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c. 117.

Jean d'Antioche écrivit à Proclus, fur ce fecond AN. 437. voïage d'Ariftolaüs, qu'il chargea apparemment de fa lettre. Tous les évêques d'Orient, dit-il, comme ceux de tout le refte du monde, ont reconnu & condamné l'erreur de Neftorius, & approuvé la dépofition. Nous fommes tous d'avis de ne rien ôter, ni ajouter au fymbole de Nicée. Nous l'entendons comme les faints évêques nos prédeceffeurs en Occident, Damase, Innocent, Ambroife: en Grece & en Illyrie, Methodius: en Afrique, Cyprien : à Alexandrie, Alexandre, Athanafe, Theophile : à Conftantinople, Nectaire, Jean, Atticus : dans le Pont, Bafile & Gregoire; en Afie, Amphiloque, Optimus: en Orient, Euftache, Melece, Flavien. Il infere le symbole de Nicée; puis il ajoûte : Nous vous mandons ceci, pour fatisfaire ceux qui ont besoin de l'être : car pour nous, nous avons fait & dit tout ce qu'il falloit il y a quatre ans, au retour du bienheureux Paul. C'eft Paul d'Emefe; & il paroît ici que cette lettre eft de l'an 437. Mais je ne fçai d'où vient ce facheux retour fur nous & fur toutes nos églifes; tous les évêques de la côte maritime ont confenti & foufcrit; ceux de la feconde Phenicie, les Ciliciens dès l'année paffée, les Arabes par Antiochus leur métropolitain, la Mefopotamie, l'Of roenc, l'Euphratefie & la feconde Syrie, ont approuvé tout ce que nous avons fait : vous avés reçû il

y a long-tems la réponse des Ifaures : tous ceux de la premiere Syrie ont foufcrit avec nous. Vous pourrés apprendre du tribun Ariftolaüs comment notre clergé a reçû ceci, & a loüé vos soins. Faites donc ceffer déformais tout ce tumulte, afin que ref

pirant des maux que nous avons foufferts, à cause du maudit Neftorius': nous puiffions refifter aux païens de Phenicie, de Palestine & d'Arabie : aux Juifs, principalement de Laodicée, & aux Neftoriens revoltés de Cilicie.

XXXVI. Ecrits de Theo

C'étoit en effet en Cilicie, que l'herefie de Nestorius avoit jetté de plus profondes racines. Nous dore de Mupavons vû que Melece de Mopfueste, feul de tous les fucite. évêques des deux Cilicies, avoit mieux aimé être dépofe & banni, que d'embraffer l'union. Son prédeceffeur Theodore de Mopfuefte, pafloit pour avoir été le maître de Neftorius; & Theodore lui-même étoit disciple de Diodore, évêque de Tarse, & métropolitain de la premiere Cilicie.. Auffi les Neftoriens voïant Neftorius rejetté de tout le refte du monde, & fes ouvrages condamnés au concile d'Ephese, & depuis peu par l'édit de l'empereur, s'aviferent de répandre les écrits de ces deux évêques Theodore & Diodore, qui étoient morts dans la communion de l'églife, & avoient laiffé une grande réputation dans tout l'Orient. Ils étoient tous deux d'Antioche, où Diodore avoit foutenu la foi catholique pendant les deux perfecutions des Ariens, fous Conftantius & fous Valens; & Theodore avoit été ami particulier de faint Chryfoftome. Diodore avoit écrit des commentaires, prefque fur toute l'écriture fainte, s'attachant au fens litteral: un livre fur la Tri-r.v1.c.3. nité, un contre les Apollinaristes; un contre le deftin & les aftrologues, & quelques autres ouvrages on avoit auffi gardé beaucoup de fes lettres; mais fes écrits font perdus, auffi-bien que ceux de Theodore. Il avoit compofé des commentaires

Liber. brev. c.

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xvI. n.16.

Sup.'iv. XII.n.
46.1.XVI.

sup. liv. XIX.
#7.
Suid. Diod. p.

n.7.
Phot. C. 223.

739.

Sozom Vll.c. 2. Hier. Script.

Phot. Cod.e. 4.

23.81.1778

Gennad. c. 12.

fur la plupart des livres de l'écriture; quinze livres de l'incarnation, vingt-cinq contre Eunomius, quatre contre Apollinaire & plufieurs autres; dont il ne reste que des citations, dans les auteurs qui l'ont accufé ou défendu.

,

Les Neftoriens rechercherent & firent valoir les écrits de ces deux évêques; & des autres › qui avoient écrit contre Eunomius & Apollinaire, pour foutenir les deux natures en Jefus - Christ; prétendant montrer que Neftorius n'avoit rien dit de nouveau, mais feulement fuivi la doctrine des anciens. Coll,Lup. 199. Pour répandre davantage ces livres ; ils les traduifirent en Syriaque, en Armenien & en Perfan. Theodore d'Ancyre, Acace de Melitine & Rabbula d'Edeffe, évêques catholiques très-zelés, s'éleverent contre les livres de Theodore de Mopfueste ; & Rabbula l'anathematifa publiquement dans l'églife.

