Fidèles, grands & petits, eurent appris mon zèle pour la vraie Foi, les Docteurs Mufulmans rendirent ce décret en ma faveur.

Dans chaque fiècle, le Tout-Puiffant a fufcité un Défenfeur & un Propagateur » de la Religion de l'Apôtre Mohammed. Dans ce huitième siècle, Timour, né » fous une heureufe conftellation (1), le Héros du monde doit être regardé comme » le Reftaurateur de la Foi ».

Le Prince des Docteurs, Mir Séid Chérif, m'écrivit qu'ayant travaillé à étendre l'Islamisme dans les Provinces du monde j'avois droit au titre de PROPAGATEUR DE LA FOI.

Voici le contenu de fa Lettre :

« O Dieu, fois fecourable à ceux qui » affiftent la Religion de Mohammed, & » délaiffe ceux qui l'abandonnent.

Depuis la fuite (2) de la majesté de l'Apôtre jufqu'à nos jours, huit fiècles » fe font écoulés ; &, dans chaque fiècle,

(1) Saheb Coran. Le Maître des Constellations.
(2) L'Hégire,

le

»le Dieu Très-haut & Très-faint a fufcité » un Défenfeur & un Propagateur de la » Foi de fon Prophête & de fon Bien-aimé, » pour remettre en vigueur la fainte Doc» trine. Louanges au Tout-puiffant. C'est » lui qui, dans ce huitième fiècle, a chargé » de cette commiffion l'Emir Timour, ce » Héros du monde, qui a fait recevoir la » Foi dans les Villes & dans les Royaumes. » Les anciens Théologiens nous appren» nent que, dans le premier fiècle de l'Hégire, la Religion eut pour Défenfeur » Omar-Abdoulaziz. Elle étoit alors ébranlée par les blafphêmes & les malédictions » que les Schifmatiques vomiffoient dans » les Chaires des Mofquées, contre la per» fonne d'Aly. Omar abolit cette détestable

coutume.

» Le peuple Fidèle étoit en proie aux

difputes & à la difcorde. Un parti mau» diffoit les Khalifes légitimes, tandis que » l'autre lançoit des imprécations contre Aly, le Chef des Croyans, contre Abbas » & Hoffein. Les deux Factions irritées

» alloient fe porter à des violences; Omar B

» Abdoulaziz les arrêta, & il fut le foutien » de la Religion.

در

» Dans le fecond fiècle elle eut pour Dé» fénfeur Mamoun le Jufte. Ce Khalife,

دو

après avoir condamné foixante & douze propofitions erronées, en fit reconnoître » d'autres qui s'accordoient avec la Tradi» tion & la faine croyance. Il appella du » fond du Khoraffan Ali, fils de Mouffa» Jaafar', (à qui Dieu faffe paix ! ) lui re» mit fa fucceffion, & le fit confentirà prendre en main les rênes de l'Etat.

"

» Dans le troisième siècle, la Religion » fut protégée par Moctadir-Billah l'Abaf"fide. Les Caramathes, fous les ordres » d'Aboutaher s'étoient emparés de la ville fainte de la Meke, & trente mille Péavoient été » lerins, glorieux Martyrs,

دو

égorgés fur le mont A'rafat; la Pierre » noire avoit été arrachée du mur de la » Càaba; enfin les Provinces de l'Islamisme » défolées, étoient en proie aux meurtres » & au pillage. La Religion fembloit aux Moctadir-Billah ; » abois, lorfque parut » il conduifit une armée contre ces Brigands, » les diffipa, & affermit la Foi.

» Ce fut A'zaddoulet Dilémi, qui, dans » le quatrième siècle, fe déclara le Défen» feur des Croyans. Les vices & la mé» chanceté de Mothiìl Amrillah, de la race » d'Abbas, les vexations de fes Courtifans » & de fes Confidens, nuifoient à la vraie Religion; la dépravation s'étendoit de toutes parts; l'impiété marchoit tête levée. » A'zaddoulet dépofa cc Khalife, & lui » fubftitua fon fils Talí Billah.

» A'zaddoulet entreprit par lui-même de » relever l'éclat de la Religion : & il exé» cuta ce glorieux deffein, en extirpant les » nouveautés contraires à la Foi, & en fai» fant ceffer la corruption & les crimes l'injuftice & l'oppreffion.

» Le cinquième fiècle eut à fe glorifier » d'avoir vu naître le Sultan Sanjar, fils du » Sultan Malek-Chah. C'étoit le contempo » rain d'Ahmed-Jami, & Hakim-Senaï. Il » fe rendit leur Difciple. Alors les Hérétiques & les Ignorans avoient porté un "coup funefte à l'Ilamifme. Le Sultan » Sanjar montra le plus vif empreffement » à les exterminer. Scrupuleufement attaché

دو

» à la Religion du Prophête, jamais ce Prince » ne commit un Acte contraire à la Loi " » Musulmane.

» Dans le fixième fiecle les conquêtes des » Infidèles du Turqueftan avoient fait chan» celer l'Iflamifme, Dieu fufcita Ghazan» Khan (1) & le mit à la tête de cent mille Turcs, qui, tous ensemble, dans la plaine » de Lâr, firent leur Profeffion de Foi, entre » les mains du vénérable Ibrahim Hamawi » & furent admis au nombre des Fidèles » après avoir dit, à haute voix : IL N'Y A DE >> DIEU QUE DIEU, ET MOHAMMED EST SON

» ENVOYÉ. Secondé par eux, il effaça juf» qu'aux traces de l'infidélité & de l'hérésie. » Auffi-tôt la Foi fe répandit dans les Villes » & dans les Provinces.

» Dans le feptième fiècle éclata le zèle d'Aljaïtou, Sultan, fils d'Arghoun-Khan, » furnommé Mohammed-Khodabendé. Dès » que ce Prince eût fuccédé au trône de » fon frère (2), il apprit, ( telle étoit alors

(1) Ghazankhan, fils d'Arghoun & petit-fils d'Holagou.

(2) L'an 703 de l'Hégire 1304 de J. C.