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Ful.

AN. 452.

Martyr. R. 5.

XXXVII.

S. Euthymius

dofe.

Vita S. Euthym, 2. $6.

a

écrit le concile de Calcedoine, & le pape S. Leon. Un diacre nommé Athanafe, dit un jour à Theodofe au milieu de l'église, comme il étoit affis dans le trône : Ceffe de faire la guerre à Jesus-Christ, & de diffiper fon troupeau; & connois enfin l'affection que nous portons à nôtre vrai pasteur. Nous ne faurions entendre la voix de l'étranger. Comme il parloit ainsi, il fut tiré dehors par les fatellites de Theodofe; & après lui avoir fait fouffrir toutes fortes de tourmens, on lui coupa la tête, fon corps fut traîné par un pied dans toute la ville, & donné à manger aux chiens. L'église honore sa mémoire, comme martyr le cinquième Juillet.

Dorothée gouverneur de Palestine, étoit alors occupé contre les barbares dans le païs des Moabites. Aïant appris ce qui s'étoit paffé à Jerusalem, il revint en diligence avec de bonnes troupes, pour y mettre ordre, mais les Gens de Theodofe & d'Eudocie lui fermerent les portes, & ne le laifferent point entrer, qu'il n'eût promis d'adherer au schifme, comme tous les moines & toute la ville. Theodofe occupa ainfi pendant vingt mois le siege de Jerufalem.

Il s'efforça même d'attirer à son parti saint Euthyrefifte à Theo- mius. Premierement, il le manda; mais le faint homme ne voulut pas venir à Jerufalem. Theodofe lui envoïa deux abbez, Elpide disciple & fucceffeur de faint Paffarion, & Geronce, qui gouvernoit le monaftere de fainte Melanie. Saint Euthymius leur dit: Dieu me garde de prendre part aux crimes de Theodofe, ou à fon erreur. Elpide & Geronce répondirent: Il faut donc que nous recevions le dog

:

me de Neftorius, autorifé par le concile de Calce. AN. 452. doine en difant que l'on reconnoît Jesus-Christ en deux natures. S. Euthymius repliqua: Je n'ai pas lû tous les actes du concile; mais pour la définition de foi, je n'y trouve rien à reprendre. Il leur expliqua enfuite, comme le concile reconnoiffoit les deux natures en Jesus-Chrift, fans aucunes divifions de perfonnes, fuivant la doctrine de S. Cyrille. Elpide approuva fon difcours, & reconnut qu'il étoit conforme à la foi catholique : toutefois il ne quitta pas 59i fi tôt la communion de Theodofe; mais Geronce demeura opiniâtre dans l'erreur; & ils retournerent ainfi divifez. Theodose ne se rebuta pas, & envoïa encore differentes perfonnes, pour tâcher de gagner S. Euthymius, qui voïant fon impudence, avertit les abbez de ne point communiquer au fchifme, & fe retira dans le fonds du defert. Plufieurs anacoretes l'aïant appris, l'y fuivirent; & faint Euthymius y demeura jufqu'à ce que l'on eût chaffé Theodose.

Il y avoit un fameux anacorete nomme Gerafime, qui après avoir pratiqué long-tems la vie monastique en fon païs, qui étoit la Lycie, étoit venu depuis peu s'établir dans le defert près du Jourdain. Il avoit été entraîné avec les autres anacoretes dans l'erreur de Theodofe; mais aïant oüi parler des vertus de S. Euthymius, il vint le trouver à Rouba, & aïant demeuré affez long-tems avec lui, il confentic à la définition du concile de Calcedoine, & renonça à la communion de Theodofe, avec quatre autres anacoretes, Pierre furnommé Tournit, Marc, Jullon & Silvain. Gerafime bâtit à un quart de lieüe du O oo ij

AN. 452. Jourdain, une laure & un monaftere. La laure étoit compofée de foixante & dix cellules, éloignées les unes des autres; le monaftere étoit au milieu, desti. né pour les novices & les jeunes gens. Les cellules de la laure étoient pour les moines plus avancez dans la perfection. Ils y demeuroient feuls pendant cinq jours de la femaine, depuis le lundi jufqu'au vendre di; & quand ils en fortoient, ils laiffoient la porte ouverte, pour montrer qu'ils n'avoient rien, dont les autres ne fe puffent fervir s'ils vouloient. Le famedi & le dimanche, ils venoient communier au monaftere. Saint Gerafime mourut l'an 454. le cinquiéme de Mars; jour auquel l'église honore fa mé

Vita S. Cypriaci. p.107. Martyr. R.

S. Mart.

XXXVIII.
L'abbé Gelafe

dofe.

Cotel Man. Gr. to. I, 415.

p. 415.

moire.

