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de Secrétaire, & profita de fon féjour en cette Ville, pour fuivre les leçons de Baptiste Egnace, qui expliquoit alors les Offices de Cicéron & le Poëme de Lucréce. De retour en France vers 1530, il n'en fuivit qu'avec plus de zele le cours de fes études. Par le confeil du même Jean du Bellai, il s'appliqua à l'étude du Droit Civil ; & afin d'y travailler avec plus d'ardeur, il alla à Toulouse, où ce Prélat l'entretint, & lui fournit tous les fecours pécuniaires dont un Étudiant peut avoir besoin. Les malheurs qu'il éprouva dans cette ville,

foit le même que Joannes LANGIA CHUS, Epifcopus Lemovicenfis, dont il décrivit l'ambaffade à la fuite de fon Traité De Officio Legati, 1541, in-4°. (Voy. la Notice des Ouvrages de Dolet, No. XV). Or, le prétendu Jean de Langeac ne pouvoit être Evêque de Limoges en 1541, puifque tous les Hiftoriens de la vie de Jean du Bellai nous apprennent qu'alors il en occupoit encore le Siége. Tout ce qui, dans les Ouvrages de Dolet, est adreffé Joanni LANGIACO, doit donc s'entendre de Jean du Bellai Langei, que M. de Thou a nommé avec raifon dans fon Hift. Univ. Joannes Bellaius Langaus. Une chose qui doit furprendre, c'eft que je n'ai pu découvrir dans aucun Hiftorien, le nom de l'Ambaffadeur de France à Venise en 1529;& que tous ceux qui ont parlé de Jean du Bellai Langei, ont ignoré le temps de fon ambaffade vers cette République.

exigent que nous inftruifions les Lecteurs de quelques ufages qui fe pratiquoient alors entre les Étudians.

Le concours d'une multitude de jeunes gens que la célébrité de l'École de Toulouse attiroit, avoit contribué à l'établissement de quelques Sociétés qui s'étoient formées entre ceux d'une même Nation (6). Les François avoient fait une Affociation; les Gafcons en firent une autre bientôt les Anglois, les Espagnols & tous les Étrangers imiterent leur exemple. Ces Sociétés étant ainfi établies on avoit fixé un jour pour invoquer le Saint qui leur fervoit de Patron: on avoit nommé un Chef; il convoquoit fes Compatriotes ; il leur fervoit de Confeil & de Défenfeur. Les Affemblées fe faifoient par Centuries; & des Quefteurs élus à la pluralité des voix, exigeoient des Membres de chacune, la fomme dont ils étoient convenus de fe cotifer. En outre, chaque Société avoit choifi un Orateur, qui, le jour de la Fête, prononçoit un Difcours, dans lequel il louoit publiquement ceux de fes Confreres que la mort avoit

(6) Voy. le Difcours préliminaire de Simon Finetius, fur les Orationes Doleti in Tholofam.

emportés. Malheureufement quelques défordres dont les Écoliers s'étoient rendus coupables en corps, exciterent l'attention du Parlement de Toulouse, qui publia un Arrêt pour défendre leurs Affociations. Dolet arriva à Toulouse dans un temps où, malgré cet Arrêt, les François obfervoient encore les Statuts de ces Sociétés. Auffi-tôt il fut élu Orateur de fa Nation; & defirant s'acquitter d'un emploi auffi honorable felon fa réputation, il prononça en public, le 9 Octobre de l'an 1532 (7), une Harangue, dans laquelle

(7) Il est très-probable que ce fut en 1532 que Dolet prononça cette Harangue. Je crois auffi qu'il ne vint à Toulouse qu'en 1531, ce qui eft clair par les dates cideffus, & fe confirmera à mesure que nous avancerons. Voyez pour tout ce que j'ai dit & ce que je dirai de relatif à cet événement, la Lettre de Budé dont j'ai parlé note (3), & les Orationes due in Tholofam, pages 28. 29. 61. 66 & 67. 91. 92. 93. Germain de la Faille rapporte cet événement à l'an 1528, dans fes Annales de Toulouse, tome 2. p. 70 & 71: mais il eft bien fautif; car il nomme l'Orateur des Gascons Prignac au lieu de Pinachius ou Pinache. Il dit que les railleries de Dolet contre les superstitions des Touloufains, font connoître qu'il avoit déjà embraffé le Luthéranifme; comme fi l'on ne pouvoit ridiculifer des abus de Religion fans être hérétique. Enfin il place la mort de Dolet en 1543, & dit que fon héréfie le fit brûler: tout cela eft faux ou inexact, comme on le

il louoit les heureufes qualités des François, & frondoit l'Arrêt que le Parlement de Toulouse avoit rendu précédemment contre les Sociétés d'Étudians. Son zele l'ayant emporté jufqu'à accufer Toulouse de barbarie, il en fut vertement repris par un certain Pierre Pinachius, qui, parlant pour les Touloufains, défendit la dignité de fa Patrie, de fes Compatriotes, & du Sénat augufte dont Dolet avoit tenté d'infirmer l'Arrêt. Cette affaire devint d'autant plus férieuse , que l'Adverfaire de Dolet, non content de le rendre odieux par fes déclamations, le dénonça au Parlement comme un féditieux qui avoit manqué de respect à ce Tribunal. Tout ce que la jaloufie caufée par la fimilitude des talens peut inventer d'artifice pour perdre un concurrent, fut employé par ce Pinachius & fes Conforts contre Dolet. On le mit en prifon le 25 Mars 1533; & lorfqu'il en eut été tiré

verra. Ce qui eft bizarre dans cette Hiftoire, c'eft que l'Auteur a mis dans fes preuves un paffage de la Poétique de Scaliger, où celui-ci vomit mille injures contre Dolet ; tandis qu'on y cherche en vain l'Arrêt du Parlement de Toulouse pour réprimer la licence des Écoliers de l'Univerfité. L'un étoit apparemment plus facile à trouver que l'autre.

peu de jours après par le crédit de Jacques de Minut (8), à la follicitation de Jean Pinus, Évêque de Rieux, ils attenterent à ses jours en foudoyant des affaffins; ils répandirent contre lui des libelles outrageans, & firent promener fur un char, dans les rues de Toulouse, un cochon qu'ils avoient chargé d'un écriteau où l'on avoit écrit le nom de Dolet.

pour

De femblables traitemens n'étoient affûrément pas propres à le ramener à de meilleurs. fentimens les Touloufains; c'est pourquoi il se retira dans une Campagne un peu éloignée, afin de fe dérober à la haine de fes perfécuteurs. Mais quelques Épigrammes lancées avant fon départ contre l'un d'eux, nommé Drufac, 'le forcerent de quitter cette retraite favorable à fon amour pour les Lettres; car cet homme, qui étoit puiffant,

⚫ (8) Dolet a laiffé dans fes Lettres plufieurs témoignages de fa reconnoiffance envers ce Préfident au Parlement de Touloufe, que les Savans de ce temps chériffoient comme leur protecteur & leur pere. J. B. Egnace lui a dédié trois livres De Romanorum Principibus, réimprimés par Dolet en 1541, à la fuite du Suetone, in-8°. Toulouse le perdit vers 1537. Voy. la Bibl. Franç. de du Verdier, p. 750. art. Jean RAUFEL. Argelati, dans fa Bibliotheque des Écrivains Milanois, col. 929, lui donne un article, & dit qu'il mourut le 6 Novembre 1536.

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