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Certe remisit omne concessit malum,

Quod terra genuit, pontus, aer, inferi.
Nullus per urbes errat Arcadias leo.
Stymphalis icta est; Manali nulla est fera.
Sparsit peremtus aureum serpens nemus :
Et hydra vires posuit : et notos Hebro
Cruore pingues hospitum fudi greges :
Hostisque traxi spolia Thermodontiæ.
Vidi silentum fata; nec tantum redii,
Sed trepidus atrum Cerberum vidit dies,
Et ille solem nullus Antæus Libys

:

Animam resumit: cecidit ante aras suas
Busiris una est Geryon sparsus manu;
Taurusque populis horridus centum pavor.

:

Quodcumque tellus genuit infesta, occidit,
Meaque fusum est dextera iratis Deis
Non licuit esse: si negat mundus feras,
Animum noverca, redde nunc nato patrem,
Vel astra forti; nec peto, ut monstres iter :
Permitte tantum, genitor; inveniam viam :
Vel si times, ne terra concipiat feras,

Properet malum quodcumque, dum terra Herculem
Habet, videtque : nam quis invadet mala?
Aut quis per urbes rursus Argolicas erit
Junonis odio dignus? In tutum meas
Laudes redegi : nulla me tellus silet.
Me sensit Ursæ frigidum Scythicæ genus,
Indusque Phœbo subditus, Cancro Libys.

Tous les monstres que la terre, la mer, le ciel et les enfers ont pu produire ne sont plus: nul lion ne rôde maintenant autour des villes de l'Arcadie; les oiseaux du Stymphale ont péri; la bête du mont Ménale est tombée sous mes coups; le dragon est étendu mort dans le bois des Hespérides; l'hydre est sans vie. J'ai détruit les fiers chevaux de la Thrace, que leur maître nourrissait du sang de ses hôtes; j'ai ravi les dépouilles de la reine guerrière des Amazones. J'ai visité la demeure silencieuse des morts, et non-seulement j'en suis remonté, mais j'ai fait voir à Cerbère le jour effrayé de sa présence, et lui-même s'est effrayé à l'aspect du soleil. L'Afrique n'a plus de géant qui se ranime en touchant la terre; Busiris est tombé au pied de ses propres autels; ce bras seul a terrassé le triple Géryon, ainsi que le taureau qui était la terreur de cent peuples.

Tous les monstres que la terre enfanta dans son courroux sont morts sous l'effort de ma main victorieuse. J'ai rendu le courroux des dieux impuissant. Puisque la terre n'a plus d'ennemis à m'offrir, Junon plus de colère à exercer contre moi, rends-moi donc mon père, car je suis ton fils; ouvre-moi le ciel, car je suis courageux et fort. Je ne te prie point de m'en montrer la route, permets-moi seulement d'y monter, je trouverai moi-même le chemin. Ou si tu crains que la terre n'engendre de nouveaux monstres, dis-lui qu'elle se hâte de les produire tandis qu'elle possède et voit encore Hercule: car quel autre pourrait les combattre, et quand la Grèce enfantera-t-elle un héros digne comme moí de la haine de Junon? Ma gloire est désormais assurée; il n'y a point

Te, clare Titan, testor: occurri tibi,
Quacumque fulges : nec meos lux prosequi
Potuit triumphos. Solis excessi vices;
Intraque nostras substitit metas dies.
Natura cessit: terra defecit gradum.
Laxata prior est nox; et extremum chaos
In me incucurrit : inde ad hunc orbem redii,
Unde omne retro est: tulimus Oceani minas,
Nec ulla valuit quatere tempestas ratem,
Quacumque pressi.

Pars quota est, quam prosequor?

Jam vacuus æther non potest odio tuæ
Sufficere nuptæ; quasque devincam feras,
Tellus timet concipere, nec monstra invenit.
Feræ negantur. Hercules monstri loco
Jam cœpit esse quanta nunc fregi mala,
Quot scelera nudus? quidquid immane obstitit,
Solæ manus stravere : nec juvenis feras
Timui, nec infans: quidquid est jussum, leve est.
Nec ulla nobis segnis illuxit dies.

O quanta fudi monstra, quæ nullus mihi
Rex imperavit institit virtus mihi
Junone pejor: sed quid impavidum genus
Fecisse prodest? non habent pacem Dei.

de pays qui ne retentisse du bruit de mon nom. Le Scythe errant sous les glaces de l'Ourse, l'Indien brûlé par le soleil, l'Africain soumis aux feux du Cancer, ont tous senti la puissance de mon bras. Je te prends à témoin, roi brillant du jour; tu m'as rencontré sur tous les points où pénètrent tes rayons, et ta lumière n'a pu me suivre dans tous mes triomphes. J'ai dépassé ta carrière, et le jour est demeuré en deçà des bornes que je me suis posées. La nature m'a manqué, la terre s'est trouvée trop étroite sous mes pas. La nuit s'est agrandie devant moi; les dernières profondeurs du chaos sont venues à ma rencontre, et je suis remonté sur la terre de ces profonds abîmes qui entraînent tout à eux. J'ai bravé les menaces de l'Océan, et nulle tempête n'a pu ébranler la partie du navire que je pressais du poids de

mon corps.

Mais ce que je rappelle ici n'est que bien peu de chose. Déjà le ciel épuisé ne peut plus suffire à la haine de ton épouse; la terre n'ose plus enfanter de monstres, ni me fournir de nouvelles bêtes à vaincre. Ma valeur n'a plus où se prendre, et déjà il n'y a plus sur la terre d'autre monstre que moi. Que de fléaux, que de crimes j'ai surmontés ou punis sans armes ! tout ce que j'ai trouvé de terribles ennemis, ces seules mains les ont terrassés : les bêtes les plus cruelles n'ont effrayé ni ma jeunesse ni mon enfance. Les travaux qu'on m'a imposés ne sont rien. Aucune de mes journées n'est demeurée oisive. Quels horribles monstres j'ai détruits sans attendre les ordres d'un tyran! mon courage m'excitait mieux encore que la haine de Junon. Mais que m'a-t-il servi d'assurer

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Purgata tellus omnis in cælo videt,
Quodcumque timuit: transtulit Juno feras.
Ambit peremtus Cancer ardentem plagam.
Libyæque sidus fertur, et messes alit.
Annum fugacem tradit Astrææ Leo:
At ipse jactans fervidam collo jubam,
Austrum madentem siccat, et nimbos rapit.
Invasit omnis ecce jam cælum fera,
Meque antecessit: victor e terris meos
Specto labores: astra portentis prius
Ferisque Juno tribuit, ut cælum mihi
Faceret timendum: sparserit mundum licet,
Cælumque terris pejus, ac levius Styge
Irata faciat; dabitur Alcidæ locus.

Si post feras, post bella, post Stygium canem,
Nondum astra merui, Siculus Hesperium latus
Tangat Pelorus; una jam tellus erit,
Illinc fugabo maria: si jungi jubes,
Committat undas Isthmus, et juncto salo
Nova ferantur Atticæ puppes via.
Mutetur orbis: vallibus currat novis
Ister, novasque Tanais accipiat vias :
Da, da tuendos, Juppiter, saltem Deos.
Illa licebit fulmen a parte auferas,
Ego quam tuebor: sive glacialem polum,
Seu me tueri fervidam partem jubes,
Hac esse Superos parte securos puta.

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