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& laiffa à Daniel le préfent qu'il portoit à l'empereur. Il y AN. 465. avoit neuf ans que Daniel demeuroit à Philempore, quand

il prit la réfolution de monter fur une colomne.

Il la fit bâtir fur une montagne au lieu nommé Anaplus, Theod. left, lib. 1. près l'embouchure du Pont-Euxin. Il y avoit premiérement P. 554. deux grandes colomnes jointes par des barres de fer, & audeffus une petite, fur laquelle étoit attaché une espèce de

boiffeau où il étoit. La fituation du pays, fujet à de grands Vita Dan, c. 28. ci vents & des froids très-rudes, rendoit fa pénitence encore plus 32. étonnante que celle de S. Siméon. Il y eut un hyver, où les vents penférent l'emporter : ils le dépouillérent de tous fes habits, & il demeura immobile & tranfi de froid. Ses difciples montérent à la colomne & avec des éponges lui appliquérent de l'eau chaude pour le dégeler. Il ne quitta point pour cela fa colomne, & ne laiffa pas d'y vivre jufques à quatre-vingts ans.

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C.25

C. 21.

c. 34

Sans en defcendre il fut ordonné prêtre par Gennade évêque de Conftantinople, qui ayant fait au bas les priéres, monta à la colomne pour achever la cérémonie & lui donner la communion. Il obtint par fes priéres un fils à l'empereur Leon, qui le vifitoit fouvent, & lui portoit un profond refpect. Ce prince fit bâtir près de la colomne de Daniel un petit monaftére pour fes difciples, & un hospice pour ceux qui le venoient voir, avec un oratoire pour mettre des reliques de S. Siméon, que S. Daniel avoit fait venir d'Antioche. Gubas roi des Lazes étant venu renouveller fon .31. alliance avec les Romains, l'empereur le mena voir S. Daniel, comme le miracle de fon empire. Le roi barbare fe profterna avec larmes devant la colomne; & le faint homme fut l'arbitre du traité entre ces deux princes. Gubas étant de retour chez lui, y racontoit cette merveille; & n'envoyoit jamais à Conftantinople qu'il n'écrivît à S. Daniel, pour fet recommander à fes prières.

Le patrice Ardabure, le plus puiffant de l'empire, étant irrité contre un homme de fa dépendance, celui-ci fe refugia dans le monaftére des Acemètes que gouvernoit le faint abbé Marcel. Ardabure l'envoya demander; & comme on refufa de le rendre, il ufa de menaces: puis il envoya des foldats qui entourérent le monaftére. S. Marcel leur demanda s'ils vouloient demeurer, & leur offrit des vivres qu'ils acceptérent. C'étoit le foir; & la nuit étant venue, les moiTome IV. Oooo

XXVI.

Loi pourles afiles.
Vita S. Marc. ap-
Sur. 29. Dec füg

XXVII. n. 30.

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nes preffoient faint Marcel de donner l'homme qui s'étoit refugié, pour ne les pas expofer tous à périr avec le monaftére. Les foldats au dehors menaçoient l'épée à la main refolus d'attaquer la maison, fi-tôt qu'il feroit jour. Alors ils virent un feu fur le haut du monaftére, qui lançoit vers eux des traits comme de foudre; ils jettérent les armes, fe profternerent, & cherchérent à appaifer Dieu par leurs priéres. Ardabure lui-même l'ayant appris, pardonna à celui qui s'étoit refugié.

On croit que ce miracle fut l'occafion d'une grande loi de l'empereur Leon pour les afiles, en date du dernier jour de Février, fous fon troifiéme confulat, c'est-à-dire l'an 466. Elle défend de tirer perfonne des églifes, ni d'inquiéter les évêques ou les œconomes pour les dettes des refugiés; car on les en rendoit refponfables, fuivant la loi d'Arcade du vingt-feptiéme de Juillet 398. Celle-ci défend tout cela fous peine capitale. On ne doit point non plus tellement refferrer les refugiés, qu'ils manquent de nourriture, d'habits ou de repos. S'ils paroiffent publiquement dans l'églife, on pourra, fans bleffer la révérence du lieu, leur notifier la fentence du juge, & recevoir leur réponse: s'ils fe cachent dans l'enceinte de l'afile, l'oeconome, ou le défenfeur, ou quelqu'autre commis par l'évêque, les fera venir dans l'églife. Etant avertis, ils pourront conftituer procureur pour se défendre devant le juge; s'ils le refufent, on procédera contre eux par les voies de droit, & on vendra leurs meubles ou leurs immeubles, felon les formes, en exécution du jugement. Que s'ils cachent leurs meubles dans l'enceinte de l'églife, ou chez quelqu'un des clercs, ils feront représentés à la diligence de l'oeconome, ou du défenfeur; & fi quelqu'un eft soupçonné de les receler, il fera obligé de s'en purger par l'autorité de l'évêque.

