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6.

niffoient les chemins, ou reparoient les ponts : les autres portoient le corps, où du moins chantoient des pleaumes. Le prêtre Saturne disciple du faint, étoit demeuré par fon ordre à Auxerre, où il apprit fa mort par revelation, & la déclara au peuple. Il partit avec une grande multitude, pour aller au devant du corps jufques au paffage des Alpes. A Vien- Alon. Chr. A. ne le corps fut dépofé dans l'églife de faint Etienne, qui venoit d'être bâtie à la porte de la ville, par les foins du prêtre Severe, à la place d'un temple, où les païens adoroient cent dieux. Severe étoit Indien de nation, & fameux par les miracles. Saint Germain lui avoit promis en paffant de venir à la dédicace de fon églife; & en effet le corps arriva le jour même de la dédicace, avant que l'office commençât. Il arriva à Auxerre cinquante jours après fa mort; & aïant été expofé dix jours à la veneration publique, il fut enterré le premier d'Octobre dans l'oratoire de faint Maurice, qu'il avoit fondé, où eft à prefent l'abbaïe celebre de fon nom. Saint Germain tint le fiege d'Auxerre pendant trente ans & vingt-cinq jours par confequent il mourut en 448. Le fiege fut vacant pendant quatre ans, apparem- sp. l. XXIII. ment à caufe de la défolation des Gaules par les ".46.

barbares.

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Heric.1. 25.

IX.

Prifcillianiftes › en Espagne.

Il y avoit toûjours des Prifcillianiftes en Espagne. Saint Turibius évêque d'Aftorga en Galice, en aïant découvert dans fa ville, les convainquit juridiquement avec l'évêque Idace; & ils en envoïerent les actes à Antonin évêque de Merida. Saint Turibius en écrivit au même Idace & à Ceponius, qui femblent avoir été les deux principaux

Lane. fast. an.

21. Valent.

Olymp. 306. Epiji. poft.is Leon.

Eli. Tar.

évêques de Galice. Et voici comme il parle dans cette lettre : J'ai voïagé en beaucoup de provinces, & j'ai trouvé par tout une même foi; mais étant revenu dans mon païs, j'ai reconnu avec douleur les erreurs que l'églife catholique a condamnées il y a long-tems, & que je croïois abolies, pulluller encore tous les jours par le malheur de notre tems, qui a fait ceffer les conciles. Ainfi on s'affemble au même autel, avec une créance bien differente Car quand on preffe ces heretiques, ils nient leurs erreurs, & les cachent de mauvaise foi. Ils ont plufieurs livres apocryphes, qu'ils préferent aux écritures canoniques; mais ils enfeignent encore des chofes qui ne font point dans ceux que j'ai pû lire, foit qu'ils les tirent par interpretation, foit qu'elles foient écrites dans d'autres livres plus feSulio.vin Crets. Dans les actes qui portent le nom de faint Thomas, il eft dit, qu'il ne baptifoit pas avec l'eau, mais feulement vec l'huile : ce que toutefois nos heretiques ne font pas, mais les Manichéens le font. Ils ont encore de prétendus actes de faint André, ceux de faint Jean compofés par Leucius; & le livre intitulé ; la mémoire des Apôtres, où entr'autres blafphêmes, ils font parler Nôtre-Seigneur contre l'ancien teftament. Il n'y a pas de doute que les apôtres ont pû faire les miracles contenus dans ces livres, mais il est constant que les discours ont été inferés par les heretiques. Fen ai tiré divers paffages remplis de blafphemes, que j'ai rangé fous certains titres, & j'y ai répondu felon ma capacité. J'ai crû vous en devoir avertir, afin que perfonne ne garde, ou ne life ces livres, fous prétexte de ne les

12.

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pas

pas connoître. C'est à vous à tout examiner & à con- AN. 447. damner avec vos confreres, ce que vous trouverés contraire à la foi. Cette lettre étoit accompagnée d'un mémoire que nous n'avons plus.

Saint Turibius envoïa à faint Leon une lettre & un mémoire semblable, par un diacre de fon église, nommé Pervincus; & faint Leon lui répondit par une grande lettre du douziéme des calendes d'Août, fous le confulat de Calipius & d'Ardabure; c'est-à-dire, du vingt-uniéme de Juillet 447. Il y marque la punition des premiers Prifcillianiftes, & ajoûte: Encore que l'église rejette les executions fanglantes, elle ne laiffe pas d'être aidée par les loix des princes chrétiens; & la crainte du fupplice corporel fait quelquefois recourir au remede fpirituel. Mais depuis que les incurfions des ennemis ont empêché l'execution des loix ; & que la difficulté des chemins a rendu les conciles rares: l'erreur cachée a trouvé liberté au milieu des calamités publiques. On peut juger de la quantité du peuple qui en eft infecte; puifqu'il y a même des évêques qui l'enseignent.

