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VINGT NEUVIE ME. ils s'attacherent à lui, & il les aima particulierement, prévoïant qu'ils tiendroient tous deux en leurs tems le siege de Jerusalem. Il les prenoit d'ordinaire avec S. Gerafime, pour compagnons de la retraite qu'il faifoit tous les ans dans le defert, depuis le quatorziéme de Janvier jufqu'au dimanche des rameaux. Après la mort de faint Euthymius, le patriarche Anastase les amena tous deux à Jerufalem; les ordonna prêtres, & lès agregea au clergé du faint Sepulchre.

Martyrius étant donc ordonné patriarche de Jerufalem, écrivit des lettres à l'empereur Zenon, & au patriarche Acace touchant les schismatiques & leur herefie. Il en chargea le diacre Fidus, qui s'embarqua à Joppé ; mais il fit naufrage la nuit, & se foutint quelque tems fur une piece de bois, qu'il rencontra par hazard. Alors il invoqua à fon fecours faint Euthymius, qui lui apparut marchant fur la mer, & lui dit, Sachez que ce voïage n'eft point agréable à Dieu, & ne fera d'aucune utilité à la mere des églises, c'est-à-dire, à Jerusalem. Retournez à celui qui vous a envoié, & lui dites de ma part, qu'il ne se mette point en peine de la séparation des fchifmatiques: car l'union fe fera dans peu fous vôtre pontificat. Pour vous il faut que vous alliez à ma laure, & que vous en faffiez un monaftere.

Aïant ainsi parlé, il envelopa Fidus de fon man teau, & Fidus se trouva tout d'un coup fur le rivage, & enfuite à Jerufalem dans fa maison, fans favoir comment il y étoit venu. Il raconta tout au patriarche Martyrius, qui fe fouvint de la prophetic de faint Euthymius, fur le changement de la laure en Hhhh

Tome VI.

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p. 93.

Coteler. t. 2. monum. p. 306.

monaftere. Il chargea Fidus de l'executer, & lui pro mit toute forte de fecours; & en effet, Fidus bâtit un grand monaftere à la place de la laure & du cimetie re de S. Euthymius it changea en refectoir l'ancien. ne églife, & en bâtit une nouvelle, dont le patriar che fit la dédicace avec grande folemnité. On celebra la vigile & enfuite la meffe, pendant laquelle on mit fous l'autel des reliques des faints martyrs Tara. que, Probus & Andronic, le septiéme jour de Mai, la douzième année après la mort de S. Euthymius, par confequent l'an 485. Quelque-tems après le diacre Fidus fut fait évêque de Dora.

Le patriarche Martyrius, ne pensoit plus à la réüThy a nion des fchifmatiques, quand l'abbé Marcien leur chef, comme s'il eût été infpiré de Dieu, les assembla tous en fon monaftere de Bethlehem, & leur dit: Mes freres & mes peres, jufqu'à quand tiendronsnous en divifion le corps de l'églife? Et cela fans fçavoir fi c'eft la volonté de Dieu, mais nous appuïant fur nos propres raisonnemens. Suivons l'exemple des apôtres, & tirons au fort pour les évêques & pour les moines. Si le fort tombe fur les moines, nous demeurerons comme nous fommes; s'il tombe sur les évêques, nous communiquerons avec eux. Ils approuverent tous la propofition de Marcien. Le fort fut jetté & tomba fur les évêques; & auffi-tôt ils communiquerent tous avec eux, croïant que c'étoit l'ordre de Dieu. Le patriarche les reçut à bras ouverts, & fit une grande fête à cette réunion. Il n'y eut que deux abbés, qui demeurerent opiniâtres: Geronce qui gouvernoit depuis quaran te-cinq ans les monafteres de fainte Melanie, &

. 307.

Romain qui conduifoit celui de Thecué. Ils furent A N.482. chaflés pour leurs erreurs, & finirent malheureusement, menant une vie errante. C'est ce qui se passa en Palestine sous le regne de Zenon.

ch.

LII.

Calendion pa

A Antioche Etienne le jeune étant mort, après avoir tenu le fiege environ trois ans, l'empereur Ze- triarche d'Antio non obligea encore Acace d'ordonner à CP. un patriarche d'Antioche, qui fut Calendion. Les évêques d'Orient prétendant l'ignorer, ordonnerent de leur côté Jean furnommé Codonat; mais Calendion vint auffi tôt à Antioche, où il affembla un concile des évêques de la province, & fit premierement approuver fon ordination par tous leurs fuffrages. Enfuite il envoïa une lettre fynodale au pape Simplicius qui le reçut volontiers en fa communion, comme il témoigna à Acace de C P. par fa lettre du quinziéme de Juillet 482. fous le confulat de Severin.

