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AN. 410.

Synef.ep.5.p. 166.
VII.c.3.

défend toute libéralité active & paffive, par donation ou par teftament, ordonnant la confifcation des chofes données, fans qu'aucun particulier puiffe en obtenir le don de l'empereur. C'eft qu'il y avoit des catholiques qui pourfuivoient les hérétiques moins par zèle que par intérêt, pour profiter Soc. VII. c. 3. de leurs dépouilles : ce que les faints évêques condamnoient. Il y avoit vers ce tems-là à Synnade en Phrygie un évêque nommé Théodose, qui poursuivoit ardemment les hérétiques du pays, où il y avoit beaucoup de Macédoniens. Il les chaffoit non feulement de la ville, mais de la campagne. En quoi, dit Socrate, il ne fuivoit pas l'ufage de l'églife catholique, qui n'a pas accoutumé de perfécuter. C'eft-à-dire, que fes pourfuites étoient trop violentes. Auffi n'agiffoit-il pas par zèle pour la foi, mais par avarice, & pour s'enrichir aux dépens des hérétiques. Il mettoit donc tout en ufage contre les Macédoniens: il les poursuivoit en justice, il armoit fes clercs. Il en vouloit principalement à leur évêque nommé Agapet; & comme les magiftrats de la province ne le puniffoient pas affez févérement à fon gré, il alla à C. P. demander un ordre du préfet du prétoire. Tandis qu'il y étoit, Agapet prit le bon parti par un coup de défelpoir. Ayant tenu confeil avec tout fon clergé, il affembla fon peuple, & leur perfuada d'embraffer la foi catholique. Auffitôt il les mena tous à l'églife, fit la prière, & s'aflit dans le fiége que Théodofe avoit coutume d'occuper.

Ainfi ayant réuni le peuple de l'une & de l'autre communion, il prêcha depuis ce tems la consubstantialité du Verbe, & fe mit en poffeffion des églifes qui dépendoient de Synnade. Théodofe revint peu de tems après avec les ordres du préfet; & ne fçachant rien de ce qui s'étoit paffé, il alla droit à l'églife: mais il en fut chaffé d'un commun confentement. Il retourna à C. P. s'alla plaindre à l'évêque Atticus, comme chaffé injustement. Mais Atticus voyant que l'affaire avoit bien tourné pour l'utilité de l'églife, confola Théodofe, l'exhorta à prendre patience, à embraffer la tranquillité d'une vie privée, & à préférer le bien public à fon intérêt particulier. Il écrivit à Agapet de conferver l'épifcopat, fans rien craindre du chagrin de Théodose.

Le tribun Marcellin étant venu à Carthage, donna fon ordonnance, par laquelle il avertit tous les évêques d'Afrique, s'affembler en public, fous peine de profcription & de la

XXVIII. Prélim paires de

la conférenc. de Carthage.

AN. 411.
Coll. 1. c. 5.

Aug. brev, Coll. 5.

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Aug, brev. 1. c 8.

tant catholiques que Donatiftes, de s'y trouver dans quatre
mois, c'est-à-dire le premier jour de Juin, pour y tenir un
concile. Il charge tous les officiers des villes de le faire
fçavoir aux évêques, & de leur fignifier le refcrit de l'em-
pereur & cette ordonnance. Il déclare, quoiqu'il n'en eût
pas l'ordre de l'empereur, que l'on rendra aux évêques Do-
natiftes, qui promettront de s'y trouver, les églises qui leurs
avoient été ôtées felon les loix; & leur permet de choisir
un autre juge, pour être avec lui l'arbitre de cette dif-
pute. Enfin
il leur proteste avec ferment qu'il ne leur
fera aucune injuftice, qu'ils ne fouffriront aucun mauvais
traitement, & retourneront chacun chez eux en pleine liberté.
Il défend cependant que l'on faffe aucune poursuite, en
vertu des loix précédentes. Cet édit étoit du quatorziéme
des calendes de Mars, c'est-à-dire, du feiziéme de Février
411, enforte que les quatre mois à la rigueur échéoient le
feiziéme de Mai: mais par indulgence il donnoit jufques
au premier de Juin.

