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&qu'elle doive au comte Ammonius, quinze cens AN. 433. livres d'or, outre ce qui a été envoïé d'ici; & on lui a encore écrit de donner aufli des préfens aux dépens devotre églife, à ceux que vous connoissez intereffez, afin qu'ils ne chargent pas l'églife d'Alexandrie. Priez Pulquerie, qu'elle faffe mettre Laufus à la pla ce de Chryforete, pour abattre fa puiflance; autrement nous ferons toûjours maltraitez. Cette lettre nous fait voir en partie ce qui fe paffoit à Constantinople.

Epift. s. ap.

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Quelques-uns y murmuroient de l'accord commencé ; & faifoit courir le bruit, que faint Cyrille s'étoit retracté & avoit condamné ce qu'il avoit écrit contre Nestorius. Car les Neftoriens, qui vouloient revenir, interpretoient ainfi fa lettre à Acace de Berée. Cela obligea faint Cyrille d'écrire aux prêtres Theognofte & Charmofyne, & au diacre Leonce fes apocrifiaires à Conftantinople, c'est-à-dire, fes agens, pour folliciter à la cour les affaires de fon églife. Il leur raconte tout ce qui s'étoit paffé jufques alors, depuis la lettre qu'Acace de Berée lui avoit écrite pour entrer en negociation, & conclut en ces termes: Ne laiffez donc perfonne en peine : je ne fuis pas fi dépourvû de fens, que d'anathematifer ce que j'ai écrit? Sup. n. 18. J'y perfifte, & fuis dans les mêmes fentimens : car ils font bons, & conformes à l'écriture & à la foi de nos peres.

a

XXI.

Reconcilia tion de Jean

Conc. Eph, 8.3.6. 30.

Jean d'Antioche se rendit enfin, & écrivit une lettre à faint Cyrille, où il dit, que pour le bien de l'é- d'Antioche. glife, & pour fatisfaire à l'ordre de l'empereur, il donné commiffion à Paul d'Emefe de faire la paix, & de donner en fon nom l'expofition de foi, dont

AN. 433.

ils font convenus en cès termes : Quant à la Vierge
Marie mere de Dieu, & la maniere de l'incarnation:
nous sommes obligez de dire ce que nous en penfons
non pour ajoûter quoique ce foit à la foi de Nicée, ni
pour prétendre expliquer les mifteres ineffables;
mais pour fermer la bouche à ceux qui veulent nous
attaquer. Nous confeffons donc, que notre Seigneur
Jefus Chrift eft le Fils unique de Dieu : Dieu parfait,
& homme parfait, compofé d'une ame raisonnable
& d'un corps engendré du pere avant les siecles felon
la divinité; & le même engendré dans les derniers.
jours pour notre falut, de la Vierge Marie, felon
l'humanité, le même confubftantiel au pere, felon
la divinité, & confubftantiel à nous, felon l'huma-
nité: car les deux natures ont été unies; c'eft pour-
quoi nous confeffons un Chrift, un Fils, un Sei-
gneur. Suivant l'idée de cette union, fans confufion,
nous confeffons que la fainte Vierge eft mere de
Dieu, parce que
, parce que le Verbe Dieu s'eft incarné, &
fait homme; & par la même conception a uni à lui
le temple qu'il a pris d'elle. Quant aux expreffions
des évangeliftes & des apôtres, touchant Notre-
Seigneur : nous fçavons que les theologiens en appli-
quent les unes en commun, comme à une perfonne,
& les autres feparément comme à deux natures;
attribuant à Jefus - Chrift celles qui font dignes de
Dieu, felon fa divinité, & les plus basses, selon son
humanité.

Aïant reçû cette confeffion de foi, nous fommes convenus, pour procurer la paix universelle aux églifes, & ôter les fcandales; de tenir pour dépofé Neftorius, jadis évêque de Conftantinople; & nous

:

anathematisons ses mauvaises & profanes nouveau- AN. 433. tez de paroles parce que nos églises confervent la faine & droite foi, comme votre fainteté. Nous approuvons auffi l'ordination du très-faint évêque Maximien, en l'église de Conftantinople, & nous fommes dans la communion de tous les évêques du monde, qui gardent & enseignent la foi pure & orthodoxe.

Conc. Eph.

