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HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.

LIVRE VINGT-CINQUIE' ME.

N

I.

Herefic de

Sup. liv. XX.

ESTORIUS avoit amené d'Antio- AN. 428. Iche le prêtre Anaftafe fon Syncelle & fon confident, qui prêchant un jour Neftorius. dans l'église de C. P. dit: Que per- 2.54. fonne ne nomme Marie mere de Dieu. Lib. erat, 6. 46 C'étoit une femme, & il eft impoffible que Dieu foit né d'une créature humaine. Čette parole fcandalifa beaucoup de perfonnes, tant du clergé que du peuple. Car ils avoient apris de tout tems, dit Tome VI,

A

Socr.VII.c.32.

Evagr. 1, 60 24

AN. 428.

l'hiftorien Socrate, à reconnoître Jefus-Chrift pour Dieu, & à ne le point feparer de la divinité. NeftoAp. Mar. Mer- rius foûtint ce que le prêtre Anastase avoit avancé, & nous avons de lui plufieurs fermons sur cette ma

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Edit. Garn.

1.55 Cap. VII
Cap.VII
Incarn. c. 6.
Prof. Chr. an.

428. libera. C. 4.,

1 Cor. xv. 17

tiere.

Le premier fut prononcé comme l'on croit le jour de la nativité de notre-Seigneur 25. Decembre 428. fous le confulat de Felix & de Tauru. Car ce fut dès cette année la premiere du pontificat de Neftorius, qu'il commença à publier fon herefie. En ce fermon il parle d'abord fur la providence, d'où il paffe à la reparation du genre humain, & ayant rapporté ces paroles de faint Paul: Par un homme la mort, & par un homme la refurrection, il ajoûte : Que ceux-là l'écoutent qui demandent, s'il faut nommer Marie mere de Dieu ou mere d'un homme, Theotocos ou Anthropotocos. Dieu a-t-il une mere ? Les païens font donc excufables de donner des meres aux dieux ? Paul eft donc menteur, quand il dit de la divinité de Jefus-Chrift: H:6. VII. 3. Sans pere, fans mere, fans genealogie? Non Marie JOAT. 111.6. n'a pas enfanté un Dieu; car ce qui eft né de la chair eft chair la créature n'a point enfanté le créateur,

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mais un homme inftrument de la divinité. Le faint

Mash. 1.20. Efprit n'a point creé le Dieu verbe fuivant ce qui eft dit: Ce qui eft formé en elle eft du faint efprit. Dieu s'eft incarné; mais il n'eft point mort: il a reffufcité celui dans lequel il s'eft incarné. Et enfuite j'adore l'habit à caufe de celui qui le porte : j'adore celui qui paroît au dehors, à cause du Dieu caché, qui en eft inféparable.

Serm. 1. edit. Garn. p. 8..

Dans un autre difcours il reprend les évêques fes. predeceffeurs, en ces termes : Je vois beaucoup de

Cyr. lib. 1.

f. 20. E.

pieté & de zéle dans le peuple, mais peu de con- AN. 428. noiffance dans les chofes divines: ce n'eft pas leur faute; mais comment le pourrai-je dire? c'eft que ceux qui les ont inftruits n'ont pas eu le tems de le faire exactement. Il continua de propofer les erreurs fur la perfonne du fils de Dieu, prétendant que l'écriture ne le nomme jamais Dieu, quand il s'agit de fa naissance temporelle ou de fa mort, mais seulement Christ, Fils, ou Seigneur. On croit que ce fut alors qu'Eufebe avocat à C. P. fimple laïque, mais très-vertueux & très-bien instruit de la religion, s'éleva contre Neftorius en pleine églife, & enflamé cone. 1. Neft. de zele dit à haute voix : C'est le verbe éternel luimême qui a fubi la feconde naissance felon la chair & d'une femme. Le peuple s'émût : la plûpart & les mieux inftruits donnerent de grandes loüanges à Eufebe: les autres s'emporterent contre lui: Nesto. Ed. Garn.p.11, rius les foûtint, & declama contre Eusebe dans un troifiéme sermon prononcé quelque-tems après au commencement de Janvier 429. & peut-être le jour de l'Epiphanie: où fous prétexte de combattre les Ariens & les Macedoniens, il attaque en effet la doctrine catholique, foûtenant toûjours qu'on ne doit pas dire que le verbe divin foit né de Marie, ou qu'il foit mort, mais feulement l'homme en qui étoit de

verbe.

