Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 430.

fut contraint de quitter Antioche, par ordre du Gouverneur, qui le relegua à Calcis avec les difciples. S'étant déguilé en mandiant, il alla dans un monaftere nommé Crithen, & fut bien étonné d'y trouver fon institut de pfalmodie perpetuelle. Il jugea, comme il étoit vrai, que cette maison avoit été fondée par un de fes difciples.

Enfin il quitta la Syrie, & avec vingt de fes moines il retourna à C. P. où il fonda un monaftere près l'églife de S. Menne. En peu de tems il y eut jufqu'à trois cens moines de diverfes langues, Grecs, Latins & Sy→ riens, tous Catholiques, & dont plufieurs avoient demeuré dans d'autres monafteres. Il les divifa en fix chœurs, qui chantoient l'office tour à tour, fe fuccedant les uns les autres; en forte que Dieu étoit loué en ce monaftere à toutes les heures du jour & de la nuit. De là leur vint le nom d'Acemetes Acoimétai, qui fignifie en grec des veillans, ou gens qui ne dorment point, parce qu'il y avoit toûjours une partie de la Nil. ap. Vales, communauté qui veilloit. Comme ils ne travailloient point, & n'avoient autres biens que leurs livres, on admiroit comment ils pouvoient fubfifter, & on les foupçonnoit d'être de la fecte des Meffaliens. Alexandre fut arrêté par deux fois. On voulut l'obliger à interrompre fa pfalmodie perpetuelle: on renvoïa fes difciples à leurs premiers monafteres, enfuite on le mit en liberté, croïant qu'il demeureroit feul. Mais le jour même qu'il fortit de prison, ses moines le rejoignirent, & ils recommencerent leur pfalmo

in Theod. IV.

6. I.

die. Il s'en alla avec eux vers l'embouchure du PontEuxin, y fonda un monaftere, & y mourut vers l'an

430.

AN. 430.

Autre lettre

Ap. Mercat. Garn. p. 80.

Sur la fin du mois de Novembre 430. & après la convocation du concile d'Ephese, Neftorius écrivit au pape faint Celestin en ces termes : J'ai appris que XXVIII. le venerable Cyrille évêque d'Alexandrie, épouvan- de Neft. rius au té par les plaintes qui nous ont été préfentées contre pape. lui, cherche à éviter le faint concile, qui fe doit tenir à cause de ses accufations; & s'attache à des paroles; favoir, aux mots de Theotocos & Chriftotocos, dont il admet l'un & rejette l'autre, qu'il admet pourtant quelquefois. Pour moi je ne m'oppofe pas à ceux qui veulent dire Theotocos, pourvû qu'ils ne l'entendent pas comme Arius & Apollinaire, pour confondre les natures; mais je n'hefite pas à préferer le mot de Chrifotocos, comme emploïé par les anges & les évangeliftes. C'eft qu'il infiftoit fur les paffages de l'évangile, où en parlant de la nativité temporelle du fils de Dieu, il est nommé Jesus ou Christ. Il continuë : Si nous confiderons deux fectes contraires, dont l'une n'emploïe que le mot de Theotocos; favoir, favoir, celle! d'Arius ou d'Apollinaire: l'autre ne se sert que tropotocos; favoir, celle de Paul de Samofate que la premiere ne reconnoît Marie, que mere de Dieu, & la feconde, ne la reconnoît que mere d'un homme ne faut-il pas effaïer de ramener les uns & les autres, par un nom qui fignifie les deux natures, qui eft celui de mere de Christ, Chriftotocos? J'ai écrit ceci à l'évêque d'Alexandrie, comme vous verrés par les lettres que je vous envoïe. Au refte il a plû au très-pieux empereur d'indiquer un concile écuménique, pour y examiner d'autres affaires ccclefiaftiques. Car pour cette question de mots, je ne trois pas que la discussion en soit difficile. Il y a

d'An

, parce

AN. 430. apparence que Neftorius envoïa cette lettre avec celle de l'empereur, pour la convocation du concile écuménique.

XXIX. Ses derniers fermons.

[ocr errors]

V. not. Baluz
P. 4:26

année

430.

