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contraire, il l'empêche fouvent de le quitter, ou le fait revenir, après qu'il l'a quitté.

Ad. 14.

Saint Profper répondit encore à quinze articles propofés par des Gaulois, contre la doctrine de laint Auguftin: qui se réduisent à peu près au même fens, que ceux de Vincent. Sçavoir, que la prédestination impofe aux hommes une neceffité fațale de pécher : que le libre arbitre n'est rien; que Dieu ne veut pas fauver tous les hommes ; & que Jefus-Chrift n'eft pas mort pour tous. Saint Profper, après avoir répondu à chacune de ces objections, les reprend toutes à la fin, & les qualifie chacune A. 3. en particulier. Il dit encore en cet ouvrage, que ceux qui tombent ne font pas abandonnés de Dieu, afin qu'ils l'abandonnent; mais ils l'ont laiffé, & ont été laiffés, & font changés de bien en mal, par 44.12. leur propre volonté. Et enfuite: Si Dieu fait tomber celui qui court bien, il rend donc le mal le bien, & punit injuftement ce qu'il fait faire. Que peut-on -on penfer de plus infenfé? Et encore : Quoique toute-puiffance de Dieu pût donner à ceux qui devoient tomber la force de fe foûtenir : toutefois fa grace ne les a point quittés, avant qu'ils l'euffent quitté. Et encore: Celui qui dit, que l'obéïffance Sent. 71 eft ôtée à quelques juftes, a mauvaise opinion de la sent 12. bonté & de la juftice de Dieu. Il foutient, que l'on peut dire, que tous les hommes ne font pas appellés Ad. 4. à la grace: puifqu'il y a des peuples, à qui l'évan- d. 8. 4d. gile n'a pas encore été préché, & des enfans qui meurent fans baptême. Dieu toutefois prend foin de tous les hommes, & il n'y en a aucun qu'il n'avertiffe, foit par la prédication de l'évangile, foit

la

A a iij

pour

Al. 9.

3.

2.2.

par le témoignage de la foi, soit par la nature même.
Mais il faut attribuer aux hommes leur infidelité, &
attribuer leur foi au don de Dieu. Quoique J. C. foit
mort pour tous;
fa mort toutefois ne profite qu'à ceux,
à qui elle eft appliquée en particulier. Camille &
Theodore prêtres, envoïerent de Genes à S. Prosper
neuf paffages extraits du livre de S. Auguftin, de la
prédestination & de celui de la perfeverance, qui leur
faifoient de la peine; & il leur fit voir par les répon-
fes, qu'il n'y avoit rien dans ces livres que de très-
catholique.

Mais le principal ouvrage de faint Prosper, pour la défenfe de faint Auguftin, eft le livre contre le collateur, c'est-à-dire, contre Caffien, auteur des Sup.l. xxIII. n. collations ou conferences. Il l'écrivit vers l'an 432. puifqu'il dit qu'il y a plus de vingt-ans que l'églife combat les Pelagiens, fous la conduite de faint Augustin : ce que l'on peut rapporter à ces premiers ouvrages, addreffés à Marcellin en 412. Saint Profper Sup. liv. xx. *. examine en celui-ci douze propofitions de Caffien,

3. XXIV. n. 56.

tirées de la treiziéme conference, où il fait parler l'abbé Cheremon. La premiere propofition est catholique; établissant, que Dieu eft le commencement, non feulement de toute bonne œuvre; mais encore de toute bonne pensée: dans les autres propofitions, Caffien favorise les Pelagiens; prétendant que plufieurs viennent à la grace fans grace; que l'homme peut quelquefois de lui-même le porter à la vertu; que l'une & l'autre opinion est autorisée par l'écriture que le libre arbitre contribuë autant au falut que la grace: qu'Adam par son peché n'a pas perdu la science du bien : que tous les mérites

des Saints, ne doivent pas être rapportés à Dieu, enforte que l'on n'attribue à la nature que le mal; que toute ame a naturellement des femences de vertu ; enfin, que Dieu procure entierement le falut des uns, & ne fait qu'aider les autres. En tout cela, S. Profper montre que Caffien favorise les Pelagiens, & fe contredit lui-même. Il finit cet ouvrage en fouhaitant que le pape S. Sixte chaffe les Pelagiens cachés, comme fes prédéceffeurs ont chaffé ceux qui l'étoient à découvert; déclarant qu'il veut les tolerer charitablement, tant qu'ils ne font point féparés de l'église. Caffien y eft toûjours demeuré; & cette cenfure, quoique très-jufte, n'a pas empêché que fes conferences & fes autres livres, n'aïent toujours été entre les mains des moines & des autres perfonnes de pieté; à cause de la sainte doctrine, & de la haute spiritualité contenuës dans tout le refte.

cator.