II. Oppofition des

L'avocat Eusebe, qui fut depuis évêque de Dorylée, dreffa alors une proteftation en ces termes : Je catholiques. conjure par la fainte Trinité celui qui prendra ce papier, de le faire connoître aux évêques, aux prê- Epb., tres, aux diacres, aux lecteurs aux laïques qui demeurent à C. P. & de leur en donner copie, pour la

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1. Part. Cont;

AN. 426.

sancarn, 6. 3.

1.27.

conviction de l'heretique Neftorius, qui eft dans les fentimens de Paul de Samosate, anathématisé il y a cent foixante ans par les évêques catholiques. Enfuite il fait le parallele de la doctrine de l'un & de l'autre, rapportant leurs propres paroles, & montre que Neftorius foûtient comme Paul, qu'autre eft le verbe, autre eft Jefus-Chrift, & non pas un feul comme enfeigne la foi catholique. A quoi il oppofe le symbole CA. VI. de qui étoit en ufage à Antioche: un peu different quant aux paroles de celui de C. P. dont nous nous fervons, mais le même quant au fens. Il rapporte auffi l'autorité de faint Eustache évêque d'Antioche, qui avoit affifté au concile de Nicée: le tout pour montrer que Neftorius n'a pas fuivi la tradition de cette églife où Edis Garn, il a été élevé. Vers le même tems Marius Mercator, qui étoit alors à C. P. publia une lettre adreffée à tous les fideles: où il fait auffi le parallele de la doctrine de Neftorius & de Paul de Samofate, montrant les convenances &les differences. On croit que ces pieces parurent dans le même mois de Janvier. Sber. VII. c. 32. L'hiftorien Socrate, qui écoit à C. P. dans le même tems, dit que par la lecture des écrits de Neftorius, & par la converfation de fes fectateurs, il trouve qu'il n'étoit point dans l'erreur de Paul ni de Photin, puifqu'il reconnoiffoit en Jefus-Chrift l'hypoftafe du verbe divin; mais, dit-il, il avoit peur du mot de Theotocos comme d'un fantôme, & cela lui arriva par fon extrême ignorance, car comme il étoit naturellement éloquent, il fe croïoit favant, quoiqu'il ne le fût pas en effet, & dédaignoit d'étudier les livres des anciens interpretes de l'écriture, enflé par sa facilité de parler, & s'eftimant au deffus de tous les

autres. Ce font les paroles de Socrate, qui montre enfuite qu'Origene & Eusebe dePamphiles'étoient fervis du mot de 1 heotocos, & en raporte les paffages.

par

AN. 429.

P.73

I.

Plufieurs commencerent dès-lors à fe féparer de la communion de Neftorius, à le traiter d'heretique & à parler librement contre lui. Il y en eut même qui menacerent de le jetrer dans la mer. C'est la perfecution Ed. Grr. 1. dont il fe plaint dans un fermon qu'il prononça au parte p 76. commencement du carême de cette année 429. où il parle de la peine du peché de nos premiers parens, conformément à la doctrine catholique, & contre les erreurs des Pelagiens; & toutefois c'étoit en prefence de Julien, & des autres Pelagiens refugiez à C. P. que Neftorius traitoit bien d'ailleurs'; & dont il Pref. Mercat. fe déclaroit le protecteur. Celeftius après être retourné à Rome vers l'an 424. avoit été chaffé d'Italie ordre du pape Celestin, & étoit venų à C. P. avec Julien d'Eclane, Florus, Oronce & Fabius, tous évêques dépofez & chassez d'Occident pour leur herefie. colest. Ils fe plaignirent à l'empereur & à Neftorius, comme étant des catholiques perfecutez injustement. Neftorius les entretenoit dans l'efperance de les faire rétablir: & ne laiffoit pas de prêcher contr'eux en leur presence, foit qu'ils lui euffent déguifé leur doctrine:ou par quelqu'autre raison. Nous avons trois de ces fermons qui parlent affez correctement du peché originel. Les deux premiers font fur l'hiftoire de la création de l'homme que l'on lifoit au commencement du carême: le troifiéme fur la tentation de Jefus-Chrift. Nous avons ce dernier entier & en grec: mais il ne nous refte des autres que la traduction, ou plûtôt les 7.7.5. Chry extraits de Mercator..

Epift Neft. ad

Ap.. Mercat.

T.

foft. Gr. p. 301,

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