Theod. left. lib. 11
Vitt Chr. an 471.

Calendion obtint de l'empereur Zenon la permisfion d'apporter à Antioche les reliques de S. Eufta- Sup. liv. XI. n. 43the de la ville de Philippes en Macedoine, où il étoit mort en exil. Cette tranflation fe fit avec grande folemnité : tout le peuple d'Antioche alla au.devant jufques à dix-huit milles : & les Euftathiens qui bien que catholiques étoient, demeurés feparés jufqu'alors, fe réunirent à l'église ; c'est à dire, qu'il en reftoit encore quelques-uns, après la réunion faite fous Alexandre, foixante & dix ans aupara

vant.

nom

Cependant Timothée Solofaciole patriarche d'Alexandrie étant à l'extrêmité, envoïa tant en fon que de tout fon clergé une députation à Conf. Hhhhij

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Felix epift. 1. to. 4.
Conc. p. 1050. C.

c. p. 1081. D.

AN. 482. tantinople, prier l'empereur qu'après la mort, ils euffent la liberté de lui choifir un fucceffeur; mais qu'il ne pût être pris qu'entre les clercs catholiques Gesta de nom Aca & ordonné par des catholiques. Jean Talaïa prétre & économe de l'église d'Alexandrie fut chargé de cette députation. L'empereur accorda au patriarche d'Alexandrie & à fon clergé ce qu'ils demandoient, & donna dans fa réponse de grandes loüanges au prêtre Jean. Enforte qu'à fon retour, tout le peuple d'Alexandrie le regardoit comine designé pour fucceder à Timothée; qui peu de tems après Liber, brev. c. 16. mourut en paix la vingt-troifiéme année de fon épifcopat, le fixié memois, c'est-à-dire, au moins l'an 482. Il étoit fi doux, qu'on l'accufoit de foibleffe: car encore que l'empereur lui eût écrit de ne point fouffrir que les heretiques tinffent des affemblées & adminiftraffent le baptême: Il ne leur faifoit point de peine Enforte qu'ils crioient dans les places & les églifes: quoique nous ne communiquions pas avec toi, nous ne laiffons pas de t'aimer.

Sup. n 20.

Liher. 6. 17.

Liber. c. 16.

Après la mort les évêques, les clercs & les moines de fa communion, c'est-a-dire, les catholiques élurent Jean Talaïa; qui auffi-tôt en donna avis par fes lettres fynodales au pape Simplicius & à Calendion patriarche d'Antioche; mais il ne prit pas affez de foin d'en donner part à Acace de C P. Il fe fioit à l'amitié d'Illus maître des offices, qu'il avoit cultivée par des prefens confiderables, aïant, comme économe, la difpofition de tous les biens de l'églife d'Alexandrie. Etant donc élû patriarche, il lui adressa les lettres qu il écrivoit à l'empereur & à Acace, & les envoïa par un magiftrien. Celui-ci n'aïant point

trouvé Illus à C P. ne rendit les lettres ni à l'empereur ni au patriarche Acace; mais s'en alla droit à Antioche où étoit Illus.

Acace aïant appris d'ailleurs l'ordination de Jean Talaïa, prit à injure de n'avoir pas reçu ses lettres fynodales. Il fe joignit à l'évêque Gennade parent de Timothée Solofaciole, qui prétendoit aufli que Jean l'avoit méprifé; & tous deux fe fervirent des patrons que Pierre Monge avoit à la cour, pour accufer Jean Talaïa auprès de l'empereur: Soutenant qu'il n'étoit pas digne de l'épifcopat, parce que du vivant de Timothée Solofaciole, il avoit voulu fortir de l'églife, & avoit perfuadé au même Timothée de recevoir dans les dyptiques le nom de Diofcore. De plus, ils accufoient Jean de parjure, prétendant que lorsqu'il fût député à C P. on avoit découvert qu'il briguoit le fiege d'Alexandrie, & qu'on l'avoit fait jurer de n'y jamais prétendre. D'autre côté, Acace reprefentoit à l'empereur, que Pierre Monge Evagr. 111. 6. 121 étoit agréable au peuple d'Alexandrie; & qu'en le maintenant dans le fiege, on pourroit réünir toute cette églife. Il vint auffi des députés de Pierre, offrant de faire cette réunion. Acace les reçut avec grande joïe, & les presenta à l'empereur.

L'empereur Zenon écrivit donc premierement au pape Simplicius une lettre, où il déclaroit Jean indigne du fiege d'Alexandrie comme coupable de parjure, & jugeoit que pour procurer la réunion des églifes d'Egypte, il étoit plus à propos de rétablir Pierre dans ce fiege. Le pape Simplicius avoit déja reçu la lettre fynodale de Jean, & étoit prêt à con- Simpl. epift. 123 Hhhh iij

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