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l'on prendra la différence entre la somme des deux poids, et celui du volume d'air déplacé.

Cette différence donnera la force ascensionnelle du ballon.

Lorsque le ballon fut plein, le citoyen Dumotiés le détacha de l'appareil, et noua fortement les bords de son ouverture. A l'instant le bailon s'élança jusqu'à la voûte de la salle, et fit différens mouvemens qui indiquaient sa tendance à s'élever plus haut, sans l'obstacle qui l'arrêtait. Le citoyen Dumotiés le gouvernait, à l'aide d'un cordon délié de soie qu'il tenait à la main, et dont l'extrêmité était attachée au ballon. On suspendit successivement à ce fil different corps, jusqu'à ce que le ballon parut être en équilibre avec l'air, et l'on jugea que sa force ascensionnelle était d'environ une once.

Note. On a fait pendant les séances mêmes, où les leçons ont été données, la plupart des expériences qui servent de bases aux théories, comme celles qui prouvent que l'air se comprime à proportion des poids dont il est chargé ; que ce fluide est le véhicule du son; l'expérience du sonomètre pour la comparaison des sons apréciables; celle de Sauveur sur les sons harmoniques; les expériences relatives aux principaux phénomènes électriques ɔu magnétiques etc. On avait reservé pour les conférences les autres expériences qui sont simplement confirmatives des précédentes.

VINGT-HUITIEME SÉANCE.

(29 Germinal.)

ART DE LA PAROL E.

SICARD, Professeur.

Bernard. Citoyen professeur, il me semble que Vous avez été chargé par le comité d'instruction publique de composer un ouvrage élémentaire sur l'art de lire et sur celui d'écrire; et dans votre premier onvrage, destiné à l'enfance, vous ne parlez que du premier de ces deux arts. Voudriez vous bien nous donner la raison de cette omission essentielle, et nous dire qu'est-ce qui la suppléera.

SICARD. J'avoue que dans un sillabaire. soumis à la discussion et à l'examen des gens de lettres, invités à nos séances de quintidi, je n'ai parlé que de l'art d'enseigner à lire. Mais j'ai supposé que l'on aurait, dans les communes les plus considérables, des maîtres écrivains pour la perfection de l'art d'écrire; et, dans

cette

supposition, j'ai pensé qu'il suffisait de donner aux instituteurs des écoles primaires quelques avis généraux relatifs à l'écriture, que j'ai cru ne devoir pas être séparée de la lecture. Je me contenterai donc de répéter ici ce que j'ai déjà dit, qu'il faut que les enfans apprennent les deux arts à-la-fois, qu'il faut

leur faire tracer à eux-mêmes les lettres, les syllabes et les mots qu'ils doivent lire sur la planche noire, avec des crayons blancs, à la manière des anglais; qu'il faut que la planche sojt assez grande pour que la leçon, donnée à un élève, puisse servir à cent élèves assemblés dans le même lieu.

Je ne peux trop le répéter, citoyens, il faut, en instruisant, parler avec une simplicité et une clarté telles, que le moins intelligent de vingt, de quarante, de cinquante ou de cent élèves, puisse vous comprendre.

Marcel. Nous voudrions bien, citoyen professeur, que les excellens principes que vous ne cessez de nous donner, sur l'art d'instruire, fussent rédigés en corps d'ouvrage; ce serait-là vraiment un cours NORMAL, qui remplirait le but que les législateurs se sont proposés dans l'institution de l'Ecole normale, où cet avantage précieux nous a tous appelés, et que vous atteignez avec une supériorité si marquée.

SICARD. Aussi-tôt que je cesserai de remplacer un des professeurs absens, je travaillerai à cet ouvrage, etj'espère l'achever avant le départ des élèves des Ecoles normales.

Le citoyen Drapeau me demande s'il faudra, pour les élèves dont on a commencé l'éducation, et qui commencent à épeler, leur faire désapprendre ce qu'ils savent déjà. Je pense qu'il faut, à l'égard de tous, sans aucune exception, faire comme s'ils ne connaissaient pas même les lettres, dessiner quelques objets à la première leçon, écrire le nom de chaque

objet autour de chaque figure, puis effacer le dessin, et écrire le mot, le faire lire sans épellation. Quant au choix qu'il faudra faire des lettres qui ont le même son, telles que le q et le k, j'ai indiqué à cet égard, dans mon syllabaire, les occasions où il faudra préférer l'une à l'autre ; car le syllabaire imprimé avant d'être adopté, sera soumis à un nouvel examen.

Quant au retranchement que propose le citoyen, de l'un des sons de chaque touche, et de la substitution d'un point, je serais parfaitement de son avis, si cette réforme ne devait être d'aucun inconvénient pour la lecture de nos anciens livres; mais dans les changemens à faire, n'oublions jamais qu'ils doivent être tellement légers, et se faire d'une manière teliement insensibles, que l'ortographe nouvelle ne nous rende pas l'ancienne inintelligible. Respectons surtout les consonnes, et si nous en supprimons que!qu'une, que ce soit seulement là où la même se trouve doublée, comme dans appartement, etc. où ily a deux pp, deux mm, deux bb, deux cc, deux etc.; je pense qu'on pourrait retranune de ces consonnes sans inconvénient. Ce retranchement ferait mieux connaître les propositions initiales. Si dans le mot ATTIRER, par exemple, vous retranchez un dest, il vous reste ATIRER; l'élève ou l'étranger qui connaît le verbe tirer, et qui en sait la valeur, n'aura plus de peine à découvrir de lui-même que le composé ATTIRER signifie donc TIRER A SOI.

dd, deux nn "

cher

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Le citoyen revient sur l'E muet, dont il desirerait la suppression, au moins quand il s'élide dans la rencontre d'une autre voyelle. Cette suppression

projettéee avait causé de trop grandes et de trop justes allarmes pour la demander encore

1,.

Le citoyen voudrait aussi la suppression de l'H ct. non aspirée, comme dans HISTOIRE, HÉLÈNE; mais lors même que ce signe ne sert pas pour la prononciation, il indique la source primitive des mots, et ce souvenir ne peut nous être indifférent pour l'étymologie.

Ce citoyen ajoute à ses réflexions cette autre sur les sourds muets. Il pense que les sourds muets sont moins distraits que les autres enfans, et que ce silence éternel qui les environne, doit doubler leur intelligence, parcequ'ils concentrent mieux leurs idées. Mais les sourds muets n'ont-ils pas des yeux, et tous les genres de distractions, à l'exception de celles que nous causent les sons, n'entrent-t-elle pas dans l'esprit par cette porte sans cesse ouverte ?

Rien n'est plus difficile que de les rendre attentifs. Sans cesse, à mes leçons, on me dit que rien ne doit moins me coûter que de fixer leur attention, et rien au contraire n'est plus difficile.

Chez ceux qui parlent, les distractions se partagent en quelque sorte le sens de la vue et celui de l'ouïe, et ce partage rend chacun de ses sens moins avide de distractions, parce que chacun d'eux a les siennes; mais chez les sourds-muets, les yeux veulent tout voir, et, qu'on me permette cette expression figurée, les yeux veulent tout toucher, tout entendre,

sur l'

(1) Le Professeur fait allusion ici à la charmante pièce de vers du citoyen CROUSET E muet, insérée dans le journal de Paris et dans celui des écoles Normales.

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