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vous avancerés, & ferés honoré felon Dieu. Si vous ne m'écoutés pas, vous fuccederés à la chair de votre oncle; mais vous en ferés privé par les méchans, qui vous auront auparavant eutraîné malgré vous. Ainfi parla faint Euthymius. Domnus ne le crut pas : & fans avoir reçû fa benediction, il s'en alla à Antioche, où tout lui arriva comme le faint lui avoit prédit.

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L'année précedente, Firmus évêque de Cefarée socr.c.ult. en Cappadoce étant mort les Cefariens vinrent à C. P. demander un évêque à Proclus. Comme il examinoit qui il leur pourroit donner, tous les fenateurs vinrent le voir à l'église un samedi. Entre eux étoit Thalaffius, qui avoit été préfet du pretoire d'Illyrie; & on difoit qu'il l'alloit être d'Orient. Proclus mit la main fur lui, & le déclara évêque de Cefarée. C'est ici que Socrate finit son hiftoire ecclefiaftique, diftribuée en fept livres ; & contenant, dit-il, l'efpace de cent quarante ans depuis le commencement du regne de Conftantin, jufqu'au dix-feptiéme confulat de Theodofe le jeune ; c'est-à-dire, depuis l'an 306. jusqu'en 439. ce qui ne fait toutefois 133. ans Sozomene avoit auffi conduit fon hiftoire à la même année 439. depuis le troifiéme confulat de Crifpe & de Conftantin le jeune, c'est-à-dire, depuis l'an 314. mais nous en avons perdu la fin. Ces deux historiens doivent être fufpects en ce qui regarde les Novatiens, aufquels ils paroiffent favo

rables.

que

Il faut auffi prendre avec précaution ce qu'ils rapportent l'un & l'autre des differentes coutumes des églifes. Ils difent que le jeûne du carême étoit de

Sozom. prafat.

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six semaines avant pâques en Illyrie, en Grece, à Alexandrie, par toute l'Egypte, l'Afrique & la Paleftine. A C. P. & dans toutes les provinces d'alentour, jufques en Phenicie, on commençoit le carême fept femaines avant pâques; mais il y en avoit qui de ces fix ou sept femaines, fept femaines, n'en jeûnoient que trois par intervalles, & cinq jours feulement chaque femaine. Quelques-uns jeûnoient trois semaines de fuite comme à Rome, excepté le famedi & le dimanche. En quoi il y a apparence que Socrate fe trompe, puisqu'à Rome on jeûnoit le Samedi toute l'année. Tous nommoient également carême ou quarantaine le tems de ce jeûne. Il y avoit encore diverfité dans la maniere de jeûner. Les uns s'abstenoient de toutes fortes d'animaux d'autres mangeoient du poiffon, d'autres y joignoient la volaille : d'autres s'abftenoient des fruits & des œufs : quelques-uns ne mangeoient que du pain fec: d'autres pas même du pain. Quelques-uns ne jeûnoient que jusqu'à none, & mangeoient enfuite de tout indiffe

remment.

:

Les jours & la forme des affemblées ecclefiaftiques étoient differens. Par tout on celebroit les faints myfteres le famedi comme le dimanche, hors à Rome & à Alexandrie. En quelques lieux d'Egypte on offroit les mysteres le samedi, mais au soir; & on communioit après avoir mangé, contre la coutume univerfelle. A Alexandrie, on s'affembloit le mercredi & le vendredi; mais feulement pour lire & expliquer les écritures, & faire les prieres, fans celebrer les myfteres. On y faifoit lecteurs & chantres des catecumenes au lieu que par tout ailleurs on

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n'ordon

que

L on Diff. I. an. 440.

n'ordonnoit des fideles. A Cefarée de Capadoce & dans l'île de Chypre, le famedi & le dimanche au foir, après les lampes allumées; c'est-à-dire, à l'office des vêpres, les prêtres & les évêques expliquoient toûjours les écritures. A Alexandrie les prêtres ne prêchoient point; mais l'évêque feul: ce qui avoit été introduit depuis Arius. L'évêque ne felevoit point pendant la lecture de l'évangile, comme il faifoit par tout ailleurs. C'étoit l'archidiacre feul qui lifoit l'évangile : ailleurs les diacres, en plufieurs églifes les prêtres, & l'évêque aux jours folemnels, comme à Ĉ. P. le jour de pâques. A Rome, ni v. quesn. in S. l'évêque, ni aucun autre n'enfeignoit dans les églifes. Sozomene le dit, mais cela n'eft aucunement vraisemblable, & il eft bien plus croïable que Sozomene, qui étoit à C. P. a été mal informé de ce qui fe paffoit à Rome. A Antioche, l'autel étoit tourné à l'Occident, non à l'Orient, comme dans les autres églises. A Rome il n'y avoit que fept diacres, ailleurs le nombre n'en étoit point déterminé. En Scythie, quoiqu'il y eût plufieurs villes, il n'y avoit qu'un évêque: chés les autres peuples on confacroit des évêques, même pour des villages, comme en Arabie & en Chypre. Enfin les ufages & les cerémonies avoient une varieté infinie felon les lieux, chaque églife gardant religieufement fes anciennes coûtumes.

