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AN. 431.

Sip. n. 45.

764. C.

tumulte & de ces prétendues violences des catholiques. Les évêques que le concile avoit envoïez au devant de Jean d'Antioche, & qui avoient été fi mal Evit Memn.y. traitez après en avoir fait leur plainte au concile, le déclarerent excommunié, & lui firent fignifier l'excommunication. Car le concile apprit, que l'on avoit affiché en un certain quartier de la ville un écrit fans nom & fans souscription, qui contenoit la fentence de Jean contre Cyrille, Memnon & tout le concile. Il alloit tous les jours folliciter le confeil public de la ville d'Ephese & les magiftrats, afin d'obtenir un decret, pour ordonner un autre évêque à la place de Memnon; mais les habitans de la ville, qui étoient tous catholiques, se saisirent des églises, & y demeuroient, de peur que Jean n'executât ce qu'il avoit propofé. Il vint même à l'églife de faint Jean l'Evangelifte, après avoir fignifié qu'il y alloit faire l'ordination; le peuple lui refifta, & comme il avoit amené des gens armez, il y eut une fedition, dans laquelle quelques-uns des pauvres de cette églife furent laissez demi-morts. Tout cela paroît par la lettre de Memnon qui finit en priant le clergé de C. P. de publier les violences de Jean & de ceux qui étoient avec lui, & d'obtenir que l'on fit tirer d'Ephese les comtes Candidien & Irenée qui n'y faifoient que du trouble. Ire née fe retira de lui-même, car les fchifmatiques l'envoïerent à C. P. pour agir plus efficacement en leur faveur : ils le chargerent d'une autre lettre & d'une autre relation contenant les mêmes calomnies contre Cyrille & Memnon, & tendant à faire transferer ail leurs le concile. La lettre porte créance pour le comte Cone, Eph. p

Irenée.

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AN. 431

XLVII.

gats du pape. Conc. Eph. p.

610

P. 611.

Cependant les legats du faint fiege arriverent à Ephefe; & auffi-tôt on tint la feconde feffion du conArrivée des le- cile, dans la maifon épifcopale de Memnon: felon les Romains le fixiéme des Ides de Juillet, felon les Egyptiens le feiziéme d'Epiphi, c'est-à-dire, le dixiéme de Juillet de la même année 431. S. Cyrille préfidoit toûjours comine tenant la place du pape. Juvenal de Jerufalem, Memnon d'Ephese, Flavien de Philippes vicaire de Rufus de Theffalonique, Theodote d'Ancyre, Firmus de Cappadoce, & tous les autres évêques y affiftoient, & le diacre de Carthage Beffula. On fit entrer & asseoir avec eux les députés d'Occident, qui étoient trois; deux évêques, Arcade & Projectus, & Philippe prêtre. Il parla le premier & dit: Nous rendons graces à l'adorable Trinité de nous avoir fait venir à votre fainte affemblée. Il y a longtems que notre pere Celeftin a porté fon jugement fur cette affaire, par fes lettres au faint évêque Cyrille, qui vous ont été montrées : maintenant il vous en envoie d'autres que nous vous reprefentons, faites-les lire & inferer aux actes ecclefiaftiques. Les deux évêques députés, Arcade & Projectus demanderent la même chofe ; & comme tous les trois parloient latin, on expliquoit ce qu'ils difoient en grec, qui étoit la langue du concile. Saint Cyrille ordonna de lire la lettre de faint Celestin; & Sirice notaire de l'églife Romaine la lût en latin. Juvenal évêque de Jerufalem demanda qu'elle fût inferée dans les actes. Tous les évêques demanderent qu'elle fût traduite & lûe en grec. Le prêtre Philippe dit: On a fatisfait à la coûtume, qui eft de lire d'abord en latin les lettres du fiege apoftolique:

mais nous avons eu foin de faire traduire celle-ci AN. 431. en grec. Les évêques Arcade & Projectus ajoûterent la raifon, parce que plusieurs évêques n'entendoient pas le latin. Pierre prêtre d'Alexandrie lût donc la traduction grecque de la lettre du pape faint Ce- p. 614. leftin.

