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AN. 430.

substance : Les troubles qui font dans l'église nous ont fait juger indispensable, de convoquer les évêques de tout le monde, quelque répugnance que nous aïons à les fatiguer; c'eft pourquoi votre pieté fera en forte, quand la prochaine fête de Pâque fera paffée, de se rendre à Ephese pour le jour de la Pentecôte, & d'amener avec elle les évêques qu'elle jugera convenables; en forte qu'il en refte affès pour les affaires de la province, & qu'il en vienne affès pour le concile.. Personne cependant n'innovera rien en particulier, le concile foit affemblé. Nous ne doutons pas que tous les évêques n'y viennent promptement; si quelqu'un y manque, il n'aura point d'excuse devant Dieu ni devant nous. Donnée à C. P. le treizićme des calendes de Decembre, fous le treiziéme con-fulat de Theodofe, & le troifiéme de Valentinien, Sacra per Jonn. c'est-à-dire, le dix-neuviéme de Novembre l'an 430. C. Ephef La ville d'Ephese fut choifie comme de facile accès par mer & par terre, & abondante en toutes les chofes neceffaires à la vie.

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XXIV.

avant que

Outre la lettre circulaire, il y en eut une particuliere à faint Cyrille, où Theodofe l'accufe d'être l'auteur du trouble de l'églife, & fe plaint de ce qu'il a écrit deux lettres differentes, l'une à lui & à fon époufe Eudocia, l'autre à fa fœur Pulquerie, comme fi la famille imperiale étoit divifée: ajoûtant toutefois qu'il lui pardonne, & l'exhortant à concourir dans le concile à la tranquillité de l'églife. Cette lettre fait voir la préoccupation de l'empereur Theodose contre S. Cyrille.

S. Auguftin fut appellé nommément au conDerniers ou cile fur la grande réputation : car on ne voit pas

vrages de faint

Liberat bre

d'autre raison de le distinguer entre tant d'évêques. AN. 430. Un officier nommé Ebagnius fut chargé de la lettre de l'empereur, mais n'étant arrivé à Carthage que Augustin, vers Pâque de l'année suivante 431. il apprit que faint Augustin n'étoit plus au monde, & retourna à C. P. avec les lettres de l'évêque Capreolus à l'empereur, ViAY. 6. S. pour lui en donner avis. Le dernier ouvrage de faint Augustin fut la feconde réponse à Julien, qu'il laiffa imparfaite. Julien avoit écrit quatre livres contre le premier livre de S. Augustin, des nôces & de la concupifcence. Mais quand il eût vû le second, il en compofa huit pour y répondre ; & les adressa à Florus évêque Pelagien, un de ceux qui fe retirerent avec lui à C. P. Julien ne favoit pas que saint Augustin eût compofé fix livres, pour répondre à Les quatre premiers: il ne favoit pas même fi on l'en croit, que faint Augustin eût vû ces quatre livres, & il pouvoit l'ignorer, car il étoit en ce tems-là en Cilicie. Saint Augustin accablé d'autres occupations, avoit peine à fe réfoudre à répondre à ces huit livres, qui ne contenoient que des injures & des difcours vagues : toutefois faint Alypius. le preffa tant qu'à la fin il l'entreprit craignant pour les ignorans qui liroient cette réponse de Julien, fans en appercevoir la foibleffe. Saint Augustin travailla à cet ouvrage jufqu'à la fin de ses jours, & en compofa fix livres, qui répondent aux fix premiers des huit de Julien. Il met d'abord ses paroles, puis il répond article par article. Comme Julien ne faifoit guere que repeter ce qu'il avoit dit dans fon premier ouvrage; auffi faint Auguftin dans celui-ci eft souvent obligé de redire ce qu'il avoit déja dit..

:.

AN. 430.

XXV. Défolation de l'Afrique.

Po fid. c. 18.

Mais on ne laisse pas d'y trouver des paffages trèsforts & très-importans, où les mêmes verités font mieux dévelopées, & mifes en un plus grand jour. Dans les dernieres années de fa vie, & depuis les retractations, il fit un extrait des preceptes moraux de l'écriture, qu'il nomma fpeculum, c'est-à-dire, miroir, parce qu'en lifant, les fideles peuvent voir l'état de leur ame, & le progrès qu'ils font dans la vertu. Il n'y met que ce qui fert à regler les mœurs, & encore les préceptes propofés directement & fimplement, fans figure & fe fert non pas de la verfion faite fur le grec des feptante, comme il avoit accoutumé, mais de la verfion de faint Jerôme fur l'hebreu, comme plus claire. Il commence aux loix qui font données après le décalogue dans l'Exode, & continue à tirer les préceptes de morale de tout l'ancien teftament: fans omettre les livres que l'églife reçoit pour canoniques, quoi qu'ils ne foient pas dans le canon des Hebreux. Il commence l'extrait du nouveau teftament au fermon de la montagne, & continuë jusqu'à l'Apocalypfe. Comme entre tant de paffages de l'écriture, il s'en rencontre quelques-uns qui femblent oppofés, il avoit deffein de les expliquer dans des queftions qu'il propoferoit ensuite, mais il n'executà pas ce deffein.

