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ticulierement la pâque; & nous en avons trente. Dans la dix-feptième, il parle du myftere de l'Incarnation, & refute les erreurs de Neftorius, particulierement fon premier fermon: or cette lettre annonce la pâque prochaine pour le douzième jour du mois Egyptien Pharmouthi qui revient au septiéme d'Avril, auquel jour fut effectivement la pâque en 429. Ainfi cette dix-feptième lettre pascale de faint Cyrille doit avoir été écrite avant le 6. de Janvier 429. car ces lettres fe lifoient dans les églifes le jour de l'Epiphanie. On croit que faint Cyrille écrivit vers le même tems fes fcolies fur l'Incarnation, où il explique les mots de Chrift, Jefus, Emmanuel; & la nature de l'union de l'humanité avec le Verbe: pour montrer que cette union eft réelle & fubftantielle. Ce traité eft fait pour l'inftruction de ceux qui n'étoient pas assès versés en cette matiere : la méthode en eft geometrique, com-. mençant par l'explication des termes, & paffant des propofitions plus fimples aux plus compofées.

a

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Cyr.epift. 1. ad

La lettre aux folitaires d'Egypte fut bien-tôt por- t tée à C. P. où S. Cyrille avoit des ecclefiaftiques pour les affaires de fon églife: elle y fut d'une grande utilité; & plufieurs magiftrats en écrivirent à S. Cyrille, pour le remercier. Mais Neftorius en fut extrêmement irrité; il y fit répondre par un nommé Photius; & chercha d'ailleurs tous les moïens de nuire à S. Cyrille. Il y avoit à C. P. quelques Alexandrins que S. Cyrille avoit condamnez pour leurs crimes, felon les canons, l'un pour avoir opprimé injustement des aveugles & des pauvres, l'autre pour avoir tiré l'épée contre la mere, l'autre pour avoir déro bé de l'or avec une feivante, & avoir toûjours eu une Tome VI,

B

C. 8. in it.

AN. 429.

C. 12.

Cyrill. Avol.

très-mauvaise réputation. Il en nomme trois, Cheremon, Victor, Sophronas, & ajoûte un jeune homme fils d'un nommé Flavien. Neftorius fe fervit de ces Cont. Eph. part. gens-là pour calomnier S. Cyrille & les engagea à pre6.3.13 1.054. fenter des requêtes contre lui à Neftorius même, & à l'empereur Theodose.

I V. Premiere lettre

Neftorius.

Epift. 1. ad

Neft.

G. 14.

Saint Cyrille apprit par des gens dignes de foi qui de S Cyrille à vinrent à Alexandrie, le chagrin que Neftorius avoit contre lui. D'ailleurs il reçut une lettre du pape faint Celestin & de plufieurs évêques qui étoient avec lui, apparemment affemblez en concile. Ils l'avertiffoient qu'ils avoient reçû les copies des fermons de Neftorius; & demandoient s'il en étoit effectivement l'auteur, témoignant en être fort fcandalifez. Il venoit auffi de toutes les églifes d'Orient des perfonnes Ep. ad Cæleff. qui en murmuroient. Saint Cyrille voïant tout cela fut tenté de déclarer à Neftorius par une lettre fynodale qu'il ne pouvoit demeurer dans fa communion s'il ne changeoit de langage & de fentimens; mais il fit reflexion, comme il dit, qu'il faut tendre la main à nos freres pour les relever quand ils font tombez; & il fe réfolut à lui écrire pour effaier de le ramener. Epift. ad N. Comme Neftorius fe plaignoit principalement de fa lettre aux folitaires, il dit: Ce tumulte n'a pas commencé par ma lettre, mais par les écrits qui fe font répandus, foit qu'ils foient de vous ou non ; & qui faifoient un tel défordre, que j'ai été obligé d'y remédier. Vous n'avez pas raison de vous plaindre & de crier contre moi, vous qui avez excité ce trouble:! corrigez plutôt votre difcours, & faites ceffer ce fcandale univerfel en nommant mere de Dieu la fainte Vierge. Au refte ne doutez pas que je ne Lois pre

paré à fouffrir tout pour la foi de J. C. même la prifon AN. 429. & la mort.

Neftorius ne vouloit point répondre à cette lettre : mais le prêtre d'Alexandrie que faint Cyrille en avoit chargé le preffa tant,qu'il ne put s'en difpenfer. Sa réponse n'eft qu'un compliment affecté fur cette douce violence. L'experience fera voir,dit-il,quel fruit nous en tirerons, pour moi je conferve la patience & la charité fraternelle, quoique vous ne l'aïez pas gardée à mon égard, pour ne rien dire de plus facheux. Cette lettre fit voir à S. Cyrille qu'il n'y avoit rien à efperer de Neftorius, & ce qu'il apprit enfuite le montra encore plus clairement.

c. 7.

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V.

Neftorius.

