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Ses conquêtes, dont fes defcendans jouiffent encore, ne fuffifoient-elles pas pour prouyer fon génic ; & voici un Ouvrage où il va fe peindre.

C'est le tableau fidèle de fa vie, tracé de fa propre main; c'eft, comme il le dit lui-même à fes enfans, un Tef tament politique qu'il leur laiffe pour les guider dans l'administration.

»

« (1) Quand ce Monarque fe vit près de

dépofer le fceptre, non content de » donner à fon Succeffeur une leçon » verbale, bientôt oubliée au milieu des » foins du Gouvernement & des plai» firs de la Cour, il lui remit, avec » fon Empire, un don plus précieux en» core, l'art de le conferver. Pendant » fes dernières années, l'infatigable Ti"mour jetta ses regards en arrière pour » méditer fur le cours varié de fa lon"gue vie. Le défir d'inftruire fes defcen

(1) Les deux paragraphes fuivans, marqués de guillemets, font extraits de la Préface Angloife, de M. White.

» dans lui inspira, fans doute l'idée » d'écrire ces régles d'administration, & » ces vues politiques qui lui avoient été » fi avantageufes ».

» Il tira donc de fa propre Hiftoire, » fans égard à la Chronologie, les prin »cipales entreprises qu'il avoit formées, » fans oublier d'indiquer leur iffue. Il » ajouta auffi fes AUGURES, qui ont été >omis dans l'édition Perfane, donnée en » Angleterre ». On a jugé que ces fuperf titions, malgré leur liaison avec les mœurs des Orientaux malgré leur influence fur les fuccès de notre Héros, ne pouvoient s'accommoder avec la fa geffe de notre fiécle.

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Mon eftime & ma reconnoiffance pour les Sçavans qui nous ont procuré les INSTITUTS DE TIMOUR, ne m'empêcheront point de blâmer cette fuppreffion. Nous ne sommes plus aux temps d'ignorance où ces groffières erreurs pouvoient entraîner quelques dangers après elles. Maintenant elles ferviroient à nous faire connoître les idées du peuple qui

fes adoptoit. Ces fuperftitions font, pour le Philofophe, des renfeignemens certains fur les mœurs & fur l'efprit des hommes. J'engage donc MM. Davy & White à faire cette reftitution, fi ce n'est pas à l'érudition, du moins à la Philofophie.

Après avoir donné une légère idée des INSTITUTS, il ne nous reffe plus qu'à parler de l'édition publiée en Angleterre & à rendre compte de notre Traduction; nous terminerons cette Préface, par une Lettre de M. le Major Davy, fur l'authenticité de ces mêmes INSTITUTS.

Ils ont d'abord été compofés en Langue Mogole par Timour même, & c'est un fait qu'aucun Sçavant de l'Orient ne révoque en doute. Un Auteur, nommé Abou-Taleb, les traduifit en Perfan; &, d'après cette verfion Perfane, nous en avons fait une Françoise.

Le Manufcrit a été tiré de la Bibliothéque de l'illuftre Docteur Hunter, & imprimé à Oxfort, avec les fuperbes

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caractères Arabes de Clarendon en 1783. M. White, Profeffeur d'Arabe à l'Univerfité de la même ville & qui remplit cette Chaire avec honneur, a préfidé à cette Edition Perfane, qu'il a enrichie de Notes & d'une Table Géographique. M. le Major Davy y a joint une Traduction Angloife affez exacte mais qui, par cette exactitude même, eft souvent inintelligible pour quiconque n'entend pas la Langue originale,

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Quelques contre-fens que nous croyons avoir découverts, & que nous avons effayé de relever; plufieurs paffages obfcurs éclaircis & des reftitutions faites dans le texte Perfan enfin les Notes dont nous avons parfemé notre Ouvrage, fuffifent pour nous mettre à l'abri de l'inculpation de plagiat.

En outre nous ne craindrons point d'avancer ici qu'il eft abfolument impoffible de donner une Traduction des INSTITUTS de Timour, d'après la version Angloife. En effet, fans parler de l'i

diôme Oriental qu'on y a conservé, comment rendre des paffages Perfans écrits en caractères Romains, fi l'on nepeut confulter le texte ? Sans ces. obftacles, plufieurs Littérateurs François euffent déjà profité de leurs connoiffances dans la Langue Angloise., pour faire passer cet Ouvrage dans la nôtre.

Nous ne prétendons point attaquer ici le mérite ni les talens de M. Davy, à qui nous ne fçaurions témoigner trop d'eftime & de refpect pour un travail qui le place au premier rang des Erudits. Dans toutes nos obfervations, nous nous fommes fait un devoir de nous renfermer dans les bornes de la modeftie & de l'honnêteté. Nous mêmes avons pu nous tromper, & nous fçavons combien l'on a d'obligation à des hommes éclairés & laborieux, qui, les. premiers, déchiffrent un Manufcrit fouvent illifible, le traduifent & le foumettent à l'impreffion. Décrier leurs travaux, ou chercher à diminuer leur

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