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Aux fleurs fuccèdent de petites capfules arrondies couronnées par un joli plateau rayonné, dont la base. eft percée de plufieurs trous par où fortent les graines fines & nombreuses qu'elles renferment.

2. PAVOT DES JARDINS Pavot fomnifère : PAPAVER SOMNIFERUM, feptième espèce du genre dans LINNÉ.

Sa racine, fufiforme & noirâtre, pouffe une groffe tige droite, cylindrique, liffe, ferme quoiqu'herbacée, & haute de trois ou quatre pieds. Ramifiée à fon fommet, elle fe garnit de feuilles alternes & feffiles, longues de fix ou fept pouces, fur trois ou quatre de largeur, liffes, unies, inégalement incifées, & teintes d'un verd lavé de bleu.

Relativement à la fleur, on diftingue deux variétés de Pavots dans les uns elle eft fimple, & fa corolle n'eft formée que de quatre pétales arrondis par les bords, larges, bien étalés: cette variété n'eft point admife dans les jardins, & on la laiffe dans les champs où la nature l'a placée; on ne fait cas que des pavots à pétales multiples, que l'on défigne par le nom de PAVOTS DE HOLLANDE, ou par celui de PAVOTS DOUBLES, qui ne leur convient qu'improprement, puifque la duplication de leur corolle n'altère en aucune manière les organes de leur fécondité; feulement leur capfule perd un peu de fon volume, qui a moins d'ampleur que celui des capfules que donnent les fleurs fimples.

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Les fleurs des Pavots doubles naiffent folitaires au fommet des tiges & des rameaux; &, placé en oppofition avec les feuilles, le bouton qui les contient, que porte un pédoncule flexible, s'incline vers la terre; mais à peine commence-t-il à s'ouvrir qu'il fe redreffe; & quand le développement des pétales eft complet, les fleurs, parfaitement droites, étalent avec fierté les graces de leur forme, & l'éclat des couleurs qui les em belliffent, font oublier la modeftie de leur berceau.

Les teintes qu'elles adoptent offrent toutes les nuances qui peuvent graduer l'échelle des couleurs depuis le blanc le plus pur, jufqu'au rouge le plus vif ou le plus foncé. Plufieurs même font ornées de fuperbes panaches, ou

agréablement marquetées comme certains œillets, & toutes, dans leur épanouiffement, mériteroient le premier rang dans l'empire de Flore, fi leur pompe étoit plus durable, & fi tant de magnificence pouvoit compenfer le défagrément de l'odeur nauséabonde qu'elles exhalent lorsqu'on les touche.

Ces fleurs commencent à fe montrer en juin, & fe fifccèdent quelquefois jufque vers la fin de l'été. Elles font place à des capfules un peu oblongues, intérieurement divifées par des demi-cloisons, percées à leur faîte par plufieurs trous couverts par les rayons d'un plateau qui leur fert de couronne. Ces trous ne s'ouvrent que quand les graines, très-fines & prodigieufement nombreufes renfermées dans les capfules, font parvenues à leur maturité, dont la première époque arrive, pour l'ordinaire, vers le milieu du mois d'août.

La ftature vraiment pittorefque des Pavots doubles, & le fuperbe effet de leurs fleurs, les rendent propres à la décoration des grands parterres & des larges platebandes. Ils ferviront à peupler agréablement les portions vides des maffifs; groupés à de grandes diftances dans les vaftes pièces de gazons, ils en banniront la monotonie; & placés par intervalles fymétriques avec les Coquelicots, dont la fleuraifon accompagne la leur, ils les domineront fans les éclipfer, & leurs parures réunies produiront le plus magnifique tableau fi les couleurs en font bien ordonnées.

Multiplication & culture.

Les Coquelicots & les Pavots fe multiplient par leurs graines; & comme ils n'ont aucun fuccès quand on les déplante, il eft néceffaire de les femer en place.

Les graines étant très-fines, il fuffit de les répandre fur la terre, & de les recouvrir en paffant deux ou trois fois légèrement le rateau fin fur les places où elles font tombées.

Le fol qui leur convient le mieux eft celui qui est à la fois fubftantiel & léger; & quoique ces plantes puiffent réuffir dans tous les terrains, elles ne font parfaitement

belles que quand elles trouvent dans leur domicile une nourriture copieufe & conftante.

On peut femer en automne, vers la mi-octobre, ou au printemps, vers la mi-mars. Les femis d'automne fourniffent toujours des fujets plus vigoureux & plus abondans en fleurs; ceux du printemps donnent des fujets un peu plus tardifs, dont les fleurs ont un peu moins d'éclat, mais ils prolongent les décorations que ces plantes procurent.

On peut à chaque place femer un peu dru; quand les fujets fe montreront, on les éclaircira de manière qu'il y ait un ou deux pouces d'intervalle entre chacun d'eux. Quelque temps après, on les éclaircira de nouveau, ayant toujours foin de conferver à la plantation totale la forme que l'on a deffein de lui donner. Ces fuppreffions fucceffives ne cefferont que quand ils fe trouveront efpacés, favoir, les Coquelicots de fix ou huit pouces, & les Pavots de douze ou quinze pouces les uns des autres.