Saint Leon répond ensuite aux feize articles que S. Turibius lui avoit envoïés, & qui contiennent les mêmes erreurs, que j'ai rapportées en rapportant l'origine de cette herefie. Saint Leon répond fur chaque article précisément & theologiquement, oppofant à ces erreurs les autorités formelles de l'écriture. Outre les livres apocryphes, dont les Prifcillianiftes se fervoient, ils corrompoient encore les livres canoniques. C'est pourquoi faint Leon ordonne, que l'on ne faffe aucun ufage de ces exemplaires falfifiés; & Tome V1.

Nn

X.

Lettre de S.

Leon à S. Turi

ribius.
Leo epift. 15.

al. 93.

Sup. l. XVIII, n. Jo

Sup.1. Xvi n. 56.

C. IS

AN. 447.

C. 16.

Sup. XX. n. 48.

Sup. l. XXVI. # 17.

Idao.Chr. an 23. Valent

par

que les écritures apocryphes foient entierement fup-
primées. Parce qu'encore qu'elles euffent quelque ap-
parence de pieté, elles attiroient dans l'erreur,
les merveilles fabuleufes qu'elles racontoient. Et
comme quelques-uns gardoient des fermons de Dic-
tynnius, quoique pleins de ces erreurs; fous prétexte
qu'il étoit mort dans la communion de l'église : saint
Leon les défend comme les autres. Dictynnius avoit
été évêque d'Aftorga avant faint Turibius, & avoit
abjuré le Prifcillianifme au concile de Tolede tenu l'an

400.

y

Saint Leon marque dans fa lettre la conformité des Prifcillianiftes avec les Manichéens ; & envoïc à faint Turibius les actes de la procedure qu'il avoit faite à Rome contre eux. Il conclut en ordonnant, que l'on tienne un concile, où l'on examine s'il a quelques évêques infectés de cette herefie; & qu'on les fepare de la communion, s'ils ne la condamnent. Il fouhaitoit que le concile fût general, des provinces de Tarracone, de Carthage, de Lufitanie & de Galice; mais s'il s'y trouve quelque obstacle, il veut du moins que les évêques de Galice s'affemblent à la diligence d'Idace, de Ceponius & de Turibius. Ces lettres de faint Leon, tant à faint Turibius, qu'aux autres évêques d'Espagne y furent portées par le diacre Pervincus ; & quelques-uns en Galice le foumirent à fes décifions, mais en apparence feulement.

I arriva, comme faint Leon l'avoit prévû, que les évêques d'Espagne ne purent s'affembler en concile general. Les provinces étoient trop divifées : Rechila roi des Sueves, étoit maître de la Galice:

Cor. Brac. II. c. 5

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le refte étoit fous la domination des Goths. Toute- AN. 447. fois il fe tint deux conciles : l'un en Galice, l'autre des quatre provinces de Tarracone, de Carthage, de Lufitanic, & de Betique : faint Leon écrivit au concile de Galice, par un notaire de l'églife Romaine, nommé auffi Turibius; & le concile des quatre provinces dreffa une confeffion de foi contre les Prifcillianiftes, & l'envoïa à Balconius évêque de Brague, alors métropole de Galice. Nous avons cette confeffion de foi, fuivie de dix-huit articles d'anathême; & c'est à peu près la même qui fe trouve sous le nom de faint Augustin, dans un ancien code de canons de l'églife Romaine. L'églife hono- fert. 14, re la mémoire du faint évêque Turibius le seiziéme 4pr. d'Avril.

To. 2. Conc. p.1228.

V. Quefn. d:f

Martyr. P. 16.

cile.

X I. Lettre aux é

Epift. 16.

Quefn.

Les évêques de Sicile baptifoient, non feulement à pâque & à la pentecôte, mais encore à l'épiphanie: êques de sipour honorer le jour auquel ils croïoient que JefusChrist avoit recû le baptême. Saint Leon l'aïant appris, leur écrivit pour corriger cet abus : les exhortant à suivre la discipline du faint fiége, d'où ils recevoient la confecration épiscopale. Ce qui fait voir que dans les provinces fuburbicaires, c'est-à-dire, la al. . V. not. L partie meridionale d'Italie & la Sicile, il n'y avoit que pape qui confacrât les évêques. Toute la vie de Jefus-Chrift, dit faint Leon, a été une fuite de miracles & de mysteres : mais l'églife ne pouvant les honorer tous à la fois, en a diftribué la mémoire à divers jours. Or c'eft principalement de fa mort & de fa refurrection, que le baptême a tiré fa vertu : & c'eft le facrement qui reprefente plus expreffément l'une & l'autre. Sa mort y eft exprimée, par l'aboli

le

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