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AN. 430.

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tera la dette des pauvres. Peu de tems après entra un
prêtre venant de la Lucanie, envoïé par l'évêque
Exuperance & fon frere Urface, homme du
rang des
clariffimes, qui lui apportoit cinquante fous d'or en
pur
don. Saint Paulin les aïant reçûs dit: Je vous rends
graces, Seigneur, de n'avoir point abandonné celui
qui efpere en vous. Il donna deux fous d'or de sa main
au prêtre qui les avoit apportés, & ordonna que du
refte on païât les marchands qui avoient donné des
habits aux pauvres.

La nuit étant venue, il repofa jufqu'à minuit: puis fa douleur de côté étant redoublée avec violence, joint le mal que lui avoient fait les medecins, en lui appliquant le feu plufieurs fois inutilement : il fouffrit beaucoup de fon oppreffion de poitrine, jufqu'à la cinquième heure de la nuit, c'est-à-dire, une heure avant le jour. A la pointe du jour, il fuivit fa coutume, éveilla tout le monde, & dit matines, ou plûtôt laudes, à l'ordinaire: le jour venu, il parla aux prêtres, aux diacres, & à tout le clergé, & les exhorta à la paix : puis il demeura fans parler jusqu'au foir. Enfuite comme s'éveillant, il reconnut le tems de l'office des lampes, c'est-à-dire, des vêpres, & étendant les mains, il chanta, quoique 131. 17. lentement: J'ai préparé une lampe à mon Christ, Après quelque tems de filence, vers la quatriéme heure de la nuit, c'est-à-dire, dix heures, tous les affiftans étant bien éveillez, fa cellule fut ébranlée d'un si grand tremblement de terre, qu'ils fe profternerent pour prier tout épouvantez, fans que ceux qui étoient hors de la chambre s'apperçuffent de rien. Alors il rendit l'efprit, & fon vifage, & tout

fon

Jun.

Con corps parut blanc comme la neige. Il mourut le AN. 431. dixième des calendes de Juillet, fous le confulat de Baffus & d'Antiochus, c'est-à-dire, l'an 431 le 22. de Juin, jour auquel l'église honore encore fa mémoi- Martyr. R. 228 re. Les circonstances de sa mort ont été écrites par un prêtre nommé Uranius, qui y avoit été prefent. Il nous resté des écrits de faint Paulin cinquante-deux lettres & vingt-fix poëmes, dont il y en a dix à la louange de S. Felix, avec les fragmens de quelques

autres.

XXXIV.

évêques à Ephe

F.comc. Eph.ca

Incontinent après la fête de pâques, qui cette année 431. fut le 17. d'Avril, faint Cyrille & Neftorius Arrivée des partirent chacun de leur côté, pour se rendre à Ephe- fe. le en diligence. Neftorius étoit accompagné d'un Secr.VIL.-C. 34 grand nombre de troupes, & des deux comtes Candidien & Irenée. Candidien étoit comte des domestiques, c'est-à-dire, capitaine des gardes de l'empe- Epift. Theod. reur, pour prêter main forte au concile; Irenée y ". alloit fans aucune autorité, feulement par amitié pour Neftorius, qui étoit auffi accompagné de dix évêques, & en trouva plufieurs déja assemblés à Ephefe, Saint Cyrille partit d'Alexandrie accompagné de cinquante évêques; c'est-à-dire, de la moi- Epift.fchifm. 1. tié ou environ de ceux de fa dépendance : les au- conc. Eph. p. tres étoient demeurés, pour prendre foin des églifes. Le tems lui fut favorable jufqu'à Rhodes, d'où il écrivit à fon clergé & à fon peuple une lettre plei-. z. p. cont. pl. ne de charité paternelle : le refte du voïage ne fut .33 pas fi tranquille, & il eut quelque tempête à efQuier. Enfin il arriva à Ephefe quatre ou cinq jours avant la pentecôte, qui cette année 431. étoit le fep- 13. p. 1052. D. time de Juin. Incontinent après fon arrivée, il Tome VI,

I

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6c5 E.

Apolog. ad Theod. 3. p.

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AN. 431.

écrivit encore à fon clergé, & à fon peuple une lettre où il dit : Le méchant, la bête qui ne dort point, va & vient de tous côtés pour attaquer la gloire de Jesus-Chrift, mais le malheureux fe frappe lui-même, & perira avec fes enfans. On veut qu'il entende Neftorius, mais c'est plûtôt le démon auteur de toutes les herefies: quoiqu'il puiffe avoir voulu marquer par cette enigme les cabales du parti contraire. SACY. VII.. 3. Juvenal de Jerufalem arriva cinq jours après la pentecôte avec les évêques de Palestine, entre lefquels étoit Pierre, autrefois nommé Afpebete, que Juvenal avoit ordonné premier évêque des Sarrafins à la priere de S. Euthymius; parce que ces Sarrafins ou Arabes du defert campoient toûjours, on le nommoit l'évêque des camps, en grec Parembolon. Saint Euthymius lui recommanda en partant de s'attacher à S. Vita S. Euth. Cyrille & à Acace de Melitine; & de fuivre toûjours Anale 14.4. leurs fentimens. S. Euthymius avoit été lui-même en fon enfance difciple d'Acace. Flavien de Theffalonique avec les évêques de Macedoine arriverent auffi à tems à Ephese.

