfermés dans un lieu fi étroit. Et dans une lettre à Polybe La crainte des Ifau- Ep. 183. al. 127. res met en fuite tout le monde : les villes ne font que les murailles & les toîts: les vallées & les bois font les villes. Les habitans d'Armenie reffemblent aux lions & aux léopards, qui ne trouvent leur fureté que dans les déferts. Nous changeons tous les jours de place, comme les Nomades & les Scythes. Souvent les petits enfans, que l'on emporte de nuit à la hâte par le grand froid, demeurent morts dans la neige.

Ep. 102. al. 61. 108. al. 14. 11.4. 102.

105. al. 136.

Čes allarmes continuelles l'obligérent à renvoyer un jeu ne lecteur nommé Théodote, qu'il avoit pris auprès de lui, pour l'instruire & le former à la piété : joint un mal d'yeux dont ce jeune homme étoit incommodé, & auquel le grand chaud & le grand froid étoient également contraires. Il le renvoya donc à fon pere homme confulaire, & nommé auffi Théodote, & rendit en même tems des préfens que le pere lui avoit envoyés. Il recommanda le fils au diacre Théodote pour fa conduite fpirituelle, & lui écrivit à lui-même, pour le confoler, l'exhorter à prendre grand foin de guérir fes yeux, & s'appliquer autant qu'il pourroit à la lecture de l'écriture fainte. Apprenez-en, dit-il, toujours la lettre & quelque jour je vous en expliquerai le fens. Après que Pall, dial. p. 96. S. Chryfoftome eut été un an à Cucufe, fes ennemis le firent transférer à Arabiffe ; c'est-à-dire, apparemment que depuis la fin de l'année 405, il n'eut plus comme auparavant la liberté d'aller à l'une & à l'autre. Au refte ces villes étoient affez voisines, mais Arabiffe plus au nord.

Cependant fes amis agiffoient toujours à Rome. Demetrius évêque de Peffinonte y fit un fecond voyage, après avoir parcouru l'Orient, & publié la communion de l'églife Romaine avec S. Chryfoftome, en montrant les lettres du pape S. Innocent. Demetrius rapportoit des lettres des évêques de Carie, par lefquelles ils embraffoient la communion de S. Chryfoftome & des prêtres d'Antioche, qui fuivoient aussi

III. Députation d'Occident pour faint Chryfoftome.

Pall. p. 27.

P. 28.

P.

AN. 405.

P. 29.

l'exemple de Rome, & fe plaignoient de l'ordination de Porphyre, comme irréguliére. Enfuite arrivérent à Rome le Prêtre Donatien, économe de l'églife de C. P. & un prêtre de Nifibe nommé Vallagas, ou Vologefe, qui repréfentérent les plaintes des églifes de Méfopotamie. Ces deux prêtres apportérent à Rome les actes d'Optat préfet de C. P. par où l'on voyoit que les femmes de qualité, de familles confulaires, & diaconeffes de l'églife de C. P. comme Olympiade & Pentadie avoient été amenées publiquement devant préfet pour les obliger à communiquer avec Arface, ou à payer au fifc deux cens livres d'or. Il fe trouva auffi à Rome des afcètes & des vierges qui montroient leurs côtés déchirés, & les marques des coups de fouet fur leurs épaules.

Le pape S. Innocent en fut touché, & écrivit à l'empereur Honorius, lui marquant en détail le contenu des lettres qu'il avoit reçues. L'empereur ordonna que l'on affemblât un concile, & qu'on lui rapportât ce qu'on auroit réfolu. Les évêques d'Italie s'affemblérent, & priérent l'empereur Honorius d'écrire à l'empereur Arcade fon frere, qu'il ordonnât de tenir un concile à Theffalonique : afin que les évêques d'Orient & d'Occident puffent aifément s'y trouver, & former un concile parfait, non par le nombre, mais par la qualité des fuffrages, & rendre un jugement définitif. Honorius ayant reçu cet avis, manda au pape d'envoyer cinq évêques, avec deux prêtres & un diacre de Rome, pour porter à son frere Arcade une lettre qu'il lui écrivit en

ces termes :

C'est la troisième fois que j'écris à votre clémence, pour la prier de réparer ce qui s'eft fait par cabale contre Jean évêque de C. P. mais il me femble que mes lettres ont été fans effet. Je vous écris donc encore par ces évêques & ces prêtres, ayant fort à cœur la paix de l'églife, dont dépend celle de notre empire; afin qu'il vous plaife d'ordonner que les évêques d'Orient s'affemblent à Theffalonique : P. 30. car ceux de notre Occident ont choifi des hommes inébranlables contre la malice & l'impofture, & ont envoyé cinq évêques, deux prêtres & un diacre de la grande église Romaine. Recevez-les avec toute forte d'honneur: afin que, fi on leur fait voir que l'évêque Jean a été chaffé justement, ils me perfuadent de renoncer à fa communion; ou qu'ils me détournent de celle des Orientaux, s'ils les convainquent

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