les expofitions des peres, & je ne le reçois point, AN. 448. quand même on me liroit quelque chofe de femblable; parce que les faintes écritures valent mieux que la doctrine des peres. Cependant je confeffe, que celui qui eft né de la Vierge Marie, eft Dieu parfait & homme parfait, mais non pas qu'il ait une chair consubstantielle à la nôtre. Le diacre André déclara auffi, qu'il avoit oùi tout cela. Et comme le prêtre Jean dit, que le diacre de Bafile de Seleucie, s'étoit trouvé present à cette conversation. Flavien l'interrogea auffi, & il dépofa qu'il avoit oüi la même chofe. p. 197. B.. Eusebe de Dorylée demanda qu'Eutichés fût appellé encore une fois. Flavien dit: Dieu veüille qu'il vienne, & qu'il reconnoiffe fa faute. C'est pourquoi les prêtres Mamas & Theophile iront encore l'avertir, & lui donneront notre lettre de citation. Elle fut lûë, & marquoit que c'étoit la feconde. En attendant le retour des deux prêtres envoïés, le concile faifoit lire les expofitions des peres fur la foi. Alors Eusebe 198; de Dorylée fe leva & dit: Je fçai qu'Eutichés a enyoïé un tome par les monafteres, pour exciter les moines à sedition; je demande que le prêtre de l'Hebdomon, qui eft ici prefent, déclare ce qui en eft.. Flavien le fit avancer, & lui demanda: Comment vous nommés-vous ? Abraham, dit-il. Quel rang tenés-vous ? Je fuis prêtre dans l'Hebdomon fous votre fainteté. Avés-vous oüi ce que l'évêque Eusebe a dé-pofé? Oui, dit Abraham: Manuel prêtre & abbé, m'a envoïé vers le prêtre Afterius, pour donner avis à votre fainteté, qu'Eutichés lui a envoïé un tome. AN. 448. f. 199. Cang. C. P. c. 22 F. 67. touchant la foi, pour le lui faire figner. Eusebe de Dorylée demanda qu'on envoïât aux autres monasteres, pour fçavoir fi Eutichés y avoit envoïé fon tome. Flavien l'accorda, & dit : Le prêtre Pierre & le diacre Patrice iront aux monafteres de la ville le prêtre Retorius & le diacre Eutrope, à ceux de Sycai : les prêtres Paul & Jean à ceux de Calcedoine. Sycai étoit le fauxbourg de Conftantinople, aujourd'hui nommé Pera, qui portoit alors ce nom à caufe des figuiers. : Tandis que Flavien parloit, Aëtius diacre & notaire, dit que les prêtres Mamas & Theophile étoient de retour. Flavien leur ordonna de faire leur rapport, & Mamas dit: Etant arrivés au monaftere d'Eutychés, nous avons trouvé des moines devant la porte, avec lefquels nous fommes entrés, & leur avons dit : Avertiffes l'archimandrite, il faut que nous lui parlions de la part de l'archevêque & de tout le concile. Ils nous ont dit: L'archimandrite est malade, & na peut vous voir : que vous plaît-il ? dites-le-nous. Nous leur avons dit: Nous fommes envoïés à lui-même, avec une citation par écrit, que nous avons en main. Ils font entrés & reffortis, amenant avec eux un moi ne nommé Eleufinius, & difant : L'archimandrite l'a envoïé à sa place; afin que vous lui difiés vos ordres. Nous avons dit: S'il ne veut pas nous recevoir, ditesle-nous. Nous les avons vûs troublés se parlant à l'oreille, & murmurant, de ce que la citation étoit par écrit. Nous leur avons dit : De quoi vous troublésvous ? nous vous dirons ce que porte la citation. Le concile l'avertit pour la feconde fois de venir répon dre àl'accufation de l'évêque Eusebe. AN. 448. P. 22. Alors ils font entrés, & nous ont fait entrer. Nous avons donné à Eutychés la citation: il l'a faitlire devant nous, puis il a dit : Je me fuis fait une loi de ne point fortir du monaftere, fi la mort ne m'y contraint: l'archevêque & le concile voïent que je fuis vieux & caffé. Ils peuvent faire ce qui leur plaira: je les prie feulement que perfonne ne fe donne la peine de venir pour une troifiéme citation; je la tiens pour faite. Il nous a preffés de nous charger d'un papier, mais nous l'avons refufé, en difant: Si vous aves quelque chose à dire, venés le dire vous-même. Nous n'avons pas même voulu en entendre la lecture, il l'a foufcrit; & comme nous fortions, il nous a dit qu'il l'envoïoit au concile. Le prêtre Theophile confirma le rapport de Mamas; & le