Imágenes de páginas
PDF
EPUB

lide, plutôt coriace que cartilagineufe, de fubftance crétacée qui fait effervefcence avec les efprits acides. Cette croûte ne tient jamais au corps de l'animal, & elle differe encore des vrais opercules en ce que fa furface extérieure ne montre aucuns fillons concentriques.

Tous les opercules pierreux font de nature crétacée & fe Remarque. diffolvent avec effervefcence, comme les coquilles, dans les efprits acides: mais les opercules cartilagineux résistent à leur action. Ceux-ci portent avec eux une efpece d'onctuofité ou de graiffe, qui, lorfqu'on les brûle fur des charbons, répand une odeur forte, quelquefois affez gracieuse, mais pour l'ordinaire infupportable. On difoit autrefois que leur fumée étoit un remede fouverain pour les vapeurs & l'épilepfie telle est la vertu qu'on attribuoit fur-tout à celui d'une espece de Pourpre que j'appelle Kalan ( pl. 3. ), & que Rondelet (1) croit être le Conchylium des anciens; mais on en fait peu d'ufage aujourd'hui.

[ocr errors]

Le terme de Battans a été confacré pour défigner les deux pieces des Conques Bivalves, fans doute parce qu'elles font peu près égales entr'elles, ou de forme affez femblable, comme font ordinairement les battans d'une porte. On peut dire qu'elles different des deux pieces des Limaçons Operculés, ordinairement par leur nature, & toujours par leur forme: car dans celles même dont l'opercule eft pierreux, cet opercule a toujours une forme applatie, du moins n'en a-t-on pas encore vû qui fût turbiné, c'eft-à-dire, tourné en plufieurs fpires creufées en dedans; & toutes ont toujours le corps de leur coquille compofé de plufieurs volutes d'une grandeur démefurée eu égard à celle de cet opercule. Les Bivalves au contraire ont, comme je viens de le dire, deux pieces à peu près de même forme, de même grandeur, & conftamment de même nature. D. G. fig. 1. pl. 16. montrent les deux battans de la coquille d'une Came.

[ocr errors][merged small]

6.

ATTACHES

DES MUS

On voit dans la furface interne de ces battans, plufieurs taches enfoncées qui font connoître le lieu où les muscles du corps de l'animal leur étoient unis: c'eft ce que j'appelle CLES. les attaches. Elles prennent la même forme que les muscles

(1) Teftac. lib. 2. cap. 15. pag. 86 & 87.

RE.

[ocr errors]

dont je parlerai ci-près (1); & c'eft pour cette raifon que dans mes defcriptions je ne diftingue point cet article de celui des mufcles, pour éviter les répétitions.

Il n'eft pas ordinaire de trouver une charniere dans la CHARNIE- Coquille des Limaçons operculés, on en voit cependant une apparence dans celle de la Nérite : il y a quelquefois à fon Des Lima- opercule O. (pl. 13. Dunar.) deux dents q. r. qui s'engraînent avec deux dents pareilles de la lèvre inférieure de la coquille.

çons.

Des Con

ques.

8°.

La charniere des Conques fe trouve toujours placée proche des fommets & même au-deffous d'eux. Les dents qui la forment font quelquefois en petit nombre, comme dans les Tellines (pl. 18. C. ); quelquefois elles font nombreufes comme dans le Fagan, la Muffole, &c. (pl. 18. ). Elles fervent à affermir les battans, & à les contenir toujours dans la même place.

Toutes les coquilles des Conques ont un Ligament qui les LIGAMENT. unit ensemble proche des fommets & de la charniere. Ce ligament les affermit, & les fait ouvrir par fon reffort qui a quelque chofe de fpongieux.

Sa fituation.

9o.

