Dum nectit Auge, vim stupri passa excidit, DEJANIRA. Ut alta silvas forma vernantes habet, Vides, ut altum famula non perdat decus? ainsi la jeune Arcadienne, Augée, prêtresse de Minerve, ne lui plut qu'un moment; il ravit ses faveurs et ne lui donna plus d'autres preuves de son amour. Faut-il rappeler d'autres exemples? les filles de Thespius n'ont pas mieux fixé sa tendresse; le feu dont il brûla pour elles s'éteignit aussitôt. Il aima, près du Tmole, la princesse de Lydie; vaincu par ses charmes, il prit en main les fuseaux légers, et fit glisser le fil humide entre ses doigts robustes; sa noble tête se dépouilla de la peau du lion; il mit sur son front la mitre orientale, versa les parfums d'Arabie sur sa rude chevelure, et se fit l'esclave de sa belle maîtresse. Il prit feu partout, mais tous ces feux n'ont duré que peu d'instans. Il faut un terme à ces amours volages; on finit par se fixer. Voulez-vous aujourd'hui qu'il vous préfère une esclave, et surtout la fille de son ennemi? DÉJANIRE. Les arbres des forêts sont beaux à voir quand les tièdes haleines du printemps les ont parés d'une douce verdure; mais quand l'Aquilon remplace les vents chauds du midi, et que les frimas ont dépouillé les arbres de leur belle chevelure, les forêts n'offrent plus à l'œil que des troncs hideux et mutilés. Ainsi la beauté d'une femme diminue toujours avec l'âge, elle perd son éclat et disparaît même tout-à-fait : les attraits qui me firent aimer d'Hercule se sont effacés; mes nombreux enfans ont altéré les grâces de mon visage; et ce que les grossesses ne m'ont pas ôté, le temps l'a pris dans sa course rapide. Vois au contraire cette esclave; elle est dans tout l'éclat de sa beauté: malgré le désordre de sa parure et Tamen per ipsas fulget ærumnas decor, NUTRIX. Conciliat animos conjugum partus fere. DEJANIRA. Sic ipse forsan dividet partus toros. NUTRIX. Famula illa trahitur interim donum tibi. DEJANIRA. Hunc, quem per urbes ire præclarum vides l'abattement de son visage, sa beauté brille à travers sa misère, et l'on voit que le malheur et la fortune cruelle ne lui ont ravi que le royaume de son père. Voilà, chère nourrice, le sujet de ma crainte, voilà ce qui m'ôte le sommeil. J'étais une épouse glorieuse devant tout l'univers: il n'y avait point de femme qui ne fût jalouse de mon bonheur; elles le demandaient toutes au ciel dans leurs prières, et les beautés de la Grèce voyaient en moi la mesure de leurs vœux. Où pourrai-je trouver un beaupère égal à Jupiter? le monde aurait-il à me fournir un autre époux comme le mien? Eurysthée commande à Hercule; mais quand il m'offrirait sa main, j'y perdrais encore ne point partager la couche d'un roi, c'est un léger malheur; mais être bannie de celle d'Hercule, c'est tomber de bien haut. LA NOURRICE. La fécondité d'une femme est un lien qui lui conserve presque toujours le cœur de son époux. DEJANIRE. Peut-être aussi elle fera qu'une rivale partagera ma couche. LA NOURRICE. Cette captive, après tout, n'est qu'un présent qu'il veut vous offrir. DÉJANIRE. Non, cet Hercule que tu vois parcourir les villes en conquérant, qui porte sur son dos la dépouille du lion de Némée, qui donne le sceptre aux malheureux et le ravit aux superbes, qui marche toujours armé de sa pesante massue; ce héros dont les peuples lointains de la III. ΙΟ Et quisquis alius orbe consepto jacet ; Stantem et cadentem. Causa bellandi est amor : Quoties negabit; hostis est, quoties socer Post hæc, quid istas innocens servo manus, Hæc sunt repudia! nec potest fieri nocens. Fecit novercam. Quid stupes, segnis furor? Scelus occupandum est; perge, dum fervet manus. Perimes maritum ? NUTRIX. DEJANIRA. Pellicis certe meæ. |