16.d.c 43.

• 206.

c. 205.

Saint Cyrille fut bien-tôt averti de cette nouveauté. Les catholiques d'Antioche lui écrivirent, & l'abbé Maxime vint le trouver à Alexandrie, où il lui dit que les Orientaux étoient toûjours Nestoriens; & que feignant de condamner Neftorius, ils foutenoient fa doctrine fous le nom de Theodore. Au contraire quelques évêques d'Orient écrivirent à faint Cyrille, qu'il ne falloit point reprendre les écrits de Theodore, quifqu'il n'avoit enfeigné que la doctrine d'Athanafe, de Bafile & de Gregoire ; & que dans les églifes, les peuples crioient : Croiffe la foi de Theodore, nous croïons comme lui, Mais comme ces Orientaux fe vantoient toûjours de s'en tenir au fymbole de Nicée, qu'ils tour

Conc. Eph.

f. 3. c 43.

Tournoient à leur fens par de mauvaises interpreta-
tions: faint Cyrille compofa une explication du mê-
me fymbole, où il s'étend principalement fur le myf-
tere de l'incarnation. Il l'adreffa à Maxime & à plu-
fieurs autres abbez d'Orient, qui la lui avoient de-
mandée, & l'envoïa à Acace de Melitine, & au prê-
tre Lampo à C. P. pour la prefenter aux princeffès &
à l'empereur à qui il écrivit pour le précautionner
contre les écrits de Diodore & de Theodore. Il com- 205.206.
pofa auffi un petit traité de l'incarnation divifé en trois
chapitres. 1°. Que la fainte Vierge est mere de Dieu.
2°. Que Jesus-Chrift eft un, & non pas deux. 3°. Que
le Verbe demeurant impaffible, a souffert pour nous
en fa chair.

Coll. Lup.c

c. 198.

c. 208.

5.tom. 5.8.469

Rabbula évêque d'Edeffe, écrivit de son côté à faint Cyrille, que le Neftorianifme étoit fort enraciné en Orient; que Theodore de Mopsueste avoit enfeigné dans fes écrits une autre doctrine, que celle Cone P. coll. qu'il prêchoit au peuple, & qu'il y avoit de ses livres, où il conjuroit le lecteur, fous peine d'anathême, de ne les point communiquer. Il difoit que la sainte Vierge n'eft point vrayement mere de Dieu que l'homme n'a point été uni au Verbe felon la fubftance, ou la subsistance, mais par la bonne volonté, qu'il ne faut adorer Jefus-Chrift, que par relation à Dieu, comme une image: que la chair de Jesus-Christ ne profite de rien que faint Pierre n'a point reconnu que Jefus-Chrift fût Dieu, & que l'église est fondée fur la foi en un homme. C'est ainsi que Rabbula rapporte la doctrine de Theodore. Il étoit aveugle, & dans une extrême vieilleffe, & mourut peu de Lib. 1. p. 165, tems après.

Tome VI.

Ee

16.

Matth. XVI.

Theod. leat:

XXXVII. Députation des Armeniens a Proclus.

Liberat c. 10.

Lui, & Acace de Melitine, écrivirent auffi aux évêques d'Armenie, de ne pas recevoir les livres de Theodore de Mopsueste; parce que c'étoit un heretique, & l'auteur du dogme de Neftorius. Les évêques de Cilicie fe plaignirent du procedé de Rabbula & d'Acace : prétendant qu'ils n'agiffoient que par jaloufie & par paffion. Mais les évêques d'Armenie s'étant affemblez, envoïerent deux prêtres, Leonce & Aberius, à Proclus de C. P. felon la coûtume, avec leurs libelles, & un volume de Theodore de Mopfuefte; pour fçavoir fi Proclus approuvoit la doctrine de Theodore, ou celle de Rabbula & d'Acace. Le libelle des Armeniens portoit: Il y a eu un homme pernicieux, ou plûtôt une bête feroce, avec une figure diabolique d'homme, portant fauffement le nom de Theodore: c'eft qu'en grec, il fignifie don de Dieu; qui a eu l'habit & le nom d'évêque, caché dans un coin du monde & dans un lieu obfcur; à Mopfuefte, ville méprisable de la feconde Cilicie: defcendu principalement de Paul de Samofate, quoiqu'il le foit auffi fervi des paroles de Photin, & des autres herefiarques dans fon livre de l'incarnation. Il étoit si rufé & si hardi, qu'il vouloit faire perir tous les hommes par la picqueure, & le venin de sa langue de ferpent. Ils rapportoient ensuite plufieurs paffages de Theodore, l'accufoient d'avoir été l'auteur de l'herefie de Neftorius ; & concluoient en priant Proclus, que comme Neftorius avoit été condamné nommément au concile d'Ephese, il lui plût auffi condamner nommément Theodore, & ceux qui fuivoient fa doctrine en Syrie & en Cilicie. Le titre de ce mémoire porte, qu'il

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