La paix étant ainsi faite, faint Cyrille annonça p.3.6.19. cette heureuse nouvelle à fon peuple en un petit fermon, qu'il fit le vingt-huitiéme de Pharmouthi, indiction premiere, c'est-à-dire, le vingt-troifiéme 1bid .34. d'Avril 433. Il fit lire enfuite dans l'église, la lettre de Jean d'Antioche & fa réponse, dont il chargea Paul d'Emefe. Outre les témoignages de joïe & d'amitié, elle contenoit auffi la déclaration de Jean d'Antioche & quelques éclairciffemens de faint Cyrille fur fa doctrine, pour lever tous les fcrupules des 1108. E. Orientaux. On m'accuse, dit-il, de dire que le facré corps de Jefus-Chrift a été apporté du ciel, & non pas tiré de la fainte Vierge; comment l'a-t-on pû penfer, puifque prefque toute notre difpute a roulé fur ce que je foutenois, qu'elle eft mere de Dieu ? comment le feroit-elle, & qui auroit-elle enfanté, fice corps étoit venu du ciel ? Mais quand nous 1. Cor. XV. difons que Jefus-Christ est descendu du ciel, nous parlons comme faint Paul, qui dit : Le premier homme étoit de terre, & terreftre le fecond eft venu du ciel, & comme le Sauveur lui-même; Perfonne n'est monté au ciel, que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. Car encore que ce foit proprement le Verbe, qui foit venu du ciel,

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::

47.

Joan. II'. 13.

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Ep. ad Acnc.

on l'attribue auffi à l'homme, à caufe de l'unité de perfonne.

L'autre reproche étoit d'admettre un mélange, ou une confufion du Verbe avec la chair. J'en fuis fi éloigné, dit faint Cyrille, que je crois qu'il faut être infenfé pour le penfer ; & pour attribuer au Verbe divin la moindre apparence de changement. Il demeure toûjours ce qu'il eft fans alteration. Nous reconnoiffons tous auffi, qu'il eft impaffible, quoiqu'il s'attribue les fouffrances de la chair; comme faint Pierre a dit fi fagement: Jesus-Chrift aïant souffert en sa chair, & non pas en fa divinité. Il déclare encore, qu'il fuit en tout la doctrine des peres, particulierement de faint Athanase, & le symbole de Nicée, fans en alterer une fyllabe, comme aïant été dicté par le S. Efprit; & finit en ces termes: Aïant appris que quelques-uns ont corrompu la lettre de notre pere Athanafe à Epictete, au préjudice de plufieurs per

fonnes : nous avons crû neceffaire de vous en envoïer

une copie tirée fur les anciens exemplaires, que nous

en avons.

C'est que Paul d'Emefe difcourant avec faint Cyrille fur la foi, lui demanda fort ferieusement, s'il convenoit de ce que faint Athanafe avoit écrit à Mel. in fine. Epictete. Saint Cyrille lui dit: Avez-vous cette lettre fans alteration, car les ennemis de la verité y ont beaucoup changé; pour moi je m'y accorde en tout & par tout. J'ai la lettre, dit Paul, mais je voudrois m'affûrer fur les exemplaires que vous avez, fi elle eft falfifiée, ou non. Il prit donc les anciens exemplaires, & les aïant conferez avec ceux qu'il avoit apportez, il les trouva corrompus ; & pria

faint Cyrille de lui en donner des copies fur les fiens, AN. 433.

8: les envoïer à Antioche.

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86.

X XII. Suite de la re

8 20

Jean d'antioche aïant appris la nouvelle · de cet accord, en fit part à Theodoret, lui promettant un conciliation. plus grand éclairciffement, après l'arrivée de Paul Baz. y.od c. d'Emese, qui étoit en chemin pour revenir d'Egypte. Mais cette paix étoit fufpecte à Theodoret ; & avant . 87. qu'on en parlât, il vouloit qu'on rétablît dans leurs églises ceux qui avoient été dépofez, pour la cause qu'il eftimoit bonne. Jean d'Antioche écrivit enfuite à tous les évêques d'Orient, pour leur annoncer la paix. Nous fommes, dit-il, d'un même fentiment, Cyrille & nous : nous confervons la même foi. Il n'y plus de difference, ni de fujet d'en douter, après la lettre qu'il m'a écrite : tout y eft clair, & conforme à propofitions. Il approuve & loue nos expreffions, & ex pole la tradition des peres, qui étoit, pour ainfi › en danger de perir d'entre les hommes. Il enfeigne clairement la difference des natures, avec l'identité de perfonne du Fils de Dieu : en forte qu'il doit fatisfaire à tous ceux qui font de bonne volonté & couvrir de confufion les incredules, qui renouvellent l'erreur d'Apollinaire. Je vous envoïe la lettre même de Cyrille, par laquelle il nous a fatisfaits; & celle que je lui ai écrite afin que vous voïés que dans cet accord je n'ai rien fait de honteux ni de fervile.

nos

dire

Aristolaüs aïant ainfi heureusement terminé fa

négociation, retourna à Conftantinople, avec une lettre de Jean d'Antioche pour l'empereur; qu'il lui déclare que la paix eft faite, que faint Cyrille & lui font fatisfaits l'un de l'autre, qu'il approuve

c. 91.

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