Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fur les coquilles, rectifiées & redressées par l'examen des animaux qui les habitent; on y verra une fuite de combinaisons ou de rapports, qui mettra les lecteurs au fait d'une maniere plus fûre & plus instructive que tous les fyftêmes, & qui ne les forcera point à des arrangemens bizarres, parce que ces combinaisons ne font point faites contre nature ni au hazard, mais feulement la réunion des Coquillages qui fe rapprochent naturellement; on y verra comment les Coquillages d'une famille se joignent à ceux d'une autre famille, comment ils fe rapprochent & s'uniffent par certaines parties pendant qu'ils s'éloignent par d'autres: cet ouvrage qui m'a coûté beaucoup de peine, en épargnera beaucoup à ceux qui travailleront après moi fur la même matiere.

par

Il n'eft pas néceffaire de donner des exemples de l'utilité que retireront de cette table les perfonnes qui, fans avoir acquis une connoiffance fuffifante des animaux des Coquillages, voudront ranger les coquilles de leur cabinet; elle eft déterminée par fa clarté, fa fimplicité, & par la liberté que chacun aura de choisir dans les rapports celui qui lui plaira le plus pour les arrangemens: mais je dois faire part d'une remarque que j'ai fouvent eu occafion de faire, c'eft que de tous les rapports que l'on obferve dans les coquilles, il n'y en a point de plus général, de plus conftant & de moins fautif, que celui qui fe tire de l'échancrure ou du canal fupérieur de leur ouverture, dans celles qui ont ce canal; & de la figure de l'ouverture même, dans celles qui n'ont ni canal ni échancrure.

La mesure dont je me fers dans les dimensions des Coquillages eft le pied de roi de Paris. Je ne donne en pieds, pouces & lignes que les grandeurs abfolues & réelles des coquilles & des animaux en entier; car pour ce qui est des proportions de chacune de leurs parties, je crois qu'il eft plus fûr de décrire leur grandeur relative, je veux dire, la grandeur relative d'une partie proportionnellement à la grandeur d'une autre partie: ainfi au lieu de dire la tête de tel Coquillage a un pouce de longueur, fes cornes ont un pouce de longueur, je dis que fes cornes une longueur égale à celle de la tête; & je fuis cette règle d'autant plus volontiers, que les grandeurs abfolues des parties molles ou dures des Coquillages changent avec l'âge dans leur accroiffement, au lieu que les grandeurs relatives font affez conftantes.

J'aurois defiré pouvoir fupprimer les citations des phrases latines que je mets à la tête de chaque description, & m'en tenir aux numeros des Auteurs qui ont donné des figures; mais comme ces phrases tiennent souvent lieu de tout autre fynonyme & de figure, & que d'ailleurs les naturalistes paroiffent les demander, je les rapporte avec les fynonymes, fuivant la date de leur ancienneté, dans le inême ordre celui que j'ai suivi dans la table chronologique des Auteurs que je cite dans le cours de l'ouvrage, c'est-à-dire, en commençant par les plus anciens & finiffant par les plus modernes.

que

Il n'eft prefque perfonne qui ne convienne de l'uti lité des figures, du moins des bonnes figures: ce font des tableaux fidéles qui nous préfentent à chaque

inftant

instant des objets que fouvent l'on ne peut efpérer de voir en nature: elles font d'une néceffité indifpenfable, fur-tout lorsqu'il est question de faire connoître des animaux qui ne font pas encore connus, ou des objets qui ont peu de rapport avec ceux que nous connoiffons; c'eft pour cela que j'ai accompagné mes descriptions des figures de toutes les efpeces de Coquillages que j'ai obfervés au Sénégal. Il s'en trouve à la vérité beaucoup qui ont été déja gravées dans quelques ouvrages modernes ; mais comme le plan de mon ouvrage differe du leur en cela qu'il préfente les animaux qui habitent chaque coquille, je n'ai pû me dispenser de figurer toutes celles qui appartiennent à chaque animal d'un même genre ; d'ailleurs elles font travaillées avec une exactitude qu'on aura peine à trouver dans les anciennes. Mlle Reboul qui les a deffiné & gravé, mérite bien que je lui rende cette justice; mais ce coup d'effai qui n'eft pas indigne d'une main de maître, parle affez en fa faveur: les dix-neuf planches qui accompagnent cet ouvrage mettront les connoiffeurs à portée de juger de la perfection que l'on doit attendre d'une main fi habile.

