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attendre le choix du clergé, ni les fuffrages du peuple: avec une telle précipitation qu'Hilaire étoit venu & parti, fans que perfonne en fçût rien. Il ne paroît pas qu'il y eût d'autre preuve de ces faits, que les lettres de Projectus & de ses citoïens. Mais faint Hilaire s'étoit rendu odieux au concile Romain, par la hardieffe avec laquelle il s'étoit défendu dans l'affaire de Celidonius; & encore plus par fa retraite. Ainfi l'ordination qu'il avoit faite fut caffée, & Projectus rétabli dans fon fiége. On accusoit encore faint Hilaire, de s'attribuer l'autorité de regler toutes les églifes des Gaules: c'est-à-dire, comme l'on croit, de ce qui avoit autrefois compofé la province Narbonoife. On l'accufoit d'aller par les provinces, accompagné d'une troupe de gens armés, pour donner des évêques aux églifes vacantes: d'indiquer des conciles, & de troubler les droits des métropolitains. Peut-être étoit-il obligé de prendre quelque escorte, dans les païs occupés par les barbares, & troublés par la guerre.

6. 2.

c. 6.

6.7.

V

Hilaire.

Le concile de Rome lui défendit d'entreprendre Lettres de S fur les droits d'autrui : le priva même de l'autorité Lean contre S. qu'il avoit fur la province de Vienne, lui défendit de fe trouver à aucune ordination, le déclara retranché de la communion du faint fiege, & prétendit lui faire grace, de le laiffer dans fon églife, & ne le pas dépofer. Tout cela paroît par la lettre de faint Leon aux évêques de la province de Vienne : où il releve d'abord la primauté de faint Pierre & l'au torité de l'églife Romaine; & rapporte les plaintes contre Hilaire, qu'il traite de perturbateur de l'union des églifes, de préfomptueux & d'entrepre

id. ep. 10.

(.7.

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nant. Il donne ces regles touchant les ordinations : qu'elles doivent étre refervées aux métropolitains: qu'elles doivent être paisibles & tranquilles : que l'on doit avoir la foufcription des clercs, le témoignage des magiftrats, le confentement du senat & du peuple, & qu'il faut les celebrer le Dimanche. İl ajoûte que chaque province doit le contenter de fon concile, & que perfonne ne doit être excommunié legerement. Il déclare aux évêques des Gaules, qu'il ne veut point s'attribuer le gouvernement de leurs provinces; mais conferver à chacun fes droits & fes privileges, & les maintenir dans l'union. Enfin il leur propofe, de leur donner pour primat, s'ils le veulent bien, l'évêque Leonce, recommandable par fon mérite & par fon grand âge: fans préjudice des droits des métropolitains. On croit que ce LeonV. not. Quen. Ce étoit l'évêque de Frejus, & que faint Leon vouloit introduire en Gaule la difcipline d'Afrique; d'attribuer la primatie au plus ancien évêque, & non à certain fiege. Mais les Gaulois n'accepterent pas cette propofition.

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Int. Nov.

Saint Leon voulut appuïer fon jugement de l'auTheod. tit. 14. torité de l'empereur Valentinien, qui étoit alors à Rome, & obtint un refcrit adreffé au Patrice Aëtius, qui commandoit les troupes des Gaules. Il contient les mêmes plaintes en general contre faint Hilaire, qu'il traite d'entreprenant & de féditieux : qui a offense la majesté de l'empire & le respect du faint fiege. C'est pourquoi, ajoûte l'empereur, nous défendons qu'à l'avenir Hilaire, ni aucun autre, n'emploïe les armes pour les affaires ecclesiastiques; ni que les évêques des Gaules ou des autres provinces.

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entreprenent rien contre l'ancienne coûtume, fans l'autorité du pape : qu'ils tiennent pour loi ce qu'il aura ordonné ; & que tout évêque qui étant appellé à fon jugement aura negligé d'y venir, y foit contraint par le gouverneur de la province. Ce refcrit eft daté du huitiéme des ides de Juin, fous le fixiéme confulat de Valentinien; c'eft à-dire, du fixiéme de Juin

445.

Le dix-neuvième du même mois, autrement le treiziéme des calendes de Juillet, l'empereur Valentinien donna un autre édit contre les Manichéens, fi bien convaincus à Rome, environ dix-huit mois auparavant. Il est adreffé à Albin préfet du prétoire, & renouvelle contre eux toutes les anciennes peines': ordonnant de les pourfuivre par tout où ils feront découverts, & permettant à toute perfonne de les accufer. L'empereur étoit à Ravenne l'année précedente, lorfque les Manichéens furent convaincus ; & apparemment le pape prit occasion de fon féjour à Rome, pour obtenir cet édit.

