Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Cependant je ne croi pas que cette efpéce de Parodie fût reçûe aujourd'hui bien favorablement au Théatre; mais loin de penfer auffi qu'il faille l'abandonner entierement, je fuis perfuadé que dans une Piece nouvelle, quelle qu'en fût l'étendue, une Scéne de Parodie de la troisième efpéce, amenée auffi heureufement qu'ingénieufement traitée, feroit un grand plaifir, principalement fi le Spectateur n'étoit pas prévenu.

ARTICLE SIXIE'ME.

[ocr errors]

Argument & extrait de la Tragédie Italienne intitulée, Uliffe le jeune.

L

Orfque j'ai dit à l'entrée de ce Livre que la Parodie Dramatique n'étoit connue qu'en

France, & que l'Italie n'en avoit qu'une feule de ce caractére, j'ai promis de donner avec l'extrait de la Parodie Italienne, celui de la Tragédie même parodiée, & je dégage ma parole. La Tragédie qui a pour titre, Uliffe le jeune, & dont M. Lazzarini eft l'Auteur, fut imprimée à Padoue en 1719. Cette édition la repréfente dans la forme des Tragé dies Grecques, c'est-à-dire, fans divifion ni d'Actes, ni de Scénes; mais dans la feconde qui parut l'année fuivante à Ferrare, on l'a partagée en Actes & en Scénes, pour la commodité de la représentation, & fans y faire. d'ailleurs aucun changement. Uliffe petit-fils du grand Ulisse eft le Héros de la Piéce. L'Au

teur fuppofe que Pifandre ennemi juré de la famille d'Uliffe, furprit Itaque pendant la nuit ;

fa

qu'il égorgea le pere du jeune Uliffe, & deux enfans de celui-ci qui étoient encore au berceau; qu'Uliffe aïant perdu son épouse ne voulut jamais fe remarier parce qu'une Prêtreffe d'Apollon lui avoit prédit qu'il tueroit fon fils, & qu'il épouferoit propre fille; qu'au bout de quinze ans fes fujets le preffant de fe remarier, pour avoir un Prince de fon fang qui pût lui fucceder, il alla confulter l'Oracle de Delphes, qui lui répondit en ces termes: En époufant la · Princeffe de Phéace, & en égorgeant le fils de Pifandre, tu verras tes enfans, mais entens bien le fens de mes paroles. Enfuite Uliffe va faire le fiége de Samos, où régne fon ennemi Pifandre, & la veille de l'affaut général qu'il

Elle paroît dans la Piéce,

[ocr errors]

doit donner à la Ville, il épouse la Princeffe de Phéace, que Polinius fon pere amene lui-même au Camp. Dans une fortie que les affiégés font le même jour, Théodote fils de Pifandre eft pris, & pour fatisfaire à fa vengeance, Uliffe tue de fa propre main ce jeune Prince, & l'immole aux Manes de fes deux enfans égorgés par Pifandre. Polinius Roi de Phéace dit à fa fille le lendemain de fon mariage, que pour obéir à l'Oracle, il a dû ne lui réveler qu'en ce moment, qu'elle n'eft point fa fille, & qu'il l'a achetée, peu de tems après fa naiffance, d'un Corfaire de Cilicie ; que le même Oracle lui enjoignit de l'élever comme fa propre fille, & de ne lui découvrir cet important fecret, que le jour qui fuivroit fes nôces. Cependant on donne l'affaut, le peuple

tuq

tue Pifandre. On s'empare de la Ville, & Uliffe apprend par un ancien domeftique de fa maifon, qui jufques-là avoit été dans les fers du Tyran, comment il avoit dérobé fes deux enfans à la fureur de Pifandre, en fuppofant à leur place fon propre fils, & une petite fille. Le récit eft appuié par le témoignage d'une femme d'Afterie, à qui ce domeftique avoit donné les deux enfans à nourrir, & qui raconte à Uliffe que l'époufe de Pifandre frapée de la beauté du petit Prince, a voulu l'élever, & qu'elle a engagé le Roi à confentir qu'il paffât pour leur fils. A ce récit, Uliffe eft perfuadé que c'eft fon fils même qu'il a tué de fa propre main, il tombe évanoui, & tandis qu'il est dans cet état la Reine d'Ithaque apprend par la femme d'Afterie qu'elle inter

Q

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »