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La lettre de faint Leon à Theodoret, tend à le AN. 453. confoler & le confirmer dans le bon parti qu'il avoit pris. D'abord ces paroles font remarquables. Nous nous glorifions en nôtre Seigneur, de ce qu'il n'a permis que nous perdions aucun de nos freres; mais ce qu'il avoit auparavant défini par nôtre ministere il l'a confirmé par le confentement irrevocable de toute la fraternité; & a montré que ce que le premier de tous les fieges avoit decidé, a été reçû par le jugement de toute la Chrétienté. Car de peur que le confentement des autres fieges, ne parût une flatterie, ou qu'on pût former quelqu'autre foupçon fâcheux, il s'en est trouvé qui ont difputé fur notre jugement. Et enfuite: La verité paroît plus clairement & s'imprime plus fortement, quand ce que la foi avoit enseigné auparavant, eft enfuite confirmé par l'examen. Car le miniftere facerdotal éclate manifeftement, quand les premiers gardent l'autorité, fans diminuer la liberté des inferieurs, & l'examen tourne à une plus grande gloire de Dieu. On voit ici que la décifion de foi prononcée par le pape, est examinée par les autres évêques en toute liberté ; & qu'après qu'ils l'ont confirmée par leur confentement, il n'eft plus permis d'y toucher. Saint Leon dit enfuite à Theodoret : Quoique vous n'aïez pas besoin d'instruction, nous croïons vous devoir avertir dans l'occafion préfente, qu'en combattant les ennemis de l'églife, nous devons mefurer nos dif cours avec une extrême précaution. Il ne faut plus difputer comme de chofes douteufes, mais établir avec une entiere autorité, ce qui eft défini dans le concile de Calcedoine. Il ne faut laiffer aux ennemis Tome VI.

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AN: 453.

fet.

XLVII.

Fin de Thodo

de l'église aucune occafion de calomnie; comme fi en combattant les Neftoriens & les Eutychiens, nous avions cedé aux uns ou aux autres. Il faut les condamner également, & les frapper d'anathême, fans hefiter, toutes les fois que l'utilité des auditeurs le demande. Vous venez encore de l'apprendre par experience. Mais beni foit Dieu, dont la verité invincible vous a montré net de toute tache d'heresie, fuivant le jugement du fiege apoftolique. Il le charge ensuite de l'avertir des progrès que fera la saine doctrine en Orient. Quiconque fera reflexion fur la conduite paffée de Theodoret, verra aisément l'utilité de ces avis.

On croit que Theodoret vêcut encore quatre ou cinq ans, & jusques vers l'an 458.. On rapporte à ces derniers tems fon traité des fables heretiques, comLib. IV. c. ult. pofé après le concile de Calcedoine; puifqu'il y parÎe de l'herefie d'Eutychés comme absolument condamnée. Ilécrivit cet ouvrage à la priere de Sporace, un des commiffaires du concile, & conful l'année 452. & il le loüe de ce qu'au milieu de la cour & de fes grand emplois, il fait fon principal foin de la connoiffance des chofes divines, & de l'étude de la Prafas. in fin. verité. L'ouvrage eft divifé en cinq livres, le premier comprend les herefies qui établiffoient deux principes, & difoient que Dieu ne s'étoit incarné qu'en apparence, commençant à Simon le Magicien, & finiffant à Manés. Le fecond livre est de ceux qui difoient, que Jefus-Chrift n'étoit qu'un pur homme, depuis Ebion jufqu'à Photin. Le troifiéme contient divers herefies, entr'autres des Montanistes & des Novatiens. Le quatrième les he

1

C. 12.

Id. hift. Theod.

refies plus nouvelles, depuis Arius jufquà fon tems AN. 453. Il finit par Neftorius & Eutychés, & parle fi fortement contre Neftorius, que ce chapitre eft fufpect. Le cinquiéme livre eft une expofition de la doctrine catholique, pour fervir de refutation aux herefies. Ce fut auffi dans ces derniers tems de fa vie, qu'il écrivit à la priere d'Hypatius fon corévêque, les que. c. 13. n. 5. tions fur l'octateuque, c'eft-à-dire, fur les huit premiers livres de l'écriture, favoir les cinq de Moïfe, Jofué, les Juges & Ruth. Il en écrivit auffi fur les Rois & les Paralipomenes. Ainfi il finit fa vie faintement, comme il l'avoit commencée, dans la paix & la communion de l'églife. Il refte de lui prés de cent cinquante lettres.

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V. Garn. D.ff. 2

c. 3.

les de GauTom. 4. conc. p.

XLVIII.

1020.

i

4

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Conc. Calch c.

S 9. 13. 7. 4.

1. 7. 8.