Quant aux efclaves & aux autres domeftiques, fi-tôt que l'œconome ou le défenfeur feront avertis par ceux à qui ils appartiennent, ils doivent les renvoyer avec tout ce qu'ils ont apporté, après avoir pris ferment des maîtres de leur pardonner, ou de les châtier humainement. Car il ne convient pas qu'ils demeurent long-tems dans les églifes, de peur que les maîtres ne foient privés de leur fervice, & qu'ils ne foient nourris aux dépens des pauvres. Les œconomes ou les défenfeurs s'informeront inceffamment de la qualité des perfonnes & des af

faires des refugiés, pour en avertir les juges & les perfon- AN. 466. nes intéreffées. Cette loi ne doit point avoir lieu à Conftantinople; mais on doit s'adreffer à l'empereur pour régler les cas particuliers. On y voit le légitime ufage des afiles, pour conferver le refpect de la religion, fans donner atteinte à la justice.

Il y avoit plus d'un an que Rome étoit fans empereur. Sevére y avoit été empoisonné dans le palais dès le quinziéme d'Août 465, & on en accufoit le patrice Ricimer qui gouvernoit l'Occident. Enfin il convint que l'empereur Leon enverroit d'Orient Anthemius fils de Procope, & petit-fils d'un autre Anthemius; que Ricimer épouferoit fa fille, & qu'il feroit reconnu empereur d'Occident. Le fénat envoya pour cet effet une députation à Conftantinople. Anthemius vint en Italie, & fut reconnu empereur à huit milles près de Rome au mois d'Août, fous le confulat de Pufée & de Jean, l'an 467; & Ricimer devint fon gendre.

Anthemius avoit auprès de lui un nommé Philothée, hérétique Macédonien, qui appuyé de fa faveur, vouloit introduire à Rome de nouvelles afïemblées de diverfes fectes. Le pape Hilarus s'y oppofa, & pria l'empereur Anthemius de l'empêcher: il lui en parla publiquement & à haute voix dans l'églife de S. Pierre, & l'obligea de promettre avec serment qu'il n'en feroit rien.

Le

pape

Hilarus mourut la même année 467, le dix-feptiéme de Septembre, après avoir tenu le fiége cinq ans & dix mois. Il bâtit plufieurs églises, & donna un très-grand nombre de vafes facrés, apparemment pour réparer le pillage des Vandales. Il fit trois oratoires dans le baptiftére de la bafilique de Conftantin, un de S. Jean-Baptiste, un de S. Jean l'évangélifte, & un de la fainte Croix, où il mit du bois de la vraie Croix, avec une croix d'or ornée de pierreries, du poids de vingt livres. Il y avoit dans le baptiftére une cuve de porphyre, & trois cerfs d'argent qui verfoient de l'eau, chacun du poids de trente livres; un agneau d'or, & une colombe d'or. Tous les vafes qu'il donna, montoient à quatre-vingt-quatorze livres d'or, & mille deux cens cinquante-deux livres d'argent. Il fit auffi un oratoire de faint Etienne dans le même baptiftére de Latran, & mit au même lieu deux bibliothèques ou plutôt deux armoires de livres. Il fit des monaftéres auprès de S. Laurent, avec un bain &

Oooo ij

AN. 467.

XXVII.

Anthemius em pereur d'OcciCaffiod. & Marcell,

dent.

Chr.

Idem Vict. Tun

Chr. Pafch. p. 323
Evagr. 11, c. 16.

Gelaf epift. 13.10. 4. Conc. p. 1208.

C.

Mort d'Hilarus Simplicius pape. Lib, Pontif.

XXVIII.

AN. 468.

XXIX.

d'Ardabure.

27.

c. 6.

un palais. En une ordination au mois de Décembre, il fit vingt-cinq prêtres, fix diacres, & vingt-deux évêques. Il fut enterré à S. Laurent dans une voute près de S. Sixte. Après dix jours de vacance, on élut le vingtiéme de Septembre Simplicius de Tibur, fils de Caftin, qui tint le faint fiége quinze ans.