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tom.

p. 9. 29.41.

Evagr.1, 3. c. 3.

Mais Jean d'Antioche, & les Syriens fe firent attendre long-tems. Ils prétendoient qu'il leur étoit impoffible de fe rendre à Ephese au jour marqué: c'est-à-dire, à la pentecôte. Car les évêques ne pouvoient quitter leurs églises avant le nouveau dimanche ou le dimanche du renouvellement. C'est ainsi que les orientaux appellent encore le jour de l'octave de pâques, auquel les nouveaux baptifés quittoient l'habit blanc & recevoient la benediction de l'évêque. Ce dimanche étoit cette année le 26. d'Avril. Îl falloit commencer par s'affembler à Antio

che, dont quelques-uns de ces évêques étoient éloi- AN. 431. gnés de douze journées: ils ne pouvoient donc s'y trouver que le huitiéme de Mai. D'Antioche à Ephefe il y avoit trente journées : ainfi quand ils n'auroient fejourné à Antioche qu'un feul jour, ils ne pouvoient arriver à Ephefe que le huitiéme de Juin, le lendemain de la Pentecôte. C'est ainsi que les Orientaux s'excufoient depuis.

c. f.

Tom. s. oper.

379.

Tandis qu'on les attendoit, les évêques assemblés à Ephese traitoient la question de l'incarnation dans leurs fermons & dans leurs converfations particulieres. Nous avons un fermon de faint Cyrille prononcé Liberar. breve en ce tems-là, où d'abord, il donne de grandes louanges aux évêques affemblés: puis il falue avec éloges la Cyr. part. 2. p. ville d'Ephefe, l'apôtre faint Jean, dont les reliques y repofoient, & la fainte Vierge Marie dont il releve toutes les grandeurs, repetant à chaque article le titre de mere de Dieu. Il vient enfuite à Neftorius, & dit г.392. B. qu'en vain il fe confie aux comtes & aux autres magiftrats, qui le protegent, étant gagnés par ses préfens. Il lui reproche fes blafphêmes, pires que ceux des Juifs, des païens, & de tous les autres heretiques, & emploïe contre lui les expreffions les plus fortes, commecontre un ennemi déclaré de l'église, qui a méprifé les avis falutaires qui lui ont été donnés. S. Cyrille en prend à temoin le pape S. Celeftin, qu'il qualifie de pere, de patriarche & d'archevêque de toute la terre, & conclut que Neftorius doit être déposé du facerdoce. En ce fermon il fait mention d'un autre, qu'il avoit prononcé le jour précedent, où il parloit de la perdrix allegorique, dont fait mention le prophete Jerem. V1. 11, Jeremie,

P.,84. E.

P. 382. B.

AN. 431.

Conc. Eph. p. 3.

4.7.

Ibid. c. 9. 10.

Acace de Melitine fit auffi un sermon, où après avoir complimenté les évêques affemblés, il explique la foi de l'églife infiftant fur l'unité & la divinité de Jefus-Chrift, & la confequence necessaire de donner à Marie le titre de Mere de Dieu. Il y dit en paffant, que la croix eft honorée avec les autels de Jefus-Chrift, & qu'elle brille fur le front des églifes. On lut aufli en cette occafion deux fermons de Theodote d'Ancyre fur la nativité de notre Seigneur, où il refutoit amplement l'erreur de Neftorius. Ces Conc. Eph. a&t. deux évêques Acace & Theodóte, quoique catholiétoient amis de Neftorius, & pendant le fejour d'Ephese ils eurent plufieurs converfations avec lui, dans lesquelles ils remarquerent qu'il perfiftoit dans dis Garn. t fon herefie. S. Cyrille de fon côté fit des extraits des livres de Neftorius, dont nous n'avons que la verfion de Mercator.

1.p.497. B.

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XXXV.

de Jean d'An

tioche.

ques,

des

Jean d'Antioche n'étant plus qu'à cinq ou fix jourRetardement nées d'Ephese, fit favoir qu'il étoit proche par officiers du maître des offices, & écrivit à faint Cy■.p.conc.c.ult. rille une lettre pleine de témoignages d'amitié & d'un grand empreffement de fe rendre auprès de lui. Je fuis déformais à la porte, dit-il, par les prieres de votre fainteté, après avoir beaucoup fouffert en ce voïage: car il y a trente jours que je marche fans relâche : quelques-uns des évêques font tombés malades en chemin, & nous avons perdu plufieurs chevaux. Priés donc que nous puiffions achever fans peine ces cinq ou fix journées, & embraffer votre chere & fainte perfonne. Les faints évêques Jean, Paul, Macaire, faluent votre fainteté : nous faluons tous les freres qui font avec vous. Cependant arriverent

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