Audetque vitæ ponere finem. Par ille regi, par Superis erit. O quam miserum est nescire mori! Ut quondam Herculea cecidit pharetra : Vicit, acceptis quum fulsit armis, Troades summis timuere muris. Perdidit in malis extremum decus, Fortiter vinci : restitit annis Troja bis quinis, Unius noctis peritura furto. Vidimus simulata dona molis immensæ; Limine in primo sonipes, cavernis Secura metus Troica pubes Oh! quel malheur de ne savoir pas mourir! Nous avons vu tomber notre patrie dans une nuit cruelle, nous avons vu les remparts de Troie périr sous les feux des Grecs. Ce ne sont point les armes ni la force qui ont triomphé de nous, comme autrefois les flèches d'Hercule: Troie n'a point succombé sous le terrible fils de Thétis et de Pélée, ni sous les coups de son ami qui, revêtu de son armure, épouvanta nos guerriers par le fantôme d'Achille; ni sous l'effort de ce héros lui-même, quand, la douleur ranimant son fier courage, il vint fondre sur nos remparts et porter la terreur dans nos âmes. Troie a perdu la seule gloire qui pût lui rester dans sa ruine, celle de ne succomber que sous la force. Elle a résisté dix années entières pour périr enfin par un stratagème nocturne. Nous avons vu ce cheval immense dont on prétendait faire hommage à nos dieux; et, follement crédules, nous avons introduit nous-mêmes dans nos murs ce fatal présent des Grecs; plus d'une fois nous vîmes trembler sur le seuil de notre ville ce cheval monstrueux qui portait dans ses flancs des chefs et des guerriers ennemis. Il ne tenait qu'à nous d'éclaircir cette perfidie, et de prendre les Grecs dans leurs propres pièges. Plus d'une fois nous entendîmes le choc des boucliers, un sourd murmure frappa nos oreilles, ainsi que les frémissemens de Pyrrhus, qui ne se prêtait qu'avec peine aux fourberies d'Ulysse. Sans aucune crainte, la jeunesse troyenne se plaît à Sacros gaudet tangere funes. Hinc æquævi gregis Astyanax, Festæ matres votiva ferunt Adeunt aras: unus tota est Vultus in urbe. Et, quod nunquam post Hectoreos Diruta nostra ? ? An templa Deos super usta suos? Telum Pyrrhi vix exiguo Sanguine tingi. CASSANDRA. Cohibete lacrimas, omne quas tempus petit, Troades, et ipsæ vestra lamentabili Lugete gemitu funera ærumnæ meæ prendre dans ses mains les cordes sacrées; Astyanax marche à la tête des enfans de son âge; nos vierges sont conduites par la princesse fiancée au tombeau d'Achille. Hommes et femmes, parés comme pour un jour de fête, offrent aux dieux des présens solennels, et s'empressent dans les temples. La ville tout entière est dans l'allégresse; Hécube même, si triste depuis les funérailles d'Hector, se laisse aller à cette joie universelle. Quel est le premier, quel est le dernier de nos maux que tu vas retracer, ô ma douleur! est-ce la ruine de nos remparts élevés par les dieux et détruits par nos mains? l'incendie de nos temples croulans sur leurs divinités? D'autres malheurs nous empêchent de pleurer sur ceux-là: c'est sur toi que nous pleurons, glorieux père des Troyens. J'ai vu, j'ai vu le glaive de Pyrrhus se plonger dans le sein de ce vieillard, et se teindre à peine de quelques gouttes d'un sang glacé. Arrêtez ces larmes que vous aurez toujours le temps de répandre, ô femmes troyennes! pleurez plutôt sur vous-mêmes, et célébrez par des gémissemens vos propres funérailles. Mes malheurs n'ont besoin d'être partagés par personne, cessez de gémir sur ce qui fait le sujet de mes douleurs, seule je saurai bien suffire à mes maux. CHORUS. Lacrimas lacrimis miscere juvat. Istrum cygnus Tanaimque colens Plangente sonent, quum tranquillo Furit, ut Phrygium lugeat Attin. |