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Verbe impaffible eft paffible. Il n'y a perfonne fi in-
fenfé. Son corps aïant fouffert, on dit qu'il a fouffert
lui-même :
: comme on dit que l'ame de l'homme fouf-
fre, quand fon corps fouffre; quoiqu'elle ne souffre
point en La propre nature. Mais leur but eft de dire,
deux Chrifts & deux fils; l'un proprement homme
l'autre proprement Dieu; & de faire feulement une
union de perfonne, Profopon, & c'est pour cela qu'ils

chicanent.

AN. 430.

Il rapporte enfuite ce que difoit Neftorius; qu'il ne trouvoit pas fon peuple inftruit, & que c'étoit la faute de fes predeceffeurs. Quoi donc, dit faint Cyrille eft-il plus éloquent que Jean, ou plus habile que le bien-heureux Atticus? Que n'avouë t'il plûtôt franchement qu'il introduit une doctrine nouvelle ? Si l'on m'accuse, ajoûte-t'il, je ne refuserai pas de faire un voïage & de me défendre dans un concile mais. qu'il ne s'attende pas à être mon juge: je le recuferai; & s'il plaît à Dieu il aura lui-même à fe défendre de fes blafphêmes. Il fe plaint que le mot de Theotocos eft extraordinaire, & que ni l'écriture ni le concile ne l'a emploïé; mais où a-t'il trouvé dans l'écriture les mots de Chriftotocos ou de Theotocos? Enfin, dit-il, quelque offenfé que je fois, dites leur que la paix fera faite, quand il ceffera d'enseigner ainfi, & qu'il profeffera Garn. p.sẵ¡ na la vraie foy, S'il défire la paix, qu'il écrive une confeffion de foi catholique & fincere, & qu'il l'envoie à Alexandrie : j'écrirai de mon côté qu'il ne faut point fatiguer nos confreres les évêques, parce que nous fçavons que fes paroles ont un bon fens. Mais s'il demeure dans fa préfomption, il ne nous reste que de nous y oppofer de toutes nos forces.

20, 21,

·AN. 430.

zd. p. 50. 7.50.

1. P. cont. Eph.

6.21.

J'ai lû la requête que vous m'avez envoïée, comme devant être prefentée à l'empereur; mais parce qu'elle eft pleine d'invectives contre notre frere, je F'ai retenue, & j'en ai dicté une autre, où je le recufe pour juge, & je demande que cette caufe foit portée à un autre tribunal: vous la présenterez s'il eft besoin. Si vous voïés qu'il continue à m'attaquer, écrivés le moi foigneufement, & je choifirai des hommes fages & pieux, des évêques & des moines, pour envoïer à la premiere occafion. Agiffez-donc vigoureusement car je vais écrire ce qu'il faut, & à qui il faut. Je fuis réfolu de ne me point donner de repos, & de tour fouffrir pour la foi de J. C.

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Saint Cyrille écrivit en effet plusieurs autres lettres fur ce fujet. Il y en a une à un ami commun de lui & de Neftorius, que l'on croit être Acace de Melitine, où il parle ainfi S'il ne s'agiffoit que de la perte de mon bien, pour faire ceffer le chagrin de mon frere, j'aurois montré que rien ne m'eft plus précieux que la charité; mais puisqu'il s'agit de la foi, & que toutes les églifes ont été fcandalifées ; que pouvons-nous faire, nous à qui Dieu a confié la prédication de fes mysteres; & fur qui feront jugez ceux que nous aurons instruits? Car ils diront au jour du jugement, qu'ils ont gardé la foi', telle qu'ils l'ont reçûë de nous. Chacun des laïques rendra compte de fa vie: nous rendrons compte de tous ceux qui croïent en Jefus-Chrift, je ne fais point d'état des injures & des calomnies. Je les oublie volontiers, Dieu en fera juftice; fauvons feulement la foi, & je ne cederai à personne en amitié pour Neftorius. Je le dis devant Dieu, je fouhaite qu'il soit plein de gloire en Jefus-Christ, qu'il efface

·les taches du paffé, & qu'il montre que ce n'étoit que AN. 430. calomnie; s'il nous eft ordonné d'aimer nos ennemis, combien plus devons-nous aimer nos freres & nos collegues ? mais fi quelqu'un trahit la foi, nous sommes bien réfolus de ne point trahir nos ames, quand il nous en devroit coûter la vie; autrement de quel front oferions-nous faire devant le peuple les éloges des Martyrs ?

X

Seconde lettre

c. 9.

