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po 668.

XXIII.
Comment:-

ceux qui attaquoient infolemment les vivans & les morts, font confondus; étant obligés à se défendre eux-mêmes, & à enfeigner le contraire de leur doctrine précedente: car perfonne n'ofe plus dire, qu'il n'y a qu'une nature de la divinité & de l'humanité; mais on confeffe que le temple & celui qui y habite, eft un feul Fils Jefus-Christ. Telle est la fameuse lettre d'Ibas à Maris.

Ibas de fon côté demanda qu'on fit lire une lettre écrite en sa faveur au nom de tout le clergé d'Edesse, & adreffée aux deux évêques juges, Photius & Euftathe. Elle marquoit le blafphême dont il étoit accufé, & proteftoit que jamais ils n'avoient rien ouï dire de femblable, ni à lui, ni à aucun autre. Elle finissoit ainfi: Nous vous fupplions de nous renvoïer au plûtôt notre évêque, principalement à caufe de la fête de pâque qui approche, où fa préfence est necessaire, pour les catechefes & le baptême. On voit par là, que cette lettre avoit été écrite pour l'affemblée de Tyr. Elle étoit foufcrite par foixante-un clercs; fçavoir, treize prêtres, trente-fix diacres, onze sous-diacres, & un lecteur. Il est marqué de plufieurs, que leur foufcription étoit en Syriaque. Ce qui montre que les deux langues, la Greque & la Syriaque, étoient en ufage dans cette églife. Sur cette déclaration jointe à tout le refte, Ibas fut renvoïé abfous à Berite; mais nous n'avons pas la fin des actes de cette affemblée.

Eutychés, qui agiffoit de concert avec Uranius cut Enrichs dans fes pourfuites contre Ibas, fut lui-même le chef d'une herefie, oppofée à celle de Neftorius. Il étoit pretre & abbé d'un monaftere de 300. moines, près

de Ĉ. P.

AN. 448.

Liber. brev. c.

IL.

Sup. XXVI. n.

20.

Leo. epift. 19.

al. 6.

de C. P. Il avoit été un des plus zelés adversaires de
Neftorius, & les amis de S. Cyrille le comptoient en-
tre ceux, qui pouvoient agir utilement pour la défen-
fe de la foi. Cette année même, le pape S. Leon aïant Coll. lup. c. 20;.
reçû de lui une lettre, par laquelle il lui mandoît,
que le Neftorianifme reprenoit de nouvelles forces:
lui écrivit pour approuver fon zele & l'encourager. La
lettre de S. Leon eft du premier de Juin, fous le con-
fulat de Poftumien & de Zenon, c'est-à-dire, l'an 448.
Mais les Neftoriens dont Eutychés fe plaignoit,étoient
en effet les catholiques; comme il paroît par une let-
tre fynodale de Domnus d'Antioche à l'empereur
Theodofe. Il y accufe Eutychés de renouveller l'here-
fie d'Apollinaire, en difant, que la divinité du fils
de Dieu & fon humanité ne font qu'une nature, &
attribuant les fouffrances à la divinité; & fe plaint
qu'il anathematifoit Diodore de Tarfe & Theodore de
Mopfuefte, qui avoient défendu la foi contre Apolli-

naire.

Facund.VIII. €;

S.

Eufebe évêque de Dorylée en Phrygie, avoit aussi été un des plus zelés adversaires de Neftorius. C'est le même, qui publia une proteftation contre lui à C. P. n'étant encore que laïque & avocat en 429. La con- sup. xxv. n. 2j formité de fentimens l'avoit lié d'une étroite amitié avec Eutichés, mais enfin il reconnut par fes converfations, qu'il outroit la matiere, & donnoit dans l'herefie oppofée. Il effaïa long-tems de le ramener & le trouvant opiniâtre; non feulement il renonça fon amitié; mais il fe rendit fon accufateur. Il prit occafion d'un concile de trente évêques, qui fe trouvant à Conftantinople, s'y étoient affemblés pour terminer un differend entre Florentius évêque de Sardes, méTome VI.

Qq

1

AN. 448.

X XIV.

P. premiere &

feconde feffion Conc. Calch.

act. 1.

1. p. 150

tropolitain de Lydie, & deux évêques de fa même province.