Tout le refte de la culture confifte à farcler à chaque fuppreffion des pieds furnuméraires, à donner quelques -petits binages pour rechauffer les bafes des tiges naiffantes, & afin qu'elles fe foutiennent mieux, & quelques mouillures dans les grandes chaleurs, fi le fol eft fec; car pour peu qu'il soit naturellement frais, les arrofages font inutiles.

A l'époque de la fleuraifon, il eft effentiel de vifiter toutes les plantes, pour marquer les plus belles & conferver celles qui méritent d'être perpétuées. Pour peu que leurs couleurs foient équivoques ou que leur duplication foit incomplette, il faut les fupprimer.

Une attention utile au Jardinier-Décorateur eft d'appofer à chaque variété un figne qui en indique la teinte & les nuances, afin de les récolter toutes & de les conferver fans les confondre: il eft d'expérience qu'elles retiennent long-temps les livrées qu'elles fe font choifies; & comment pourra-t-il varier & fymétrifer les tableaux auxquels elles fe prêtent, s'il s'eft mis hors d'état d'en prévoir ou d'en affortir les couleurs?

Lorfque les feuilles, les tiges & les capfules commencent à jaunir, les graines font mûres, les trous qui

doivent leur donner paffage s'ouvrent, & c'eft le moment de la récolte. On incline doucement les têtes, & l'on en fait tomber les femences fur une feuille de papier, ou fur une ferviette. Celles qui fortent fans fecouffe & fans effort font toujours préférables, parce qu'elles font les mieux nourries & les mieux aoûtées.

Ces graines, confervées dans un lieu fec, & renfermées dans un fac fufpendu au plancher, font propres à la végétation durant quatre ou cinq ans.

Espèces vivaces.

3. PAVOT JAUNE: Pavot du pays de Galles: PAPAVER CAMBRICUM, huitième espèce du genre dans LINNÉ.

De fa racine vivace, cette plante pouffe des feuilles ailées, dont les lobes font profondément découpés fur leurs bords, & de leur centre fortent des tiges hautes de douze à quinze pouces, liffes & garnies de feuilles plus petites, mais formées comme celles de la base. Les fleurs, terminales, groffes & jaunes, paroiffent en juin, & font place à une capfule oblongue, remplie d'un grand nombre de petites femences prefque purpurines.

4. PAVOT DE TOURNEFORT: Levant :

Grand Pavot du Pavot d'Orient : PAPAVER ORIENTALE neuvième espèce du genre dans LINNÉ.,

Vivace comme la précédente par fes racines remplies d'un fuc laiteux, âcre & amer, cette espèce produit des feuilles ailées, fciées par leurs bords, longues d'un pied, & couvertes d'un grand nombre de poils blancs & hériffés.

Ses tiges, hautes de deux ou trois pieds, très-velues, rudes au toucher, portent dans leur partie inférieure des feuilles femblables à celles du collet, mais beaucoup plus petites, & dans le courant de mai leur fommet fe termine par une fleur d'un rouge ponceau très-vif, presque évafée comme une groffe Tulipe, & qui fait place à une capfule ovale, remplie de petites femences purpurines..

Multiplication & culture.

Quoique ces deux espèces foient infiniment moins brillantes que les Coquelicots & les Pavots doubles elles ont cependant affez de beauté pour trouver place dans les grands jardins. Comme elles aiment une terre légère, & une fituation fraîche & ombragée, elles pour. ront fervir à décorer les portions vides des maffifs, & ajouter aux diverfes parures dont elles font fufceptibles.

On les multiplie par leurs femences, &, plus promptement, par la féparation de leurs œilletons enracinés. Si on les sème, il faut confier les graines à la terre dans le courant de l'automne, parce qu'elles lèvent à cette époque beaucoup mieux qu'au printemps; & les femis fe font à l'expofition du levant, dans une fituation ombragée du midi, & dans une terre habituellement fraîche & légère.

Quand les plantes fe montrent, elles fe contentent d'être farclées au befoin, & arrofées dans les grandes féchereffes.

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Comme elles profpèrent mieux en place que quand on change leur domicile, on fera toujours bien de les fixer fur-le-champ dans les lieux qu'elles doivent occuper toujours.

Il arrive quelquefois qu'elles fleuriffent la feconde année de leur végétation; mais infailliblement elles développent leur parure dans le cours de leur troifième année.

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Il eft néceffaire, quand on les sème en maffif, les éclaircir de manière qu'elles foient écartées de deux ou trois pieds les unes des autres; autrement elles ne tarderoient point à fe nuire, & leur trop grande proximité les empêcheroit de produire l'effet qu'on en doit attendre.

Ce n'eft que par les femis que l'on peut obtenir des variétés de ces espèces; & peut-être qu'à force de soins & de conftance, le Pavot d'Orient, fur-tout, nous rendra celui à fleurs doubles, qui eft probablement perdu, s'il eft vrai qu'il ait jamais exifté

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