PÉRIOSTE,

Il est différent dans diverfes efpeces de Coquillages. Ceux dont la charniere n'eft point dentée l'ont en dedans, ou dans l'épaiffeur du talon ou des bords de la coquille, comme dans l'Huître, le Jambonneau, &c. (pl. 14. & 15. L.); il eft au contraire placé au dehors des coquilles dont la charniere eft dentée, parce que s'il étoit placé en dedans il couvriroit les dents de la charniere, & rendroit leur ufage inutile: les Cames & les Pétoncles (pl. 16. & 18.) font dans ce cas. Ces derniers font ordinairement fecs & caffans lorfqu'ils. paffent quelque tems hors de l'eau ; mais dans l'eau ils s'amolliffent comme un cuir fort, de forte qu'ils fe courbent & fe redreffent fans fe caffer dans le tems de l'accourciffement. & du relâchement des muscles qui attachent intérieurement l'animal à fa coquille.

Si l'on regarde les coquilles comme les os des Coquillages, on doit regarder la membrane qui enveloppe la plupart comme leur périofte. En effet elle en fait l'office, puifqu'elle contribue à leur confervation & à leur accroiffement. Ce (1) Page lv. & lvj,

périofte ne recouvre jamais leur furface interne, mais feulement l'externe, tant dans les Limaçons que dans les Conques, quoique quelquefois il fe replie un peu fur leurs bords, comme il arrive au Jambonneau (pl. 15. R.). Dans les unes il eft fort mince, comme dans les Vis (pl. 4.) & les Pholades (pl. 19.); dans d'autres il eft fort épais, comme dans le Nivar (pl. 9.) & la Muffole (pl. 18.); dans d'autres enfin il est fi délié qu'il paroît ne pas exifter, ou même il n'existe pas, comme dans les Porcelaines & les Tellines (pl. 4. & 19.).

Je ne diftingue la Nacre comme partie de la coquille que pour faire connoître par ce titre quelles font celles qui en portent, celles qui n'en portent pas, & enfin celles dont la fubftance tient le milieu entre la nacre & la nature ordinaire des coquilles.

PARTIES DE L'ANIMAL.

MON deffein n'eft point de parler ici des parties intérieures qui regardent l'anatomie des Coquillages. Ce fujet a été traité affez amplement par plufieurs Auteurs célebres, tels que Harder (1), Heyde (2), Lifter (3), Swammerdam (4), Mrs. Mery (5), de Tournefort (6) & Duverney (7); d'ailleurs la ftructure de ces parties, leurs fonctions, leurs ufages, &c. font pour la plupart fi difficiles à déterminer, fur-tout dans. les Bivalves, que les Auteurs que je viens de citer ne fe font prefque jamais accordés dans les noms & les ufages qu'ils leur ont attribué; le petit nombre même qu'ils en ont déterminé fouffre encore des difficultés, & laiffe bien des chofes à defirer.

Je me borne donc aux feules parties extérieures, à celles

(1) Examen Anatomicum Cochlea terreftris demiporta.

(2) Anatome Mytuli.

(3) Exercitatio Anatomica, prima de Cochleis terreftribus & Limacibuss
Exercitatio Anatomica altera de Buccinis fluviatilibus & marinis.
(4) Biblia Naturæ.

(5) Moule d'Etang. Mém. de l'Académie, année 1710.

(6)(7) Leurs manufcrits font dans les regiftres de l'Académie. On fçait que M. Duverney avoit travaillé avec un foin particulier l'anatomie des Coquillages: il feroit à fouhaiter que fes ouvrages fur cette matiere fuffent rendus publics, nous y trouverions fans doute beaucoup d'éclairciffemens & d'observations neuves qui feroient également honneur à la nation & à la mémoire de ce célebre Anatomiste,

10o. LA NACRE.

1o.

