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roge, que le mari de fa four qui nourriffoit la petite fille, l'avoit vendue par avarice à un Corfaire de Cilicie. Alors la Princeffe ne pouvant plus douter qu'elle ne foit la fille de fon époux, fe livre au défefpoir, & fe précipite du haut d'un Rocher dans la Mer. Polinius inftruit de ce qui vient de fe paffer, ne peut cacher à Uliffe que la Reine eft fa propre fille; Uliffe veut fe tuer; on s'oppofe à fon deffein; il fe créve les yeux, & la Tragédie finit.

Voilà le fujet, l'expofition, le noeud, le dénoument de la Tragédie d'Uliffe. L'Auteur a fenti les objections qu'on pou voit lui faire, & comme il y a rẻpondu lui-même, je me conten terai de traduire ici l'endroit où il prévient ces objections.

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On me reprochera, peut

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être, dit l'Auteur dans fon Epître Dédicatoire, que j'ai ima- « giné une action qui n'a aucun « fondement, ni dans l'Hiftoi- « re, ni dans la Tradition; mais il me fuffit d'avoir pour ma dé- « fenfe, & la pratique des grands « Poëtes, & l'autorité d'Arifto- « te: voici de quelle maniere ce « Philofophe raifonne. Les Tra- « gédies, dit-il, qui ont des faits des noms connus, plairont à ceux mêmes qui les connoissent : « donc les Tragédies qui n'auront « ni faits ni noms connus, plairont à tout le monde. Et quelques li- « gnes plus bas, le Poëte Italien « ajoûte: Je dirai feulement avec « affurance, que l'action de ma « Tragédie eft véritable, & que « je l'ai prife où Sophocle a trou- « vé qu'Uliffe, après avoir longtems erté fur différentes Mers, Le rendit en Epire pour y con «

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» fulter l'Oracle, & devint a"moureux de la fille de fon Hô»te nommée Evippe, dont il eut un enfant qui s'appella Euriale que celui-ci aïant atteint » l'âge viril, fa mere l'envoïa à Ithaque avec des marques qui pûffent le faire reconnoître de » fon pere; que Penelope qui le vit, & le reconnut la premiere » à ces mêmes marques, pour le fils de fa Rivale, dont elle avoit conçu quelque ombrage, l'accufa auprès de fon époux d'avoir voulu attenter à fa vie; qu'Uliffe trompé par fa femme tua fon propre fils, & que lui"même fut tué par un autre de »fes enfans. Quelques-uns demanderont peut-être que j'explique où eft cette Hiftoire fe»crete qui fait l'action de ma Tragédie; je répondrai qu'ils n'ont qu'à la chercher eux-mê

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mes, parce que je ne prétends « pas faire plus que Sophocle, « C'eft fur cette Hiftoire que le « Poëte Grec composa fon Eu- « riale; & c'eft de la même Hif- « toire que j'ai tiré mon fujet.

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Si Sophocle méprifa les repro- " ches qu'on lui faifoit d'avoir donné un fecond fils à Uliffe 'je ne veux pas nonplus me juftifier de lui avoir donné un ne- «

veu. «

C'eft ainfi que l'Auteur fe tire d'affaire, & qu'il fe défend d'avoir inventé fon fujer. Je fouhaite que les Lecteurs foient auffi contens de la défenfe que du fu jet même. Pour moi fans prendre parti dans la querelle, j'en laiffe au Public éclairé la décifion, & je viens à l'extrait de la Parodie.

ARTICLE SEPTIE'ME,

Argument & extrait de la Parodie Italienne d'Uliffe le jeune, intitulée, Rutzvanfcad le jeune.

L

'Auteur n'étant point nommé dans la Parodie imprimée *, je n'ofe me permettre de le nommer ici. Je dirai feulement qu'avec la dignité & la naiffance, il réunit toutes les connoiffances & tous les talens. Cette Parodie, la premiere qui ait paru en Italie, eft abfolument différente de celles qu'on a vûes en France, & par-là même elle peut fervir de modéle & d'exemple pour une espèce de Parodie toute nouvelle. Comme l'Auteur a embraffé plufieurs idées, je croi

* A Venise en 1724.

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