Les évêques Donatiftes se rendirent à Carthage en plus Aug.pofi.coll.c.24. grand nombre qu'ils purent, pour montrer que les catholiques. avoient tort de leur reprocher leur petit nombre. La lettre que chacun de leurs primats envoya felon la coutume à ceux de fa province, & que l'on nommoit Tradoria, portoit que toute affaire ceffante, ils fe rendiffent à Carthage en diligence, pour ne pas perdre le plus grand avantage de leur caufe. En effet tous y vinrent, excepté ceux que la maladie ou l'extrême vieilleffe retint chez eux, ou arrêta en. chemin ; & ils fe trouvérent environ deux cens foixante & dix. Ils entrérent à Carthage le dix-huitiéme de Mai en corps & en proceffion, enforte qu'ils attirérent les yeux. de toute la ville les évêques catholiques entrérent fans. pompe & fans éclat, mais au nombre de deux cens quatre-vingt-fix.

Coll. c. 25. c.14.

c. 29.

Brevis 1. c. 11.

Coll. 1. c. 10.

Quand ils furent tous arrivés, Marcellin publia une feconde ordonnance, où il avertit les évêques d'en choifir fept de chaque côté pour conférer, & fept autres pour leur fervir de confeil en cas de befoin, à la charge de garder le filence tandis que les premiers parleroient. Le lieu de la conférence, ajoute-t-il, fera les Thermes Gargiliennes. Aucun du peuple, ni même aucun autre évêque n'y viendra,. pour éviter le tumulte. Mais avant le jour de la conféren

ce,.

ce, tous les évêques de l'un & de l'autre parti, promettront par leurs lettres avec leurs foufcriptions, de ratifier tout ce qui aura été fait par leurs fept députés. Les évêques avertiront le peuple dans leurs fermons, de fe tenir en repos & en filence. Je publierai ma fentence, & l'expoferai au jugement de tout le peuple de Carthage; je publierai même tous les actes de la conférence: ou pour plus grande fûreté, je foufcrirai le premier à tous mes dires; & tous les commiffaires foufcriront de même aux leurs, afin que perfonne ne puiffe nier ce qu'il aura dit. Pour écrire les actes, outre les officiers de ma commiffion, il y aura quatre notaires eccléfiaftiques de chaque côté, pour fe fuccéder tour-à-tour ; & pour plus grande fûreté, on choifira de chaque côté quatre évêques, pour obferver les écrivains & les notaires, afin que les écrivains fortant tour-à-tour, fassent mettre au net ce qui aura été écrit en notes, fans interrompre la conférence, & que les fept députés puiffent la foufcrire. Après le premier jour de la conférence, je donnerai un jour pour décrire les actes & les foufcrire : enforte que la conférence recommence, s'il eft befoin, le troifiéme jour. Mais jufques à ce que tout foit terminé, toutes les feuilles écrites & foufcrites demeureront fcellées de mon fceau, & de ceux des huit évêques gardiens. Les évêques de l'un & de l'autre parti me déclareront par écrit, avant le jour du concile, qu'ils confentent à tout cet ordre; & il fuffira que ces lettres foient foufcrites par leurs primats. Ainfi il ne devoit y avoir en tout que trente-fix évêques à la conférence, fept pour conférer, fept pour leur donner confeil, quatre pour garder les actes.

Les Maximianiftes, condamnés par les autres Donatiftes au concile de Bagaïe en 394, avoient préfenté requête pour être reçus à la conférence; mais les catholiques ne leur voulurent pas faire l'honneur de les y admettre: fçachant qu'ils ne cherchoient qu'à fe confoler de leur petit nombre par la gloire de ce combat; & que fans efpérer la victoire, ils affectoient feulement la réputation de la conférence, pour fe donner quelque relief devant les autres Donatiftes qui les méprifoient.

AN. 411.

Aug. brevic. c. 4. dug. 111. coner. Jul. c.1.

Sup. XIX. n. 54.

En exécution de l'ordonnance de Marcellin, les Donatiftes Coll. 1. c. 14. donnérent leur déclaration datée du huitiéme des calendes

de Juin, c'est-à-dire, du vingt-cinquiéme de Mai; & foufcrite

Tome IV.

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de leurs deux primats, Janvier évêque des Cafes-noires, & Primien évêque de Carthage. Ils déclarent qu'ils font entrés à Carthage dès le dix-huitiéme de Mai, & qu'ils ont obéi fi ponctuellement à la premiére ordonnance de Marcellin que ni le grand âge, ni la longueur du chemin n'a retenu perfonne, & qu'il n'y manque que ceux que la maladie a arrêtés. Enfuite ils demandent à être tous admis à la conférence, pour convaincre de fauffeté leurs adverfaires, qui leur reprochent leur petit nombre.

