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6249

c. 25.

Liv XVIII.

Sup.n.19.

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les miracles. Les Pelagiens fe cachoient; mais enfin honteux de fe condamner par leur filence, ils vinrent à une conference. Ils fe prefenterent bien accompagnez & remarquables par leurs richesses & leurs habits éclatans:une multitude infinie de peuples s'assem bla à ce fpectacle. Les faints évêques laifferent parler les heretiques les premiers, & après qu'ils eurent difcouru long-tems, ils leur répondirent avec une grande éloquence foûtenue des autorités de l'écriture, en forte qu'ils les réduifirent à ne pouvoir répondre : le peuple avoit peine à retenir ses mains, & témoignoit fon jugement par fes cris. Alors un homme qui avoit la dignité de tribun, s'avança avec sa femme, préfentant aux faints évêques leur fille âgée de dix ans & aveugle. Ils lui dirent de la presenter aux Pelagiens, mais ceux-ci fejoignirent aux parens, pour demander aux faints évêques la guerifon de la fille. Ils firent une courte priere, puis faint Germain invoqua la fainte Trinité, & aïant ôté de fon cou le reliquaire qu'il portoit, il le prit à fa main & l'appliqua devant tout le monde fur les yeux de la fille, qui recouvra la vûë aussitôt. Les parens furent ravis, le peuple épouvanté; & depais ce jour tout le monde fe rendit à la doctrine des faints évêques.

Ils allerent enfuite rendre graces à Dieu au tombeau du martyr S. Alban, le plus fameux de la Bretagne : S. Germain fit ouvrir le fepulcre & y mit les reliques. de tous les apôtres & de plufieurs martyrs, qu'il avoit ramaffées de divers païs, puis il prit fur le lieu même de la pouffiere encore teinte du fang de S. Alban,l'emporta avec lui, & à fon retour bâtit une église en fon H. Ehoneur dans la ville d'Auxerre, où il mit les reliques.

Antis. p. 416.

a

Les Saxons & les Pictes faifoient la guerre aux Bretons: les Pictes étoient des barbares de la partie feptentrionale de l'Isle, ainfi nommés parce qu'ils fe peignoient le corps de diverfes couleurs. Les Saxons étoient des peuples de Germanie, que les Bretons avoient appellez à leur fecours contre les Pictes, & qui depuis s'étoient joints à eux, pour s'établir en Bretagne, comme ils firent environ vingt-cinq ans après. Les Bretons épouvantez eurent recours aux faints évêques. C'étoit le carême, & par leurs inftructions plufeurs demanderent le baptême, en forte qu'une grande partie de l'armée le reçût à Pâques dans une églife de feuillées que l'on dreffa en pleine campagne. Après la fête ils fe préparerent à marcher contre les ennemis, animez de la grace qu'ils venoient de recevoir, & attendant avec grande confiance le fecours de Dieu. Saint Germain fe mit à leur tête, & fe fouvenant encore du mêtier qu'il avoit fait en fa jeuneffe, il envoïa des coureurs pour reconnoître le païs, & posta ses gens à couvert dans une vallée, fur le paffage des ennemis, qui s'attendoient à les furprendre. S. Germain avertit les fiens de faire tous le même cri dont il donneroit le fignal. Il cria trois fois Alleluya, toute l'armée fit à même tems le même cri, qui étant multiplié par les échos des montagnes, fit un bruit si terrible, que les barbares en furent épouvantés. Ils jetterent leurs armes, s'enfuirent en confufion, abandonnerent leur bagage, & plufieurs fe noïerent en paffant une riviere. Ainfi les faints évêques aïant délivré la Bretagne des Pelagiens & des Saxons, repasferent en Gaule & retournerent chez eux. Pour affuzer encore plus la religion dans cette isle, le pape S.

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col. 6.

41.

Celeftin y renvoïa le diacre Pallade, qu'il avoit ordonné évêque pour les Scots ou Ecoffois; & ce fut le premier évêque de cette nation, qui jufques-là avoiť été très-barbare. S. Jerôme témoigne qu'ils n'avoient point de mariages reglez, & qu'ils mangeoieut la chair humaine, jufqu'à couper les mammelles des femmes, ad Ocean & 2. & les autres parties charnues de ceux qu'ils trouvoient à l'écart. Saint Pallade fut envoïé évêque en Ecoffe fous le confulat de Baffus & d'Antiochus, c'est-à-dire, l'an 431.

Her. ep. 8.

in Jovin.c.

Profp.ch.

XIX.

Lettre de Jean

d'Antioche Neftorius.

1.p.cone Eph.

6 21. 6. 24.

ε. 25.

