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rius) s'étoit faite par un jugement précedé d'une
inftruation reguliere, & dans l'affemblée de tous les
évêques, qui avoient prononcé tous d'une voix une
fentence par
défaut. Ils avoient perfuadé au magni-
fique Scolastique, que Neftorius ne fouffroit point
que l'on prononçât à Ephese le mot de Theotocos.
Toutefois par la force invincible de la verité & par
vos prieres, aïant effuïé les premiers perils, j'ai fait
en forte de parler aux magiftrats, & de leur expofer
la verité de la chofe. Ils ont été obligés de le rap-
porter à l'empereur; & enfin après plufieurs difcours
de part & d'autre, il a été rétolu, que l'empereur
nous entendroit les Egyptiens & moi en presence
des magiftrats. J'avois beau protefter, que je n'étois
pas venu pour ce fujet, que je n'avois pas reçû ces
ordres des évêques, & que j'étois un fimple por-
teur de lettres; jai pensé être mis en pieces pour ce
discours.

Donc, par l'aide de Dieu, nos adverfaires ont été condamnés, comme ne pouvant foutenir. en aucune maniere, ni les actes de la dépofition, ni les menfonges qu'ils ont avancés ici: car on montroit clairement, que l'Egyptien n'avoit point convoqué la feffion dans l'ordre qu'il ne pouvoit juger, étant lui-même un de ceux qui devoient être jugés ; & qu'il ne devoit pas entamer la matiere fans le confentement du comte Candidien. On lût toutes fes protestations: la lettre de l'empereur au concile dont il étoit porteur, & tout le refte fut expliqué : en farte que les ennemis de la verité furent condamnés tous d'une voix, & votre jugement reçû & approuvé. La dépofition de l'Egyptien fut auffi-tor

AN. 431.

Juillet

AN. 431. 22. Juillet.

LVI. Sixième feffion.

envoïée dans l'église de la part de l'empereur, & tout fon procedé jugé tyranique & irregulier. Tel fut l'évenement de cette audience.

Mais lorsque Jean medecin & Syncelle de Cyrille fut venu, de la maniere que vous favés, nous trouvâmes la plupart des magiftrats tous changés; & ils ne vouloient plus nous entendre parler de ce qui avoit été jugé devant eux. Les uns difoient, qu'il falloit foûtenir ce qui avoit été fait de part & d'autre: & autorifer les dépofitions, non feulement des deux perfonnes, mais des trois. D'autres, qu'il falloit caffer également toutes les dépofitions, & mander quelques-uns des évêques, pour favoir la verité de ce qui s'étoit paffé à Ephese. Il y en a qui font tous leurs efforts, pour être envoïés à Ephese, avec des ordres de l'empereur: afin de regler l'affaire fuivant ce qu'ils connoîtront. Ceux qui vous aiment prient Dieu que cet avis ne foit point fuivi, connoiffant bien les intentions & les motifs de ceux qui le fouhaitent. Il en fera ce qu'il plaira au Seigneur: cependant priés inftamment pour moi, qui me suis expofé à tant de perils, & n'en fuis pas encore exempt; car Dieu m'est témoin que quand je fus appellé à l'audience de l'empereur, je ne m'attendois qu'à être jetté dans la mer. Telle eft la lettre du comte Irenée. Le dernier avis l'emporta, & on envoïa à Ephese Jean comte des largeffes, ou grand trefo

rier.

Tandis qu'il venoit, le concile tint une sixiéme Requete de Cha- feffion dans la maifon épifcopale de Memnon, l'onziéme des calendes d'Août, ou le vingt-huitiéme d'Epiphi, c'est-à-dire, le vingt-deuxième de Juillet,

rifius.

Saint Cyrille y présidoit comme vicaire du pape; & AN. 431. les legats du faint fiege n'y font nommez qu'à la fin Edit. Mere. ap. après tous les évêques. Pierre prêtre d'Alexandrie B'z. p. 610. & primicier des notaires dit: Le faint concile voulant pourvoir à la foi & à la paix des églises, a propofé une définition, que nous avons en main. Le concile or donna de la lire, & de l'inferer aux actes. On avoit mis en tête le fymbole de Nicée; puis on avoit ajoûté: C'eft la fainte foi dont tout le monde doit convenir : car elle suffit pour l'utilité de toute l'église qui eft fous le ciel. Mais parce que quelques - uns font femblant de la confeffer, & en expliquent le sens à leur fantaisie; il a été necessaire de proposer les sentimens des peres orthodoxes, pour montrer comment ils ont entendu & prêché cette foi, & comment tous ceux dont la foi eft pure doivent l'entendre, l'expliquer & la prêcher. Le prêtre Pierre dit: Nous avons en main les livres des faints peres évêques & martyrs, dont nous avons extrait quelques articles. Le concile ordonna de les lire & de les inferer aux actes. C'étoit les mêmes paffages qu'on avoit lûs à la premiere feffion, pour la condamnation

de Neftorius.