TÊTE

que la vûe & le toucher font appercevoir & reconnoître fa cilement fans le fecours du fcalpel anatomique: j'en diftingue vingt, qui font :

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

La Tête eft une espece d'éminence ronde & charnue, qui fe préfente à la partie antérieure & fupérieure du corps des Limaçons (T. Coret, planc. 1. ). Swammerdam y a fçu trouver un cerveau, qu'il dit être mobile & capable de fe porter de devant en arriere : il eft compofé de deux parties globuleufes, féparées l'une de l'autre, à peu près comme dans le cerveau humain,

Dans les Conques telles que l'Huître (pl. 14.), la Came (pl. 16.), &c. je n'ai encore rien apperçu, non plus que les obfervateurs, que l'on puiffe regarder comme la tête, à moins qu'on ne veuille donner ce nom à une petite éminence ronde qui eft au-deffous de la bouche; en ce cas on feroit en droit de dire que les Conques ont la tête dans la partie inférieure de leur corps, au contraire des Limaçons.

Les Cornes ne fe trouvent que dans les Limaçons, encore CORNES, quelques-uns d'eux en font-ils dépourvus, comme le Sormet (pl. 1.), & le Mouret (pl. 2. ). Ceux qui en portent Leur nom- n'en ont jamais moins de deux, & jamais plus de quatre. Elles font toujours placées fur les côtés de la tête ou à fon Leur fitua- origine (Coret, pl. 1. ), ou à fon extrêmité ( Porcelaine, pl. 4.).

bre.

tion.

Leur ftructure.

Elles varient auffi par leur ftructure interne. Dans le genre du Limaçon terreftre, comme dans le Kambeul (pl. 1.),

ce font des efpeces de tuyaux creux C C. D D. qui ont la faculté de fe replier & de rentrer en eux-mêmes, par le moyen d'un muscle qui en tire l'extrêmité jufques dans l'intérieur de la tête. Ce muscle eft le nerf optique lui-même, fuivant Swammerdam.

Dans tous les autres Limaçons elles paroiffent compofées de fibres longitudinales, tantôt à un, tantôt à deux plans internes & externes, entrecoupées de quelques anneaux ou muscles annulaires, tels qu'on les voit affez bien exprimés dans le Foffar (pl. 13.). C'est par le jeu de ces fibres que les cornes s'allongent ou fe raccourciffent au gré de l'animal : mais elles ne rentrent jamais ni au dedans d'ellesmêmes, ni dans la tête, elles reftent au dehors confervant la plus grande partie de leur longueur.

Tous les Auteurs modernes, fi l'on en excepte Swammerdam (1), ont penfé, fur la parole de Pline (2), que les Limaçons fe fervoient de leurs cornes comme de guides pour fonder & tâter le terrein où ils avoient à marcher; mais on ne voit rien dans leur mouvement qui prouve une pareille attention dans ces animaux. Il femble même qu'elles leur font auffi inutiles que les cornes fuperflues ou embarraffantes de certains Infectes; du moins leur ufage n'eft-il pas apparent. On fçait feulement qu'elles ont le fentiment très-fin, & plus délicat que les autres parties de leur corps.

On n'apperçoit des Yeux que dans les Limaçons; mais tous n'en ont pas, comme l'on peut voir dans le Sormet (pl. 1.), & dans le Mouret (pl. 2.) Leur fituation n'eft pas non plus la même dans tous: quelques-uns les portent à leur fommet Kambeul, Ormier, pl. 1. & 2. Y Y.), d'autres vers leur milieu (Sakem pl. 7. YY.), & d'autres à leur origine (Libot, pl. 2. YY.) Ils font conftamment au nombre de deux.

Swammerdam qui a examiné ceux du Limaçon terreftre, dit qu'ils ont la figure d'un bulbe, d'un oignon arrondi dans fa partie fupérieure, & applati du côté oppofé. Il n'y a ap

(1) Perperam autem fomniarunt quidam, quod Cochlea fuis corniculis, ut cæcus baculo fuo utatur, ad viam nimirum quam reptare debent inveftigandam, aut ad explorandum tactuque dignofcendum, an dura fint objecta vel mollia. Bibl. nat. vol. 2. pag. 158.

(2) Cochleis oculorum vicem cornicula bina prætentatu replent. Hift. Mund, lib. 11, cap. 37.

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »