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cifément les mêmes de la lettre de Faufte; mais dont la condamnation tend à reconnoître que JesusChrist eft mort pour tous les hommes; que Dieu ne prédeftine perfonne à la damnation; que le libre arbitre n'a pas péri en Adam, & que la grace de Dieu n'exclut pas l'effort de l'homme pour y cooperer. Le même concile chargea Faufte de Riés d'écrire contre cette erreur, de ceux qui outroient la matiere de la predestination. Il le fit deux livres de la grace & du libre arbitre, qu'il adreffa à Leon- Bibl. PP. Parif ce d Arles; mais il donna dans l'exès oppofé, relevant trop les forces de la nature.

par

Jean évêque de Châlon fur Saone, qui affista à ce concile, avoit été ordonné en cette maniere. L'évêque Paul fon prédeceffeur étant mort, Patient de Lyon métropolitain, Euphronius d'Autun de la même province, & plufieurs autres évêques s'af femblerent à Châlon. Ils trouverent le peuple divifé par divers interêts particuliers, qui faifoient propofer trois fujets pour l'épifcopat, l'un recommandable feulement par fa nobleffe, le fecond par fa bonne table, le troifiéme par une promeffe fecrete d'abandonner les terres de l'église à ses partisans. Patient & Euphronius voïant ce defordre, concerterent fecretement avec les autres évêques; & fans s'arrêter à l'emportement du peuple, ils jetterent les mains tout d'un coup fur le prêtre Jean, qui ne penfoit à rien moins. Il avoit été lecteur dés fon enfance, puis après avoir long tems fervi, il fut ar chidiacre, & long tems encore après il fut ordonné prêtre, il fe diftinguoit par fon humanité & fa.

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Prol. Fauft. ad lib de Grat inc.

to. 4. p. 799.

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Sidon.

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Sidon. vII epift s.

VII. elit. 8.

VII. poft. ep. 9.

douceur. Tous les gens de bien témoignerent par leurs acclamations, qu'ils approuvoient ce choix, & perfonne n'ofa s'y opposer: ainfi il fut confacré évêque.

Une autre ordination mémorable, fut celle de Simplicius de Bourges. Le fiege étant vacant, il y eut de grandes factions, & plufieurs demandoient ouvertement l'épiscopat, jusqu'à offrir de l'argent. Sidonius évêque de Clermont dans la même province fut appellé par le decret des citoïens, pour affifter à l'élection; & voiant les brigues, le grand nombre & l'impudence des prétendans, il écrivit à Agrecius de Sens métropolitain de la province voifine, le priant de venir à Bourges présider à cette élection avec les évêques fes fuffragans; parce que ceux de la province de Bourges, qui étoit la premiere Aquitaine, n'étoient pas en nombre fuffifant car il ne reftoit de cette province que la ville : de Clermont en Auvergne fous l'obéiffance des Romains. Le peuple de Bourges fe rapporta de l'élection, à Sidonius feul. On lui dit tant de bien de Simplicius, qu'il crut le devoir nommer, quoiqu'il ne fût que laïque. Toutefois il confulta auparavant Euphronius évêque d'Autun, promettant de fuivre fon avis. Enfin Sidonius pour déclarer son choix, fit un fermon en presence de toute l'assemblée ; & d'Agrecius de Sens qui y prefidoit. Il s'excuse d'abord fur ce qu'on l'oblige de parler, quoiqu'il foit novice dans l'épifcopat.

Il reprefente la difficulté des élections, & l'impoffibilité d'en faire une qui foit au gré de tout le mon

de. Si je nomme un moine, dit il, fût-il auffi faint que les Antoines & les Hilarions, on dira qu'il est bon pour être abbé, & non pour être evêque. On défigure toutes les vertus: on appelle 1 humilité baffeffe, l'élevation orgueil, la feverité cruauté, l'indulgence foibleffe, la fimplicité bêtife. Si je nomme un clerc, ceux qui le fuivent en font jaloux, ceux qui le precedent le méprifent: ils croïent qu'il ne faut regarder en un évêque, que la longueur du fervice, & veulent gouverner l'églife quand leur vielleffe a befoin d'être gouvernée. Si je nomme un officier militaire, on dit auffi tôt: Parce que Sidonius a été tiré de la profeffion feculiere, il ne veut pas prendre fon metropolitain entre les religieux; il eft enflé de sa naissance & de fes dignités; il méprife les pauvres de J. C.