concile ordonna, qu'Eutychés feroit cité pour la troifiéme fois, par Memnon prêtre & treforier, Epiphane & Germain diacres, chargés d'une citation par écrit, pour le qua- p. 103triéme jour après, c'est-à-dire, le dix-feptiéme de No vembre. XXVI. Quatrième & fion. Le jour fuivant de la troifiéme feffion, c'est-àdire, le feiziéme Novembre, fur tenuë la quatrième. cinquiénie fefAfclepiade diacre & notaire dit : Quelques moines d'Eutychés & l'archimandrite Abraham demandent à entrer. Flavien dit: Qu'ils entrent; & comme il leur demanda le fujet de leur venuë, Abraham dit : qu'Eutychés: les avoit envoïés: parce qu'il étoit malade; & ajoûta: En verité il n'a point dormi toute la nuit, & n'a fait que gemir. Je n'ai point dormi non plus; car il m'avoit envoïé querir dés hier au foir; & il m'a dit quelque chofe pour vous dire. . p. 206. 1.207. Flavien dit: Nous ne le preffons pas; c'est à Dieu de donner la fanté, & à nous d'attendre, qu'il le porte mieux; nous ne fommes pas cruels. Dieu nous a établis pour exercer l'humanité. Abraham dit : Il m'a chargé de quelque autre chose, que je dirai fi vous m'interrogés. Flavien dit: Comment fe peut-il faire, je vous prie, qu'un homme étant acculé, un autre parle pour lui? nous ne le preffons pas, s'il vient ici, il trouvera des peres & des freres; il ne nous est pas inconnu, nous confervons encore de l'amitié pour lui. S'il est venu autrefois foûtenir la verité contre Neftorius, combien plûtôt, doit-il venir la défendre pour luimême ? Nous fommes hommes; plufieurs grands perfonnages se font trompés. Il n'y a point de honte à se repentir, máis à demeurer dans fon peché. Qu'il vienne ici, & qu'il confeffe fa faute, nous lui pardonnons le paffe; & qu'il nous affure pour l'avenir, de fe conformer aux expofitions des Peres, & de ne plus dogmatifer. Il le faut, je le connois avant que vous le connuffiés. Et après qu'on fe fût levé, Flavien ajoûta: Vous connoiffés le zele de l'accusateur; le feu même lui paroît froid. Dieu fçait combien je l'ai prié de fe moderer. Je ne l'ai pas perfuadé ; que puis-je faire? Veux-je votre perte? Dieu m'en garde. Le lendemain dix-feptiéme de Novembre, se tint la cinquiéme feffion. Le prêtre Memnon député pour la troifiéme citation, fit ainfi fon rapport. Eutychés a dit : J'ai envoïé l'archimandrite Abraham, pour confentir en mon nom à tout ce qui a été déclaré par les peres de Nicée & d'Ephese, & par par le bien-heureux Cyrille. Eusebe de Dorilée craignant de passer pour calomniateur, si le concile se contentoit de cette déclaration, interrompit le rapport du prêtre Memnon, & dit : Il vient maintenant confentir? Je ne l'ai pas accufé de l'avenir, mais du paffé. Si on lui donne maintenant une expofition, qu'on lui faffe foufcrire par neceffité; ai-je pour cela perdu ma caufe? Flavien dit : Perfonne ne vous permet de vous defifter de l'accusation, ni à lui de ne fe pas défendre du paffé. Eufebe dit: Je vous prie que cette parole ne me faffe point de préjudice; j'ai de bons témoins. Autrement dites aux voleurs qui font en prifon: Ne volés plus déformais, ils le promettront tous. Memnon continua fon rapport, & dit, qu'Eutychés avoit demandé un délai du refte de la femaine, › promettant de se presenter au concile le lundi fuivant. Enfuite on fit venir ceux qui avoient été envoïés aux monasteres, s'informer du tome d'Eutychés; & le prêtre Pierre dit: Nous avons été au monaftere de Martin prêtre & archimandrite; & l'aïant interrogé, il nous a dit : Vendredi dernier, douziéme de ce mois de Novembre, Eutychés envoïa fon tome par un diacre nommé Constantin, me priant d'y foufcrire. Je le refufai, difant, que ce n'est pas à moi à foufcrire, mais feulement aux évêques. sista, disant : Si vous ne confpirés maintenant avec moi, l'évêque m'accablera & viendra enfin fondre fur vous. De-là nous avons été trouver le prêtre & archimandrite Faufte. Flavien interrompant le rapport, demanda: que difoit l'abbé Martin du contenu de ce tome, qu'il n'a pas voulu foufcrire ? Pierre Tome VI. Rr in AN. 448. |