XXV.

Marius Mercator écrivit auffi vers ce tems-là fon Ecrits de Merlivre d'annotations. Aïant reçû les livres de Julien contre faint Auguftin, & les réponses de saint Auguftin: il fit des remarques fur plufieurs endroits des écrits de Julien, pour relever ses erreurs, & les recueillir enfuite, à la priere d'un prêtre nommé Pientius. Il mit à la tête un petit avertissement au lecteur, où il explique fommairement l'état de la question, & l'hiftoire de cette herefie, dont il fait auteurs Theodore de Mopfuefte & Rufin le Syrien. Il parle de faint Auguftin, comme mort : ce qui fait juger qu'il n'a donné cet ouvrage, que vers l'an 432. après le concile d'Ephefe, où il pouvoit avoir reçû par le diacre Baffula les derniers écrits de faint Auguftin. En cet ouvrage, Mercator met d'abord

Sup. XXIII:

7.1.

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XXVI.

en Orient.

far chaque article les paroles de Julien, puis la réponse de S. Augustin; puis-ce qu'il y ajoûte lui-même pour l'appuïer.

Mercator écrivit auffi contre quelques ouvrages de Theodore de Mopfuefte, qu'il regardoit comme l'auteur des deux herefies de Neftorius & de Pelage. Il refuta le symbole de Theodore, le même qui fut condamné au concile d'Ephese, à la poursuite du prêtre Charifius : il traduifit des extraits d'un ouvrage de Theodore contre faint Augustin, & la do&trine du peché originel; & d'un ouvrage touchant le myftere de l'incarnation. A ces extraits traduits en latin, Mercator ajoûta les notes pour les refu

ter.

La réunion de Jean d'Antioche avec saint Cyrille Schifmatiques trouva de part & d'autre des contradicteurs. Plufieurs de ceux qui avoient foutenu Neftorius au concile d'Ephefe, trouverent mauvais que Jean l'eût abandonné; & les deux plus fameux de ceux-là, furent Theodoret & Alexandre d'Hieraple, fon métropolitain. Theodoret convenoit de la doctrine; & reconnoiffoit faint Cyrille pour catholique, après l'explication qu'il avoit donnée dans les lettres à Acace de Berée, & à Jean d'Antioche, où il confeffoit nettement les deux natures en Jefus-Chrift, rejettoit toute confufion, & anathematifoit l'herefie d'Apollinaire. Il s'eft retracté difoit Theodoret, & a détruit fes douze articles. Mais il ne pouvoit fe réfoudre à abandonner la perfonne de Neftorius, qu'il croïoit injustement condamné, fans que fa doctrine eût été bien entenduë: il en écrivit ainfi à Neftorius même. Alexandre d'Hieraple, rejettoit éga

Synod. Baluz. c. 88,95. 110.

6. 120.

lement

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896

lement toutes les parties de l'accord. Il ne vouloit AN. 433. ni condamner Neftorius, dont il tenoit la doctrine faine & conforme aux écritures, ni communiquer avec faint Cyrille, qu'il tenoit toûjours pour heretique: il se separa même de la communion de Jean d'Antioche & de tous ceux qui embrafferent paix. Soïés fûr, dit-il, à André de Samofate, que. 109. 104. je n'ai point de part avec eux foit qu'on me propofe l'exil, la mort, le précipice, le feu, ou les bê- ".". tes. Dieu me donnera la force de tout fouffrir, plûτότ que de communiquer avec eux. Et à Theodoret: Je ne confentirai point ces propofitions, que Paul a offertes, & que l'Egyptien a reçûës; quand on me condamneroit à mille morts, & quand le monde entier y confentiroit. Il infifte principalement fur le nom de mere de Dieu, qu'il ne veut admettre qu'en y ajoûtant celui de mere de Christ, comme Neftorius.

6. 94.

6. 97. 98. 99. 101. 103

Il étoit convenu avec Theodoret & avec André de Samofate de se trouver à Zeugma, pour déliberer fur cette affaire, & ils l'exhortoient tous deux à la paix, mais Alexandre répondit à Theodoret, qu'il étoit inutile de s'affembler, s'ils n'étoient point cho- . 100. quez de la conduite de Jean d'Antioche, qui avoit trahi la foi & condamné Neftorius, le connoiffant orthodoxe. Il répondit à André : Il est inutile déformais que je vous écrive, ou que vous m'écriviez fur c. 191. cette affaire. Je n'attens à quitter mon églife, que par la violence feculiere, pour ne paroître pas abandonner le troupeau de Jesus - Christ. Et dans une autre lettre : Je ne communique plus, ni avec vous 6. 104. ni avec Cyrille : vous avez fait ce qui eft en vous;

Tome VI.

Bb

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