Cette même année 453. fous le confulat d'Opilion, il fe tint un concile à Angers le quatrième d'Octo le. bre, où affifterent fept évêques; favoir Leon de Bourges, Cariton, Rumoride, Viventius du Mans, Thalaffius nouvel évêque d'Angers, dont l'élection fut l'occafion de ce concile. On y fit, douze canons, dont quelques-uns ordonnent conformément au concile de Calcedoine, que les clercs ne plaident point devant les juges feculiers, fans le confente- Cone. Andeg c. ment de leurs évêques ; qu'ils ne voïagent point, fans leur permiffion & leurs lettres; qu'il ne leur foit pas permis de porter les armes, ou d'exercer des charges feculieres; que les moines vagabonds foient excommuniez. On y défend les violences & les mu. c. 3. 4. tilations de membres; on déclare excommuniez ceux qui auront livré des villes. Tout cela marque les défordres caufez par les incurfions des barbares, qui ravageoient dans les Gaules. Ce fut apparem

p. 1048.

1812.

100. V. not.

AN. 453. ment dans ces commencemens de son épiscopat, que Thalaffius confulta S. Loup de Troyes & S. EuTom. 4. Conc. phrone d'Autun fur quelques points de difcipline. Nous avons leur réponse, où ils marquent la maniere de celebrer la veille de Noël, celle de Pâques & de l'Epiphanie. Que l'on fouffroit des portiers bigames, mais non pas des exorciftes ou des foudiacres. On rapporte à peu prés au même tems, le fecond Tom. 4. Conc. concile d'Arles dont on ne fait ni l'année, ni les Sirm. ibid. &. évêques qui y ont affifté: on ne convient pas même du nombre des canons, qui est tout ce qui nous en reste. On en compte jufqu'à cinquante fix; mais on croit que quelques-uns font tirez d'autres conciles. Les plus remarquables font : le dixième, qui porte, que ceux qui font tombez dans la pefecution, & qui ont renoncé volontairement à la foi, feront lept ans de penitence, fuivant le concile de Nicée, c'est-à dire fuivant que Rufin l'avoit rapporté dans fon hiftoire. Car le concile même dans l'onzième Sup. liv. XI. n. 21. Canon leur impofoit douze ans de penitence. Au refte, il ne paroît pas qu'il y eût alors d'autre perfecution, que celle des barbares infideles, qui ravageoient l'empire. Le vingt-troifiéme canon regarde les reftes d'idolâtries qui fe trouvoient encore chez les Gaulois. Il porte que fi dans le territoire de quelque évêque, les infideles allument des flambeaux, ou reverent des arbres, des fontaines ou des pierres, l'évêque qui néglige d'abolir cet abus, elt coupable de facrilege. Si le maître ou celui qui le fait faire ne se corrige, il fera excomunié. Le vingt-deuxième porte, qu'on ne peut donner la penitence aux gens mariez, que de leur confente

Lib. 1. c. 5. can. 12.

ment, c'eft à dire, à l'un des deux, du confente. AN. 454. ment de l'autre, parce que l'état de penitence engageoir à la continence, comme il paroît par le canon precedént.

&c.

XLIX. Lettres de faint

An. 454

Epift. 99.

Epift. 100. al. 65.

S. Leon aïant apris le retabliffement de Juvenal à Jerufalem, en rendit graces à l'empereur Marcien Leon à Proterius, par une lettre du neuvieme de Janvier, fous le confulat d'Aëtius & de Studius, c'est à dire, l'an 454. En même-tems il en écrivit à Julien de Co, par qui il avoit appris cette agréable nouvelle : lui marquant aussi qu'il avoit reçu des lettres de Proterius d'Alexandrie, qui rendoient un témoignage suffisant de fa foi. Or il y avoit lieu de s'en défier, parce qu'il étoit difciple de Diofcore. Mais S. Leon fe plaint de ce qu'en lisant publiquement à Constantinople sa lettre au concile de Calcedoine en prefence des évêques & des prêtres, on n'en a lû que la premiere partie, qui regardoit la foi, & non la feconde, touchant l'entreprise d'Anatolius.

Il écrivit quelque-tems après à Proterius, qui lui Epiß. 103. avoit écrit & déclaré qu'il recevoit fa lette Flavien. Il exhorte à maintenir la pureté de la foi, & à ramener les fectateurs d'Eutychés en leur faifant voir combien la doctrine catholique eft éloignée de celle de Neftorius. Montrez leur, dit-il, que vous ne leur enseignez que ce qu'ont enfeigné leurs peres particulièrement Athanafe, Theophile & Cyrille, dont vous leur lirez premierement les ouvrages, & enfuite ma lettre à Flavien, afin qu'ils en voïent la conformité. Il l'exhorte auffi à maintenir la discipline, à conserver la dignité de son église, & contenir fous fon autorité tous les évêques d'E

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