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AN.474.

P. 84.

XXXIII.

Mort de Leon.

Zenon empereur.

17.

Chr. Marcell.

Chr. Pafch.

vironner, & tous les autres ornemens de l'église. Le feptiéme jour de Mai il vint à la laure, transfera le faint corps de fes propres mains, & l'enferma dans le fepulchre enforte qu'on ne pût l'ouvrir, ni rien emporter des reliques. Il s'y fit une infinité de miracles. Le patriarche emmena avec lui Martyrius & Elie, & les fit prêtres du faint Sepulche. Quant à Domitien, il étoit mort fept jours après le faint, suivant fa prophetie: il le fervit plus de cinquante ans, & fut fon parfait imitateur.

L'empereur Leon après avoir regné feize ans, mourut à CP. au mois de Janvier l'année fuivante, 474. fous le confulat de fon petit fils Leon, fils de fa fille Ariane & de Zenon. Zenon fe fit déclarer emEvagr. 11. hift. c. pereur au mois de Février par fon fils Leon, qui n'avoit au plus que trois ans, & qui mourut au mois de Theod. lett. p. sss. Novembre; enforte que Zenon demeura feul empereur. Si-tôt qu'il fe vit le maître, il s'abandonna fans Evag. 11. hift.c.1. reserve à ses mauvaises inclinations: il ne comptoit rien pour honteux ou illegitime, & fembloit perfuadé qu'il y avoit de la baffeffe à fe cacher pour faire le mal, & qu'il étoit de la dignité d'un empereur de le faire à découvert. Pendant qu'il menoit ainsi une vie dissoluë, son empire étoit ravagé par les barbares; au levant par les Sarafins ou Arabes Scenites, au couchant par les Huns, qui avoient paffé le Danube fans trouver de refiftance, & pilloient la Trace. Zenon plus barbare encore achevoit de ruïner fes peuples, leur ôtant par force ce qu'il leur reftoit. Auffi ne fut-il pas long-tems paisible. Dès l'année fuivante 475. en laquelle il étoit feul conful, s'étant brouillé avec fa belle-mere Verine, veuve de l'em

c. 2.

Evagr. 111. c. 30

Chr. Marc.
Chr. Pafch.

LIVRE VINGT-NEUVIE' ME.

575 AN. 475

556.

Theod. lect. 1. p.

pereur Leon, il craignit qu'elle ne le fit affaffiner, & s'enfuit en Ifaurie fa patrie, où fa femme Ariane le suivit. Basilisque frere de l'imperatrice Verine se fit reconnoître empereur avec fon fils Marc, & regna environ deux ans. Il ne valoit pas mieux que Zenon; Con... 356. & fa femme Zenodie l'engagea dans le parti des Eutychiens.

L'empire d'Occident étoit encore en un état plus pitoïable. Anthemius après avoir regné près de cinq ans, fut tué à Rome l'onziéme de Juillet, fous le confulat de Feftus & de Marcien, c'est-à-dire, l'an 472. par ordre de Ricimer fon gendre, qui mourut luimême de maladie le dix-huitiéme d'Août fuivant. Anicius Olibrius qui avoit époufé à CP. Placidie fille de Valentinien III. fut reconnu empereur d'Occident; mais il mourut le vingt-troifiéme d'Octobre. Après un interregne de quatre mois, Glycerius prit le titre d'empereur à Ravenne le cinquième de Mars 473. mais il ne regna que quinze mois, & fut dépofé & ordonné évêque de Salone en Dalmatie. On élut à fa place le vingt-quatrième de Juin 474. Jules Nepos, qui regna quatorze mois; & fut chaffé dans la Dalmatie le vingt-huitième d'Août 475. Alors le patrice Orefte, que Nepos avoit fait maître de la milice, fit reconnoître empereur fon fils Romulus ou Momyle, autrement nommé Auguftule, qui fut déclaré empereur à Ravenne le dernier jour d'Octobre fui. vant. Il ne regna que dix mois: car ceux du parti de Nepos appellerent en Italie Odoacre roi des Turcilingues & des Herules, qui étoit en Pannonie. Il fe rendit maître de Rome le vingt-troifiéme d'Août 476. sous le confulat de Bafilifque & d'Harmatius

Candid. ap. Phod.

XXXIV.
Fin de l'empire

d'Occident.
Evagr. II. hift. c.

16.

Chr. Caffiod. Fir

and. p. 47-

Morcell. Chr

Anonym. Cust•

AN. 476.

indiction quatorziéme. Il fit mourir Oreste à Plai fance, & envoïa le jeune Augustule à une petite ville de la Campanie. Ainfi finit l'empire d'Occident: car Odoacre ne prit ni le titre d'empereur, ni la pourpre & les ornemens imperiaux, mais feulement le nom de Roi d'Italie. Le refte de l'Occident obéïffoit à divers rois barbares: l'Afrique aux Vandales, l'Espagne & une grande partie de la Gaule aux Goths, le refte de la Gaule aux Bourguignons & aux Francs, partie de la grande-Bretagne aux Anglois Saxons. Les Francs & les Anglois étoient encore idolâtres,tous les autres peuples que j'ai nommés étoient Ariens. Le patrice Ricimer, qui avoit fi long-tems 11. gouverné à Rome, étoit auffi Goth & Arien, & il avoit pris l'oratoire de fainte Agate, pour fervir aux affemblées de fa fecte. Mais l'églife indépendante des révolutions temporelles fe foutenoit au milieu de ces défordres, comme elle avoit fait fous les perfecutions des trois premiers ficcles.

