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Comé

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Plufieurs Auteurs François ont Intrigue prétendu qu'une Comédie de ca- dans les ractère n'étoit pas fufceptible dies de d'intrigue, ou qu'elle ne l'étoit caracté que d'une intrigue très-légere; que le caractére une fois trouvé, c'étoit le point effentiel auquel un Poëte devoit s'arrêter, qu'il n'y avoit point d'autre moïen d'attacher le Spectateur, & que ni l'un ni l'autre ne devoient s'embaraffer fi la Fable eft intriguée, ou ne l'eft

pas. Pour moi je regarde une Comédie de caractére fans intrigue, comme un corps fans ame; mais pour allier ces deux chofes, il ne faut pas que l'interêt particulier d'aucun des perfonnages acceffoires, devienne le mobile de l'action Theatrale. Une intrigue de cette nature cache & fait oublier les beautés du caractére, foit en les éloignant de la mémoire du

Intrigue

par le ca

Spectateur, foit en les confondant avec des actions étrangeres qui affoibliffent, ou plutôt annéantiffent, pour ainfi dire, l'ob jet principal.

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Le caractére doit lui-même produite fervir à intriguer l'action, & ractére. c'eft de cette fource que l'intri gue doit partir. Le Flateur ; l'Avare le Jaloux ; le Glorieux, & toutes les paffions, qui nous fourniffent autant de caractéres, doivent créer & conduire la Fable & fon mouvement; alors l'intrigue ne détournera jamais du caractère l'attention des Spectateurs, parce que le caractére marchera toûjours à côté d'elle. Arrive-t-il quelque incident, ou quelque coup de Théatre, dans le tems que le perfonnage principal eft hors de la scene? C'est le caractére principal qui le produit; c'est à ce principal perfon

nage qu'on applaudit, tout abfent qu'il eft; & c'eft lui qui fait rire. Comme il eft toûjours la caufe immédiate des fcénes & des traits, il l'eft par conféquent des ris & des applaudiffemens: & lorfque dans la fcéne fuivante, ce perfonnage principal revient fur le Théatre, le Spectateur fe rappelle avec plaifir ce que fon caractére vient de produire. Voilà ce que Moliere a fi bien executé dans l'Etourdi, dans l'Ecole Exemdes Femmes, & dans l'Ecole des ples de Maris.

Comédies in

ractére.

Il faut néanmoins obferver que triguées dans l'Etourdi, le valet fourbe par le cane fait pas l'intrigue de la Fable, comme il le paroît d'abord : car il imagine toutes fes fourberies avec tant de jugement, qu'il n'auroit befoin que de la premiere pour arriver à fes fins; mais l'Etourdi détruifant par fon ca

ractére tout ce que fait le valet, & ce valet fe piquant de réüffir, ils compofent ainfi tous deux une intrigue, dont on peut dire que le caractére de l'Étourdi eft le premier mobile. De même Ifabelle dans l'Ecole des Maris, & Agnès dans l'Ecole des Femmes forment l'intrigue de l'action, & donnent par leur caractére tout le mouvement aux autres perfon

nages.

Ces trois modéles font affez connoître qu'une Comédie de caractére être parfaite, doit pour > avoir une intrigue, & l'on peut juger par là quelle eft l'efpèce d'intrigue qui lui convient. Tous les caractéres ne font pas il faut propres à être mis fur le Theafaire ufa- tre. Les caractéres fimples ou principaux doivent toujours être préferés, parce qu'ils font plus frapans, & plus fufceptibles d'ac

Caracté

Jes dont

ge.

res.

tion Theatrale; au lieu que les caractéres acceffoires fourniffent très-difficilement la matiere néceffaire à une intrigue. J'appelle Diftinecaractére fimple ou principal, tion des celui qui fans participer d'aucun caracté autre, & fans en rien emprunter, peut foutenir l'action d'une Piéce par lui feul; & caractére acceffoire, celui qui émane d'un autre, & qui, pour le foutenir a befoin du fecours de quelqu'autre caractére. L'Avare est un caractére principal, qui fournit abondamment de la matiere pour composer une Piéce de cinq Actes; mais fi on vouloit traiter le Ménager, qui eft un caractére acceffoire à celui de l'Avare, on trouveroit que la matiere ne feroit ni fuffifante, ni même auffi Theatrale que la premiere. Toute paffion a fes degrés, & par cette raifon tout caractére eft By

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