à

pour

Saint Cyrille ayant reçû par le diacre Poffidonius les lettres du pape faint Celestin, les envoïa à ceux à qui elles étoient adreffées, & accompagna de fes lettres celles qui étoient pour Jean d'Antioche, & Juvenal de Jerusalem, qui avoit fuccedé à Praïle depuis trois ou quatre ans. Il exhorte Jean à fe déterminer, déclarant que pour lui, il est refolu de fuivre le jugement du pape & des évêques d'Occident, pour conferver leur communion. Il dit à Juvenal qu'il faut écrire à l'empereur, afin qu'il prenne l'interêt de la religion, & délivre l'églife de ce faux pafteur. Il marque à l'un & à l'autre qu'il a fait fon possible, pour ramener Neftorius à la raison.

Jean d'Antioche étoit ami de Neftorius, qui avoit été tiré de fon clergé. Ainfi fur la lettre de faint Cyrille, il lui écrivit, lui en envoïant la copie, & de celle du pape faint Celeftin. Je vous exhorte, dit-il, à les lire de telle forte, qu'il ne s'éleve aucun troup.com. Ept ble dans votre efprit : puifque c'eft de-là que viennent fouvent les difputes & l'opiniâtreté pernicieuse: Mais auffi, dit-il, ne méprifés pas cette affaire, car le démon fçait pouffer fi loin par l'orgueil celles qui

f

ne font pas bonnes, qu'il n'y a plus de remede. Lifez AN. 430. ces lettres avec application, & appellés à cet examen quelques-uns de vos amis, à qui vous laiffiés la liberté de vous donner des confeils utiles, plûtôt qu'agréables. Encore que le terme de dix jours marqué par la lettre du très-faint évêque Celeftin foit très-court, Vous pouvés faire la chofe en un jour, même en peu d'heures. Car il eft facile, en parlant de l'incarnation de notre Seigneur, de fe fervir d'un terme convenable, ufité par plufieurs des par plufieurs des peres, & qui exprime veritablement sa naissance de la Vierge. Vous ne devés ni rejetter ce terme comme dangereux, ni penfer qu'il ne faut pas vous dédire. Si vous êtes dans les mêmes fentimens que les peres & les docteurs de l'églife, comme nous avons appris par plufieurs amis communs, quelle peine avés-vous à déclarer votre faine doctrine, principalement dans ce grand trouble, qui s'est élevé à votre sujet : Car fçachez que cette question est agitée au près & au loin: toute l'églife en est émûë, & par tout les fideles en font tous les jours aux mains. Vous le verrés clairement par la chofe même. L'Occident, l'Egypte & peut-être la Macedoine, ont refolu de rompre l'union que Dieu a accordée à son églife, par les travaux de tant d'évêques, & principalement du grand Acace. Il entend Acace de Berée, & parle de l'union qui finit le fchifme d'Antioche du tems de l'évêque Alexandre, & du pape faint Innocent.

Il continue à exhorter fortement Neftorius d'emploïer le mot de mere de Dieu Theotocos, puifqu'au-cun des docteurs de l'église ne l'a jamais rejetté, & que plufieurs s'en font fervis, fans être repris par ceux

Sut. liv.

XXIII. n. 7.

AN. 428. qui ne s'en fervoient pas. Il montre que l'on ne peut rejetter la fignification de ce mot, fans tomber dans des erreurs dangereuses, puisqu'il s'enfuivra contre l'autorité manifefte de l'écriture, que ce n'est pas Dieu qui s'eft incarné & anéanti en prenant la forme d'esclave. Il ajoûte : Si avant ces lettres plufieurs étoient fi emportez contre nous, que ne feront-ils point maintenant qu'elles leur donnent une fi grande autorité? Je vous écris ceci, non pas seul; mais avec plufieurs évêques de vos amis, qui fe font trouvez prefens, quand on m'a rendu ces malheureuses lettres; fçavoir, Archelaüs, Apringius, Theodoret, Heliade, Melece & Macaire, qui vient d'être ordonné évêque de Laodicée. Il ne marque le fiege que de celui-ci, parce que Neftorius connoiffoit les autres. Jean d'Antioche écrivit en même-tems au comte Irenée ami commun, & aux évêques Mufée & Helladius.

X X. Réponse de Neftorius.

ad coll. Chr. Lug. c. 3.

Neftorius aïant vû toutes ces lettres, répondit à Jean d'une maniere honnête, mais au fonds, il demeura toûjours opiniâtre dans fon erreur. J'aurois crû, dit-il, être expofé à toute autre calomnie, que d'errer contre la foi: moi, qui ait tant combattu jufSynod. Baluz. qu'à prefent contre tous les heretiques; & enfuite: J'ai trouvé ici l'église divifée, les uns appelloient la fainte Vierge feulement mere de Dieu, Theotocos; les autres feulement d'un homme, Anthropotocos: pour les réünir, je l'ai nommée mere de Chrift, Chriftotocos; nom qui fignifie clairement l'un & l'autre, le Dieu & l'homme. Soïés donc en repos fur cette affaire, & perfuadé que j'ai, toûjours les mêmes sentimens fur la vraie foi. Si nous nous yoïons dans le con

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