Imágenes de páginas
PDF
EPUB

gue: Le Caractére: Les Incidens ou Coups de Théatre: Le Comique, ou Jeu de Théatre: Et le Dialo gue, ou la Diction.

ARTICLE SECOND.

De l'Intrigue.

Omme l'Intrigue eft la base du genre dramatique, c'est auffi la partie qui mérite une plus grande attention. Sans intrigue il n'y a point de Comédie, & c'eft par l'intrigue qu'on la dif tingue du dialogue. Le dialogue en général ne présente au Lecteur qu'un fimple entretien de deux ou de plufieurs perfonnes fur quelque point particulier : ou fi quelquefois il offre une action, qui ait un but, comme Les Philofophes à l'encan de Lucien ; cette action eft paffagere & mo

mentanée, & n'étant d'ailleurs in terrompue, ni traverfée par aucun mouvement d'intrigue,on ne peut lui donner le titre de Comédie. On diftingue deux fortes d'in- Deux

trigue.

espéces

d'intri

gue

Dans la premiere espéce, au- gue. cun des perfonnages n'a def- Premiere fein de traverser l'action, qui efpéte femble devoir aller d'elle-même d'intrià fa fin, mais qui néanmoins fe trouve interrompue par des événemens que le pur hazard femble avoir- amenés. Cette forte d'intrigue eft, je croi, celle qui a le plus de mérite, & qui doit produire un plus grand effet; parce que le Spectateur, indépendamment de fes réflexions fur l'art du Poëte, est bien plus flaté d'imputer les obf tacles qui furviennent aux caprices du hazard, qu'à la malignité des maîtres ou des valets ; &

miere el

qu'au fonds une Comédie intriguée de la forte étant une image plus fidelle de ce que l'on voit arriver tous les jours, elle porte auffi davantage le caractère de la vraisemblance.

Nous n'avons parmi les Ouvrages des Anciens que deux moModéles déles en ce genre, l'Amphitryon de la pre- les Menachmes. Moliere en péce d'in- choififfant le plus parfait de ces rigue. Originaux pour l'objet de fon imitation, a bien montré quel étoit fon difcernement. L'Amphitryon qu'il a imité, ou plûtôt qu'il a prefque traduit, offre une action que les Perfonnages n'ont aucun deffein de traverfer; c'est le hazard feul qui fait arriver So fie dans un moment où Mercure ne peut le laiffer entrer chez Amphitryon; le déguisement à la faveur duquel Jupiter cherche à fatisfaire fon amour, produit une

broüillerie entre Amphitryon & Alcméne, qui fonde également leurs plaintes réciproques. Jupiter, qui ne veut point que cette brouillerie révolte Alcméne contre fon mari, revient une feconde fois fous la forme d'Amphitryon, pour se raccommoder avec elle; il faut pendant ce temslà que Mercure défende à Amphitryon, qui furvient, l'entrée de fa maifon. Comme il a pris la figure de Sofie, c'eft fur ce malheureux Efclave que tombe toute la vengeance d'Amphitryon; cependant les Chefs de l'Armée que Jupiter pour se défaire de Sofie a fait inviter à dîner, voïant deux Amphitryons, ne fçavent de quel parti fe ranger. Alors l'action eft conduite à fa fin par l'éclat que doit faire néceffairement la tromperie de Jupiter ; & ce Dieu eft obligé de fe décou

vrir aux dépens même de l'hon neur d'Alcméne. Ainfi rien n'arrive dans cette Piéce de deffein formé, & le hazard en produit feul tous les incidens.

Mais il manque à la perfection de cette Comédie la fimplicité dans le principe de l'action; parce que la reffemblance furnaTurelle d'où naît tout le mouvement, eft une machine qui diminue de beaucoup le mérite de ces intrigues de la premiere efpéce; & que le naturel ou le fimple, ne doivent jamais être alterés par le merveilleux, ou le furnaturel.

Comme la Comédie des Menachmes eft encore plus vicieufe de ce côté-là, & qu'elle a auffi moins d'intérêt, je n'en parlerai point. Je dirai feulement que je ne connois point de Comédie Françoise d'intrigue, dont les in

« AnteriorContinuar »