LI. Perfecution en › Afrique

Genferic aïant pris Carthage, partagea ainfi les provinces d'Afrique. Il fe referva la Byzacene Abaritaine, la Getulie, & une partie de la Numi- Vidor. Vitenf die : & distribua à fon armée la Zeugitane & la Proconfulaire. L'empereur Valentinien défendoit

Tome VI.

Hh

lib. I. c. 4.

encore les autres provinces, mais toutes défolées. Genferic manda aux Vandales de chaffer de leurs églifes les évêques, après les avoir dépouillés de tout; ou s'ils refufoient de fortir, de les réduire en fervitude perpetuelle; ce qui fut executé à l'égard de plufieurs évêques & de plufieurs laïques nobles & confiderables par leur dignité. Quodvultdeus évêque de Carthage, & un grand nombre de clercs, furent ainfi chaffés & embarqués fur des vaiffeaux rompus, & toutefois ils arriverent heureusement à Naples. Gaudiofe évêque d'Abitine qui étoit du nombre, y fonda un monaftere il mourut, auffi-bien que Quodvultdeus on conferve encore à Naples les reliques de l'un & de l'autre dans ce monaftere, qui eft à prefent occupé par des religieufes. L'églife honore faint QuodvultMartyr. R.& deus le 16. d'Octobre, & faint Gaudiose le 28. On compte encore onze autres évêques ou clercs, dont les plus fameux font Prifcus & Caftrenfis qui après avoir fouffert divers tourmens en Afrique, furent embarqués fur un vieux bâtiment, foit dans le même voïage, ou dans un autre derent en Campanie, où ils gouvernerent diverfes RHIN a Véglifes. On en fait mémoire le premier jour de Sep

ibi Biron.

Martyr. R. Ó

ibi Baro. v.

Ruin ad tor.c9

Via. I c.s

tembre.

>

& abor

Genferic aïant chaffé l'évêque de Carthage avec fon clergé, donna à ceux de fa religion; c'eft-àdire, aux Ariens, l'église nommée Restitute, où les évêques demeuroient toûjours; & ôta aux catholiques, toutes celles qui étoient dans l'enceinte des murailles avec leurs richeffes. Il s'empara auffi hors la ville de toutes les églises qu'il vousut, & princi

palement de deux grandes & magnifiques de faint Cyprien : l'une au lieu où il répandit fon fang, l'autre au lieu où fon corps étoit enfeveli, nommé Mappalia. Il commanda aux catholiques d'enterrer leurs morts en filence, fans chanter à l'ordinaire ; & envoïa en exil la partie des clercs qui étoit reftée.

Les évêques & les autres perfonnes confiderables, qui étoient demeurés dans les provinces diftribuées aux Vandales, vinrent trouver Genferic, comme il fe promenoit fur le bord de la mer près de Maxule, dans la province Proconfulaire ; & le fuplierent qu'après avoir perdu leurs églises & leurs biens, il leur fut aux moins permis de demeurer pour la confolation du peuple de Dieu, dans les païs dont les Vandales étoient déja les maîtres. Il leur fit dire: J'ai réfolu de ne laiffer perfonne de votre nom & de votre nation; & vous ofés me faire de telles demandes? Il vouloit fur le champ les faire jetter dans la mer : fi les fiens ne l'en euffent empêché à force de prieres. Ces pauvres catholiques fe retirerent penetrés de douleur; & n'aïant plus d'églises, commencerent à celebrer les faints myfteres comme ils pouvoient.

Le comte Sebastien, gendre du comte Boniface, maltraité comme lui par les Romains, s'étoit enfin refugié en Afrique. Genferic ne pouvoit le paffer de fes confeils, & toutefois il le craignoit en forte que voulant le faire mourir, faire mourir, il en cherchoit un prétexte dans la religion. Il lui dit donc un jour en prefence de les évêques & de fes domestiques: Je sçai que vous avés juré de vous áttacher fidelement

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