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noiffance; & quoique je ne les aie pas tous découverts, on pourra toutefois fe convaincre que les Libraires en général ne méritent pas les noms injurieux qu'on leur prodigue, & que les Libraires François en particulier l'ont emporté par la fcience fur ceux des autres Nations.

que

Le P. Louis Jacob de Saint-Charles, Carme, avoit compofé un Traité De Typographis propriis Scriptis illuftribus (**); mais il n'a jamais été imprimé. Cette Notice y fuppléera tant foit peu, én attendant l'on veuille entreprendre un plus grand travail. Peut-être exciterat-elle les Savans à nous indiquer les Libraires & Imprimeurs AUTEURS qui nous font inconnus. Peut-être auffi leurs efforts réunis aux nôtres produiront-ils un Ouvrage où l'on réhabilitera la réputation des Libraires quant aux Sciences; où l'on prouvera que l'état de la Répu

(**) Voyez Phil. Labbei Bibliotheca Bibliothecarum. Parif. 1664, in-8°. page 118.

blique des Lettres a influé beaucoup fur la science des Libraires ; que l'amour des Savans pour nous a caufé notre bonheur, & leur averfion nos chagrins; que la gloire des Savans & des Lettres s'eft perpétuée par les Libraires & les Imprimeurs; qu'enfin les Lettres, les Savans & les Libraires cefferont de faire des progrès & de bien mériter du Public, lorfqu'on ne voudra plus les protéger ou les encourager par l'efpérance du bien-être.

On a fait tirer en faveur des Curieux, vingtcinq Exemplaires de la VIE de DOLET & de la NOTICE des Libraires & Imprimeurs AUTEURS, format IN-QUARTO, fur papier fin.

VIE

VIE

D'ÉTIENNE DOLET.

PREMIERE PARTIE.

ÉTIENNE

TIENNE DOLET naquit à Orléans vers l'an 1509. Amelot de la Houssaye a dit (1) qu'il étoit fils naturel de FRANÇOIs I, Roi de France, & d'une Orléanoise nommée CUREAU; mais ce fait n'eft nullement probable, ce Monarque ayant vu le jour en 1494: c'est donc avec raison que Bayle, Maittaire & le Duchat en ont contesté la réalité (2). Le filence des Hiftoriens fur l'origine de cet Imprimeur, nous force à nous en rapporter

(1) Mém. Hift. Crit. & Litt. Amft. 1722, in-12. tom. 2. P. 233.

(2) Bayle, Dict. Hift. art. DOLET. Maittaire, Anni Typ. tom. 3. p. 101. note c.... Ducatiana, tom. 1. P. 5

Α

à ce qu'il a bien voulu nous en apprendre lui-même (3). Il paroît que fans chercher à faire un vain étalage de fa naiffance, Dolet pouvoit fe dire d'une famille honnête; & la maniere dont il fe défendit fur ce point contre fes envieux, prouve affez qu'on peut l'en croire. Il lui fembloit plus glorieux de fe donner un nom par fes talens, que de le devoir à la renommée de fes peres (4).

Il reçut dans le lieu de fa naissance les principes d'une éducation diftinguée, & vint à Paris vers 1521, pour s'y appliquer princi

(3) Voy. fa deuxieme Harangue contre Toulouse, page 39; fa Lettre à Guill. Budé qui fe lit enfuite, page 305 & 169.

(4) J'ignore quel degré de parenté il y avoit entre notre Imprimeur & Matthieu DOLET, Clerc ou plutôt Commis du Greffe Criminel du Parlement de Paris. Suivant le Continuateur de Nicole Gilles, tom. 2 de fes Annales, feuillet 128 verfo (Paris, Oudin Petit, 1551, in-fol.), ce Matthieu DOLET avoit lu devant le Peuple les Lettres de Grace accordées par François Ier à Jean de Poitiers, Chevalier, Seigneur de Saint-Vallier, qui avoit été condamné à avoir la tête tranchée, le 17 Février 1523, vieux ftyle. Le 16 Août 1603, un Léon DOLET, Avocat, fut élu Echevin de la ville de Paris. Voyez les Antiquités de Paris par Malingre, 1640, in-fol. page 690. Un Jacques DOLET, auffi Avocat, pofféda la même dignité le 16 Août 1623. bid. p. 692.

palement à l'étude des Belles-Lettres. Dès cet inftant, il prit du goût pour la lecture des Ouvrages de Cicéron, & il le fentit augmenter en lui, à mesure qu'il faifoit des progrès dans l'étude de l'Eloquence. Il avoit pris de Nicolas Berauld (en 1525) les premieres leçons de cet art utile; mais bientôt après (en 1526) il paffa en Italie pour s'y perfectionner. Pendant trois années entieres qu'il demeura à Padoue, il ne ceffa de s'exercer; & Simon de Villeneuve, avec qui il vivoit dans la familiarité la plus intime, l'aida de fes confeils, & lui enfeigna l'art d'écrire purement en latin. La mort l'ayant privé de ce tendre ami, dont il a célébré la mémoire dans fes vers, il fongea à revenir promptement en France: néanmoins il fut encore retenu en Italie par les inftances & l'autorité de Jean du Bellai Langei, qui faifoit alors les fonctions d'Ambaffadeur de France à Venife (5). Il demeura auprès de lui en qualité

(5) Tous les Bibliographes trompés par Dolet, qui, dans fes Lettres & dans fes Poéfies, nomme cet Ambaffadeur Joannes LANGIACUS, & même LANGIACHUS, l'ont appellé Jean de LANGEAC. Quoi qu'il en foit, on ne peut douter, d'après les Écrits du même Dolet, que le Joannes LANGIACUS dont il fut Secrétaire à Venise, ne

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