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Juin.

condamné Neftorius par défaut ? Candidien dit : Tous AN. 431. les évêques qui étoient avec moi favent qu'ils ont jugé fans examen. Jean d'Antioche dit: La manière dont ils en ont ufé à notre égard s'accorde à ce procedé ; car au lieu de faluer fraternellement des gens qui viennent d'un fi long voïage, & leur témoigner de l'affection, ils font venus d'abord nous troubler & nous fatiguer avec leur petulance ordinaire. Mais le faint concile qui eft avec moi, ne les a pas feulement écoutez; il examinera ce qu'il fera à propos d'ordonner contre de telles entreprises.

Après cela le comte Candidien fe retira, & Jean d'Antioche demanda aux évêques ce qu'il falloit faire fur un tel mépris des lettres de l'empereur. Le concile dit : Il est clair que le reverendiffime Cyrille & le reverendiffime Memnon, qui l'a secondé en tout, ont contrevenu à fes ordres'; comme nous savons très-bien, nous qui fommes ici avant votre pie té,& qui avons vû toutes les entreprises. Car Memnon a fermé les églifes, particulierement celles des martyrs & du faint Apôtre, fans permettre aux évêques d'y celebrer même la Pentecôte. Il a ramassé une multitude de païfans pour troubler la ville; & envoïé fes clercs dans les maisons des évêques, leur faire de terribles menaces, s'ils ne fe trouvoient à leur affemblée feditieuse. Leur mauvaise conscience les obligeoit à tout remplir de confufion; de peur que l'on ne recherchât la doctrine heretique, que nous avons trouvée dans les articles envoïez depuis peu à C. P. par Cyrille, dont la plûpart conviennent avec l'impieté d'Arius, d'Apollinaire & d'Eunomius. Il faut donc que nous combattions courageufement

pour la religion; & que les chefs de cette herefie & AN. 531.

de cette revolte foient condamnés felon leurs crimes & ceux qu'ils ont feduits à proportion.

Juia

Jean d'Antioche dit: Cyrille & Memnon auteur du défordre, pour avoir méprifé les loix de l'église & les ordonnances de l'empereur, & à caufe de ces articles heretiques doivent être dépofés, & ceux qu'ils ont feduits doivent être excommuniés; afin que reconnoiffant leur faute, ils anathématifent les articles heretiques de Cyrille, & s'affemblent avec nous, pour examiner fraternellement les queftions & confirmer la foi. Le concile approuva cette propofition, la sen- *· s9ð. tence fut prononcée & foufcrite par quarante trois évêques, dont les principaux étoient Jean d'Antioche, Alexandre d'Apamée, Jean de Damas, Dorothée de Marcianople, Alexandre d'Hieraple, Dexien de Seleucie, Fritilas d'Heraclée, Himerius de Nicomedie,Helladius de Tarfe, Eutherius de Tyane: Theodoret de Cyr. Tels font les actes du faux concile des Orientaux: où l'on reçoit des accufations vagues, fans faire parler aucun témoin particulier, fans examiner aucune piece, fans ouïr, ni même citer les accufés.

p. 601, 602. & C, p. 604. C

Ils ne publierent pas cette fentence à Ephese, & les évêques du concile ne fçurent rien de leur procedure; mais ils l'envoïerent à C. P. avec des lettres à l'empereur, aux princeffes, au clergé, au senat & au peuple; dans lesquelles les mêmes calomnies contre Cyrille & Memnon font repetées en diverses manieres. Ils les accufent de s'être fervis pour leurs prétenduës violences, des mariniers Egyptiens & des payfans Afiatiques, & d'avoir mis des écriteaux aux p. 604 D.

1

·AN. 431.

Juin.

XLVI Lettre de l'em

lade.

Conc. Eph.

P. 704.

maifons de ceux qu'ils vouloient attaquer. Jean d'Antioche dit, que S. Cyrille lui avoit écrit deux jours avant la tenuë de sa feffion, que tout le concile attendoit fon arrivée.

