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AN. 431.

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les livres des blafphêmes du reverendiffime Neftarius, d'un defquels nous avons choifi quelques articles. S'il plaît au faint concile nous les lirons. L'évêque Flavien dit: Qu'ils foient lûs & inferés dans les actes. Tous les évêques y confentirent. On lût vings articles tirés du livre de Neftorius, qui étoit un recueil de fes fermons divisé par cahiers, dont on compte jufqu'à vingt-sept. Après cette lecture, Flavien dit: Puifque ces difcours de Neftorius font des blafphêmeshorribles, qu'ils foient inferés aux actes, pour sa condamnation.

Le prêtre Pierre dit : Le reverendiffime metropolitain & évêque de Carthage Capreolus a écrit une fettre au faint concile par le diacre Beffula; je la lirai fi vous l'ordonnés, & j'en lirai auffi la traduction. Elle portoit que faint Augustin appellé nommément au concile, étoit mort quand la lettre de l'empereur fut apportée; & qu'encore que cette lettre fût principalement adreffée à faint Auguftin, Capreolus l'aïant reçûë, avoit écrit à toutes les provinces d'Afrique, pour affembler un concile national, qui choifiroit des députés pour le concile universel; mais la défolation du païs, & les ravages des Vandales empêcherent les évêques de s'affembler. Le terme étoit même trop court. Les lettres de l'empereur n'arriverent à Carthage qu'à Pâques, enforte qu'il ne reftoit pas deux mois jufqu'au concile univerfel; & ce tems n'étoit pas fuffifant pour affembler le concile d'Afrique, même en pleine paix. Ainfi ne pouvant envoïer une députation folemnelle, Capreolus voulut au moins obferver la difcipline, & marquer fon respect au concile univerfel, en envoïant un

diacre pour porter ses excuses. Il prie donc les évêques AN. 431. de refifter courageufement à ceux qui voudroient introduire dans l'église de nouvelles doctrines; & de ne point fouffrir que l'on remette en question ce qui a déja été jugé, ni que l'on donne atteinte aux décisions des peres. S. Cyrille demanda que cette lettre de Capreolus fût inferée aux actes comme portant clairement que les anciens dogmes de la foi devoient être maintenus, & les nouveautés rejettées. Tous les évêques s'écrierent: Nous difons tous le même, nous le fouhaitons.

XLII. Sentence conte

Enfuite on prononça la fentence de condamnation contre Neftorius en ces termes : Neftorius aïant entre Neftorius. autres choses refufé d'obéïr à notre citation, & de re- p. 533. cevoir les évêques envoïés de notre part, nous avons été obligés d'en venir à l'examen de ses impietés; & l'aïant convaincu, tant par fes lettres que par les autres écrits, & par les difcours qu'il a tenus depuis peu dans cette ville, prouvés par témoins, de penfer & d'enfeigner des impietés : réduits à cette neceffité par les canons, & par la lettre de notre trèsfaint pere & collegue Celeftin évêque de l'églife Romaine après avoir fouvent répandu des larmes nous en fommes venus à cette trifte fentence. Notre

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feigneur Jefus-Chrift qu'il a blafphemé, a déclaré par ce faint concile, qu'il eft privé de toute dignité épifcopale, & retranché de toute affemblée ecclefiaftique. Cyrille évêque d'Alexandrie, j'ai souscrit en jugeant avec le concile. Juvenal évêque de Jerufalem, j'ai foufcrit en jugeant avec le concile. Tous les autres évêques prefens foufcrivirent de même, au nombre de cent quatre-vingt-dix-huit. Quelques

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23. Juin.

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la

uns se qualifient évêques par la grace ou par la misericorde de Dieu : quelques-uns évêques de l'églife catholique d'un tel lieu. Il y en a qui foufcrivent par main d'un prêtre : l'un aïant mal à la main, d'autres étant malades. Quelques évêques arriverent, au concile après cette premiere feffion, & foufcrivirent auffi; enforte que Neftorius fut déposé par plus de deux cens évêques : car quelques-uns tinrent la plaEpift. Cyr 10.3. ce de ceux qui ne purent fe trouver à Ephese. Telle fut la premiere feffion du concile, qui dura depuis le matin jufqu'à la nuit fermée : quoique ce fût aux plus longs jours, c'eft-à-dire, le vingt-deuxième Juin; & qu'en ce jour le foleil fe couche à Ephese à fept heures onze minutes. Le peuple de la ville demeura du matin au foir à attendre la décifion du concile; & quand ils apprirent que Neftorius étoit déposé, ils commencerent tout d'une voix à donner des benedictions au concile, & à louer Dieu de ce que l'ennemi de la foi étoit tombé. Au fortir de l'églife ils conduisirent les évêques avec des flambeaux jufqu'à leurs logis, & les femmes porterent des parfums devant eux. On alluma beaucoup de lampes dans la ville, & on témoigna une grande joie.

