Certumve sui tenuere diem. Alia ex alia cura fatigat, Vexatque animos nova tempestas. Ubi cæruleis immunis aquis, Metui cupiunt, metuique timent. Præbet tutos; non curarum Somnus domitor pectora solvit. Sidunt ipso pondere magna, Vela secundis inflata Notis, mais assurés d'un seul jour. Mille soucis renaissans les travaillent, et chaque moment soulève de nouvelles tempêtes dans leur sein. Les tourmentes qui battent les vagues émues entre les deux Syrtes d'Afrique, les orages qui remuent jusque dans ses dernières profondeurs l'Euxin, voisin du pôle glacial, et soumis à la brillante constellation du Bouvier qui jamais ne se plonge dans l'azur des mers, sont moins furieux et moins effroyables que ces révolutions qui précipitent la fortune des rois. Ils aiment et craignent tout ensemble la terreur qu'ils inspirent. La nuit n'a point pour eux de sûr asile; le sommeil qui endort toutes les douleurs ne peut suspendre le cours de leurs alarmes. Quels palais de roi le crime et la vengeance n'ont-ils pas renversés? quel trône n'est pas ébranlé par une guerre impie? La justice, l'honneur, la foi sacrée du lit conjugal, s'exilent des cours; à leur place vient Bellone aux mains ensanglantées, et la cruelle Erinnys, qui enfonce au cœur des superbes ses brûlans aiguillons, et s'attache aux maisons trop puissantes qui sont destinées à périr en un moment. Sans combats même et sans perfidies, les grandes choses tombent et s'affaissent sous leur propre poids; cette haute fortune vient à ne pouvoir plus se porter ellemême. Les voiles, enflées par un vent favorable, craignent le souffle impétueux qui les emporte. La tour, qui Ventos nimium timuere suos. Felix, mediæ quisquis turbæ Aura stringit litora tuta; Timidusque mari credere cymbam, Remo terras propiore legit. va cacher sa tête au sein des nues, gémit sous les coups de l'Auster pluvieux. Au sein des hautes forêts qui projettent une ombre immense les chênes séculaires sont brisés par les orages. La foudre tombe plus souvent sur les collines orgueilleuses; les grands corps offrent plus de prise aux maladies. On laisse les moindres animaux courir et s'égarer dans les pâturages, mais les plus nobles têtes des troupeaux sont réservées pour les sacrifices. Tout ce que la fortune élève, c'est pour le renverser ensuite; mais la médiocrité donne une plus longue durée. Heureux l'homme qui, modestement caché dans la foule obscure, ne laisse entrer dans ses voiles qu'un vent doux qui ne l'écarte point du rivage, et qui, craignant de livrer sa barque aux orages de la haute mer, tourne toujours vers la côte le mouvement de ses rames! ACTUS SECUNDUS. SCENA I. CLYTÆMNESTRA, NUTRIX. CLYTEMNESTRA. Quid, segnis anime, tuta consilia expetis ? Conjuncta socio, profuge furtiva rate........... |