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breuse assemblée, quand cet admirable élève, après avoir écrit qu'il ne pouvait juger que ce qu'il pouvait comparer, répondit, après que vous eutes tâché de lui donner, par des signes matériels, quelqu'idée d'une sensation qu'il ne pouvait éprouver, qu'il comparait le son de la trompette à l'éclair qui'fend la nue, et qui précède la foudre, ou à la commotion que produisait en lui le bruit du canon.

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Mais nous fûmes bien plus étonnés encore quand cci élève,s'appercevant que cette réponse ne vous satisfaisait pas complètement, il ajouta ces mots précieux qui excitèrent des applaudissemens si redoublés.

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Vous ne pûtes retenir vos larmes et vos applaudissemens, citoyen professeur; et toute l'assemblée, électrisée comme vous, partagea, et votre satisfaction et votre transport. Il faut que l'Europe apprenne qu'un sourd muet, interrogé en France, sur la même question que celle qui fut faite, en Angleterre, à un aveugle de naissance, a fait une réponse parfaitement analogue.

L'aveugle qui doit rapporter à l'ouie dont il jouit, tout ce que le sourd-muet rapporte à la vue, répondit:

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rouge au son de la trom

Je compare le son de la trompette à la couleur rouge.

Jouissez long-tems, citoyen professeur, de toute la

gloire si justement due à vos travaux, et croyez que personne au monde ne jouit davantage, quand la renommée l'annonce à l'Europe par la voie des journaux, et par celle des voyageurs qui la propagent, que vos élèves des Ecoles Normales, qui vous chéFissent tous autant q'ils vous estiment.

DU

J. B. D. **

P. F. ***

A Paris, ce 16 fructidor an g.

RÉPONSE

C. SICA R D. Après vous avoir témoigné, Citoyens, tout ce que je vous dois de reconnaissance pour tout ce que vous me dites de flatteur, dans votre lettre du 16 de ce mois, et pour les sentimens d'attachement dont il m'est si doux de recevoir une expression si touchante, je dois vous dire que j'avais déjà résolu de publier, dans la deuxième édition de ma grammaire générale, la théorie des chiffres, indicateurs du rôle que jouent les mots, dans la proposition. Mais je ne songeais pas à la faire insérer dans le journal des Écoles Normales. Des maîtres n'en ont pas besoin pour connaître la valeur relative des mots : voilà ce que je m'étais dit. Vos réflexions me font changer d'avis, et comme ce journal ne doit seulement renfermer la doctrine des scien

pas

ces professées aux Écoles Normales; mais les procédés les plus propres à les communiquer aux commençans, je vais publier ce chapitre dans ce Journal, il portera pour titre celui que vous lui donnez vous-même. Ce sera une sorte d'Analise Numérale de la proposition.

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C'est pour les mêmes raisons que je n'avais pas cru nécessaire de faire imprimer, dans ce journal, le Paradygme, en entier, de la conjugaison. Je sens avec vous, Citoyens , que cet ouvrage devant être, selon sa première destination une sorte de régulateur pour les professeurs des Écoles publiques, nous ne pouvons offrir à ceux-ci des procédés trop clairement développés pour les mener au but qu'ils doivent se proposer. Je ne craindrai donc pas, Citoyens qu'on m'accuse d'entrer dans de trop grands détails, en ne supprimant rien de ce PARADYGME. Le systême de conjugaison que j'ai embrassé, et qui se trouve expliqué dans la première édition du journal des Écoles Normales, en sera mieux compris, dès qu'on pourra en faire l'application.

Je vais donc communiquer aux continuateurs de ce journal que mes illusrres collègues rendront si important, et ceParadygme et quelques développemens que vous paraissez désirer sur certains sujets que j'aurais traités avec toute l'étendue qui leur manque, si on m'en avait donné le tems.

Heureux si ce témoignage de mon zèle pour des élèves qui, tous, étaient autant de maîtres, et qu'il m'est si doux de regarder comme autant d'amis, peut leur être agréable et être pour tous une preuve éclatante de l'attachement bien sincère que je leur ai voué.

SICAR D.

ANALYSE NUMÉRALE

DE LA PROPOSITION.

SICARD, Professeur.

La manière la plus parfaite d'exprimer la pensée, se

rait, sans doute, d'établir la plus grande conformité entre son expression et sa génération. Son premier caractère doit être d'abord la simplicité; car les effets d'une cause quelconque sont de la même nature que cette cause; or, l'ame étant une cause simple, ses conceptions, qui sont ses effets, doivent être simples comme elle. Si l'on compare l'ame à l'œil du corps, on pourra dire que le premier coup d'œil de l'ame est le voir, l'idéer, ou l'idée, ou la simple image, la simple représentation d'un objet quelconque, dans l'esprit. Mais te premier coup d'œil, quand il est réfléchi; ce coupd'œil, quand il est accompagné de l'intention; ce coup d'oeil voulu, que l'on peut appeler le regard de l'ame; ce coup d'œil plus prononcé est moins simple que le premier, sans, toutefois,qu'on puisse l'appeller composé.

Ainsi, ce que le regard est à l'œil organique la pensée l'est à l'œil intellectuel. La pensée n'est donc pas plus composée que le regard: le regard est une simple opération de l'œil organique; mais cette opé

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ration est plus voulue qu'un coup d'oeil qui échappe à cet œil organique. Il en est de même de la pensée par rapport à l'idée; on voit un objet sans faire aucune sorte d'attention à ses qualités, ou modifications; on a, alors, dans l'esprit, l'idée nue de cet objet. Mais, en regardant cet objet, on cherche à y remarquer ce qui le distingue de ceux de son espèce, une de ses différences et de ses modifications. Cette différence, ou cette modification, est apperçue simultanément, avec tout ce qui constitue cet objet et qui l'individualise; et comme il n'y a pas de succession dans ces deux opérations; que ces deux opérations n'en font qu'une, la pensée reste simple, quoiqu'elle soit l'effet de cette réunion. La pensée forme donc un tableau qui est UN comme le portrait de l'idée. L'expression de la pensée, pour être le plus parfait possible, devrait donc être une expression unique comme elle. Cependant, il y aura cette différence entre le tableau, qui sera l'expression de la pensée, et le portrait, qui sera l'expression de l'idée, qu'on remarquera, dans le cadre du premier, un mot fondu, pour ainsi dire, et ne formant qu'un seul mot avec le nom de l'objet. Ce mot ne multiplierà point le tableau, comme la couleur d'un objet ne multiplie point l'objet colore; ainsi la pensée, qu'exprime ce tableau combiné, ne sort pas, en quelque sorte, de la simplicité de l'idée. Aussi, si l'on voulait distinguer, d'une manière numérique, ces deux tableaux, simples, tous deux, on ne pourrait pas dire qu'il y a deux, dans l'un, tout composé qu'il paraît, et un, seulement, dans l'autre. Chaçun d'eux devrait être marqué par le chiffre 1 :il no

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