Les évêques catholiques fatisfirent auffi de leur part à l'ordonnance de Marcellin , par une lettre écrite au nom de tous, & foufcrite par Aurelius évêque de Carthage, & par Silvain évêque de Summe primat de Numidie. Ils déclarent qu'ils confentent à tout ce qu'il a ordonné : auffi eft - il vraisemblable qu'il ne l'avoit fait que de concert avec eux; & promettent d'exhorter le peuple à fe tenir en paix, & à s'éloigner du lieu de la conférence. Ils ajoutent Si ceux avec qui nous avons affaire, nous peuvent montrer que l'églife n'eft demeurée que dans le feul parti de Donat; nous céderons l'honneur de l'épiscopat, & nous nous rangerons fous leur conduite. Mais fi nous leur montrons que l'église répandue par toute la terre n'a pu périr par les péchés de qui que ce foit, nous confentons qu'en fe réuniffant à nous, ils confervent l'honneur de l'épifcopat. Afin que l'on voie que nous ne déteftons pas en eux les facremens, mais leurs erreurs : chacun de nous, dans les églises où il y aura un collègue, pourra préfider à fon tour, ayant fon collègue auprès de lui comme un évêque étranger. L'un pourra préfider dans une églife, l'autre dans une autre : & l'un des deux étant mort, il n'y en aura plus qu'un à la fois, felon l'ancienne coutume. Et ce ne fera pas une nouveauté car on en a usé ainfi dès le commencement, à l'égard de ceux qui fe font réunis en quittant le fchifme. Que fi le peuple chrétien ne peut fouffrir de voir ensemble deux évêques contre l'ordinaire, retirons-nous les uns des autres. Il nous fuffit pour nous-mêmes d'être chrétiens, fidèles & obéiffans c'eft pour le peuple que l'on nous ordonne évêques : usons donc de notre épifcopat felon qu'il eft utile pour la paix du peuple. Nous vous écrivons ceci, afin que vous le faffiez connoître à tout le monde.

;

Comme S. Auguftin & quelques-uns de fes confreres s'en

tretenoient entre eux fur ce fujet : que l'on doit être évêque ou ne l'être pas, felon qu'il eft utile pour la paix de JefusChrift; en confidérant tous leurs collègues

ils n'en trouvoient pas beaucoup qu'ils cruffent capables de faire à Dieu ce facrifice. Ils difoient: Celui-ci le peut, celui-là ne le peut pas celui-ci en convient, non pas celui-là. Mais quand on vint à publier la chofe dans le concile, où ils étoient près de trois cens évêques, cette proposition fut fi agréable à tout le monde, & reçue avec tant de zèle, que tous fe trouvérent prêts à quitter l'épifcopat pour réunir l'églife. Il n'y en eut que deux à qui la propofition déplut: un vieillard fort âgé, qui le dit même affez librement: un autre, qui le témoigna feulement par l'air de fon 'vifage. Mais le vieillard, accablé par les reproches de tous les autres, changea d'avis, & l'autre changea auffi de vifage. Marcellin rendit publique la déclaration des Donatiftes & la lettre des catholiques, auffi bien que fes ordonnances, afin que tout le peuple en pût juger; les catholiques lui écrivirent encore une lettre pour répondre à la déclaration des Donatiftes. Ils y témoignent leur inquiétude, fur ce que les Donatiftes veulent tous affifter à la conférence: fi ce n'eft, difent-ils , que ce foit pour nous furprendre agréablement, & fe réunir tous à la fois. Car quant à ce qu'ils difent, que c'est pour montrer leur grand nombre, & convaincre de menfonge leurs adverfaires; fi les nôtres ont dit quelquefois qu'ils étoient peu, ils ont pu le dire très-véritablement des lieux où nous fommes beaucoup plus nombreux, & principalement dans la province proconfulaire quoique dans les autres provinces d'Afrique, excepté la Numidie confulaire, ils foient beaucoup moins que nous. Du moins avons-nous raifon de dire qu'ils font en très-petit nombre, par comparaifon à toutes les nations qui compofent la communion catholique. Que s'ils vouloient maintenant montrer leur grand nombre, ne l'auroient-ils pas fait avec plus d'ordre & de tranquillité par leurs foufcriptions? Pourquoi donc vouloir tous affifter à la conférence? Quel trouble n'apporteront-ils pas en parlant, ou qu'y feroient-ils fans parler? Quand on ne crieroit point, le feul murmure d'une telle multitude fuffira pour empêcher la conférence. Craignant donc qu'ils n'aient deffein de caufer du tu multe, nous confentons qu'ils y affiftent tous: mais à la charge que de notre part il n'y

AN. 411.

Coll 1.c. 17.
Ap.Ag epif.129.

Ibid c. 18.

n. 6.]

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