C. IO.

c. 22. ad Acac.

Il y avoit à C. P. un évêque nommé Dorothée, intereffé, flateur, étourdi : qui en pleine affemblée, Violence de Neftorius étant affis dans fa chaire, fe leva & dit haute voix : Si quelqu'un dit que Marie eft mere de Dieu, qu'il foit anathême. Tout le peuple fit un grand cri & s'enfuit hors de l'églife, ne voulant plus communiquer avec ceux qui tenoient de tels difcours. En effet, excommunier ceux qui nommoient la sainte Vierge mere de Dieu, c'étoit excommunier toutes les églifes, tous les évêques vivans, qui parloient ainsi par tout le monde, & tous les faints morts qui avoient parlé de même. Or on ne pouvoit douter que Neftorius n'aprouvât le difcours de Dorothée, puisque non feulement il ne lui en avoit rien dit, mais il l'avoit admis fur le champ à la participation des faints myfteres. Quelques-uns des prêtres de C, P. après avoir averti plufieurs fois Neftorius publiquement dans leur affemblée, voïant qu'il perfiftoit toûjours à ne pas nommer la fainte Vierge mere de Dieu & J. C. Dieu

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7.30 Libell B:fl.n.2.

AN. 429.

n.z.

vraiment & par nature, fe feparerent ouvertement de fa communion: d'autres s'en retirerent fecretement. D'autres pour avoir prêché contre ce nouveau dogme, dans l'églife de la paix maritime furent interdits de la prédication, ce qui fit que le peuple privé des inftructions catholiques qu'il avoit coûtume d'entendre, s'écria: Nous avons un empereur, mais nous n'avons point d'évêque. Quelques-uns de ce peuple furent arretez & batus dans la prifon. Quelques-uns reprirent Neftorius en face dans l'église & devant le peuple & furent très-maltraitez. Un moine des plus fimples pouffé de zéle fe mit au milieu de l'églife, où le peuple étoit assemblé, & voulut empêcher Neftorius d'y entrer, comme étant un heretique: il fut battu & mis entre les mains des prefets, qui le firent encore foüetter publiquement, un crieur marchant devant lui, & il fut envoïé en exil.

Bafile diacre & archimandrite, Thalaffius lecteur & moine, & quelques autres allerent trouver Nefto rius à l'évêché suivant fon ordre, pour s'affûrer s'ils avoient bien entendu ce qu'ils avoient oui dire de lui. Après les avoir remis jufqu'à trois fois, enfin il leur demanda ce qu'ils vouloient. Vous avez dit, dirent-ils, que Marie n'est mere que d'un homme de même nature qu'elle; & que ce qui eft né de la chair eft chair ce qui n'eft point orthodoxe en ce fens. Auffi-tôt il les fit prendre, & une troupe d'officiers les mena battant jufques dans la prifon de l'évêque, où ils furent dépouillés, attachés à des poteaux, puis étendus par terre & frappez à coups de pieds. On les y garda long-tems leur faifant fouffrir la faim. Puis ils furent livrés au prefet de C. P.

qui les fit mettre dans une autre prifon chargez de chaî- AN. 429. nes. Il les fit enfuite amener à fon prétoire, & comme il ne fe prefenta point d'accufateurs, il les renvoïa par fes officiers à leur premiere prifon. Enfin Neftorius les fit venir, & après une explication captieuse de sa doc

trine il les renvoïa.

n. 30.

Bafile & Thalaffius prefenterent une requête à l'empereur en leur nom & de tous les moines: où après avoir expofé toutes ces violences de Neftorius, ils prient l'empereur de ne pas fouffrir que l'église foit corrompue de leurs tems par les heretiques. Ce n'eft pas pour nous vanger, ajoûtent-ils, Dieu le fçait; ".4 mais afin que la foi en Jesus-Chrift demeure inébranlable. Nous vous prions donc d'ordonner ici maintenant l'affemblée d'un concile écumenique, pour réunir l'église & rétablir la prédication de la verité avant que l'erreur s'étende plus loin. Que cependant il ne foit permis à Neftorius d'ufer ni de violence ni de menace contre perfonno: jufqu'à ce que l'on ait reglé ce qui regarde la foi; & que ceux qui voudroient infulter aux catholiques; foient reprimez par le prefet de C. P. Que fi vous méprisez notre requê

te

nous proteftons devant le roi des ficcles qui viendra juger les vivans & les morts: que nous fommes innocens des maux qui pourront arriver. Ils se plaignirent dans cette requête que Neftorius n'emploïe pas feulement pour le foûtenir les clercs & fes lyncelles, mais encore quelques-uns des autres diocefes, qui fuivant les canons devroient se tenir en repos dans les villes où ils ont été ordonnez.On appelloit lyncelles, les clercs qui étoient les plus attachez à l'évêque, & qui couchoient dans fa chambre pour

n. 4.

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