L'abbé Gelafe foutint auffi le concile de Calcerefifte à Theo- doine contre Theodofe. Celui-ci dès le commencement de fon fchifme, l'alla trouver dans fon monaftere, & lui parla contre le concile, comme aïant autorifé le dogme de Neftorius. Gelafe connoiffant le perfonnage, amena un jeune enfant de ses disciples, qu'il avoit reffufcité, étant mort par accident, & dit à Theodofe : Si vous voulez difputer sur la foi, voici qui vous repondra : car je n'ai pas le loifir de vous entendre. Ainfi Theodofe s'en alla confus. Enfuite quand il eut ufurpé le fiege de Jerufalem, il envoïa querir l'abbé Gelafe, & ufant de careffes & de menaces, il le fit entrer dans le fanctuaire, & lui dit : Anathematifez Juvenal. Gelafe lui dit fans s'étonner: Je ne connois point d'autre évêque de Jerufalem que Juvenal. Theodofe craignant que fon exemple n'en attirât d'autres, le fit chaffer de l'église. Les fchifmatiques le prirent & mirent du bois autour de lui,

menaçant de le brûler; mais quand ils virent qu'il AN. 452. ne s'étonnoit point, ils craignirent le foulevement

du peuple, à caufe de fa grande reputation, & le laifferent aller.

On connoît le defintereffement de l'abbé Gelafe Ibid. p. 410. par cet exemple. Il avoit un livre écrit en parchemin, contenant l'ancien & le nouveau teftament, qui valoit dix-huit fols d'or, c'est-à-dire, 144.-livres. Il l'avoit mis dans l'églife, afin que tous les freres le puffent lire. Un moine étranger le déroba, & le faint vieillard ne le pourfuivit point, quoi qu'il s'en fût apperçû. L'autre étant allé dans la ville, chercha à le vendre, & en demanda feize fols d'or. Celui qui vouloit l'acheter, lui demanda permiffion de l'examiner, & le porta pour cet effet à l'abbé Gelafe, qui lui dit : Achetez-le, il eft beau, & vaut bien ce prix. L'acheteur dit au vendeur : Je l'ai montré à l'abbé Gelase, & il m'a dit que c'eft trop cher, & qu'il ne vaut pas le prix que vous dites. Le vendeur lui dit: Ne vous a-t-il rien dit de plus ? Non, répondit l'autre. Alors il répondit: Je ne le veux plus vendre; & touché de repentir, il vint trouver Gelafe, & lui voulut rendre fon livre; mais il refufa de le reprendre. Le moine lui dit : Si vous ne le reprenez, je n'aurai point de repos. Il le reprit donc ; & le moine étranger converti par cette action, meura avec lui jufqu'à la mort.

de

XXXIX.
S. Leon arrête

Chr. Profp. Du

L'Occident cependant étoit troublé par les ravages d'Attila, qui aïant repare fes pertes de l'année Attila. précedente, entra en Italie par la Pannonie, & couFut librement plufieurs provinces. On craignoit pour Rome, & il pensoit à l'attaquer; mais les fiens O oo iij

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Chr.

an.

AN.

452.

Fornand p. 475.

C. 42.

ge

l'en détournerent, par l'exemple d'Alaric, qui n'avoit pas vêcu long-tems après l'avoir pillée. L'empereur Valentinien & Aëtius même fongeoient à abandonner l'Italie; mais auparavant on jugea à propos રે de tenter des propofitions de paix. On envoïa à Attila le pape S. Leon avec Avienus confulaire & Trygetius, qui avoit été prefet: Ils le trouverent dans la Venetie, en un lieu nommé Ambuleium au passadu Menzo. Outre la réputation de fes cruautez, fa figure feule étoit terrible. Il étoit de petite taille, Id. p. 471. mais il avoit la démarche fiere, la poitrine large, la tête groffe, les yeux petits, vifs & toûjours en mouvement, le nez plat, la barbe claire, les cheveux gris, le teint brun; marquant fon origine, & tel que font encore les Tartares. Quoi qu'il fût fort brave il combattoit plus de la tête que de la main; étant très habile pour les confeils. Il le laiffoit fêchir à ceux qui fe foumettoient, & traitoit bien ceux à qui il avoit une fois donné sa parole. Comme il hefitoit s'il iroit à Rome, cette ambaffade le détermina. Il eut tant de joie d'avoir vû S. Leon, qu'il écouta favorablement fes propofitions; il arrêta les actes d'hoftilitez, & fe retira au-delà du Danube, avec promeffe de faire la paix.

Novel. Valent.

tit. 12.

L'empereur Valentinien étoit à Rome, où il fit une loi le dix-feptiéme des calendes de Mai, fous le confulat d'Herculan, c'est-à-dire, le quinziéme d'Avril de cette année 452. qui reftraint la Jurifdiction ecclefiaftique, & les privileges des clercs. Elle porte, que l'on fe plaint fouvent des jugemens des évêques, & pour y remedier, elle déclare, que l'évêque n'a pouvoir de juger, même les clers, que

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