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Tel étoit ce faint évêque; mais il s'épuifa tellement ses jeûnes & ses travaux, qu'il mourut à quarante Gennad. c.ult. huit ans. Sa vie a été écrite Honorat évêque de par Marseille fon difciple, qui témoigne qu'on avoit de lui des homelies fur toutes les fêtes de l'année, une expofition du fymbole, & grand nombre de let

Vittem. 1. S.

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Martyr. R. S

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ren.

VII.

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main en Breta

gue.

per Conft. c. 29.

tres.

Il fut lié d'amitié avec faint Germain d'Auxerre, qu'il nommoit fon pere, & le refpectoit comme un apôtre. Car faint Germain fut obligé d'aller à Arles, Vita S. Germ. folliciter Auxiliaris préfet des Gaules, pour fa ville d'Auxerre : qu'il trouva chargée d'impofitions extraordinaires, à fon retour de la grande Bretagne. Par tout où il paffa dans ce voïage, le peuple alloit au devant en foule, pour recevoir fa benediction, avec les femmes & les enfans. A Alife, Nectariola femme d'un prêtre nommé Senateur, garda de la paille dont elle avoit garni le lit du faint évêque, & un poffedé en étant lié fut délivré. En arrivant à Arles, le préfet Auxiliaris alla contre l'ordinaire bien loin au devant de lui. Il admira fa bonne mine, la politesse & l'autorité de fon difcours, & le trouva au deffus de fa réputation. Il lui fit de grands prefens, lui demanda la guérifon de fa femme, depuis long-tems affligée de la fiévre quarte. Il l'obtint; & accorda auffi à faint Germain la décharge qu'il demandoit pour fon peuple.

ε. 32.

.34.

Saint Germain étant de retour chès lui, fut apellé une feconde fois dans la grande Bretagne, pour Conf.lib.11. c.1. fecourir l'églife contre l'herefie Pelagienne, qui recommençoit à s'y étendre. Saint Germain prit pour l'accompagner en ce voïage, faint Severe évêque de

C. 2.

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Treves, disciple de faint Loup de Troyes. Ils parti- AN. 446. rent l'an 446. En paffant à Paris, faint Germain demanda des nouvelles de fainte Genevieve, & apprit Sup. I. XXV. n. que fa réputation étoit violemment attaquée par divers reproches: lui qui la connoiffoit parfaitement, alla à fon logis, & la falua fi humblement, que tout le monde en fut surpris. Il parla au peuple pour la juftification, & pour preuve de la vertu, montra à l'endroit où elle couchoit, la terre arrofée de fes larmes. Aiant persuadé tout le monde de fon innocence il continua fon voïage, & paffa heureusement en Bretagne.

Les malins efprits publierent fon arrivée par toute l'île en forte qu'un nommé Elaphius, le premier du païs, fans autre avis, vint au-devant des faints évêques, avec fon fils, encore dans la fleur de fa jeuneffe, qui avoit le jarret retiré & la jambe feche. Un grand peuple les fuivit, & faint Germain sçachant qu'ils avoient confervé la foi catholique, pour la plûpart : & que l'herefie étoit enfeignée par peu de perfonnes, les chercha, les trouva & les condamna. Cependant Elaphius lui prefenta fon fils. Saint Germain le fit afleoir, & lui maniant le jarret & la jambe, le guerit en prefence de tout le monde. Le miracle aïant affermi le peuple dans la foi catholique, faint Germain les exhorta à bannir l'erreur d'entr'eux. Tous furent d'avis de chaffer les heretiques de toute l'églife: on les amena aux deux évêques, pour les faire paffer en Gaule bien avant: ainfi la Bretagne en fut délivrée, & conferva la pureté de la

foi.

A peine faint Germain étoit de retour chès lui,

Const.11. c. 3.

c. 4.

c. Sa

VIII.

main d'Auxerre.

c. 6.

qu'il fut appellé par une députation dans la côte Armorique, qui eft aujourd'hui la Bretagne. Aëtius qui commandoit alors en Gaule, voulant punir ces peuples rebelles, y avoit envoïé pour les foumettre Eocharich, roi des Allemans, idolâtre & feroce. Saint Germain y marcha auffi-tôt, & trouva déja dans le païs ce roi barbare, avec quantité de cavalerie. Il avança jufques à ce qu'il le rencontrât, & lui parlant par interprete, le fupplia humblement de s'arrêter. Comme il refufoit, il lui fit des reproches, & enfin prit la bride de fon cheval, l'arrêta, & avec lui toute l'armée. Le barbare, étonné de fa hardieffe, écouta des propofitions de paix, retourna à fon poste, & convint de ne point ravager la province : pourvû qu'elle obtînt fon pardon de l'empereur ou d'Aëtius.

