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ches contre les mœurs de ces deux nouveaux évêques A. 4 Athanafe & Marinien, & d'ailleurs on fe plaignoit, que ces ordinations étoient faites fans le métropolitain & les évêques de la province. Mais s'agiffant de chaffer les fchifmatiques, on n'avoit garde de demauder leur confentement. Alexandre d'Hieraple & fes fuffragans, tenterent de mettre dans leurs interêts les princeffes; c'est-à-dire, fainte Pulcherie, & fes fœurs. Ils leur envoïerent donc des clercs & des moines, chargés d'une lettre, où ils fe plaignent de la perfecution de Jean d'Antioche; qu'il a ordonné dans leur province deux évêques d'une vie fcandaleufe: qu'il en a ordonné un de nouveau dans l'église du martyr faint Serge, qui eft du diocese d'Hieraple. Hs fupplient les princefies de representer à l'empereur tous ces défordres, & les faire reparer par fon autorité; mais on ne voit pas que cette lettre ait eû d'effet. Alexandre fe plaint encore ailleurs de cette églife de faint Serge, qu'on lui avoit enlevée : où il dit avoir emploie près de trois cens livres d'or, & endetté fon églife. C'est qu'il l'avoit rebâtie magnifiquement.

Proclus de fon côté, voulut faire chaffer de Marcianople Dorothée, métropolitain de Mefie, & écrivit contre lui au clergé & au peuple de cette églife; mais ils étoient trop attachés à leur évêque, & le foutinrent fortement. Dorothée écrivant ces nouvelles à Alexandre d'Hieraple, l'invitoit de venir à Conftantinople pour parler à l'empereur; & ce fut peutêtre la caufe de l'ordre, qui défendit aux Orientaux de venir à la cour.

Il y avoit au contraire des catholiques, qui blâ

c. 165.

c. 137.

XXIX Juftification de

S. Cyrille.

p. 3. c 37.

moient S. Cyrille, & prétendoient qu'il s'étoit trop relâché, dans l'accommodement avec les Orientaux. Con Eph. Ils reprenoient leur expofition, & difoient. Pourquoi Cyrille a-t-il fouffert, & même approuvé qu'ils nommaffent deux natures ? Les Neftoriens difent, qu'il eft de leur fentimeut, & imposent à ceux, qui ne fçavent pas exactement la verité. Il falloit que ces mauvais bruits fuffent répandus à Conftantinople, puifque faint Cyrille les marque dans une lettre au prêtre Euloge, qui y refidoit de fa part, & qui est une inftruction de la maniere d'y répondre, & une expli cation précise de la doctrine catholique fur ce point. Il écrivit auffi à Donat évêque de Nicopolis en Epire, 1bid. c. 386 pour prévenir ces fortes de calomnies, qu'il eût retracté ce qu'il avoit écrit contre Neftorius; & lui raconte tout ce qui s'étoit paffé dans cet accord, & la négociation de Paul d'Emefe.

Il en rendit compte à Acace, évêque de Melitine en Armenie, fon ancien ami; & après lui avoir rap35. porté le fait, il ajoûte: Les partifans de Neftorius défefperez de fevoir abandonnez, ressemblent à des gens qui fe noïent, & fe prennent à ce qu'ils peuvent. Ils déchirent malicieusement ceux qui ne font pas dans leurs fentimens. Ils difent que les Orientaux n'ont p. 15. D. point renoncé aux erreurs de Neftorius, & m'accufent moi-même de penser le contraire de ce que j'ai écrit, & d'avoir reçû un nouveau fymbole, comme au mépris de l'ancien. Mais quoi ? fi Neftorius avoit lui-même condamné fes erreurs, & donné par écrit une confeffion de foi catholique, diroit-on qu'il auroit fait un nouveau fymbole: Il explique enfuite combien l'exposition de foi, qu'il avoit reçûë des Orientaux

Orientaux eft differente de la doctrine de Nesto

rius.

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6.36.

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135

p.