Neftorius ayant reçû la feconde lettre de S. Cyrille, y répondit plus amplement, mais auffi plus ai- de Neftorius à grement. Il l'exhorte à lire avec plus d'application les s Cyrille. écrits des anciens, & l'accufe d'avoir dit, que le Ver- Cone. Eph. p. x. be divin fût paffible, quoique S. Cyrille l'eût nié Merc.Garn, pformellement. Il femble admettre l'unité de perfon- 57. nes, en difant, que le nom de Christ signifie la subftance impaffible, en une perfonne finguliere & paffible en monadico profopo, & que les deux natures font liées en une perfone, eis henos profopon fynapheian. Mais par ces mots il n'entendoit, comme il fait voir ailleurs, qu'une union de volonté & de dignité, en forte que le Dieu & l'homme fiffent un même perfonnage, une union morale & non pas une union réelle. C'est t pourquoi il n'ufe pas du mot d'hypoftafe, mais de projopon qui en grec fignifie moins qu'en latin celui de perfonne: il emploie auffi le mot de fynapheia, connexion: & non celui de henofis, union. I foutient que la fainte Vierge ne doit être appellée que mere de Chrift Chriftotocos; & non pas mere de Dieu, Theotocos: parce qu'encore que le corps de Jefus Christ foit le temple de la divinité, on ne peut attribuer à la divinité les proprietez de la chair, comme d'être né, d'aoir fouffert, d'être mota: fans tomber dans les

A

1

AN. 430

n.16.

v. Garner. not. bic.

erreurs des païens, d'Apollinaire, d'Arius & des autres heretiques. En quoi il impofe continuellement à S. Cyrille, lui faifant dire que la divinité étoit née de Marie, ou étoit morte: au lieu qu'il difoit que le Verbe divin est né & mort felon l'humanité qu'il a prise.

Je vous fçai bon gré, ajoûte-t'il, du foin que vous prenez de ceux qui font fcandalifés chez nous; mais Içachés que vous êtes trompé, par ceux que le faint concile a dépofés ici comme Manichéens, & par vos propres clercs: car pour ce qui regarde notre églife, elle profite de jour en jour; le peuple avance dans la connoiffance de Dieu : la maifon roïale est dans une extrême joie, de ce que la doctrine eft éclaircie, & que la foi catholique prévaut fur toutes les herefies. Le concile dont parle ici Neftorius, paroît avoir été tenu à C. P. en 429. Les Manichéens prétendus, que l'on y avoit condamnés étoient peut-être Mercator & les autres catholiques zelés contre les Commonit. tit. Pelagiens. Car fur la remontrance de Mercator, Celeftius, Julien & les autres Pelagiens furent chaffés de C. P. & nous avons encore une lettre de confolation écrite par Neftorius à Celeftius. Or le reproche ordinaire des Pelagiens contre les catholiques, étoit Commonit Cyr de les accufer de Manicheifme. C'eft apparemment à ce concile que fut appellé le prêtre Philippe de C. P. un de ceux qui avoient été proposés pour en être évêque. Comme il reprenoit les erreurs de Neftorius, & ne vouloit plus communiquer avec lui, il le fit accufer par Celeftius d'être Manichéen. Enfuite il l'appella au concile : Philippe y vint prêt à fe défendre, mais Celeftius n'y comparut point. Nefto

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P. 71.

ad Poffid.

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rius prit donc un autre prétexte pour le condamner: AN. 430. qui étoit d'avoir tenu des affemblées particulieres, & celebré l'oblation dans fa maison, quoique prefque tout le clergé témoignât qu'ils en ufoient ainfi dans les occafions. On attribue avec vraisemblance à ce Greg. lib. VI. epift. 31. v. même concile un canon fauffement attribué au con- Garn. 2. part. cile d'Ephefe, qui porte: Anathême à qui dira l'ame d'Adam mourut par le peché, puifque le diable n'entre point dans le cœur de l'homme. Ce canon étoit Pelagien.

que

que

P 63.

XI.

à l'empereur & aux princeffes

p. I. conc. Eph.

Saint Cyrille voïant par la lettre de Neftorius, outre ce qu'il en pouvoit fçavoir d'ailleurs, qu'il étoit S. Cyrille écrit appuïé de la cour & fon herefie faifoit progrés à C. P. écrivit à l'empereur Theodofe & aux princeffes fes fœurs, de grandes lettres, ou plutôt des traités fur la foi. Dans celui qu'il adressa à l'empereur, il marque les diverfes herefies contre l'Incarnation: de 3. n.6. Manés, de Cerinthe, de Photin, d'Apollinaire, & enfin de Nestorius ; mais fans nommer perfonne, il refute chacune de ces herefies, & s'arrêtant fur Apol- ". 7.8.&c. linaire, il marque qu'il nioit en Jefus-Chrift l'ame raifonnable craignant de le divifer en deux, s'il y reconnoiffoit la nature humaine toute entiere. Enfin

il refute amplement Neftorius, par
par les mêmes preu-
ves qu'il avoit envoïées dans la lettre aux folitaires,
y en ajoûtant quelques autres. Il infifte fur ces pa-
roles du Pere éternel: Celui-ci eft mon fils bien
aimé. Remarquez, dit faint Cyrille, qu'il ne dit pas :
En celui-ci est mon fils, afin l'on entende que
ce n'est qu'un. Il infifte auffi fur l'Eucharistie," &
dit: Jefus-Chrift nous donne la vie comme Dieu,
on feulement par la participation du faint-Elprit,

que

n.

n. 17.

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.36.

Matt. XVII.

n. 38.

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