Elle commence ainfi : L'affemblée des évêques témoigne la présence du S. Efprit: car le concile eft faint par la veneration qui lui eft dûë, comme repréfentant la nombreuse affemblée des apôtres. Ja- 4.xv. mais leur maître, qu'ils avoient ordre de prêcher ne les a abandonnés. C'étoit lui-même qui enfeignoit, lui qui leur avoit dit ce qu'ils devoient enseigner, & qui avoit affuré qu'on l'écoutoit en fes apôtres. Cette Luc. X. 16, charge d'enseigner, eft venuë également à tous les évêques nous y fommes tous engagés par un droit hereditaire, nous qui annonçons à leur place le nom du Seigneur en divers païs du monde, fuivant ce Matth. xxv111. qui leur a été dit: Allès, inftruifés toutes les nations. Vous devés remarquer, mes freres, que nous avons reçû un ordre general, & qu'il a voulu que nous l'executions tous, en nous chargeant tous également de ce devoir. Nous devons tous entrer dans les travaux de ceux à qui nous avons tous fuccedé en dignité.

:

Le pape faint Celeftin reconnoît par ces paroles, que c'eft Jefus-Chrift même qui a établi les évêques pour docteurs de fon église en la perfonne des apôtres; il fe met lui-même en leur rang, & déclare qu'ils doivent concourir tous ensemble à conferver Te pieux dépôt de la doctrine apoftolique. C'est à quoi tend le reste de la lettre, & il y emploïe la

19.

AN. 431. 10. Jillet.

confideration du lieu où ils font affemblés; la ville d'Ephese où S. Paul & S. Jean avoient annoncé l'évangile. S. Jean, dit la lettre, dont vous honorés les reliques prefentes. Elle créance porte pour les évêques Cone. Eph. p. Arcade & Projectus, & le prêtre Philippe, qui affisteront, dit-elle, à ce qui fe fait, & executeront ce que nous avons déja ordonné. La date eft du huitiéme des Ides de Mai, qui est le huitiéme du même mois, la même année 431.

615. D.

p. 918.

Après cette lecture, tous les évêques s'écrierent; Ce jugement eft jufte. A Celestin nouveau Paul: à Cyrille nouveau Paul: à Celeftin confervateur de la foi: à Celestin qui s'accorde avec le concile : tout le concile rend graces à Celeftin. Un Celestin, un Cyrille, une foi du concile, une foi de toute la terre. L'évêque Projectus dit: Confiderés la forme de la lettre du pape : il ne prétend pas vous inftruire comme des ignorans ; mais vous rappeller ce que vous favés, afin que vous executiés ce qu'il a jugé il y a long-tems. Firmus de Capadoce dit : Le faint fiege de Celeftin a déja reglé l'affaire, & donné sa sentence, par les lettres adreffées à Cyrille d'Alexandrie, à Juvenal de Jerufalem, à Rufus de Theffalonique, & aux églifes de C. P. & d'Antioche. En confequence & en execu tion de cette sentence, nous avons prononcé contre Neftorius un jugement canonique: après que le terme qui lui avoit été donné pour fe corriger, a été paffé, & que nous fommes demeurés long-tems à Ephese au delà du jour prefcrit par l'empereur.

L'évêque Arcade, un des legats dit: La lenteur de la navigation & le tems contraire nous a empêchés d'arriver auffi-tôt que nous efperions; c'eft pour

quoi nous vous prions, de nous faire inftruire de ce que vous avés ordonné. Le prêtre Philippe fit la même requisition : après avoir rendu graces au concile des acclamations en l'honneur du pape, & relevé la primauté de faint Pierre. Theodote d'Ancyre dit: Dieu a montré combien la fentence du concile eft juste, par l'arrivée des lettres du très-pieux évêque Celeftin, & par votre préfence. Mais puifque vous, demandés ce qui s'eft paffé, vous vous en inftruirés pleinement, par les actes mêmes de la dépofition de Neftorius. Vous y verrés le zèle du concile; & la conformité de fa foi avec celle que Celeftin publie à haute voix. Ainfi fe termina la feconde feflion du concile.

AN. 431.

Coll. Baluz. p.

Les legats du pape avoient un ordre par écrit, daté du même jour que la lettre au concile`, c'est-à-dire, du huitiéme de Mai, & conçû en ces termes : Memoire du pape Celestin aux évêques & aux prêtres qui vont en Orient. Quand par la grace de Dieu, comme nous efperons, vous ferés arrivés au lieu où 381. vous allés, tournés toutes vos pensées fur notre confrere Cyrille, & faites tout ce qu'il jugera à propos. Nous vous recommandons auffi de conferver l'autorité du fiege apoftolique : puifque les inftructions qui vous ont été données, portent que vous devés affifter au concile; mais que fi on vient à quelque contention, vous devés juger de leur avis fans entrer en difpute. Que fi vous voïés que le concile foit fini, que tous les évêques foient retournés, il faut vous informer comment les chofes fe font terminées. Si c'est en faveur de l'ancienne foi catholique, & si Vous apprenés que mon frere Cyrille foit allé à C. P.

&

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