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où ils arriverent le jour de faint Barthelemi vingt-quatrième d'Août; ils y firent rapport au roi & à fon confeil de ce qui s'étoit paflé, & le fupplierent de pourfuivre ce qu'il avoit commencé pour l'union de l'églife.

LIV.

Pluticurs

Hift. univ.

Le roi défirant avec ardeur procurer cette union, ne fe rebuta pas, & réfolut fuivant le confeil de l'univerfité, d'envoier des ambaf princes de l'europe fadeurs vers les autres rois & les princes chré- confentent tiens, afin qu'ils fe joigniffent à lui pour en- à la ceffion. trer dans la voie de ceffion, qu'on croïoit la plus efficace. En Allemagne on envoia l'abbé Parif. tom. de faint Gilles de Noyon avec le docteur Gil- IV. p. 752. les des Champs. En Angleterre Simon de Cramaud patriarche d'Alexandrie, avec l'archevêque de Vienne. L'univerfité de Paris députa auffi à celle d'Oxford Jean de Courtecuiffe docteur en théologie, & Pierre le Roi abbé du Mont-Saint-Michel. A celle de Cologne & aux électeurs Pierre Plaoul docteur en théologie, avec un docteur en droit. Le roi d'Angleterre réfolut de prendre la voie de la ceffion, contre le fentiment de l'univerfité d'Oxford, qui vouloit qu'on terminât ce differend par un concile géneral. Ce qui le détermina à prendre ce parti, fut qu'après avoir envoïé à Rome & à Avignon conjointement avec Charles VI. pour preffer les deux papes d'y confentir; ils apprirent par le retour de leurs ambaffadeurs que Boniface & Benoît s'entendoient tous deux pour ne vouloir rien terminer: Boniface difant toûjours qu'il étoit tout prêt de ceder au cas que Benoît cedât le premier, parce qu'il fçavoit bien que celui-ci n'en feroit rien.

L'empereur Venceflas, les électeurs de l'empire, les ducs de Baviere & d'Autriche affem, blez à Francfort, s'attacherent auffi à cette

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19. f. 8,

voie de ceffion, fuivant l'avis de l'univerfité de Paris. Le roi de Hongrie Sigifmond fit d'abord & fans balancer la même chofe; & les rois de Navarre & de Caftille fe joignirent Mariana l. auffi au roi de France, malgré toutes les follicitations de Martin roi d'Arragon, qui venoit de fucceder au roi Jean, & qui pour fes interêts particuliers tint toûjours ferme pour Benoit, qu'il regardoit comme fon fujet. Le roi de Portugal & les autres princes qui avoient tenu le parti des papes de Rome, ne voulurent prendre aucune des voies qu'on prepofoit pour ter miner le fchifme, croiant qu'il leur feront honteux de fe dédire, & reconnurent toûjours Boniface.

L V.

pel de l'univerfité.

IV. p.

821.

Spicil. tom.

L'univerfité fort échauffée dans cette difpuActe d'ap te, pour prévenir l'effet des menaces du pape Benoît qui jettoit feu & flamme contre elle, la menaçant des foudres de l'excommunication, Hift. univ. appella du jugement du pape à un pape reconParif. tom. nu par l'églife univerfelle. Benoît fulmina une bulle contre cet appel, qu'il regardoit comme VI. p. 143. un attentat contre la plenitude de fa puiffance; & comme il foûtenoit dans fa bulle qu'il n'étoit pas permis d'appeller des jugemens du pape, l'université interjetta un fecond appel pour mettre à couvert fa réputation, & pour juftifier le premier, dont l'acte avoit été traité de libelle diffamatoire par Benoît.

Ce fecond acte d'appel étant venu à fa connoiffance, il fit une nouvelle bulle, par laquelle il excommunioit tous ceux qui appelleroient de lui ou de fes fucceffeurs. L'univerfité continuant fes pourfuites, s'affembla aux Mathurins, & déclara de nouveau que la voie de ceffion étoit la meilleure. Dix-fept cardinaux écrivirent au roi Charles VI. qu'ils appron voient cet expedient.

LVI.

voir en

LVII. Second concile na

Enfin l'univerfité voyant que Benoît demeuroit toûjours obftiné dans fon fentiment, On ne veus propofa au roi la fouftraction d'obéiflance. Point receCette nouvelle propofition ayant extréme France le ment intrigué le pape, il réfolut d'envoier en card nal de France le cardinal de Pampelune fon parent, Pam; clune, pour tâcher d'en empêcher l'effet; mais dès que le roi de France en eut avis, il écrivit à Benoît qu'il n'envoïât point fon légat, s'il ne vouloit pas qu'il eût l'affront de n'être point écouté. Benoît s'en plaignit amerement dans fes lettres au duc de Berri & au roi même, comme d'une chofe jufqu'alors inouie, mais on n'eut aucun égard à ses plaintes. Le roi de France affembla de nouveau un concile national, pour déliberer fur la fouftraction. Le roi tional de n'y affitta pas, étant retombé dans fa maladie; France, ou mais à fa place y étoient le duc d'Orleans fon l'on refout frere & les ducs de Berri, de Bourgogne & de la fouftraBourbon fes oncles, avec Arnaud de Corbie chancelier de France, & tous les feigneurs du confeil. Charles III. roi de Navarre y voulut être, & le roi de Caftille y envoia fes ambaffadeurs. Il s'y trouva avec le patriarche d'Alexandrie onze archevêques, foixante évêques, foixante-dix abbez, foixante huit procureurs de chapitres, le recteur de l'univerfité de Paris, avec les procureurs des facultez, les députez des univerfitez d'Orleans, d'Angers, de Montpellier & de Toulouse, outre un très-grand nombre de docteurs en théologie & en droit.