Cependant la relation de Candidien étoit arrivée pereur par l'al à C. P. & l'empereur prévenu par les artifices, avoit envoïé un refcrit par un magiftrien nommé Pallade. On nommoit magistriens, c'est-à-dire, officiers du maître des offices, ceux que l'on nommoit autrement agens de l'empereur. Le refcrit apporté par Pallade, déclaroit nul ce qu'une partie des évêques avoit fait à Ephese, par cabale & par paffion; c'està-dire, la dépofition de Neftorius. C'est pourquoi, difoit l'empereur, jusqu'à ce que les dogmes de la religion foient examinez par tout le concile, & que nous envoïons quelqu'un pour connoître avec Candidien ce qui s'est paffé, & empêcher les défordres: nous ordonnons, qu'aucun des évêques affemblez à Ephese ne s'en retire. Et quoique ces lettres doivent fuffire pour les empêcher, nous avons ordonné aux gouverneurs des provinces de n'en laiffer paffer aucun. Cette lettre étoit datée du troifiéme des calendes de Juillet, fous le confulat d'Antiochus : c'èftà-dire, du 29, Juin 431. fept jours après la session du

Cons, Eph.

P. 745.

concile.

Le concile répondit par le même Pallade, se plaignant que le comte Candidien a prévenu l'empereur avant qu'il pût favoir la verité par la lecture des actes qu'il empêche encore de la faire connoître, & que Jean d'Antioche n'eft arrivé que vingt - un jours après le terme préfix du concile. Nous prions, ajoûtent-ils, votre majefté de rappeller le comte

Candidien

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Candidien avec cinq évêques du concile, pour foutenir devant yous ce qui s'eft fait: car ceux qui fe font écartés de la foi, sont si adroits à déguifer leur erreur, qu'ils avoient féduit quelques évêques, qui font revenus, & ont condamné Neftorius avec nous, Enforte qu'il n'en eft demeuré avec lui & avec Jean d'Antioche, que trente-fept ou environ : dont la plûpart fe font attachés à Neftorius, fe fentant coupables & craignant le jugement du concile. Nous vous en envoïons les noms : les uns font des heretiques Pelagiens, les autres dépofés depuis plufieurs années. Au refte le concile a le confentement de tous les évêques du monde, parce que celui de Rome y a affisté avec ceux d'Afrique, par le très-pieux archevêque Cyrille. Nous fommes fi preffés que nous ne pouvons écrire au long ce que le comte Irenée nous a fait fouffrir; mais fi vous nous accordés notre demande, les cinq qui fe rendront près de vous, vous inftruiront de tout. Nous fommes plus de deux cens, qui prononcé la sentence de dépofition contre Neftorius, avec le confentement de tout l'Occident; mais nous sommes peu qui avons souscrit à cette lettre, quoiqu'en prefence de tous; parce que le magistrien Pallade nous preffe, & ne peut attendre la longueur de ces foufcriptions. Enfuite font les noms des fchifmatiques, au nombre seulement de trente

avons

quatre.

AN. 431.

Juillet.

Les fchifmatiques ne manquerent pas de répondre Conc. Eph. Į. auffi à l'empereur par le même Pallade. Leur lettre 705. eft pleine de flateries pour l'empereur, & de calomnies contre faint Cyrille & le concile. Ils font mention de la fentence qu'ils avoient portée dans leur

Tome VI.

N

AN. 431.

Juil.et

les

conciliabule : ils repetent la demande de Neftorius, que chaque metropolitain ne fût accompagné que de deux évêques de fa province, difant que de leur part ils n'en avoient pas amené davantage; que Egyptiens font cinquante, & les Afiatiques dépendans de Memnon, quarante; qu'il y a douze heretiques Messaliens de Pamphilie, fans les autres, qui accompagnent Memnon, & quelques dépofés & excommuniés : ce qui fait, difent-ils, une troupe d'ignorans, propres feulement à faire de la confufion. Mais enfin de leur propre aveu, il n'y avoit guere moins de cent cinquante évêques contre eux. Nous pensions, disent-ils, que vos lettres les rendroient plus fages; & après que la lecture en a été faite, nous avons été à l'église de l'apôtre faint Jean, pour remercier Dieu & le prier pour votre majefté; mais fitôt qu'ils nous ont vûs, ils en ont fermé la porte; & comme après avoir fait nos prieres dehors, nous retournions fans avoir dit mot à perfonne : il eft forti une troupe de valets, qui ont été arrêté quelques-uns de nous, ont ôté les chevaux aux autres, en ont blessé quelques-uns, & nous ont pourfuivis avec des bâtons & des pierres jufqu'à une grande distance. Memnon avoit préparé tout cela de loin: ne permettant à perfonne de prier dans les églifes, ni de traiter paifiblement les affaires ecclefiaftiques. C'est pourquoi nous vous prions de faire chaffer de cette ville, principalement ce tyran, que nous avons dépofé, & qui trouble tout, de peur que fa conduite ne foit recherchée.

Une lettre que Memnon écrivit au clergé de C. P. vers le même tems, nous découvre le fujet de ce

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