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quoiqu'ils fuffent occupés à la parole de Dieu ? L'églife n'admet point cette conduite. Si tous en ufoient ainfi, qui les nourriroit? ce n'eft qu'un prétexte d'oifiveté & de gourmandise. Enfin il avertit Calofyrius de ne pas permettre, que les catholiques euffent commerce avec les Meleciens fchifmatiques, qui reftoient encore en Egypte. Le traité qui fuit cette lettre, contient les réponses à plufieurs questions fubtiles Tom. 3.Come.p. de ces moines, fur la création de l'homme. Calosyrius étoit évêque d'Arfinoé, & affifta au faux concile d'Ephese en 449. & enfuite au concile de Calcedoi

119 A.

P 312.

Tom. p. 2. pá

378. B.

ne.

pas

Dans l'homelie de la cene myftique, faint Cyrille parle ainfi contre les Neftoriens: Qu'ils nous difent, quel corps eft la pâture des troupeaux de l'églife, & quel breuvage les rafraîchit ? Si c'est le corps d'un Dieu, Jefus-Chrift eft donc vrai Dieu, & non pas un pur homme. Si c'eft le fang d'un Dieu, le Fils de Dieu n'eft donc feulement Dieu, mais Verbe incarné. Que fi c'est la chair de Jefus-Chrift qui eft nourriture, & fon sang breuvage; c'eft-à-dire, felon eux un pur hommé; comment enfeigne-t-on qu'il ferr à la vie éternelle, comment eft-il diftribué ici & par tout, fans être diminué? Un fimple corps n'est point fource de vie à ceux qui le prennent. Et dans le commentaire fur faint Jean; Lib. x.... il dit, que par la reception de l'euchariftie, notre chair eft unie à celle de Jefus-Christ, comme deux morceaux de cire fondus enfemble: afin que cette union nous uniffe à fa perfonne divine, qui a pris chair; & que la perfonne du Verbe nous uniffe au pere, auquel il eft confubftantiel: enforte que par

Lib. IV. 2.

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863.

Lib. XI. c. 12. 1. 1001. I002.

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ces trois mysteres de la Trinité, de l'incarnation & de l'euchariftie: nous fommes élevés à une union étroite avec Dieu..

II.

Lettres Cane

Ibid. p. 209.

Nous avons deux lettres de faint Cyrille à Domnus évêque d'Antioche, qui ne peuvent des der- niques. être que niers tems de fa vie, puisqu'il ne furvêcut que quatre ans à l'élection de Domnus. L'une eft en faveur d'Athanase évêque de Perrha, qui fut depuis lûë au concile de Calcedoine : l'autre en faveur d'un évêque nommé Pierre, avancé en âge, qui se plaignoit d'avoir été condamné fans être oui, & chaffé de fon fiege, fous prétexte d'une renonciation extorquée, & dépouillé de fes biens. Le fujet de l'accufation étoit d'avoir abufé des revenus de fon église, fur quoi faint Cyrille dit : que Pierre ne doit point en rendre te, & que tous les évêques du monde font affligés d'une telle prétention, parce qu'encore qu'ils doivent conferver à l'église fes immeubles & fes meubles précieux, ils ont la libre administration des revenus. Enfin, on ne doit avoir aucun égard aux actes de renonciation, donnés par crainte contre les loix de l'églife. Si un évêque eft digne du miniftere, qu'il y demeure: s'il en eft indigne, qu'il foit déposé juridiquement.

comp

Sur la plainte des abbés de la Thebaïde, touchant bid. p. 2xx« quelques ordinations irregulieres, faint Cyrille écrivit aux évêques de la Lybie & de la Pentapole, pour leur enjoindre de s'informer exactement de la vie des ordinans ; s'ils étoient mariés ou non, & depuis quand : s'ils avoient été chaffés par quelque évêque, ou de quelque monaftere: afin de n'ordonner que des perfonnes libres & fans reproche.

Tome VI.

LI

AN. 445.

III.

Leon à Diof

core.

Theod.epift. 60.

c.