Concile de C. Donc le fixiéme des ides de Novembre, fous le confulat de Zenon & de Postumien, c'est-à-dire, le huitiéme de Novembre 448. le concile étant affemblé dans la fale du confeil de l'églife cathedrale de C. P. & Flavien y prefidant, après que l'affaire de Lydie fut terminée: Eufebe de Dorylée l'un des évêques assistans, se leva & prefenta un libelle au concile, conjurant les peres qu'il fût lû & inseré aux actes. Flavien le fit lire par Afterius prêtre & notaire. Il portoit qu'Eutychés ne ceffoit de proferer des blafphêmes contre Jefus-Chrift; qu'il parloit des clercs avec mépris, & accufoit Eufebe lui-même d'être heretique : c'est pourquoi il prioit le concile de faire venir Eutychés, pour répondre à son accusation. Flavien dit: Je fuis furpris d'une telle plainte contre Eutychés: prenés la peine de le voir & de l'entretenir, & fi vous trouvés en effet, qu'il n'ait pas de bons sentimens, alors le concile le fera appeller pour fe défendre. Eufebe répondit : J'étois fon ami auparavant, & je lui ai parlé fur ce fujet : non par une ou deux fois, mais plufieurs : depuis qu'il s'eft perverti. Je l'ai averti, je l'ai inftruit il a perfeveré à dire des chofes contre la foi. Je le puis prouver par plufieurs témoins, qui étoient prefens & qui l'ont oüi. Je vous conjure donc de le faire venir: car il corrompt beaucoup de gens. Flavien dit : Donnés-vous encore la peine d'aller à son monaftere & de lui parler, de peur qu'il ne s'excite quelque nouveau trouble dans l'églife. Eusebe dit: Après y avoir été tant de fois, fans le perfuader, il m'est impoffi

ble d'y retourner davantage, & d'entendre ses blafphêmes. Le concile voïant qu'il perfeveroit, ordonna que fon libelle feroit reçû & inferé aux actes; qu'Eutichés feroit appellé par Jean prêtre & défenfeur,accompagné d'André diacre, qui lui feroient lecture du libelle, & l'avertiroient de venir au concile fe défendre.

AN. 448.

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p. 196.

Six jours après, & le douzième de Novembre, fur la requifition d'Eufebe de Dorylée, on fit lire les deux lettres principales de faint Cyrille fur l'incarnation: . 175. B. la premiere à Neftorius, approuvée au concile d'Ephefe; la feconde à Jean d'Antioche, fur la réunion. Après cette lecture, Eufebe déclara, que c'étoit-là fa créance, & fur quoi il prétendoit convaincre fes adverfaires: priant le concile de faire la même déclaration. Flavien dit, que telle étoit fa foi ; que JesusChrist eft Dieu parfait, & homme parfait, compofé d'une ame raisonnable & d'un corps: confubftanticl à fon pere felon la divinité, & à fà mere felon l'humanité ; & que des deux natures unies en une hypoftafe, & une perfonne, il refulte après l'incarnation un feul Jefus-Chrift. Il invita enfuite chacun des évê-ques à dire fon-avis; & ils le firent tous dans le même fens, quoiqu'en diverses paroles; sçavoir Bafile de Seleucie en Ifaurie, Seleucus d'Amafie dans le Pont, Saturnin de Marcianople en Mefie, tous trois métropolitains: Julien évêque de Co, député du pape S. Leon, pour les affaires de l'église romaine à Constantinople, & les autres au nombre de dix-sept en tout. Enfuite Eusebe de Dorylée dit : Quelques-uns des évêques qui font en cette ville ne font pas ici, ou parce qu'ils font malades, ou parce qu'ils n'ont pas fçû

p. 182.

p. 185.

P. 187.

2. 190. D.

7.191. A.

XXV. Troisiéme fef

fion, citations

chés.

la convocation du concile: c'eft pourquoi je demande qu'ils foient avertis. L'archevêque Flavien l'ordonna ainfi.

La troifiéme féance fut tenue au même lieu le luncontre Euty- di quinziéme de Novembre. Eufebe de Dorylée demanda, que ceux qu'on avoit envoïés à Eutychés rendiffent réponse. Flavien ordonna aux notaires de dire ceux qui avoient été envoïés. Les notaires dirent, que c'étoit Jean prêtre & défenseur & André Diacre, & qu'ils étoient prefens. On les fit.approcher, & le prêtre Jean dit : Etant arrivés chés l'abbé Eutychés en fon monaftere, nous lui avons lû le libelle, & lui en avons donné copie; nous lui avons déclaré l'accusateur, & dénoncé la citation pardevant vous, pour se défendre; mais il l'a refufé, difant, que dès le commencement il s'eft fait une loi de ne point fortir, & de demeurer dans fon monaftere en quelque façon comme dans un fepulchre. Mais il nous a priés de vous déclarer, que l'évêque Eusebe est son ennemi depuis long-tems, & n'a intenté fon accufation, que pour lui faire injure. Que pour lui, il est prêt de foufcrire aux expofitions de foi des peres de Nicée & d'Ephese, mais que s'ils fe font trompés en quelque expreffion, il ne veut ni la reprendre, ni la recevoir; & n'étudie que les écritures, comme plus seures que l'exposition des peres. Qu'après l'incarnation il adore une feule nature de Dieu incarné. Et aïant tiré un mémoire femblable, il le lifoit. Il a ajoûté: on m'a calomnié, en me faisant dire, que le Verbe a apporté fa chair du ciel: J'en fuis innocent. Mais que Notre-Seigneur Jesus-Chrift foit fait de deux natures unies felon l'hypoftafe; je ne l'ai point appris dans

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