Enfin Sidonius nomma pour évêque de Bourges, Simplicius, illuftre par fes ancêtres, entre lefquels il y avoit des évêques & des gouverneurs de province. Il étoit d'un âge meur, mais encore vigoureux: il avoit de l'efprit & des lettres, beaucoup d'humanité, d'affabilité & de charité pour les pauvres, beaucoup de fermeté & de modeftie. Sa ville l'avoit fouvent député vers les empereurs & vers les rois barbares, qui l'avoient même tenu en prifon. Il avoit bâti une église étant encore jeune & fils de famille. Il étoit fils d'Eulode, & gendre de Pallade, qui. avoient été les deux derniers évêques de Bourges; & on l'avoit déja voulu élire à leur place : fa femme étoit vertueufe, & ils élevoient bien leurs enfans. S. Perpetuus évêque de Tours aïant oüi parler de ce

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VIU epift. 9.
XLIII

fermon, le demanda à Sidonius, qui le lui envoïa. S. Perpetuus. S. S. Perpetuus vêcut encore environ quinze ans, Ap. Boll. 8. Ap. C'eft-à-dire jufqu'en 491. & toutefois nous avons som. 9. p. 750. fon teftament fait vers ce même tems le premier de

Loug.

Greg. x. hift. c. 37.

Mai, après le confulat du jeune Leon, c'est-à-dire, l'an 475. par lequel il affranchit plufieurs efclaves, remet à fes débiteurs tout ce qu'ils lui doivent ; & legue à fon églife plufieurs fonds de terre & les livres. Il legue à fon fucceffeur fes meubles de chambre & de facriftie; & à deux prêtres qu'il avoit dépofés, & qu'il défend de rétablir, une penfion à prendre fur fes biens. I inftitue les pauvres fes heritiers. On peut croire qu'il fit depuis un autre teftament, dans lequel au rapport de faint Gregoire de Tours, il laiffa à chacune des églifes bâties de fon tems dans le diocese, les biens qu'il avoit dans les mêmes lieux. Car Gregoire marque fous chacun de fes predeceffeurs, les bourgades ou les autres lieux où furent fondées de nouvelles églifes. S. Perpetuus regla les jeûnes & les vigiles de toute l'année, & les églifes où on devoit les celebrer. Il tint le siege trente Mariyr R. S. Apr. ans, & l'églife honore fa mémoire le huitiéme d'Avril.

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7

Saint Loup de Troyes vivoit encore, & Sidonius le nommoit le pere des peres, l'évêque des évêques, & le premier fans difficulté des pontifes Gaulois. Peu après que Sidonius eût été ordonné évêque, faint Loup lui écrivit, & Sidonius l'en remercia en des termes, qui font voir en même tems combien il eftimoit faint Loup, & combien il fe croïoit indigne de l'épiscopat. Il y avoit alors qua

rante

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Sup. xxv. n. 15.

rante-cinq ans que faint Loup étoit évêque, ce qui revient à l'an 472. puifqu'il avoit été ordonné en 427. comme il a été dit. Il vêcut encore sept ans, & mourut en 479. après cinquante-deux ans d'épifcopat : l'église honore fa mémoire le vingt neuviéme de Juillet. Il laiffa plufieurs difciples; entre autres faint Martyr. R 29 Jul. Polycrone évêque de Verdun, faint Severe évêque de Treves l'apôtre de la premiere Germanie, faint Aubin évêque de Châlons, qui chassa les démons de plufieurs poffedés, auffi-bien que S. Polycrone. Le fucceffeur de S. Loup dans le fiege de Troyes, fut Camelien imitateur de fes vertus.

XLIV. Commencement

Flodoard. hift. La

C. 11.

Hincmar. at. Sur、

13. Jan.

Cependant s'élevoit une autre grande lumiere dans la même partie des Gaules, faint Remy évêque de S. Remy. de Reims. Son pere Emilius & fa mere Celinie avoient eu un autre fils en leur jeunesse nommé Principius, qui fut évêque de Soiflons & pere de Loup fon fucceffeur. L'églife honore faint Principe le 'vingt-cinquiéme de Septembre. Long-tems après fa naiffance, Emilius & Celinie étant fort agés, un folitaire nommé Montan connut par revelation, qu'ils auroient ancore un fils qui feroit nomme Remy, & procureroit le falut des peuples. Il le dit à Celinie, & ajoûta pour preuve de sa prédiction : Je suis aveugle comme vous voïez, mais en me frottant les yeux de vôtre lait, je recouvrerai la vûë. L'enfant naquit, & au baptême fut nommé Remigius ou Remy, & le folitaire Montan recouvra la vûë par le lait de la mere. Saint Remy naquit vers l'an dans le territoire de Laon. Sa nourrice Balfamie eft comptée auffi entre les faints, & connuë à Reims par une églife collegiale, qui porte le nom de fainte NourFfff

Tome VI.

450.

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