2.549.

Le lendemain vingt-troifiéme de Juin, on fit signifier à Neftorius la fentence de fa dépofition, en ces termes : Le S. concile affemblé à Ephese par la grace de Dieu, & l'ordonnance de nos très-pieux empereurs à Neftorius nouveau Judas. Sache que pour tes dogmes impies & ta désobéïffance aux canons, tu as été dépofé par le faint concile, fuivant les loix de l'églife, & déclaré exclu de tout degré ecclefiaftique le

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vingt-deuxième jour du prefent mois de Juin. La AN. 431. fentence fut affichée dans les places, & publiée par les crieurs. Le même jour le concile écrivit à Eucharius défenfeur de l'églife de C. P. aux prêtres, aux économes & au reste du clergé, pour leur fignifier la dépofition de Nestorius faite le jour précedent, leur recommandant de conserver tous les biens de l'églife, pour en rendre compte au futur évêque de C. P. qui fera ordonné, dit la lettre, fuivant la volonté de Dieu, & la permiffion de nos très-pieux empe

reurs.

XLIII.

Lettre à l'abbé Dalmace, &c.

Menolog. 3.

En même-tems faint Cyrille écrivit à l'abbé Dalmace, & à ceux qui étoient de sa part à C. P. favoir les évêques Macaire & Potamon; deux de ceux que le concile d'Egypte avoit députés à Neftorius l'année précedente: car les deux autres Theopempte & Daniel étoient à Ephese. Il y avoit auffi deux prêtres de faint Cyrille à C. P: Timothée & Euloge. La lettre eft donc adreffée à ces cinq, les évêques Macaire & Potamon, l'abbé Dalmace, les prêtres Ti- 1bid. mothée & Euloge. L'abbé Dalmace étoit de tous les moines de C. P. le plus renommé fa fainteté. Il avoit porté les armes fous Theodofe le grand, & fervi dans la feconde compagnie de ses gardes, vivant deflors dans la pieté. Pour mieux fervir Dieu, il quitta fa femme & fes enfans, excepté fon fils Fauste, avec lequel il alla trouver l'abbé Ifaac, & embraffa la vie monaftique fous fa conduite. Ifaac avoit habité le défert dès fon enfance, & pratiqué toutes fortes de vertus : ce fut lui qui prédit la mort à l'em-spliv xv 1. pereur Valens. Sous fa conduite Dalmace vint à un fi haut degré de perfection, qu'Ifaac en mourant

pour

Aug.

1. 37.

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l'établithegumene, c'est-à-dire, superieur du monaftere fous le patriarche Atticus. On dit qu'il paffa quarante jours fans manger, & qu'il fut autant de tems en extafe. L'empereur le vifitoit, & il étoit en Conc. Eph. p. grande veneration au Senat; on lui donna à lui & à fes fucceffeurs abbés du même monaftere à perpetuité, le titre d'Archimandrite, c'est-à-dire, chef de tous les monasteres de C. P. & S. Cyrille lui donne ce titre dans fa lettre. L'églife Greque honore la memoire de tous les trois, d'Ifaac, de Dalmace & de Faufte le même jour, favoir le troifiéme d'Août.

Dans cette lettre, S. Cyrille inftruit Dalmace & les autres de tout ce qui s'étoit paffé dans le concile : le retardement affecté de Jean d'Antioche, la contumaAct. I. p. 563. ce de Neftorius & fa dépofition ; & conclut ainsi : Puifque le comte Candidien a envoïé, comme j'ai appris, des relations : veillés & avertissés, que les actes de la dépofition de Neftorius ne font pas encore achevés de mettre au net : c'eft pourquoi nous n'avons pû envoïer la relation, qui doit être présentée à l'empereur; mais s'il plaît à Dieu, elle accompagnera les actes, pourvû qu'on nous permette d'envoïer quelqu'un pour les porter. Que fi les actes & la relation tardent à venir, fachés qu'on ne nous permet pas d'en700. D.717. B. voïer. Adieu. Les actes furent portés enfuite apparemment par les évêques Theopempte & Daniel qui fe trouverent depuis à C. P & qui avoient prévenu le

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comte Irenée.

Dès le lendemain de la feffion du concile, c'està-dire, le mardi 23. de Juin, le comte Candidien proposa un édit à Ephese, par lequel il proteste contre ce qui avoit été fait le jour précedent: avertif

fant

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