Etion.

IVIII.

On prend en France la voie de

Simon de Cramaud patriarche d'Alexandrie, qui préfidoit à cette affemblée, en fit l'ouverture par un difcours François, où il rappella tout ce qui s'étoit fait jufqu'alors, & la fouftrapropofa ou de faire une soustraction totale de ation total'obédience de Benoît, ou en partie feulement le.

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Moine de par rapport aux collations des benefices & au S. Denis, temporel de l'églife; parce que tout l'argent 18. c. 2. que Benoît tiroit de France, & les benefices Hift. univ. Far, to. I. qu'il y avoit à fa difpofition, ne fervoient qu'à lui faire des créatures. De trois cens voix, il y

LIX.

princes fui

vent l'e

en eut deux cens quarante-fept qui opinerent pour la fouftraction totale. Seize cardinaux fe déclarerent pour la même voix. Le roi fut de même avis, & l'édit de la fouftraction fut publié le vingt-huitiéme Juillet, & enregistré au parlement le vingt-neuvième d'Août de l'année 1398. Le roi par cet édit, défend à tous les fujets d'obéir à Benoît, & de rien païer à fes officiers: voulant cependant que l'églife Gallicane joüiffe pleinement de fes anciennes libertez, & qu'il foit pourvû aux benefices fuivant le droit commun, par l'élection des chapitres, ou par la collation des ordinaires, gratuitement, & fans rien prendre, fous quelque prétexte que ce puiffe être, de ce que les officiers des papes avoient coutume d'exiger.

La fouftraction devint enfuite prefque géLes autres nerale dans toute l'Europe. L'exemple de la France fut aufi-tôt fuivi des princes voilins, xemple de & du duc de Baviere, qui ordonnerent dans la France. leurs états une pareille foustraction d'obédienHift i ce au fpirituel & au temporel. On trouve dans Parif. ibid. l'hiftoire de l'univerfité de Paris, l'acte de celle de Jean de Baviere évêque de Liége, & de beaucoup de feigneurs de fon diocefe. La reine Marie de Blois mere de Louis d'Anjou fit la même chofe en Provence, où elle étoit : comme auffi les rois de Navarre & de Castille dans leurs roiaumes, & où l'églife fut gouver née de la maniere qu'elle l'étoit en France. Il y eut auffi en plufieurs endroits quantité de partifans de Boniface, qui renoncerent à fon obédience. Et le roi Charles V I, donna le

Vingt-feptiéme Juillet deux lettres patentes; T'une pour défendre d'avoir égard aux cenfures ou procedures que pourroient faire les commiffaires, auditeurs, juges, déleguez, ou autres de l'autorité du pape Benoît, avec ordre aux baillifs, fénechaux & autres officiers du roi d'y tenir la main; l'autre lettre porte reglement touchant les provifions des benefices, & le gouvernement de l'église durant la fouftraction. On trouve dans le quatriéme tome de l'hiftoire de l'univerfité de Paris un détail de tous ces reglemens, & des remedes aux inconveniens qui pourroient naître de cette fouftraction.

LX.

Benoît eft

abandonné pardix-huit

Moine de

On s'imagine aifément que toutes ces méfures qu'on prenoit en France intriguerent fort le pape Benoît; mais ce qui l'étonna le plus, dans une fi fubite & fi étonnante révolution de de fes carfa fortune, fut qu'il fe vit abandonné de dix- dinaux. huit de fes cardinaux, qui après lui avoir fait fignifier un acte de fouftraction, fe retirerent s. Denis, l. à Ville-Neuve fur les terres de France, pour 18. c.6. éviter fa fureur & les infultes des troupes Ar- Surital. 3, ragonoifes que Rodrigue de Lune fon frere lui avoit amenées. Il fut plus irrité que jamais quand il vit que non-feulement fes cardinaux, mais encore plufieurs de fes domeftiques, chapelains, auditeurs, & autres officiers l'abandonnerent à la publication de la fouftraction d'obéiffance que firent à Avignon le dimanche premier de Septembre 1398. les deux commiffaires envoiez par le roi, c'étoit Robert cordelier docteur en droit, & Tristan du Bosc prévôt de l'églife d'Arras; ces deux commiffaires ordonnerent fous de groffes peines à tous les fujets du roi, tant clercs que laïques, de fe retirer de la cour & du fervice de Benoît, qui par là fe vit réduit à deux cardinaux

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