Le même Acace aïant demandé à faint Cyrille l'ex- Lit.XVI S. plication mysterieuse du bouc émisfaire, dont il eft,Cyr Epist. y. parlé dans le Lévitique; faint Cyrille lui écrivit une Cone. Eph. 3. p. grande lettre, où il dit, que c'eft une figure de JefusChrist: auffi-bien que l'autre bouc, qui étoit immolé en même-tems. Que ce dernier represente l'humanité, felon laquelle il a fouffert pour nous : & l'autre fignifie la divinité, felon laquelle il a été libre & Epift. p. 127. exemt de la mort. Il explique de même les deux oiseaux, que le lepreux devoit offrir pour la purifica- Levit. xiv. 4. tion : à cette occafion, il s'étend fur le mystere de l'incarnation, & explique au long l'unité de perfonne en deux natures. Saint Cyrille écrivit auffi pour Epift. Cyr. p. sa justification à Succeffus, évêque de Diocesarée en Ifaurie, qui l'avoit confulté, s'il falloit dire, qu'il y a deux natures en Jesus-Chrift. D'abord il établit contre Neftorius, que Jesus-Chrift eft un, & devant & après l'incarnation: puis il ajoûte, que cette union vient du concours des deux natures : qu'après l'union nous ne les divisons plus ; mais que nous disons comme les peres, une nature de Dieu verbe incarnée : ce p. 137. E. qu'il explique auffi-tôt, en difant, qu'il y a deux natures unies; mais que Jesus-Chrift eft un. Et il apporte l'exemple de la nature humaine, où chaque homme eft un, quoique compofé d'ame & de corps, qui sont de nature fi differente. Il répond enfuite à une autre question; comment le corps de J. C. eft divin après la refurrection; non qu'il ait changé de nature: mais parce qu'il eft délivré des infirmités hu

maines.

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Epift p. 14.

P 148. B.

Cone. Eph. 3.7.

6.40.

Succeffus lui aïant envoïé quelques objections fur cette explication, il y répondit par une feconde lettre encore plus ample pour montrer, qu'en difant une nature il n'admet aucune confufion, ni aucun mélange; parce que la divinité eft immuable, & que l'humanité demeure entiere en Jefus-Chrift; puifque ce n'eft pas fimplement une nature, mais une nature incarnée. Il marque dans l'écriture trois fortes d'expreffions en parlant de Jefus-Chrift; les unes qui conviennent à la divinité feule, les autres à l'humanité seule, les autres à toutes les deux enfemble. Ces deux lettres tendent comme les précedentes, à justifier faint Cyrille, au sujet de la réunion avec les Orien

taux.

Il écrivit une lettre à peu près semblable à Valerien évêque d'Icone, pour expliquer la foi catholique fur l'incarnation; & il ajoûte à la fin : J'apprens que quelques impertinens publient, que l'erreur de Neftorius a prévalu chés les évêques d'Orient, c'est pourquoi j'ai crû neceffaire de vous inftruire fur ce point. Il rapporte enfuite, comme Jean d'Antioche & les autres fe font expliqués nettement; & ajoûte: Si donc on les accufe d'être dans d'autres fentimens, ne le croïés pas: renvoïés ceux qui le diront, comme des trompeurs ; & fi l'on montre des lettres en leur nom, tenés les pour fuppofées. Il écrivit de même à Maxime diacre Epift. ad Max. d'Antioche, qui faifoit difficulté de communiquer avec l'évêque Jean; parce qu'il avoit reçû à sa communion des Neftoriens, que Maxime ne croïoit pas bien convertis. S. Cyrille fui confeille, de fe contenter de leur abjuration exterieure, fans vouloir trop penetrer dans leurs confciences.

to. s. p. 192.

է

Saint Ifidore de Pelufe avoit blâmé faint Cyrille, comme entretenant la division. Les exemples de l'écriture m'épouvantent, difoit-il, & m'obligent de vous écrire ce qui eft necessaire. Si je fuis votre pere, comme vous dites, je crains l'exemple d'Heli: fi je fuis votre fils, comme il eft plus veritable, puifque vous representés saint Marc, je crains l'exemple de Jonathas, qui n'empêcha pas fon pere de confulter la Pythoniffe. Afin donc que nous ne foïons pas condamnés tous deux, finiffés cette contention : ne tournés pas contre l'église la vengeance d'une injure particuliere, & ne faites pas une division éternelle, sous prétexte de religion. “Mais quand il eut appris ce que faint Cyrille avoit écrit pour contenter les Órientaux, il craignit qu'il ne fe fût trop relâché,

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& lui écrivit en ces termes : Vous devés demeurer toujours invariable, fans trahir par crainte l'interêt Lib. 1. ep.314. du ciel, ni paroître contraire à vous-même : car fi Vous comparés ce que vous venés d'écrire, avec vos écrits précedens, vous verrés que l'on peut vous accufer de flaterie, de legereté , ou de varieté ; & de ne pas imiter ces illuftres champions, qui ont mieux aimer passer toute leur vie dans un rude exil, que de prêter feulement l'oreille à une opinion erro

née.

On voit par la premiere de ces deux lettres, que faint Ifidore étoit alors fort âgé, puifque faint Cyrille évêque d'un grand fiege, le traitoit de pere.

On voit dans l'une & dans l'autre la liberté avec laquelle il écrivoit, & qui reluit dans toutes les lettres. Il y en a grand nombre de dogmatiques: foit pour expliquer des passages difficiles de l'écriture fainte,

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