il

Pour l'obtenir faint Germain entreprit le voïage Fia de $ Ger- d'Italie, & alla trouver l'empereur à Ravenne. En paffant chès fon ami le prêtre Senateur, il guerit une fille muette depuis vingt ans ; & dit à Senateur, qu'ils ne fe reverroient plus en ce monde. A Austun, guerit une fille, qui avoit une main retirée & les ongles enfoncés dans la chair. Il arriva à Milan un jour que plufieurs évêques étoient affemblés, pour celebrer la fête de quelques faints; & entra dans l'église pendant la meffe, fans être attendu, ni connu de perfonne. Mais un poffedé s'écria du milieu du peuple, Germain pourquoi nous viens-tu chercher en Italie qu'il te fuffife de nous avoir chaffés de Gaule, & d'avoir vaincu l'Ocean avec nous par ta priere. Le peuple étonné, demandoit qui étoit ce Germain. Enfin malgré la pauvreté de fon habit,

C. 10.

on le reconnut à la majefté de fon vifage. Il avoüa qui il étoit, les évêques le faluerent avec refpect, & le prierent de délivrer le poffedé : il obéït, le tira à part dans la facriftie, & le ramena gueri.

Il fit plufieurs autres miracles pendant le refte du voïage: enforte que tout le monde parloit de lui à Ravenne, où étoit la Cour, & l'attendoit avec impatience. Il y entra de nuit pour ne point faire d'éclat; mais le peuple étoit fur les gardes. Il fut reçu avec grande joye par l'évêque faint Pierre Chryfologue, par , par le jeune empereur Valentinien & fa mere Placide. Elle envoïa à fon logis un grand vafe d'argent, rempli de mets délicats, fans aucun mêlange de chair, faint Germain lui envoïa de fon côté un pain d'orge fur une affiette de bois. L'imperatrice la fit depuis enchaffer dans de l'or; & garda le pain, qui opera plufieurs guerifons miraculeuses. Le faint en fit plufieurs à Ravenne, où fix évêques l'accompagnoient continuellement. Le fils de Volufien chancelier, c'est-à-dire, fecretaire du patrice Sigifvulte, étoit malade à l'extremité d'une groffe fiévre. Le faint y alla à la priere des parens & des évêques. On vint au-devant dire, qu'ils prenoient une peine inutile, & que le jeune homme étoit mort. Les évêques le prierent de ne pas laiffer d'y aller. Ils le trouverent mort & froid; & après avoir prié pour le repos de fon ame, ils s'en retournoient. Auffi-tôt le peuple fe mit à crier, & on pressa le faint de demander à Dieu la vie du jeune homme, il ceda avec peine; & aïant fait fortir tout le monde, il fe profterna près du mort, & pria avec larines. Le mort commença à le mouvoir: il ouvrit les

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c. 19.

yeux, il remua les doigts. S. Germain le releva, il s'affit & revint peu à peu en parfaite fanté. Saint Germain eût facilement obtenu le pardon des peuples de l'Armorique, qui étoient le fujet de fon voïage; s'ils ne l'euflent empêché eux-mêmes par une nouvelle revolte.

Un jour après l'office du matin, comme il parloit avec les évêques de matieres de religion; il leur dit; mes chers freres, je vous recommande mon paffage. J'ai crû voir cette nuit Nôtre - Seigneur, qui me donnoit la provision pour un voïage, & il m'a dit que c'étoit pour aller dans ma patrie, & recevoir le repos éternel. Peu de jours après il tomba malade. Toute la ville en fut allarmée : l'imperatrice l'alla voir, & il lui demanda en grace de renvoïer fon corps dans fon païs; ce qu'elle lui accorda à regret. Il mourut donc à Ravenne le feptième jour de La maladie, qui étoit le dernier de Juillet. Saint Pierre Chryfologue prit fa cuculle & fon cilice : les fix autres évêques partagerent entr'eux le refte de fes habits. L'eunuque Acholius préfet de la chamHift. epifc. Au. bre de l'empereur, dont il avoit gueri un domestique, fit embaumer le corps : l'imperatrice le revêtit d'habits précieux, & donna un coffre de ciprés pour

C. 21.

C. 22.

t.ff.c.7.

0.14.

le

porter: l'empereur fournit les voitures, les frais du voïage, & les officiers pour l'accompagner les évêques eurent foin qu'on lui rendît les devoirs de la religion à Ravenne, & pendant tout le voïàge. Ainfi le convoi fut magnifique : le luminaire étoit fi grand, qu'il brilloit même en plein jour. Par tout où il paffoit, le peuple venoit au-devant & rendoit toutes fortes de fervices. Les uns appla

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