Pour donner plus de netteté à ces figures, j'ai fupprimé les ombres qui auroient pû faire perdre de vûe certaines parties des animaux qui font plus importantes à mon objet : en cela j'ai voulu beaucoup moins accorder à la févérité des règles ordinaires du deffein, qu'à l'ufage des naturalistes qui fuppofent que leurs objets font détachés de tous les corps voifins, & fi proches de l'œil ou éclairés fi également de tous côtés, qu'ils ne peuvent jetter aucune ombre. J'ai fixé une

d

grandeur raifonnable à ces mêmes figures, diminuant les plus grandes, donnant les moyennes telles qu'elles font, & groffiffant les plus petites après les avoir repréfenté dans leur grandeur naturelle. J'ai foin d'avertir dans les defcriptions de celles qui font dans

ce cas.

J'ai évité fcrupuleusement ces fituations contre nature, que quelques Auteurs ont donné à leurs coquilles, en les figurant la pointe en haut, situations auffi bizarres que celles qui représenteroient les hommes la tête en bas & les pieds en haut. On en sentira tout le ridicule quand on verra les animaux traîner leurs coquilles auffi ai-je eu foin de les préfenter dans la pofition qu'ils affectent, foit en marchant, foit en fe fixant, l'ouverture de la coquille toujours placée dans fon vrai fens, & non dans le fens contraire, défaut auquel on remédie facilement aujourd'hui en gravant au miroir. Un autre défaut que j'ai évité, c'est de donner des figures de coquilles imparfaites, roulées, ou ufées fur la meule, à la lime, &c. On ne fçauroit trop exhorter ceux qui en feront figurer par la fuite, de se dispenser de représenter celles qui auront été limées: elles prennent par-là des figures qui n'exiftent point dans la nature, & qui deviennent intéreffantes & encore moins inftructives.

peu

Comme une seule fituation de la coquille ne fuffit pas pour en préfenter toutes les faces, j'ai été obligé de figurer deux fois la même, du moins dans les Limaçons, afin d'en faire paroître en même tems le dos & le devant ou l'ouverture; & dans la premiere efpece de chaque genre où j'ai auffi figuré l'animal, je l'ai

donné fous trois afpects différens pour mettre en évidence toutes les parties de l'un & de l'autre.

Il feroit fort inutile de faire représenter, comme l'ont quelquefois demandé certaines perfonnes peu au fait de la maniere d'obferver & encore moins de l'anatomie des Coquillages, l'animal tiré entierement de fa coquille: cette opération qui lui coûteroit toujours la vie à caufe de fa molleffe & de la difficulté qu'il y a de le détacher fans le mettre en pieces, fe borneroit à nous faire voir une maffe de chair tournée en fpirale, ou de toute autre forme, dont la coquille nous donne un modele bien plus parfait. Il n'en eft pas de même des autres parties qu'il nous importe de connoître; leur figure n'eft point empreinte fur la coquille, on ne peut les bien voir que quand l'animal les fait fortir, que quand il fe croit dans une fécurité qui lui permet de les développer, de les étendre, & de les expofer au dehors; c'est dans cet état que je les ai fait représenter dans tous les détails que m'a permis un examen attentif & répété plufieurs fois.

J'ai borné le nombre de mes Coquillages à 185 efpeces, qui étant doubles & fouvent triples, comme on vient de le faire obferver, font plus de 400 figures: les defcriptions fuppléent aux variétés; car on ne finiroit jamais fi l'on vouloit représenter toutes celles qu'éprouvent leurs coquilles, tant dans la forme à différens âges, que dans les couleurs: on en verra la preuve dans les citations que je fais des Pucelages, des Rouleaux, &c. Ces 185 efpeces font numerotées par genres, & comme la premiere efpece de chaque genre exige des détails tant fur la forme des coquilles que

« AnteriorContinuar »