que

Enfuite Charifius prêtre économe de l'église de sup.n.41. Philadelphie en Lydie, reprefenta au concile, quelques heretiques de cette province, voulant être inftruits dans la doctrine de l'églife catholique, étoient tombez dans de plus grandes erreurs. Car deux prêtres nommez Antoine & Jacques étoient venus de C. P. avec des lettres de recommandation d'An aftafe & de Photius auffi prêtres, qui étoient alors avec Neftorius, En vertu de ces lettres Jacques & Antoine

Tome VI.

AN. 431.

2.677.E.

avoient été reçûş comme catholiques par les évêques de Lydie, & avoient fait figner à ces heretiques qui fe vouloient convertir, une expofition de foi pleine de dogmes impies. Pour plus grand éclairciffement, Charifius donna fa requête par écrit au concile, avec la fauffe expofition de foi, & les foufcriptions de ceux qui avoient été trompez. La requête n'accufoit que le prêtre Jacques, qui étoit venu à Philadelphie,& avoit trompe plufieurs perfonnes fimples, même du clergé; en forte qu'ils témoignoient par leurs lettres, que Jacétoit catholique, & privoient Charifius de la communion & de les fonctions commie heretique. A la fin de cette requête, Charifius mettoit la confeffion de foi, qui étoit celle de Nicée.

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Enfuite on lut la fauffe expofition de foi, qui commençoit ainfi : Ceux qui veulent s'inftruire exactement de la doctrine de l'églife, ou fe convertir de quelque herefie, doivent apprendre que nous. croïons un feul Dieu pere éternel, & le refte. Le myftere de la Trinité y étoit affez bien expliqué, mais fur l'incarnation, on difoit : Nous ne difons. pas deux fils, ou deux feigneurs puifqu'il n'y a qu'un fils par effence, le Dieu verbe, le Fils unique du pere, auquel l'homme étant conjoint & participant à la divinité, participe auffi au nom & à l'honneur du Fils. Le Dieu Verbe eft auffi feigneur par effence, & celui-ci lui étant conjoint participe à fon honneur. C'est pourquoi nous ne difons, ni deux fils, ni deux fegneurs à caufe de la conjonction infeparable du Verbe avec celui qu'il a pris pour notre falut, qui le rend fils d'une maniere particulieze, bien au-deffus de celle felon laquelle nous fom

:

mes nominez enfans de Dieu. Nous difons donc qu'il yaun feul fils & feigneur Jesus-Chrift, entendant principalement le Dieu verbe, & joignant par la pensée ce qu'il a pris; c'est-à-dire, Jefus de Nazareth. Cette expofition finiffoit ainfi : Telle eft la doctrine de l'églife. Quiconque penfe le contraire, qu'il foit anathême: quiconque ne reçoit pas la penitence falutaire, qu'il foit anatheme: quiconque ne fait pas la pâque fuivant la regle de l'églife catholique, qu'il foit anathême. Ces deux derniers anathêmes étoient mis à caufe des heretiques qu'il s'agiffoit de ramener, & qui étoient Quartodecimains ou Novatiens.

Les foufcriptions étoient au nombre de vingt-une en cette forme: Moi Budius fils de Vinique de Philadelphie, Quartodecimain, aïant reconnu la verité de la foi orthodoxe, & prié l'évêque Theophane de me recevoir, je fuis venu à la fainte église catholique, & j'anathematise toutes les herefies, particulierement celle des Quartodecimains où j'étois ; & je confens à l'expofition de la foi orthodoxe ci-deffus écrite, anathematisant tous ceux qui ne font pas la pâque commela fainte église catholique & apoftolique. Je le jure par la fainte Trinité, & par la pieté & la victoire des empereurs Theodofe & Valentinien; & en cas de contravention, je me foûmets à la feverité des loix, Et l'expofition m'aïant été lûë, j'y ai souscrit par le Senateur Hefychius, parce que je ne fçai pas écrire. Cet Hefychius foufcrit enfuite pour lui-même en la même forme. Quelques-uns foufcrivirent pour eux & pour toute leur maison. Plufieurs déclarent, qu'ils ne favent pas écrire, même un prêtre nommé Pa

trice.

AN. 431.

21. Juller.

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