Cependant les Vandales continuoient de ravager l'Afrique, & cette défolation rendit très-amer à faint Augustin, le dernier tems de fa vie. C'est ainfi qu'en parle Poffidius évêque de Calame témoin oculaire; & il ajoûte : Il voïoit les villes ruinées, & à la campagne les bâtimens abatus, & les habitans tués ou mis en fuite: les églifes defti

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tuées de prêtres & de miniftres, les vierges facrées & AN. 430! les autres religieux difperfés de tous côtés. Les uns avoient fuccombé aux tourmens, les autres avoient peri par le glaive : les autres en captivité aïant perdu l'integrité du corps, de l'efprit & de la foi, fervoient des ennemis durs & brutaux. Il voïoit que les hymnes & les louanges de Dieu avoient ceffé dans les églifes, dont les bâtimens même en plufieurs lieux étoient confumés par le feu. Que les facrifices folemnels qui font dûs à Dieu, avoient ceffé dans leurs lieux propres ; c'est-à-dire, que faute d'églises, on les celebroit dans les maisons, ou en d'autres lieux profanes. Que l'on ne demandoit point les facremens, ou qu'il n'étoit pas facile de trouver quelqu'un pour les administrer à ceux qui les demandoient. Que ceux qui s'enfuïoient dans les bois, fur les montagnes, dans les cavernes & les rochers, ou dans les fortereffes, étoient pris & tués, ou mouroient de faim, manquant des chofes neceffaires. Que les évêques & les clercs, à qui Dieu avoit fait la grace de ne pas tomber entre les mains des ennemis, ou de s'en fauver après y être tombé, étoient dépouillés de tout & réduits à la derniere mendicité fans qu'il fût poffible de leur donner à tous les fecours qui leur étoient neceffaires. Que de ce grand nombre d'églises d'Afrique, à peine en reftoit-il trois, Carthage, Hippone & Cirthe, qui ne fuffent pas ruinées, & dont les villes fubfiftaffent.

c. jo.

Dans ces alarmes, faint Auguftin fut confulté par Honorat évêque de Thiave, pour favoir files évêques ou les clercs devoient fe retirer à l'aproche des barbares. Saint Auguftin lui envoïa d'abord Eph. 228.

AN. 430.

une lettre qu'il avoit écrite fur le même sujet à un évêque nommé Quodvultdeus, & que nous n'avons plus; mais Honorat ne s'en contenta pas; fe fondant fur cette parole de Jesus-Chrift: Quand on vous pourMatth. 10.13. fuivra dans une ville, fuïés dans une autre. A quoi un autre évêque ajoûtoit: Si le Seigneur nous a commandé de fuir dans les perfecutions où l'on

Epift. 228. n.

Joan. X. 12.

peut gagner le martyre: combien plus dans les incurfions des barbares, où il n'y a que des fouffrances fteriles? Saint Augustin répondit par une grande lettre, où il donne des regles pour le conduire en de telles occafions. A cette parole de Jefus-Chrift il oppofe ce qu'il dit, que le mercenaire s'enfuit quand il voit venir le loup; & ajoûte, que pour accorder ces deux autorités, il faut dire que quand le péril eft commun, les pasteurs & les miniftres de l'église ne doivent point abandonner le troupeau. Leur miniftere lui eft toûjours neceffaire, & .8. particulierement en ces tems d'affliction, où le peuple a befoin d'être confolé & fortifié, où le peril preffant fait courir à l'église toutes fortes de perfonnes, pour demander le baptême, la reconciliation ou du moins la penitence. Alors files ministres manquent, quel malheur pour ceux qui fortent de ce monde fans être regenerés ou déliés, quels reproches contre les miniftrès abfens ? Il faut craindre ces maux fpirituels plus que tous les maux temporels, plus que la mort & les tourmens. Car le premier devoir du pasteur, eft de donner au troupeau la nourriture neceffaire; & il ne doit pas en l'abandonnant, commettre un mal certain`, par la crainte des maux in

1.7.

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certains,

Que

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