L'empereur Leon ne pouvant fouffrir les infultes que GenMort d'Afpar & feric faifoit tous les jours aux villes de l'empire, envoya contre lui une grande flotte, fous la conduite de Bafilifque, Niceph. xv. hift. c. frere de fa femme l'impératrice Verine; mais Bafilifque étoit Procop. 1. Vandal. d'intelligence avec le patrice Afpar, & fon fils Ardabure qui avoient alors la plus grande autorité. Ils étoient Ariens déclarés, & par cette raifon ne pouvoient afpirer eux-mêmes à l'empire; car le peuple de Conftantinople haïffoit cette héréfie, se souvenant des perfécutions que l'église avoit fouffertes fous Conftantius & Valens: c'eft ce qui avoit obligé Afpar à procurer l'empire à Leon; mais il s'étoit depuis brouillé avec lui, & difoit hautement qu'il ne falloit pas s'étonner fi Genferic profpéroit, puisque fa religion étoit la meilleure. Il avoit donc concerté avec fon fils Ardabure, de faire empereur Bafilifque, qui profeffoit la religion catholique, afin de régner fous fon nom, & d'établir l'Arianisme. Bafilifque étant arrivé en Afrique, fit périr la flotte, d'intelligence avec Genferic, & s'enfuit honteusement. Quand il fut de retour à Conftantinople, il fe fauva dans une églife, & l'impératrice fa fœur le fit retirer à Perinthe, chargé de la malédiction publique. Ceci arriva fous le confulat d'Anthemius, l'an 468.

AN. 469.

Chr.

L'année fuivante, fous le confulat de Zenon & de Marcien, l'empereur Leon inftruit de la confpiration, & ne se fentant pas affez puiffant pour venir à bout d'Afpar & de fes enfans à force ouverte, feignit de ne fe douter de rien, Via. Tun. & offrit fa fille Ariane à l'autre fils d'Afpar, nommé Patrice ou Patriciole, avec la dignité de Céfar, qui étoit comme la furvivance de l'empire. On prétendoit que Patrice renonceroit à l'Arianisme. Toutefois le peuple de Conftantinople & tous les gens de bien furent fort allarmés; & ayant à Vita S. Marc. ap. leur tête S. Marcel abbé des Acémètes, & un autre nommé Sur. 29.Dec. c. 34. Gelade, ils vinrent dans l'hippodrome pour détourner l'empereur de cette entreprise: fçachant bien qu'il n'avoit pris cet engagement qu'à contre-cœur, & par la néceffité de fes af

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AN. 469.

faires. Marcel étant entré au lieu où l'empereur étoit affis, lui parla librement, l'exhorta à résister aux ennemis de l'églife; & lui fit promettre que le fils d'Afpar ne feroit point Céfar, s'il ne fe faifoit inftruire de la religion catholique. Le peuple de Conftantinople ne s'appaifa pas pour cela; Niceph. xv. 6. 27. & ne pouvant fouffrir d'être expofé après la mort de Leon à la domination des Ariens, il s'affembla dans l'hippodrome, & dit beaucoup d'injures à Afpar & à fes enfans. Ils eurent peur : ils pafférent à Calcédoine, & fe refugiérent dans l'églife de fainte Euphemie. L'empereur envoya le patriarche, s'excufant, & promettant de leur garder fa parole s'ils fortoient de l'églife. Ils répondirent qu'ils n'en fortiroient point, fi l'empereur ne venoit lui-même. L'empereur y alla, les fit venir, mangea avec eux & leur donna toutes les autres marques d'avoir oublié le paffé. Mais d'ailleurs il donna ordre à Zenon fon confident de leur couper la tête, quand ils entreroient dans le palais par les bains. Afpar & Ardabure furent ainfi mis à mort: Patrice l'autre fils fut feulement exilé, & Leon lui ayant ôté fa fille Ariane, la donna en mariage à Zenon. Il étoit d'Ifaurie, & fe nommoit auparavant Aricmèse ou Taraficodife: mais Leon lui changea de nom en le faifant fon gendre. Ceci fe paffa fous le quatrième consulat de Leon avec Probien, c'est-à-dire en 471.

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Marc. Chr. an. 471.
Candid, ap. Ph.

Cod. 79. p. 174.

XXX.
Loix de Leon

pour

l'églife. 1.15. C. de epifc.

L. 8. C. de pag.

L. 33. C. de ep.

L'empereur Leon fit pendant ces années-là plufieurs loix en faveur de la religion. Il défendit de faire la fonction d'avocat en aucun tribunal, à quiconque ne feroit pas catholique, fous peine de banniffement perpétuel. Cette loi est du dernier de Juillet 468. Il confirma les loix contre les païens. Il accorda à tous les clercs & les moines le privilége de n'être point traduits en juftice devant les tribunaux étrangers, ni obligés, pour se défendre, à quitter leurs églifes & leurs monaftéres. Chacun d'eux doit être pourfuivi devant les juges 'ordinaires des lieux. Ceux qui feront trouvés à Conftantinople, ne pourront être pourfuivis que devant le préfet du prétoire. Dans les provinces, ils ne feront tenus de donner autres cautions, que les défenfeurs ou oeconomes des églifes: à Conftantinople ils n'en donneront point. Dans les caufes eccléfiaftiques, on ne doit pourfuivre que l'oeconome. Les frais d'exécution font taxés modérément contre les clercs, & ceux qui les pourfuivent fans jufte caufe, font condamnés aux dépens. Cette loi eft affez conforme à celle de Marcien 4, 25. C. de epife,

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