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que

en général, & les changemens les Modernes ont introduits dans ces mêmes règles, & l'ufage qu'ils en ont fait. Par-là on fera plus en état de juger à laquelle des deux Comédies on doit donner la préférence, & par conféquent laquelle mérite mieux d'être imitée.

I

ARTICLE PREMIER,

De la Comédie Ancienne en général.

L n'y a dans toute l'Antiqui té perfonne qui nous ait laiffe un Art Poëtique, ou un Traité des Régles de la Comédie en particulier. Un Moderne a pris la peine d'extraire de la Poëtique d'Ariftote les préceptes qui y font épars au fujet de la Comédie, & il a donné ce Recueil

que

fous le titre de Traité, ou Prati du Théatre Comique *; c'est tout ce que nous avons en ce genre. Pour épargner au Lecteur la peine de confulter Ariftote, je me fervirai de cet Ouvrage, d'autant mieux que l'Auteur n'a fait que recueillir & raffembler ce qu'un fi grand Maître a dit fur la Comédie.

Les Anciens ont diftingué la Comédie, ainfi que la Tragédie, en quatre espéces différentes. La premiere eft fimple, fans péripétie, ni reconnoiffance; c'eft-àdire, que les perfonnages y font toujours heureux ou malheureux, & qu'ils ne changent ni d'état ni de fortune.

La feconde, qu'ils ont nommée implexe, a péripétie & reconnoiffance; c'est-à-dire, par

* Antonii Riccoboni ex Ariftotele Ars Cami6N, 1585.

rapport à la péripétie, que les perfonnages y paffent de l'infor tune à la profpérité, ou de la profpérité à l'infortune; & par rapport à la reconnoiffance, qu'il arrive un changement d'état, &. qu'un des perfonnages a le bonheur de trouver fa famille, ou quelqu'un de fes parens. L'une de ces deux conditions fuffic pour rendre la Fable implexe.

La troifiéme espèce étoit appellée de Maurs, parce que les mœurs y dominoient; car les Anciens nommoient Comédie de Maurs, celle qui exprimoit les mœurs générales, ou particulieres des Nations : c'eft ce que dit Térence (4) dans le Prologue

(a) Quod perfonis iifdem uti aliis non licet
Qui magis licet currentes fervos fcribere,
Bonas matronas facere, meretrices malas,
Parafitum edacem, gloriofum militem,
Puerum fupponi, falli per fervum fenem
Amare, ediffe, fufpicari?

de l'Eunuque ; & ce qu'Horace nous apprend dans fon Art Poëtique. (a)

Enfin la quatriéme efpéce fut nommée Ridicule ou Rifible. Comme nous aurons occafion d'en parler plus au long dans le troihéme Article de ce Livre, nous n'en donnerons pas ici une notion plus étendue. Les Anciens préféroient la quatrième espéce, qu'ils jugeoient meilleure, à la troifiéme; celle-ci par la même raifon à la feconde, & la feconde à la premiere, qu'ils regardoient comme la moindre de toutes.

Les Anciens, comme ils nous Fapprennent eux-mêmes, n'ont

(a) Intererit multum, Davus ne loquatur an beros.

Maturus ne fenex, an adhuc florente juventa Fervidus an matrona potens, an fedulas

nutrix;

2

Mercator ne vagus, cultor ne virentis agelli, Colchus an Aẞyrius. Thebis nutritus

argis..

an

par

point prétendu nous infinuer ces diftinctions, qu'une Comédie doive néceffairement être de l'une de ces quatre efpéces ; elles peuvent fe joindre & fe mêler enfemble; car une Fable Comique peut être fimple & de mœurs : ou de mœurs & implexe ou fimple & ridicule ou feulement fim ple; mais elle ne peut être tout à la fois fimple & implexe,. parce que ces deux termes impliquent contradiction.

Je ne croi pas qu'il y ait de Comédie que l'on ne puiffe rapporter à l'une de ces quatre efpéces, ou féparées, ou jointes en femble, fans même que l'Auteur y ait fait attention, les exem→ ples fuivans vont le faire con noître.

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