Le successeur de saint Cyrille dans le fiege d'Alexandrie, fut Diofcore fon archidiacre, qui étoit Lettre de S. en grande réputation de vertu, particulierement de modeftie & d'humilité. Il n'avoit point été marié, & Loberas. 10, gagna d'abord l'affection du peuple d'Alexandrie, en prétant de l'argent fans interêt aux boulangers & aux cabaretiers; afin qu'ils fournissent au peuple du pain blanc & d'excellent vin à bon marché. Mais on prétendoit, que pour trouver le fond de cette dépenfe, il avoit exigé de grandes fommes des heritiers de faint Cyrille, les chargeant de calomnies. Il envoïa à Rome le prêtre Poffidonius, donner part Epift. 11. al. 8. de fon ordination au pape faint Leon, qui fit réponse par une lettre datée du vingt-uniéme de Juin 445. Il y donne à Diofcore quelques inftructions, pour l'uniformité de la difcipline: ne doutant pas que faint Marc n'eût enfeigné à fon église les mêmes regles que faint Pierre, dont il étoit difciple. Saint Leon veut donc que l'on observe à Alexandrie comme à Rome, de ne faire les ordinations des prêtres & des diacres, que le dimanche; què ceux qui donnent l'ordre & ceux qui le reçoivent, foient à jeun. Il veut auffi que dans les grandes fêtes, quand le peuple vient à l'églife en fi grand nombre qu'il ne peut y tenir enfemble, on ne faffe point difficulté de réïterer le facrifice, autant de fois que l'églife, dans laquelle on le doit faire, sera remplie de peuple: déclarant que c'est la coûtume de l'églife Romaine. On voit ici qu'à Rome & à Alexandrie, on n'offroit encore le faint facrifice, que dans une feule église, même aux plus grandes folemniSup. l. XXV. tés. Saint Leon dit : que le prêtre Poffidonius

Sub 1. XXVI. 3. 19.

Epift. 4. ad Anaft. c. 6.

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étoit parfaitement inftruit des ufages de Rome, par AN. 445. les frequens voïages qu'il y avoit faits; ce qui fait croic'eft le même qui avoit été envoïé par S. Cyrille

re que

au pape S. Celeftin.

IV. Plaintes con

tre S. Hilaire d'Arles,

Cependant Celidonius évêque Gaulois vint à Rome fe plaindre de faint Hilaire d'Arles, qui l'avoit déposé dans un concile. Saint Hilaire faifant fa vi- Leo epift. 10. fite avec faint Germain d'Auxerre arriva à la ville, Hilar. rel.. dont Celidonius étoit évêque: apparemment dans la 16 ̧179 province de Vienne. Les nobles & le peuple vinrent auffi-tôt à eux, accufant Celidonius d'avoir épousé une veuve, & d'avoir condamné des gens à mort, pendant qu'il étoit magiftrat. Saint Hilaire & faint Germain ordonnerent, qu'on préparât les témoins. Plufieurs autres évêques d'un grand mérite s'affemblerent avec eux. On examina l'affaire avec toute la maturité poffible: l'accufation fut prononcée; & on jugea fuivant les regles de l'écriture, que Celidonius devoit de lui-même renoncer à l'épifcopat. C'eft de ce jugement qu'il vint fe plaindre au pape faint Leon, vers la fin de l'an 444. Saint Hilaire l'aïant appris, paffa les Alpes nonobstant la rigueur de l'hyver, & vint à Rome à pied: car il faifoit ainfi tous les voïages par amour pour la pauvreté. Après avoir vifité les églifes des apôtres & des martyrs, il vint se presenter à faint Leon, avec toute forte de refpect : le fuppliant de maintenir à fon ordinaire la difcipline des églifes, & fe plai gnant que l'on admettoit à Rome aux faints autels des évêques condamnés dans les Gaules, par fentence du magiftrat. Il le conjura, fi fa remontrance lui eft agréable, de faire corriger fecretement cet

a

Ipift. 10. 6. 4.

abus. Je fuis venu, ajoûta-t-il, seulement pour vous rendre mes devoirs, & non pour plaider ma cause ; & je vous inftruis de ce qui s'eft paffé, non par forme d'accufation, mais par fimple recit: fi vous êtes d'un autre fentiment, je ne vous importunerai pas davantage.

Il

Saint Leon assembla un concile, pour juger cette affaire; & faint Hilaire y prit féance, comme les autres évêques. Le concile ne fut pas content de fes réponses, & faint Leon y trouva trop de hauteur. parut par les dépofitions des témoins, que Celidonius étoit innocent de l'irrégularité pour laquelle il avoit été condamné; c'est-à-dire, d'avoir épousé une veuve. Il fut donc abfous & rétabli dans fon fiege. Saint Hilaire demeura ferme dans fon fentiment & ; & quelque menace qu'on lui fît, encore même qu'il crût la vie en peril: il ne voulut jamais communiquer avec celui qu'il avoit condamné. Voïant qu'il ne pouvoit perfuader le pape & fon concile, il se retira; & nonobstant les gardes qu'on lui avoit donnés, & l'hyver qui duroit encore, il revint à fon églife.

Saint Leon examina enfuite avec fon concile les plaintes de l'évêque Projectus, & d'un grand nombre de citoïens de fa ville, que l'on croit avoir été dans la premiere Narbonoife. Projectus fe plaignoit, que faint Hilaire étoit venu pendant qu'il étoit malade, ordonner un autre évêque à la place, comme fielle eût été vacante: quoique ce fût dans une province étrangere à fon égard; & où avant Patrocle aucun de ses prédeceffeurs ne s'étoit attribué aucun droit. Que cette ordination s'étoit faite fans

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