por

Cependant les quatre évêques députez par le concile d'Alexandrie, étant arrivez à Ĉ. P. allerent à la cathedrale un dimanche, pendant que l'on celebroit l'office, où tout le clergé étoit préfent, & prefque Gene Eph. a. tous ceux qui portoient le titre d'illuftres. Ce dimanche étoit le trentiéme de Novembre de la même Ils rendirent à Neftorius les lettres de faint Cyrille & de saint Celestin : Neftorius les prit, & leur dit de venir le lendemain le trouver en par-ticulier; mais quand ils vinrent, il leur ferma les Ap. Mercat. tes, & ne leur fit point de réponse. Six jours après Carnfort le huitiéme des ides de Decembre, c'est-à-dire, le fixiéme du mois qui étoit un samedi, il fit dans l'églife un fermon, qui est comme l'abregé de toute fa doctrine. Il s'emporte contre faint Cyrille fans le nommer, mais il le défigne affez par le nom d'Egyptien : il le défie au combat, & l'accufe de l'attaquer avec des fleches d'or, c'est-à-dire, en diftribuant de l'argent, qui étoit un reproche que l'on faifoit à Libell. Bafil. Neftorius même. Il marque l'oppofition des évêques d'Alexandrie contre ceux d'Antioche, contre Melece & Flavien, & contre faint Chrifoftome, tiré de la même églife, pour faire croire que la difpute préfente n'eft qu'une fuite de la jaloufie de ces deux fieges. Il fe plaint qu'on lui fait un procés fur le feul mot de Theotocos, qu'il feint d'accorder, mais avec des explications malignes. Il fe défend des erreurs de Paul de Samofate & de Photin, qu'il rapporte & diftingue foigneufement; il propofe le

n. 4.

mot

mot de Chriftotocos, comme le remede à toutes les AN. 430.

erreurs.

Il fit encore un autre fermon, le lendemain dimanche feptiéme de Decembre, où il dit nettement que la Vierge eft mere de Dieu, & mere de l'homme : mais expliquant toûjours le mot de Theotocos, comme dangereux. Par fes fermons, il prétendoit répondre aux lettres des deux conciles de Rome & d'Alexandrie, que les députez d'Egypte avoient fans doute publiées; mais comme les douze anathêmes de S. Cyrille étoient ce qu'il y avoit de plus fort contre Nestorius, il entreprit de les combattre par douze anathêmes, qu'il propofa de fon côté.

Jean d'Antioche aïant eu copie de la derniere lettre de faint Cyrille à Neftorius, fut auffi choqué de fes douze anathêmes, & crut qu'en voulant s'oppofer à Neftorius il avoit excedé lui-même, & étoit tombé dans l'erreur d'Apollinaire. Il donna donc ordre aux deux plus favans évêques de fa province, André de Samofate & Theodoret de Cyr, d'y répondre par écrit, comme ils firent. André composa cet écrit au nom des Orientaux, qui l'approuverent en un concile. Theodoret mit fon nom à fon écrit, qui étoit plus aigre que celui d'André. Il le répandit en Phenicie & dans les païs voifins, & l'envoïa à C. P. d'où Evoptius évêque de Ptolemaïde dans la Pentapole l'envoïa à faint Cyrille, André & Theodoret écrivirent tous deux avant le concile d'Ephese.

[blocks in formation]

XXX.

Commen cemens de

Theodoret, qui fe rendit fi fameux en cette difpute: : étoit né à Antioche vers l'an 387. fes parens Theodoret. étoient nobles, riches & pieux, particulierement fa

Tome VI.

H

AN. 430.

Theod. Pi

loth. c. 3.

7.

c. 9.

Epift. 81. Nom.

par

mere qui après treize ans de sterilité, obtint ce fils les prieres du fameux folitaire Macedonius le Critophage. C'eft pourquoi il fut nommé Téodoret, c'est-à-dire, Dieu-donné. Il reçût souvent dans fon enfance la benediction de faint Pierre de Galatie & Sup. XVII de faint Aphraate; & fut confacré à Dieu dès le Philoth. c. 8. berceau, fuivant la promeffe de fes parens. Il fut élevé dans un monaftere, qui étoit à trois mille d'Apamé, & à foixante-quinze mille d'Antioche, où il venoit quelquefois, & y reçut l'ordre de lecteur étant encore jeune. Il contracta une amitié particuliere avec Neftorius, & Jean depuis évêque d'Antioche, & devint lui-même fort celebre pour fa doctrine & fon éloquence. Enfin, il fut élevé malgré lui à l'épiscopat vers l'an 423. aïant paffé jusques-là tout le tems de fa vie dans le Monaftere, dont il conferva toûjours les pratiques.

P. 954 A.

Epift. 119. p.

991. A.

Philoth. c. 12. p.832. C.

Philoth, c. 17.

fin.

Procop. lib 11.

6. II.

Epift. 81.

par

La ville de Cyr, dont il fut évêque, étoit dans la partie de Syrie nommée Euphratefienne. On difoit de adif. just. que les Juifs l'avoient fondée en l'honneur de Cyrus au retour de la captivité. Elle étoit peu confiderable elle-même, mais elle avoit huit cens paroiffes dans fa dépendance. Theodoret distribua Ep. 113. fin Ton patrimoine auffi-tôt après la mort de fes parens, & ne fit aucune acquifition, ni de maison, ni de terre, ni même d'un fepulchre. Ni lui, ni les fiens ne reçûrent jamais rien de perfonne : pas un habit, pas un pain. Il ne poffedoit que des haillons dont il étoit vêtu. Toutefois il bâtit des revenus de l'églife, des galeries publiques & deux grands ponts, & fit reparer les bains. les bains. Il fit un aqueduc pour diftribuer abondamment de l'eau dans la ville,

« AnteriorContinuar »