Infript. ap. Baron.

an. 472. Greg.

epift. 19

dialog. c. 30.

XXXV

S. Severin de Notique.

Vita S. Sever. No

Janu.

Odoacre allant en Italie, visita saint Severin fameux folitaire, qui demeuroit fur le Danube près de Vienne. Sa cellule étoit fi baffe qu'Odoacre, qui étoit un jeune homme de fort grande taille, se baifric. ap. Boll. 8. fa pour ne pas toucher au toit; & le faint lui prédit la gloire qu'il alloit recevoir: car comme il prenoit congé, il lui dit: Allez en Italie : vous portez maintenant de chetives fourures; mais vous ferez bientôt de grandes liberalités. Quand Odoacre fe vit établi dans fon roïaume, il fe fouvint de la prédiction de faint Severin, & lui envoïa des lettres, le priant de lui demander tout ce qu'il voudroit. Le faint lui demanda le rappel d'un nommé

Ambroise

Ambroise qui avoit été exilé, & l'obtint. Il prédit devant plufieurs perfonnes nobles, qu'Odoacre regneroit entre treize & quatorze ans.

Saint Severin eft regardé comme l'apôtre du Norique. On ne fait point le lieu de fa naissance, & il prit grand foin de le cacher; mais la pureté de son latin faifoit juger qu'il étoit de Rome, ou de quelqu'autre endroit d'Italie. L'amour de la perfection le porta à fe retirer en Orient, où il pafla quelque tems dans la folitude. Enfuite il vint dans le Norique, qui eft aujourd'hui l'Auftriche, alors continuellement expofé aux courfes des barbares. Le faint étoit le refuge des peuples dans ses miseres publiques. Souvent il apprenoit par revelation les deffeins des barbares, & avertiffoit les habitans de leur marche ; il les exhortoit à détourner les maux qui les menaçoient, par des prieres & de bonnes œuvres, & à païer exactement les dîmes, pour foulager les pauvres. Il rachetoit les captifs, gueriffoit les malades, chaffoit les fauterelles qui ruïnoient le païs. Plufieurs églifes le demanderent pour évêque; mais il difoit que c'étoit affez de s'être privé de fa chere folitude, pour venir par ordre de Dieu dans cette province, où il fe trouvoit fi souvent environné des peuples affligez.

con

Il établit plufieurs monafteres, dont le plus fiderable étoit fur le bord du Danube près de Vienne. Mais il le quittoit fouvent, pour aller à deux lieües au-delà dans un endroit écarté prier plus tranquillement. Souvent la charité l'obligeoit d'aller en divers lieux confoler les habitans dans leurs allarmes continuelles : car ils fe croïoient en feureté quand il Tome VI. Dddd

fon

étoit avec eux. Il inftruifoit fes difciples par exemple plus que par fes paroles, & leur recommandoit fur tout l'imitation des anciens & l'éloignement du fiecle. Excepté les fêtes, il ne mangeoit qu'après le foleil couché, & en carême une fois la femaine. Il dormoit tout vêtu fur un cilice étendu fur le pavé de fon oratoire : il marchoit toûjours nuds pieds, même lorsque le Danube étoit gelé. Il prédit le jour de fa mort deux ans auparavant, & avertit fes difciples que tout le peuple du païs pafferoit dans une province Romaine; leur ordonnant de le Mart. 8. Janu, suivre & de transporter son corps. Il mourut en 482. le huitiéme de Janvier, jour auquel l'églife honore fa mémoire.

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Evaric roi des Goths en Espagne, étendoit tant qu'il pouvoit fa frontiere dans les Gaules, & comme Arien paffionné, il perfecutoit la religion catholique. Il empêchoit d'ordonner des évêques à la place des morts: Il en exiloit d'autres, enforte qu'il n'y en avoit point à Bourdeaux, à Perigueux, à Rodés, à Limoges, à Mende, à Bafas, à Cominges, à Auch; & faute d'évêques, on n'y ordonnoit ni prêtre, ni miniftres inferieurs. Les peuples abandonnez étoient au defefpoir. Les églises tomboient en ruine, les toits fondoient, les portes n'étoient plus fermées, mais feulement bouchées par les ronces qui y croiffoient. Les beftiaux couchoient dans les veftibules des églifes, & mangeoient l'herbe qui croiffoit autour des autels. Les affemblées devenoient rares, non feulement à la campagne, mais dans les églifes même des villes. C'eft ainfi qu'en parle Sidonius, qui voïoit ces miferes de fes yeux.

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