AN. 445.

Nov. Valent.

Lib. 2. tit. 2.

Nov. 1.eod.lib.

Deux ans après l'empereur Valentinien étant encore à Rome, fit une loi pour renouveller les anciennes peines contre ceux qui fouilloient dans les ti fepulchres, pour en tirer des marbres ou d'autres chofes plus précieuses. On accufoit de ce crime même des clercs; & l'empereur les juge dignes d'une peine plus rigoureufe que les autres. Il veut qu'ils perdent auffi-tôt le nom de clercs; qu'ils foient profcrits & bannis à perpetuité; & il ne veut pas que l'on épargne les évêques mêmes. La loi est adreffée à Albin préfet du pretoire, & patrice, & datée du troifiéme des ides de Mars, fous le confulat de

Nov. Valent.

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Callypius, c'est-à-dire, du treiziéme de Mars 447. Saint Hilaire étant de retour à Arles, s'appliqua Hilie d'Arles. tout entier à appaiser faint Leon, & écrivit plufieurs Vadat lettres fur ce fujet. Il envoïa premierement le prêtre

Vertus de S.

17.

6. 8.

c. 8. Sup. 1, XXIV.

n. 57.

C. 14.

C. 12.

Ravennius, qui fut fon fucceffeur, puis les évêques Nectaire & Conftantius. Auxiliaris préfet des Gaules, qui fe trouvoit alors à Rome, les reçût avec grand refpect; & s'entretint fouvent avec eux des vertus de faint Hilaire, de fa fermeté & de fon mépris des choses humaines. Il parla auffi au pape faint Leon, comme il témoigne écrivant à saint Hilaire ; & il ajoûte : Les hommes ont peine à fouffrir, que nous parlions avec la hardieffe qu'infpire une bonne conscience; & les oreilles des Romains, font d'une extrême délicateffe. Si vous vous y accommodiés un peu, vous gagneriés beaucoup fans rien perdre. Accordés - moi cela, & diffipés ces petits nuages, par un petit changement. Après cette réponse, faint Hilaire reprit les fonctions paftorales & fes exercices de pieté, comme s'il n'eût fait que commencer & s'y donna tout entier, pendant trois ou quatre années qu'il furvêcut jusques en

449.

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con

Dès le commencement de fon épiscopat, iĺ tinua de pratiquer la pauvreté & la mortification, comme il avoit fait étant moine; ne portant qu'une tunique été & hyver, encore étoit-ce un cilice; marchant toûjours nuds pieds, & travaillant de ses mains. On lui mettoit une table devant lui avec un livre & des filets: un notaire prêt à écrire étoit près de lui. Il lifoit & dictoit de tems en tems, remuant toûjours les mains cependant, pour noüer ses cordes

&

& faire fes filets. Il travailloit auffi à la terre aude là de fes forces: aïant été élevé fuivant la nobleffe de fa race. On lifoit toûjours pendant fon repas., & Ginad ç.63. il en introduifit la coûtume dans les villes. Le dimanche il fe levoit à minuit, faifoit à pied trente mille, qui font dix lieuës, affiftoit à l'office, où il prêchoit, ce qui duroit jufqu'à la feptiéme heure, c'est-à-dire, une heure après midi. Il vivoit dans une maison commune avec les clercs, n'aïant que fa cellule comme un autre. Il aimoit tellement les pauvres, que pour racheter les captifs, il fit vendre tout ce qu'il y avoit d'argent dans les églifes, jufques aux vaisseaux sacrés, & se réduifit à des patenes & des calices de

verre.

Il étoit fort éloquent felon le tems, & nous avons un échantillon de fon ftile dans l'éloge de faint Honorat fon prédeceffeur. Les jours de jeûne il entretenoit le peuple par ses discours, depuis midi jufques à quatre heures. S'il n'avoit pour auditeurs, que des gens ruftiques, il s'accommodoit à leur portée par un ftile fimple; mais il le relevoit, s'il furvenoit des gens plus inftruits, tant il étoit maître de fon difcours. Il avoit plufieurs fois averti en particulier le préfet de ce tems-là, des injustices qu'il commettoit dans les jugemens, fans qu'il fe fût corrigé. Un jour il vint à l'église accompagné de ses oificiers, pendant que faint Hilaire prêchoit. Le faint évêque interrompit fon fermon, difant que le préfet n'étoit pas digne de recevoir la nourriture celefte, après avoir méprifé les avis qu'il lui avoit donnés pour fon falut. Le préfet se retira chargé de confufion, & faint Hilaire continua de parler. Tome VI.

M m

C. II.

c. Id.

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